Ricimer ?
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
décida la construction d'une flotte et on y travailla activement pendant des années.
Les
navires furent assemblés à Carthagène où, en trois jours, par une trahison mystérieuse,
sombra le dernier effort de l'empire.
Majorien revint d'Espagne angoissé et sans espoir.
L'échec éveilla les soupçons de Ricimer contre un homme qu'il estimait et haïssait à la fois.
Une sédition militaire à Tartone, au pied des Alpes, provoqua l'abdication de l'empereur,
qui mourut de dysenterie cinq jours plus tard.
Ricimer pensait toujours aux autres préfets des milices, comme Stilicon et Aetius en
Occident et Aspar en Orient, qui tous trois avaient été mis à mort par la peur que les
empereurs avaient de sa puissance et il était bien décidé à prévenir de son côté tout
danger.
Pendant de longs mois, Ricimer fut en fait le maître de l'Empire agonisant, et il
continua à l'être quand il fit créer empereur par le Sénat un certain Libius Severus, homme
obscur dont les actes sont inconnus (461).
Le pouvoir de Ricimer était limité au nord par le
prestige de deux généraux, Ecdicius et Marcelin, qui le méprisaient.
Les Barbares
mercenaires de Marcelin furent gagnés par l'argent de Ricimer, Ecdicius, qui était indigné
contre les assassins de son père, Avitus, et qui disparut promptement, victime, dit-on, du
poison du patrice.
Mais l'ennemi le plus redoutable de l'Italie était le roi vandale, qui
envoyait chaque année ses flottes contre l'Occident et réclamait le titre impérial pour son
fils Huneric, marié à une fille de Valentinien III.
Pour répondre aux armes et aux intrigues
du Vandale, l'orgueilleux Ricimer, après la mort de Sévère (462), se résigna à demander à
l'empereur de Constantinople, Léon, un empereur pour l'Occident.
Léon lui proposa
Anthemius, fils de Procopius, un général qui s'était distingué dans la guerre contre les
Perses, et mari d'Eufémie, fille de l'empereur Marcien.
Ricimer l'accepta et le Sénat
confirma l'élection.
Il y eut un moment d'optimisme.
Marcelin et Ricimer se réconcilièrent ;
l'Orient et l'Occident s'unirent pour attaquer Carthage ; mais l'expédition fut un désastre.
D'autre part, l'accord entre le comte et le nouvel empereur ne dura pas.
Comme
Anthemius était venu de Constantinople avec une véritable armée, Ricimer n'osa pas
l'attaquer.
Il se retira à Milan, bien placée pour accroître ses forces ou pour inviter les
tribus barbares à traverser les Alpes.
Craignant une guerre civile, les nobles de Ligurie
prièrent le Suève de s'entendre avec l'empereur, et d'accord avec lui, envoyèrent à Rome
l'évêque de Pavie, Epifanius, pour négocier.
“ Croyez-vous, répondit Anthemius, aux
promesses de cet homme pervers ? Quel pacte pouvons-nous nouer avec qui a tant
violé ? ” Malgré cela, Anthemius se laissa fléchir.
On signa la paix, mais Ricimer, quand il
se crut le plus fort, avança sur Rome et s'arrêta sur l'Anio, espérant l'arrivée d'un nouvel
empereur qu'il pensait donner à l'Occident.
C'était le même candidat que le roi de
Carthage proposait à la cour byzantine.
Pour la première fois, les deux Barbares étaient
d'accord.
L'élu appartenait à une ancienne famille romaine, la “ gens Anicia ” ,et s'appelait
Olybrius.
Il avait été l'ami de Placidia, la seconde fille de Valentinien III, avant que celle-ci
fût emmenée captive à Carthage.
Genseric le savait, et travailla à convertir l'amour en
mariage.
Le mariage le porta à la dignité impériale.
Quand il arriva au camp de Ricimer,
celui-ci marcha contre Anthemius, qui mourut dans un combat livré dans les rues mêmes
de Rome.
C'était au commencement de l'été de 472.
Reconnu par le Sénat, Olybrius mourut
quatre mois après, et Ricimer le précéda de peu dans la tombe le 19 août de la même
année.
Telle fut la carrière de cet homme intelligent, ambitieux, sans scrupules, qui,
désigné par le destin pour défendre l'Empire agonisant, qu'il haïssait et méprisait, travailla
comme personne à sa ruine..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓