Luis Echeverría par Ricardo Garibay Écrivain, Mexico Remontant la rue à grandes enjambées,

Luis Echeverría par Ricardo Garibay Écrivain, Mexico Remontant la rue à grandes enjambées, couvert de poussière et de sueur, riant, dialoguant à voix haute au milieu d'une foule d'étudiants qui crient son nom et courent, de plus en plus serrés, à ses côtés, se dirigeant vers l'emplacement où, quelques heures plus tard, sera posée la première pierre de l'Institut technologique, le Président apparaît à la lueur des réverbères ; il passe devant notre hôtel et poursuit son chemin. Quatre heures du matin. Dans la pénombre qui se referme sur le brouhaha de plus en plus lointain, s'allument quelques torches. - Vous avez vu ça ? demande un correspondant étranger qui fait partie depuis peu du groupe de journalistes couvrant le voyage présidentiel. - Évidemment, répond un autre reporter ; insolite et pourtant habituel, tel est le spectacle des tournées d'Echeverría. - Mais, vous l'avez vu ? insiste le premier. On ne le prendrait jamais pour un chef d'État. C'est un leader de l'opposition guidant des jeunes. On dirait qu'il part en guerre. - Il part en guerre, dis-je. - Moi, je veux voir ça de près, dit le journaliste étranger en se levant et en sortant précipitamment. Et nous y sommes tous allés : écrivains, journalistes, médecins, politologues, ingénieurs, économistes, anthropologues. Nous y sommes tous allés, bien que nous fussions épuisés par un périple de mille sept cent huit kilomètres, qui nous avait conduits de San Lucas, au sud, à Tijuana, frontière des États-Unis, à l'extrême nord du pays. Quatre jours et quatre nuits durant lesquels le Président avait remonté la péninsule, s'arrêtant dans des villes, des bourgades, des hameaux, en rase campagne ou dans des déserts ; inaugurant écoles, usines et villages ; s'entretenant avec des maîtres d'école, des paysans, des pêcheurs, des artisans ; étudiant en cours de route et sur le vif les possibilités d'implantation industrielle, agricole, touristique ; donnant sur place des ordres pour que soient immédiatement entrepris certains travaux afin que, comme l'a précisé Echeverría lui-même, " aucun plan, aucun projet n'en reste au stade des mots parce qu'il est préférable, soit dit entre nous, de corriger des choses faites hâtivement plutôt que de prendre du retard en recherchant la perfection dès le début ". Étapes journalières de seize à vingt heures tout au long de la péninsule de basse Californie : immensité qui, hier encore vide, é...