Théodore Tronchin 1709-1781 Il était autrefois des fées.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Le cabinet de Tronchin devient une Mecque véritable.
Les inoculateurs viennent le voir
opérer, les malades se pressent et les succès se suivent.
A Genève toujours, Tronchin a, parmi la foule de ses célèbres clients, quelques clients d'une
rare qualité : Voltaire et Jean-Jacques Rousseau.
Voltaire apparaît à Genève pour s'y fixer “ en
qualité de malade ”, prétexte-t-il, et c'est en jouant la comédie du mourant qui “ ajuste son
tombeau ” et doit se rapprocher “du successeur du grand Boerhaave ”, qu'il obtient
l'autorisation d'habiter sur le territoire de la République.
Voltaire consulte Tronchin.
Celui-ci accorde ses soins, tout en gardant par devers lui la
mauvaise opinion qu'il a de son client.
Voltaire flatte Tronchin, le voit le plus souvent qu'il
peut, lui écrit presque chaque jour, lui adresse de menus cadeaux, ne l'appelle bientôt plus
que “ son cher Esculape ”, s'amuse à lui rédiger des ordonnances, écrit des vers en son
honneur, aide autant qu'il peut — et il peut beaucoup — à répandre sa gloire.
A vrai dire,
Voltaire a besoin du médecin, mais plus encore de ses innombrables et célèbres clients dont
beaucoup sont fort bien placés pour l'aider.
Il veut savoir si la duchesse de Châtillon arrive.
Il
attire à Ferney tout un beau monde.
Mais Tronchin se lasse de son trop adroit client et leurs
relations cessent après quelques années.
Rousseau ne croyait guère en la médecine et Tronchin ne le soigna vraiment jamais.
Mais
pendant un certain temps, il fut son ami et son confident.
Il se lassa bientôt des idées du
philosophe, échangea avec lui des lettres aigres-douces et finit par conclure à son
irresponsabilité.
“ Il serait le plus coquin des hommes s'il n'était le plus fou.
”
A cinquante-sept ans, en 1766, Tronchin, cédant aux demandes répétées du duc d'Orléans, va
encore une fois s'expatrier pour devenir le premier médecin du prince.
Il quitte Genève pour
s'installer à Paris au Palais-Royal.
Son succès continue, il soigne la dauphine, voit passer toute
la France dans son antichambre, il a son fauteuil à l'Académie royale de chirurgie, “ un
feuillet de plus à ma cuirasse ”, dit-il.
L'âge venant, il se lasse de la vie mondaine, a son “ bureau d'humanité ” où, deux heures par
jour, il soigne les malades pauvres, gratuitement.
Il regarde les hommes et les choses sans
illusions et, à l'orée du règne de Louis XVI, déclare que “ tout périra ”.
Il mourait au Palais-Royal le 30 novembre 1781.
Tronchin ne découvrit rien et ne publia que peu de choses.
Il fut cependant un très grand
médecin et un médecin révolutionnaire.
Révolutionnaire, il le fut, car il proscrit les saignées,
pratique la médecine préventive en inoculant, oblige les femmes du monde perdues dans
leurs vapeurs à se lever plus tôt et à marcher.
Et ces dames, vêtues de “ tronchines ”, robes
courtes et sans paniers, s'en allaient “ tronchinant ” (le verbe était usuel) à pied, en souliers
plats, un bâton à la main.
Il fait ouvrir les fenêtres, règle la table trop abondante, préconise
l'allaitement maternel..
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