Philippe Ricord 1800-1889 Naître à Baltimore d'émigrés français de la Révolution ;
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Ce qui est plus grave, c'est que Ricord nie la contagiosité des “ plaques muqueuses ”.
Il se
base sur le fait qu'il n'a jamais pu les inoculer.
Cette erreur monumentale est pleine de
fâcheuses conséquences du point de vue prophylactique.
Ricord, muni du spéculum, que
Récamier venait de ressusciter, et de sa lancette, prélevait le pus sur des chancres et le
réinoculait au porteur.
On ignorait alors que la syphilis confère une immunité qui se
développe rapidement pendant l'évolution du chancre et qui s'affirme de plus en plus avec le
temps.
On comprend donc que Ricord ait toujours échoué en inoculant les sucs de plaques
muqueuses.
Il aurait suffi, pour réussir, qu'il les inoculât à des sujets sains, ce qu'il ne voulut
jamais faire et on ne peut l'en blâmer.
D'autres le firent, Diday en particulier (les volontaires
ne manquaient pas, surtout chez les étudiants) et ils réussirent.
Ricord le nia.
Son argument
principal est que les expérimentateurs avaient fait des erreurs de diagnostic et qu'ils avaient
pris un chancre pour des plaques muqueuses.
Cette opinion très arrêtée que le chancre seul
est inoculable, l'amena à nier la syphilis des nourrices, la syphilis vaccinale, la virulence du
sang des syphiliques.
Cela va loin.
Ricord réussissait facilement les auto-inoculations à partir du chancre ; il réussissait
également les repiquages du chancre inoculé.
C'est trop beau, car nous savons maintenant la
difficulté qu'il y a à obtenir un chancre syphilitique typique par inoculation au porteur et que
les repiquages sont impossibles.
Qu'est-ce à dire, sinon que Ricord inoculait des chancres
simples comme le faisait en série son contemporain Auzias Turenne, à la recherche d'une
impossible vaccination ?
Ricord n'a donc pas fait la différence entre le chancre syphilitique et le chancre simple.
Il était
bien près cependant de faire cette découverte puisqu'il avait vu que le chancre induré seul
donne une maladie “ constitutionnelle ”.
Il n'osa pas aller plus loin.
Son élève Bassereau
franchit la barrière.
Le chancre mou ou simple devrait s'appeler “ chancre de Bassereau ”,
comme on dit chancre de Hunter pour désigner le chancre induré.
Il semble que Bassereau ait
fini par faire accepter ses idées par son maître qui était pourtant difficile à convaincre.
Rollet,
autre élève de Ricord, devait découvrir le chancre mixte qui résulte de la symbiose des deux
chancres.
N'est-ce pas un autre titre de gloire de Ricord d'avoir formé trois élèves (car il faut
ajouter Fournier) qui, avec lui, construisirent, par la seule observation, la clinique
vénéréologique contemporaine, laquelle se trouva confirmée par les découvertes
bactériologiques qui allaient naître du génie de Pasteur ?
On connaît peu de chose sur la vie sentimentale de Ricord qui resta célibataire.
Ses tendances
spirituelles n'ont pas été approfondies.
On peut penser cependant qu'il ne fut pas atteint par
le matérialisme scientifique dont la mode commençait à la fin de sa vie, si l'on en juge par
l'épitaphe qu'il composa lui-même et dont il était très fier :
Aux portes de l'éternité
Quand j'aurai fini ma carrière,
S'il me reste un peu de poussière
De cette triste humanité,.
»
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