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Paul-Henri Spaak par H.

Publié le 05/04/2015

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Paul-Henri Spaak par H. Brugmans Europae Collegii Rector Emeritus, Bruges Nous ne pensons plus que les existences et les oeuvres des hommes s'expliquent entièrement à partir de leurs origines, nationales, sociales et culturelles. La personnalité n'est pas le produit des influences qui contribuèrent à la former. Pourtant, les facteurs du milieu expliquent bien des comportements. En appliquant ces considérations à Paul-Henri Spaak, on peut conclure qu'il fut bien le fils d'un siècle, d'une classe, d'un pays particuliers. Spaak naquit le 22 janvier 1899 dans une famille où les événements du jour étaient commentés à table. Sa formation politique initiale, il la reçut de ses parents, qui appartenaient à la grande bourgeoisie intellectuelle de Bruxelles. Des deux côtés, maternel et paternel, la convergence politique était frappante : les Janson comme les Spaak se plaçaient dans la tradition de l'humanisme " éclairé " qui, pendant longtemps, anima aussi le socialisme. Et ils ne se contentaient pas d'idées abstraites : Mme Spaak, notamment, eut une activité militante sérieuse, et elle siégeait au Sénat lorsque son fils fit ses premières armes comme membre d'un gouvernement. Rien de moins prolétarien que ce milieu-là, mais on y trouvait une adhésion solide aux valeurs morales de la gauche. Spaak, lui, se sentait bien dans la ligne familiale en étant matériellement désintéressé, vivant sans ascétisme mais sans luxe ostentatoire, profondément attaché à son idéal d'équité. Là, se trouvaient les sources de son inspiration socialiste. Mais à travers les luttes politiques, il ne cessa jamais d'être un Libéral, ne détestant rien autant que les régimes qui, sous quelque idéologie que ce soit, voudraient brimer les libertés individuelles. Rien, en lui, du fanatique ou de l'utopiste. Mais une fois qu'il croyait à une idée, il allait jusqu'au bout, risquant au besoin son avenir dans l'aventure. Fils d'une famille d'avocats - juriste lui-même de formation - il fut sans doute le plus grand orateur politique de langue française depuis Jaurès. Mais démagogue ? Au contraire ! Quand on relit ses exposés, on est à la fois entraîné par le style et convaincu par l'argumentation. Rarement, il fait appel aux émotions populaires. Il s'y sentit obligé une fois : pendant le drame royal, lequel, pour lui, devint une tragédie personnelle. Il le fit alors, à regret, parce qu'il crut que les passions ne pouvaient être jugulées que par le langage des passions. Le contraire d'un théoricien. On ne lui connaît aucun ouvrage doctrinal. Par contre, il ne concevait pas l'idée sans son prolongement pratique. Lorsque, jeune encore, il entra au Parti Socialiste belge, qui s'appelait encore Parti Ouvrier, il fut frappé par le manque d'imagination de " l'appareil ", devenu un " establishment " conservateur. Comment le secouer ? La " gauche " néo-marxiste, qui publiait un hebdomadaire intitulé l'Action socialiste, semblait proposer le renouvellement voulu. Spaak se tourna instinctivement vers ceux qui attaquaient les " bonzes ". Il se fit le porte-parole des jeunes turcs rouges... ... Jusqu'au moment où il se vit offrir un poste de ministre qu'il accepta, sous les huées de ses amis de la veille. On le traita de Judas. A tort. Il avait voulu l'action, il l'aurait en s'attaquant aux problèmes réels d'une responsabilité exécutive. Certes, il aura bientôt oublié les réformes de structures qu'il avait réclamées naguère. Mais il fera l'expérience passionnante du gouvernant. Pendant les années 30, au moment de la crise économique mondiale, le socialisme européen était gravement malade. La gauche et la droite se faisaient les pires reproches - et chaque fois à juste titre. " Vous, les révolutionnaires qui ne faites pas de révolution ", ironisaient les uns. " Vous, les réformistes sans réformes ", ripostaient les autres. C'est alors que se présenta au socialisme belge un homme qui, à peu près seul, avait réfléchi à la doctrine d'une manière novatrice : Henri de Man. Avec son flair habituel, Spaak devina que cet Anversois, qui ressemblait à un pr...

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