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Laurent de Médicis par André Rochon Professeur à la Sorbonne Devant le portrait de Laurent de Médicis, peint vers 1485 par D.

Publié le 05/04/2015

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Laurent de Médicis par André Rochon Professeur à la Sorbonne Devant le portrait de Laurent de Médicis, peint vers 1485 par D. Ghirlandaio, le visiteur de l'église florentine de Santa Trinita s'étonne d'abord que le terme de " Magnifique " ait pu être considéré comme particulièrement propre à définir le personnage qu'il a sous les yeux. Il voit une espèce d'aventurier robuste, fort laid, aux traits pesants, au front étroit, dont le nez épaté tombe sur une bouche trop grande. Puis, il est frappé par l'acuité du regard qui filtre sous les lourdes paupières, par l'expression sardonique des lèvres serrées, par la vitalité secrète de ce visage tourmenté Il commence à deviner alors qu'il se trouve en présence d'un être complexe et que le mot de Machiavel n'est pas une simple boutade : " On voyait en lui, comme par une impossible union, s'unir deux hommes différents. " L'oeuvre politique de Laurent avait été préparée par Cosme de Médicis (1389-1464), son grand père. Dès 1434, celui-ci avait substitué au régime oligarchique un pouvoir personnel qui respectait les apparences de la liberté chère aux Florentins, tandis qu'en signant la paix de Lodi (1454), il avait assuré le triomphe de cette politique d'équilibre entre les cinq grandes puissances italiennes qui durera jusqu'en 1494. Mais c'est sous le bref gouvernement de Pierre le Goutteux (1416-1469) que Laurent fit son apprentissage des affaires politiques. Il s'initia à la diplomatie au cours de ses ambassades à Milan (1465), à Rome et à Naples (1466), et de nouveau à Milan (1469). Il mesura les dangers de la tyrannie en luttant aux côtés de son père contre les conjurés réunis autour de Luca Pitti (1466). Sans montrer en ces occasions une lucidité, une habileté et un courage exceptionnels, il sut acquérir une indiscutable autorité auprès de ses concitoyens, en même temps que son mariage avec Clarice Orsini, issue d'une vieille et puissante famille romaine, consacrait la grandeur des Médicis aux yeux de l'étranger. Aussi, quand Pierre mourut (décembre 1469), prit-il sans difficulté sa place à la tête de la République. Pendant les neuf premières années de son gouvernement, il chercha à devenir, selon l'expression de Guichardin, " l'arbitre de Florence ". Il avait volontiers recours à cette brutalité calculée dont les régimes de force se servent pour épouvanter leurs adversaires. Il traita avec une impitoyable rigueur les habitants de Volterra qui s'étaient révoltés contre Florence (1472). Il travaillait aussi à donner aux institutions une forme mieux adaptée à l'exercice du pouvoir personnel. La principale magistrature de la ville, qui ne restait en fonctions que deux mois, était la Seigneurie, composée du Gonfalonier de Justice et des huit Prieurs des Arts. Ses décisions devaient être approuvées par le Conseil de la Commune, le Conseil du Peuple et le Conseil des Cent, créé en 1458 par Cosme. Dès 1472, Laurent imposa une vaste réforme. Le Conseil des Cent, dont la composition avait été soigneusement revue, et un nouveau conseil de deux cents membres, le Conseil Majeur, formèrent deux espèces de commissions dictatoriales qui lui étaient entièrement soumises. En même temps, il écartait du pouvoir les familles dont il n'était pas sûr et limitait jalousement l'autorité des citoyens influents, pour favoriser la carrière d'hommes de basse extraction dont il pouvait exiger un entier dévouement. En politique étrangère, Laurent veilla d'abord à ne pas se départir d'une prudente neutralité, car il avait besoin, pour asseoir son crédit, d'entretenir des rapports cordiaux avec tous les chefs d'État, ce qui n'était pas facile en raison de l'hostilité qui opposait le duc de Milan, Galéas-Marie Sforza, au roi de Naples, Ferrante d'Aragon. Mais, à partir de 1474, Florence et le Saint-Siège se heurtèrent dans les Marches et en Romagne, où le pape Sixte IV s'efforçait de créer une Seigneurie au profit de son " neveu " Girolamo Riario. Les conflits qui éclatèrent ainsi placèrent Laurent dans une situation d'autant plus dangereuse qu'en décembre 1476 l'assassinat de Galéas-Marie Sforza lui avait enlevé un allié puissant. Les haines qu'il s'était imprudemment attirées faillirent bientôt lui coûter...

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