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Marcel Proust par André Maurois de l'Académie Française Quelques écrivains, fort rares, ont inventé ou renouvelé un genre.

Publié le 05/04/2015

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Marcel Proust par André Maurois de l'Académie Française Quelques écrivains, fort rares, ont inventé ou renouvelé un genre. Ainsi Walter Scott a recréé le roman historique. Stendhal et Balzac ont engendré presque tous les romans du XIXe siècle. Marcel Proust, au début du XXe siècle, a découvert des gisements inexploités et enrichi le roman d'une matière nouvelle. Le roman balzacien avait pour domaine le monde extérieur ; il avait annexé la finance, les salles de rédaction, les juges, la bourgeoisie, les paysans ; il cherchait des situations neuves et des types originaux. L'originalité de Proust est, tout au contraire, sa complète indifférence au choix de la matière romanesque. Ce qui lui importe n'est pas l'action observée, mais une certaine manière d'observer toute action. Définir Proust par le sujet de son roman, c'est exactement comme si l'on vous demandait ce qu'est Renoir et si vous répondiez : " Renoir, c'est un homme qui a peint des femmes, des enfants et des fleurs. " Ce qui fait Renoir, ce ne sont pas les sujets de ses tableaux, c'est une certaine lumière irisée dans laquelle il place tout sujet. Proust a montré admirablement, à propos d'un de ses personnages, l'écrivain Bergotte, que la matière de l'oeuvre ne fait pas le génie. C'est le génie qui transfigure toute matière. Le milieu familial de Bergotte était en apparence dépourvu de charme et d'intérêt, mais Bergotte en avait fait un chef-d'oeuvre parce que, dans son petit appareil, il avait su décoller. Ce qui est vrai de Bergotte l'est de Proust. Il serait naïf de dire que Proust est moins grand que Balzac parce qu'il n'a pas été un romancier " social ". Son univers est petit. Il se compose d'un bourg de Beauce, Illiers, où il a passé une partie de son enfance ; de sa famille ; de quelques camarades connus au lycée ou, plus tard, dans le monde ; de quelques serviteurs comme Françoise, sa fille de cuisine, et son valet de pied ; du monde-monde, représenté par un certain nombre de salons amis et par les prototypes de Saint-Loup, de Charlus, des Guermantes ; de quelques échappées sur le régiment, l'Affaire ; d'une connaissance douloureuse et profonde des passions et singulièrement de la jalousie ; d'immenses lectures, faites avec une intelligence inégalée ; et enfin d'un amour passionné de la nature que pourtant il n'a entrevue, passée l'enfance, qu'à travers des vitres et en de brèves équipées. Rien de plus et cela suffit pour alimenter, avec une profuse richesse, treize volumes. A la recherche du temps perdu est une symphonie, construite sur quelques beaux thèmes. Le premier, celui sur lequel Proust commencera et terminera son oeuvre, c'est le thème du temps. Proust est obsédé par la fuite des instants, par le perpétuel écoulement de tout ce qui nous entoure, par
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