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16 La Renaissance Questions sur une période Trois rois, Charles VIII, son cousin Louis XII puis François Ier - gendre de Louis - embarquent donc le pays dans leurs rêves transalpins.

Publié le 06/01/2014

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charles viii
16 La Renaissance Questions sur une période Trois rois, Charles VIII, son cousin Louis XII puis François Ier - gendre de Louis - embarquent donc le pays dans leurs rêves transalpins. Il en faudra un quatrième, Henri II (le fils de François) pour constater l'échec et signer avec les puissants Habsbourg le traité qui, en 1559, scelle la fin des « guerres d'Italie ». On peut s'en épargner le détail, on s'y perd toujours. Les souverains français sont entrés en Italie en se prévalant d'héritages lointains. Ils supposaient que l'opération serait facile à mener dans un pays sans unité, morcelé en petits États disparates, soumis à des maîtres divers et souvent lointains. Erreur ! Le pays est très divisé, en effet, mais ceux qui le contrôlent, l'empereur, les rois d'Espagne, les grandes cités du Nord ou de Toscane, le pape, sont toujours prêts à s'unir contre n'importe quel adversaire qui deviendrait trop puissant. La France passera des décennies à affronter les ligues les plus variées, puis finira par renoncer. Elle y aura mis le temps. Repères - 1445 : naissance du peintre Botticelli à Florence - 1456 : publication à Mayence de la Bible de Gutenberg - 1483-1498 : règne de Charles VIII - 1492 : découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb - 1498-1515 : règne de Louis XII - 1515-1547 : règne de François ier - 1521 : excommunication de Luther, moine allemand, père de la Réforme - 1547-1559 : règne d'Henri II - 1559 : paix du Cateau-Cambraisis, fin des prétentions françaises sur l'Italie Sortons donc pour l'instant de ce sac de noeuds et gardons l'essentiel. Des guerres d'Italie, nos rois n'ont rapporté ni un nouveau royaume ni même un petit duché, mais ils en sont revenus avec bien mieux : le goût de l'extraordinaire civilisation qui s'est développée depuis un ou deux siècles dans la péninsule. Arrivé à Naples en 1494, Charles VIII écrit à l'un de ses parents : « Vous ne pourriez croire les beaux jardins que j'ai en cette ville, car, sur ma foi, il semble qu'il n'y faille qu'Adam et Ève pour en faire un paradis terrestre tant ils sont beaux et pleins de toutes bonnes et singulières choses. » Cet Eden porte un nom : la Renaissance. Voilà en tout cas comment, durant des décennies, on a fait entrer cette riche période dans les manuels. Michelet, le premier, avait raconté les choses de cette façon. L'histoire traditionnelle a gardé ce cadre. Aujourd'hui, de nombreux historiens remettent en cause ce schéma. D'autres pays européens ont connu le même bouleversement culturel sans avoir eu besoin d'envoyer un seul soldat de l'autre côté des Alpes. Par ailleurs, on ne peut limiter ce grand mouvement de civilisation à la seule question de l'art de vivre, de l'esthétique ou de l'éblouissement d'un roi devant des jardins, fussent-ils paradisiaques. Peu importe. Gardons pour le moment, comme tant d'autres avant nous, cette façon de raconter l'histoire politique, militaire et culturelle, elle a l'avantage d'être pédagogique. Richesse des cités-États La Renaissance est une secousse qui ébranle toute l'Europe. L'Italie en a été l'épicentre. Pourquoi ? À cause du développement économique si particulier de ces cités-États dont on a déjà fait mention. Elles ont donc profité depuis longtemps de la tutelle si molle et si lointaine de la couronne impériale et des rivalités avec Rome pour prendre leur indépendance politique. Elles sont devenues, comme Venise ou Gênes, des républiques tenues par de petits groupes de puissants (c'est ce que l'on appelle des oligarchies), ou sont peu à peu tombées sous la main de riches familles, les Visconti ou les Sforza à Milan, ou les célèbres Médicis à Florence. Elles ont surtout prospéré de façon incroyable. Tandis que la France et l'Angleterre s'épuisaient dans la guerre de Cent Ans, des mécènes, en Lombardie ou en Toscane, avaient assez d'argent pour aider l'art et les artistes, faire construire des palais, élever des cathédrales, commander des statues, des plafonds, des fresques. L'immense poète toscan Dante Alighieri (1265-1321), celui dont on dit qu'il a inventé la langue italienne, est pris encore dans les querelles de son temps, les rivalités terribles entre partisans du pape et partisans de l'empereur - ce conflit que l'on appelle la « guerre des guelfes (pour le pape) et des gibelins (pour l'empereur) » - et il mourra en exil. Pétrarque, après lui (1304-1374), est aussi dans le tourment du temps, c'est parce que son père suit les papes dans leur exil en Avignon qu'il passe de nombreuses années en Provence. Mais combien d'autres génies, après eux, feront carrière sous la protection des princes italiens ou du pontife romain, et quelle époque et quel pays peuvent se targuer d'en avoir enfanté autant ? Dites Florence, situez-vous à peu près entre 1450 et 1550 et soyez éblouis par la moisson que vous allez faire, en comptant simplement ceux qui y ont vécu, ou au moins y ont travaillé un temps : Botticelli y est né (en 1445), le sculpteur Donatello y est mort (1466) et quand un jeune peintre nommé Raphaël, venu de sa petite ville d'Urbino, y passe, c'est pour y recevoir des leçons d'un Michel-Ange (14751564) ou d'un Léonard de Vinci (1452-1519). On peut en dire autant de Rome, de Venise, de Milan. Tout change à l'époque grâce à ce foisonnement. Jusque-là, l'artiste était un modeste artisan. L'Italie en fait un être à part que l'on célèbre. Michel-Ange aura droit à des funérailles d'empereur. trecento et le quattrocento italiens - c'est-à-dire les années treize cents, et les années quatorze cents, soit les xive et xve siècles - sont au centre du grand mouvement de redécouverte de En outre, le l'Antiquité qui bouleverse les repères culturels. Les Byzantins, chassés d'Orient par la conquête de leur vieil empire par les Turcs, apportent avec eux des manuscrits grecs que l'on redécouvre. On réapprend cette langue qu'on ne parlait plus. Les érudits plongent dans des textes et on les appellera pour cela des humanistes - du latin humanus, instruit, cultivé. Pour nous, le mot a un autre sens, qu'il a pris un peu plus tard : l'humaniste est celui qui croit en l'homme. La Renaissance nous a appris avec quel naturel on pouvait passer d'un sens à l'autre : ce sont bien ces érudits plongés dans les Grecs et les Latins qui ont redonné foi en l'espèce humaine. Les papes engagent à Rome de gros travaux de rénovation de leur ville et de leurs palais et, grâce aux excavations, ressortent des profondeurs de la terre des statues incroyables dont l'esthétique éblouit. En redécouvrant les merveilles antiques, on en vient à détester les « âges obscurs » dont on sort, ce monde gothique qui soudain sent le sombre, l'humide, le vieux. Humanisme et contradictions Oui, tout doit être neuf, soudain, et tant d'autres découvertes, dans tant d'autres endroits d'Europe, poussent elles aussi au changement. Dans les années 1440, à Mayence, un certain Gutenberg a mis au point le caractère mobile qui sert à reproduire des livres que l'usage du papier chiffon rend peu chers. En réalité, l'imprimerie et le papier sont des inventions chinoises, comme tant d'autres. Peu importe : cette « ré-invention » bouleverse la diffusion de la connaissance en Occident, et ravit les lettrés du temps, ces humanistes dont on vient de parler. En 1492, comme chacun s'en souvient, un certain Christophe Colomb, aventurier génois au service d'Isabelle, reine de Castille, prend la mer dans l'espoir de trouver une nouvelle route maritime vers les Indes et, sans jamais s'en rendre compte, trouve mieux : un Nouveau Monde qui bouleverse les représentations de la terre que se faisait l'Ancien. Bientôt, dans les années 1520, un petit moine allemand, Luther, va provoquer un schisme qui ébranlera la forteresse catholique déjà très lézardée et poussera la vieille religion chrétienne à entamer enfin sa réforme. Tant d'innovations enthousiasment, bien des esprits du temps nourrissent de grandes espérances. Pour témoigner du climat mental de l'époque, l'historienne Janine Garrisson1 cite en exemple la leçon inaugurale au Collège de France prononcée en 1534 par Barthélemy Latomus, un ami du grand Érasme : « Tous nous espérons voir à bref délai [...] un âge nouveau, la concorde entre les nations, l'ordre dans les États, l'apaisement religieux, en un mot la félicité d'une vie heureuse et l'afflux de toutes les prospérités. » Voilà ce dont on rêve, au début du xvie siècle. On ne nous dit pas combien de temps il fallut pour déchanter. C'est le problème. Dans tous les manuels, la Renaissance est toujours présentée comme on vient de le faire : on parle de l'efflorescence culturelle italienne, on énumère les bouleversements techniques et on débouche sur les grandes espérances qu'ils ont ouvertes. Le seul mot de Renaissance n'est-il pas beau comme le printemps, ne fait-il pas venir des images de rêve, les toiles de Botticelli, les inventions géniales de Léonard de Vinci, les fastes des cours princières, la beauté des châteaux de la Loire ? Il ne faut pas aller bien loin dans le même manuel pour tomber du haut de ce paradis dans l'enfer des désillusions. Dans tous les livres - comme dans le nôtre, nous le verrons bientôt -, les chapitres qui suivent ne parlent plus que d'horreurs : les interminables conflits entre François Ier et Charles Quint, les monstrueuses guerres de Religion, l'écrasement des Amériques sous la cupidité des conquistadors. Personne n'aurait l'idée de taire ces moments effroyables de l'histoire, évidemment. Il est frappant que si peu cherchent à faire le lien entre eux et les grands moments de raffinement dont ils ont dû parler quatre pages auparavant. Y en a-t-il un à faire ? Et lequel ? Je ne sais trop. Après tout, c'est le fait de toutes les périodes que d'allier une face sombre à une face claire. Quel moment de l'histoire du monde échappe à cette dichotomie ? Il en est peu, toutefois, où le blanc et le noir sont aussi liés, où cette contradiction se marque aussi nettement. Génocide indien et guerres de Religion Qu'est-ce que le xvie siècle ? On vient d'en parler. C'est la belle aventure des caravelles qui partent à la découverte d'un monde nouveau, c'est aussi l'asservissement ou l'anéantissement des millions d'individus qui y vivaient. C'est la Réforme, noble volonté de secouer un christianisme sclérosé, c'est aussi le sectarisme meurtrier à l'oeuvre lors des guerres religieuses. Allons plus loin. Qu'est-ce que la Renaissance ? Ce sont les humanistes, dont on a parlé, qui apportent un vent de liberté sur la pensée, ce sont des lettrés qui transcendent les frontières, c'est Érasme, prince de la « république des lettres », qui, depuis la Suisse où il a élu domicile, communique avec tous les grands esprits de son temps ; ce sont ces princes lettrés comme notre grand François Ier, qui aiment tant l'art et les artistes. Ce même roi est aussi celui qui fait naître l'absolutisme, c'est-à-dire le rétrécissement de toute liberté au profit du pouvoir du seul monarque. Ce siècle est aussi celui qui voit se former les prémisses de l'esprit national si fermé quand on le compare au cosmopolitisme espéré. Tout est duel en ce temps. Jusqu'au rapport au corps, auquel on songe moins. Avec la redécouverte de l'esthétique gréco-romaine, la Renaissance dans l'art semble oublier de vieilles pudeurs et célèbre le corps de l'homme ou de la femme dans toute sa splendeur : voyez la magnifique Vénus de Botticelli ou le sublime David de Michel-Ange. Si l'on en croit l'historien Eugen Weber2, les crispations religieuses aboutissent aussi au renforcement pour les individus d'un puritanisme étroit que le Moyen Âge ne connaissait pas : tous les bains publics qui existaient depuis des siècles dans presque toutes les villes européennes sont supprimés au xvie. On a soudain trop peur de ce qui peut s'y passer. Du coup on ne se lave plus, il faudra attendre le xixe siècle, nous dit l'historien, pour que l'Europe retrouve le sens de l'hygiène, et ce détail nous laisse, nous autres, avec ce paradoxe : quel drôle de siècle, tout de même, qui à Naples fleurait bon le jardin, et finit par sentir soudain si mauvais. L'horreur de l'Inquisition espagnole Citons encore un exemple, le plus frappant à mes yeux : l'Inquisition espagnole, cette folie policière qui s'empare de tout un pays à partir de la fin du xve siècle, au moment de l'aboutissement de la Reconquista : la reconquête, par les Rois Catholiques, du Sud de l'Espagne sur les derniers émirs, chassés de Grenade en 1492. Après huit siècles d'Andalousie arabe, la population du royaume est très mêlée. Nombreux sont les Juifs et les musulmans. Ceux qui veulent rester fidèles à leur Dieu seront bien vite expulsés avec brutalité. Seulement, parmi ces populations, beaucoup ont choisi - souvent sous la contrainte - la conversion. Ces conversos, ou « nouveaux chrétiens », se retrouvent bientôt dans l'oeil du cyclone, dans la ligne de mire de cette police religieuse mise en place sur la demande des Rois Catholiques et avec l'autorisation du pape : l'Inquisition. La sinistre institution durera trois siècles et demi et formera un des systèmes de terreur les plus efficaces que l'humanité ait connus. Une broutille, un rien suffisait pour envoyer quelqu'un au cachot : des voisins affirment qu'on n'a pas vu de feu sortir de la cheminée un samedi ? C'est donc qu'on fait le sabbat des Juifs en secret. Un aubergiste affirme qu'on a refusé un morceau de porc ? C'est bien qu'on est toujours un chien de mahométan. La subtile organisation de la justice est à l'avenant de cette horreur : son principe de base est que le suspect, qu'on laisse moisir dans son cachot pendant des mois, ne doit jamais savoir de quoi il est accusé, ni qui l'a accusé. Puisqu'il est forcément coupable, il sait bien lui-même de quoi. Parfois on le relâche, souvent on lui fait expier ses fautes devant la ville tout entière rassemblée, dans ces grandes cérémonies où l'on brûle tout à la fois les livres et les hérétiques, les autodafés. Et pourquoi donc, direz-vous, parler de l'Inquisition espagnole dans un chapitre qui entend traiter de « la Renaissance ». Précisément parce qu'on ne la traite jamais dans un tel endroit. Bien sûr, cette Inquisition-là (très différente de l'Inquisition médiévale dont on a parlé plus tôt) est un phénomène strictement espagnol (puis portugais). N'empêche : il est contemporain du grand essor humaniste qui saisit toute l'Europe, et ce pays n'a pas échappé au bouleversement des esprits alors à l'oeuvre. Charles Quint lui-même a été conseillé par le grand philosophe hollandais Érasme et son pays a connu la même évolution artistique, littéraire que tous les autres pays européens et, à une génération près, autant de génies que l'on célèbre toujours : l'admirable Cervantès (15471616), père de Don Quichotte, l'inspiré Greco (1541-1614), peintre crétois mais qui fait la gloire de Tolède. Il a aussi connu, exactement au même moment, cette terreur religieuse avec ce qui l'accompagne, le bâillonnement de la pensée, l'instrumentalisation de la justice. Quel lien faut-il faire alors entre la face radieuse de l'époque et son visage grimaçant ? Je le répète, je n'en sais rien précisément. Je note simplement qu'il faut se garder de parler de l'une et d'oublier l'autre, et qu'il faut conserver un oeil critique sur la notion historique qui est au coeur même de ce chapitre, la notion de « période ».
charles viii

« après eux,feront carrière souslaprotection desprinces italiensoudupontife romain, etquelle époque etquel pays peuvent setarguer d’enavoir enfanté autant ? DitesFlorence, situez-vous àpeu près entre 1450 et 1550et soyez éblouis parlamoisson quevous allezfaire, encomptant simplement ceuxquiyont vécu, ouaumoins yont travaillé untemps : Botticelli yest né(en 1445), lesculpteur Donatello yest mort (1466) etquand unjeune peintre nommé Raphaël, venudesapetite villed’Urbino, ypasse, c’estpour yrecevoir desleçons d’unMichel-Ange (1475- 1564) oud’un Léonard deVinci (1452-1519).

Onpeut endire autant deRome, deVenise, deMilan. Tout change àl’époque grâceàce foisonnement.

Jusque-là,l’artisteétaitunmodeste artisan.L’Italieenfait un être àpart quel’oncélèbre.

Michel-Ange auradroit àdes funérailles d’empereur. En outre, le trecento et le quattrocento italiens –c’est-à-dire les années treizecents , et les années quatorze cents , soit les xive et xve  siècles –sont aucentre dugrand mouvement deredécouverte de l’Antiquité quibouleverse lesrepères culturels.

LesByzantins, chassésd’Orient parlaconquête deleur vieil empire par lesTurcs, apportent aveceuxdesmanuscrits grecsquel’onredécouvre.

Onréapprend cettelangue qu’onne parlait plus.Lesérudits plongent dansdestextes eton les appellera pourcelades humanistes – du latin humanus , instruit, cultivé.Pournous, lemot aun autre sens,qu’ilapris unpeu plus tard : l’humaniste estcelui qui croit enl’homme.

LaRenaissance nousaappris avecquelnaturel onpouvait passerd’unsensàl’autre : cesont bien cesérudits plongés danslesGrecs etles Latins quiont redonné foienl’espèce humaine.

Lespapes engagent à Rome degros travaux derénovation deleur ville etde leurs palais et,grâce auxexcavations, ressortentdes profondeurs delaterre desstatues incroyables dontl’esthétique éblouit.Enredécouvrant lesmerveilles antiques, on envient àdétester les« âges obscurs » dontonsort, cemonde gothique quisoudain sentlesombre, l’humide, le vieux.

Humanisme etcontradictions Oui, tout doitêtre neuf, soudain, ettant d’autres découvertes, danstantd’autres endroits d’Europe, poussent elles aussi auchangement.

Danslesannées 1440, àMayence, uncertain Gutenberg amis aupoint lecaractère mobile quisert àreproduire deslivres quel’usage dupapier chiffon rendpeuchers.

Enréalité, l’imprimerie etle papier sontdesinventions chinoises,commetantd’autres.

Peuimporte : cette« ré-invention » bouleversela diffusion delaconnaissance enOccident, etravit leslettrés dutemps, ceshumanistes dontonvient deparler. En 1492, comme chacuns’ensouvient, uncertain Christophe Colomb,aventurier génoisauservice d’Isabelle, reine de Castille, prendlamer dans l’espoir detrouver unenouvelle routemaritime verslesIndes et,sans jamais s’en rendre compte, trouvemieux : unNouveau Mondequibouleverse lesreprésentations delaterre quesefaisait l’Ancien. Bientôt, danslesannées 1520,unpetit moine allemand, Luther,vaprovoquer unschisme quiébranlera la forteresse catholique déjàtrèslézardée etpoussera lavieille religion chrétienne àentamer enfinsaréforme. Tant d’innovations enthousiasment, biendesesprits dutemps nourrissent degrandes espérances.

Pourtémoigner du climat mental del’époque, l’historienne JanineGarrisson 1 cite enexemple laleçon inaugurale auCollège de France prononcée en1534 parBarthélemy Latomus,unami dugrand Érasme : « Tousnousespérons voiràbref délai […]unâge nouveau, laconcorde entrelesnations, l’ordredanslesÉtats, l’apaisement religieux,enun mot la félicité d’unevieheureuse etl’afflux detoutes lesprospérités. » Voilàcedont onrêve, audébut duxvie  siècle.

On ne nous ditpas combien detemps ilfallut pourdéchanter. C’est leproblème.

Danstouslesmanuels, laRenaissance esttoujours présentée commeonvient delefaire : on parle del’efflorescence culturelleitalienne,onénumère lesbouleversements techniqueseton débouche surles grandes espérances qu’ilsontouvertes.

Leseul mot deRenaissance n’est-ilpasbeau comme leprintemps, nefait-il pas venir desimages derêve, lestoiles deBotticelli, lesinventions génialesdeLéonard deVinci, lesfastes des cours princières, labeauté deschâteaux delaLoire ? Ilne faut pasaller bienloindans lemême manuel pour tomber duhaut deceparadis dansl’enfer desdésillusions.

Danstousleslivres –comme danslenôtre, nousle verrons bientôt–,les chapitres quisuivent neparlent plusqued’horreurs : lesinterminables conflitsentre François I er etCharles Quint,lesmonstrueuses guerresdeReligion, l’écrasement desAmériques souslacupidité des conquistadors.

Personnen’auraitl’idéedetaire cesmoments effroyables del’histoire, évidemment.

Ilest frappant quesipeu cherchent àfaire lelien entre euxetles grands moments deraffinement dontilsont dûparler quatre pagesauparavant.

Yen a-t-il unàfaire ? Etlequel ? Jene sais trop.

Après tout,c’estlefait detoutes les périodes qued’allier uneface sombre àune face claire.

Quelmoment del’histoire dumonde échappe àcette dichotomie ? Ilen est peu, toutefois, oùleblanc etlenoir sont aussi liés,oùcette contradiction semarque aussi nettement.

Génocide indienetguerres deReligion. »

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