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Le Corbeau Traduit par Stéphane Mallarmé Edgar Allan Poe Une fois, par un

Publié le 05/04/2015

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Le Corbeau Traduit par Stéphane Mallarmé Edgar Allan Poe Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m'appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié, tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, cela seul et rien de plus. Ah ! distinctement je me souviens que c'était en le glacial décembre : et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour ; vainement j'avais cherché d'emprunter à mes livres un sursis au chagrin -- au chagrin de la Lénore perdue -- de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore -- de nom ! pour elle ici, non, jamais plus ! Et de la soie l'incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait, m'emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore : si bien que, pour calmer le battement de mon coeur, je demeurais maintenant à répéter : C'est quelque visiteur qui sollicite l'entrée, à la porte de ma chambre ; quelque visiteur qui sollicite l'entrée à la porte de ma chambre ; c'est cela et rien de plus Mon âme se fit subitement plus forte et, n'hésitant davantage : " Monsieur, dis-je, ou madame, j'implore véritablement votre pardon ; mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j'...
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« Alors cet oiseau d'ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu'il eut : “ Quoique ta crête soit chenue et rase, non ! Dis-je, tu n'es pas, pour sûr, un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit — dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit.

” Le Corbeau dit : “ Jamais plus.

” Je m'émerveillai fort d'entendre ce disgracieux volatile s'énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n'eût que peu de sens et peu d'à-propos ; car on ne peut s'empêcher de convenir que nul homme vivant n'eut encore l'heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre — un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre -, avec un nom tel que : “ Jamais plus.

” Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si son âme, en ce seul mot, il la répandait.

Je ne proférai donc rien de plus ; il n'agita donc pas de plume, jusqu'à ce que je fis à peine davantage que marmotter : “ D'autres amis déjà ont pris leur vol, demain il me laissera comme mes espérances déjà ont pris leur vol.

” Alors l'oiseau dit : “ Jamais plus.

” Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée ; “ Sans doute, dis-je ce qu'il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l'impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu'à ce que ses chansons comportassent un unique refrain ; jusqu'à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de “ Jamais — jamais plus.

” Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l'oiseau, et du buste, et de la porte ; et m'enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à songerie, pesant à ce que cet augural oiseau de jadis, à ce que ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre, et augural oiseau de jadis signifiait en croissant : “ Jamais plus.

” Cela, je m'assis occupé à le conjecturer, mais n'adressant pas une syllabe à l'oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein ; cela et plus encore, je m'assis pour le devine, ma tête reposant à l'aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours qu'Elle ne pressera plus, ah ! jamais plus. L'air, me sembla-t-il, devint alors que dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans la chute tintait sur l'étoffe du parquet. “ Misérable ! m'écriai-je, ton Dieu t'a prêté ; il t'a envoyé par ces anges le répit, le répit et le népenthès dans ta mémoire de Lénore ! Bois ! oh ! bois ce bon népenthès et oublie cette Lénore perdue ! ” Le Corbeau dit : “ Jamais plus.

”. »

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