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28 Raymond fit volte-face.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

28 Raymond fit volte-face. L'individu qui venait de le surprendre dans la forêt domaniale de Rambouillet braquait un fusil de chasse sur lui. -- C'est pas la saison, mais je sors toujours armé, on sait jamais sur quel gibier on peut tomber, pas vrai ? Le clochard battit prudemment en retraite avant de trébucher sur une racine et de se retrouver les quatre fers en l'air. Son vis-à-vis le tenait en joue. -- Qu'est-ce que tu fous dans ce coin ? Depuis un moment j'entends gratter et souffler, j'ai vraiment cru qu'il y avait une bête. T'es venu enterrer ton magot ? -- Mais non ! J'ai rien enterré du tout. Tu vas pas me flinguer, hein ? Fais pas le con... -- Va savoir, des fois, ça part tout seul. Raymond rapetissait à vue d'oeil. Il pleurnichait. -- C'est ça, mets-toi à chialer. Ça fait trois jours qu'on bosse dans le coin et que nos bouteilles disparaissent comme par magie. T'aurais pas une idée ? -- Ça va, pour les bouteilles, c'est moi, mais j'ai rien enterré ! -- Ah oui ? Creuse ! -- Y a un macchabée dessous. L'homme baissa sa garde, surpris par la réponse. -- Creuse, je te dis, je veux voir. Raymond exécuta les ordres et dégagea un bras. -- Putain ! Mais t'es un assassin en plus ! -- Eh, c'est pas moi qui l'ai tuée ! -- C'est ça, t'es juste venu aux champignons. Le bûcheron se pencha au-dessus des restes humains. Il devint blême. -- Ben là, mon pote, t'es dans la merde. Raymond n'hésita pas : il rassembla ses forces, se redressa et détala comme un lapin. -- Arrête-toi ! Malgré le fusil pointé dans son dos, Raymond s'était jeté dans les fourrés comme un possédé. Il n'avait jamais produit un telle course de sa vie. L'autre abaissa son canon. -- Merde, je vais quand même pas lui tirer dans les pattes à ce con. Le bûcheron lâcha l'arme et prit son téléphone. Le signal étant faible, il enjamba des branchages. Le policier qui prit son appel consigna son témoignage avec des points de suspension. La communication était trop mauvaise. N'empêche, une demi-heure plus tard, la police était sur les lieux.   À seize heures trente, le commandant Morel, informé de la découverte d'un nouveau cadavre, rameutait ses gars. -- Je veux tout le monde sur le coup. Notre client est peut-être dans les parages. On ne le laisse pas filer ! Toutes les brigades du secteur avaient été mises en alerte, et le plan « Épervier » déclenché. Morel et deux de ses collègues roulaient déjà en direction de la forêt domaniale. -- Qui a reçu l'appel au sujet de la nouvelle disparition ? -- C'est moi, chef, dit l'un des officiers assis à l'arrière de la voiture. -- Qu'as-tu au niveau du signalement de cette personne ? L'officier lui rapporta les éléments d'identification qu'il avait pu recueillir auprès des parents de la jeune femme. Caroline Dupuy, trente-deux ans, assistante de direction dans une société de transport, célibataire, sans enfant, domicilié à... Morel le coupa. -- Quel rapport avec nos deux autres victimes ? -- Désolé, chef, mais on n'a pas encore le résultat des premiers examens. L'équipe est sur place. Le commandant prit son téléphone et contacta un officier resté à la brigade. Il lui avait confié la vérification des fichiers concernant le témoin aperçu près du corps. -- Quoi de neuf ? -- Je suis toujours en train de joindre les associations et les foyers pour sans-abri. Je viens de recevoir un fax avec une première liste de noms pouvant correspondre au signalement de l'individu. -- Il me faut son identité au plus vite. Morel s'adressa au chauffeur. -- Combien de temps avant d'arriver ? -- Moins de dix minutes, chef. Il respira bruyamment. D'ici à deux heures, il aurait à s'expliquer devant le préfet. Des barrages avaient été mis en place dans le département. « Compte là-dessus », pensa-t-il en haussant les épaules.   Raymond avait un diable pour le flanquer dans le pétrin et un ange pour l'en sortir. Après son parcours de cross, il avait trouvé au bord d'un chemin le vélo d'un cycliste parti se soulager à vingt mètres de là. Un pudique. Le clochard avait enfourché la bécane et pédalé comme un fou avant de déboucher sur du bitume. Ensuite, suffisait de dérouler, tranquille. Maudit sort qui l'avait conduit au pire endroit au pire moment ! Il avait déjà eu maille à partir avec la justice. Ces salauds finiraient par lui mettre la main dessus, mais il avait sa conscience. Innocent, qu'il était. IN-NO-CENT. Et ça le fatiguerait pas de le répéter jusqu'à la fin des temps.   Le téléphone à l'oreille, le commandant était informé minute par minute de l'avancée des recherches. -- Morel, j'écoute. -- L'équipe canine arrive bientôt sur le site, fit un officier. -- Parfait, nous les précédons. Le véhicule s'immobilisa sur une aire de parking, à la lisière d'un bois. Les portières claquèrent les unes après les autres. Le témoin qui avait lancé l'alerte les attendait près d'un fourgon de police. -- Commandant Morel, SRPJ de Versailles, se présenta le chef de groupe. C'est vous qui avez appelé ? -- Oui. Daros, Philippe. C'est moi, en effet. Le corps se trouve près d'une coupe que j'effectue avec mon équipe. -- L'individu que vous avez surpris là-bas, vous pouvez me le décrire ? -- Comme je l'ai dit à vos collègues, c'est un SDF qui traîne à la sortie des supermarchés de la ville. Il picole pas mal, vous pouvez me croire. -- Quel âge, environ ? Robuste, athlétique ? -- Je dirais qu'il a bien dans les quarante-cinq ans. C'est pas facile, avec eux, ils sont dans un état... Des aboiements interrompirent la discussion. L'équipe cynophile venait d'arriver. -- Emmenez-nous près du corps, il faut faire sentir les chiens. Sans plus attendre, les officiers suivirent le témoin. La colonne s'engagea sur le mince tracé, entre les fougères, jusqu'à un talus entre de gros chênes. On avait déjà délimité la scène avec des rubans fluo tendus entre des piquets. Les chiens se mirent au travail. On les tenait court. L'un d'eux flaira une piste. -- Allez, allez ! cria le maître pour le stimuler. -- C'est bien par ici qu'il a filé. Il courait, mais ça n'était pas un sportif, déclara le témoin. -- Vous n'avez pas tenté de le rattraper ? demanda Morel, étonné qu'un tel gaillard se soit fait semer par un ivrogne. -- J'ai pas bougé, c'est vrai. Ça m'a surpris qu'il se tire aussi vite, et puis j'avais mon fusil de chasse à la main. -- Tiens, et vous l'aviez avec vous pour faire quoi ? La chasse est fermée, non ? Le témoin se tortilla. Accomplissez votre devoir de citoyen et, avec les flics, ça vous retombe toujours dessus. Morel reçut un nouvel appel. D'un geste, il pria le témoin de patienter. -- Les techniciens sont là ? Pas trop tôt... Et le légiste ? ajouta le commandant en suivant du regard les chiens qui prenaient à travers bois. Dis-lui de ne pas traîner, notre client cavale peut-être encore dans les parages. Une soudaine bourrasque vint agiter les feuillages. La pluie était annoncée en soirée, ce qui n'aiderait pas les recherches. À l'arrivée de l'équipe technique, l'un des spécialistes fut dépêché à l'endroit où les bûcherons entreposaient leur équipement dans la journée. -- On va passer au crible votre zone de coupe et de portage. Vous m'avez bien dit que cet individu fouillait vos affaires, n'est-ce pas ? -- Il chapardait des canettes et des bouteilles. Le commandant ruminait tout en sondant les lieux. N'entendant plus les chiens, il contacta l'un des membres de l'équipe cynophile. -- C'est Morel. Du neuf ? -- Les chiens ont suivi sans difficulté la trace du suspect sur près de cinq cents mètres. Nous venons de tomber sur des marques de pneus de vélo. Le suspect a poursuivi son chemin probablement à bicyclette et il a rejoint la route. -- Un vélo ? Il circule à vélo ? Il ne manquait plus que ça. A-t-on signalé un vol, un cycliste agressé dans le coin ? À mon avis, il s'est servi en chemin. Ce que Morel ignorait, comme d'ailleurs le clochard, c'est que le vélo en question avait déjà été volé par son utilisateur précédent. Un gamin qui avait dû rentrer chez lui à pied sans pouvoir s'en plaindre. Morel tapota nerveusement son téléphone après avoir raccroché. La piste s'arrêtait là. Sauf à intercepter le gars à un barrage. Mais un cycliste en fuite s'aventure rarement sur des échangeurs d'autoroute. Près du talus où gisait la victime, des officiers en combinaison protectrice quadrillaient la scène et prélevaient des échantillons de terrain et de végétaux. Les flashs crachaient par intermittence. Des repères numérotés marquaient la progression des enquêteurs. -- Chef, je viens de recevoir un courriel de la famille qui a déclaré la disparition ce matin. Je leur avais demandé de m'envoyer une photo dès que possible. L'un des techniciens a dégagé le visage de la morte et il l'a prise en photo sous différents angles. Aucun doute, il s'agit bien de la même personne. -- Nous n'avons plus qu'à faire confirmer son identité et... à prévenir la famille, laissa tomber Morel d'une voix grave. -- J'allais oublier... ça vous intéressera certainement, déclara l'officier en lui remettant l'un des appareils photo des techniciens. Le commandant regarda l'écran qui affichait un cliché de la morte. Instinctivement, il se concentra sur le visage puis déplaça l'image pour zoomer sur le cou, en partie débarrassé de la terre qui recouvrait toujours le reste du corps. Des marques profondes suggéraient une mort par strangulation. Mais il y avait autre chose. On avait démantibulé les mâchoires du cadavre pour lui rouvrir la bouche. Morel se pinça la racine du nez, comme il en avait l'habitude devant une contrariété. Ce nouvel élément n'était pas prévu au programme.

« parcours decross, ilavait trouvé aubord d’unchemin levélo d’un cycliste partisesoulager àvingt mètres delà.Un pudique.

Leclochard avaitenfourché labécane etpédalé comme unfou avant de déboucher surdubitume.

Ensuite, suffisaitdedérouler, tranquille.

Mauditsortquil’avait conduit aupire endroit aupire moment ! Ilavait déjàeumaille àpartir aveclajustice.

Cessalauds finiraient parluimettre la main dessus, maisilavait saconscience.

Innocent,qu’ilétait.

IN-NO-CENT.

Etça lefatiguerait pasde le répéter jusqu’à lafin des temps.   Letéléphone àl’oreille, lecommandant étaitinformé minuteparminute del’avancée des recherches.

— Morel, j’écoute. — L’équipe caninearrivebientôt surlesite, fitun officier. — Parfait, nouslesprécédons. Le véhicule s’immobilisa surune airedeparking, àla lisière d’unbois.

Lesportières claquèrent les unes après lesautres.

Letémoin quiavait lancé l’alerte lesattendait prèsd’unfourgon depolice. — Commandant Morel,SRPJdeVersailles, seprésenta lechef degroupe.

C’estvousquiavez appelé ? — Oui.

Daros,Philippe.

C’estmoi,eneffet.

Lecorps setrouve prèsd’une coupe quej’effectue avec mon équipe. — L’individu quevous avezsurpris là-bas, vouspouvez meledécrire ? — Comme jel’ai ditàvos collègues, c’estunSDF quitraîne àla sortie dessupermarchés dela ville.

Ilpicole pasmal, vous pouvez mecroire. — Quel âge,environ ? Robuste,athlétique ? — Je dirais qu’ilabien dans lesquarante-cinq ans.C’est pasfacile, aveceux,ilssont dans un état… Desaboiements interrompirent ladiscussion.

L’équipecynophile venaitd’arriver. — Emmenez-nous prèsducorps, ilfaut faire sentir leschiens. Sans plusattendre, lesofficiers suivirent letémoin.

Lacolonne s’engagea surlemince tracé,entre les fougères, jusqu’àuntalus entre degros chênes.

Onavait déjàdélimité lascène avecdesrubans fluo tendus entredespiquets.

Leschiens semirent autravail.

Onlestenait court.

L’und’eux flairaunepiste. — Allez, allez !crialemaître pourlestimuler. — C’est bienpariciqu’il afilé.

Ilcourait, maisçan’était pasunsportif, déclara letémoin. — Vous n’avezpastenté delerattraper ? demandaMorel,étonné qu’untelgaillard sesoit fait semer parunivrogne. — J’ai pasbougé, c’estvrai.Çam’a surpris qu’ilsetire aussi vite,etpuis j’avais monfusilde chasse àla main. — Tiens, etvous l’aviez avecvouspourfairequoi ? Lachasse estfermée, non ? Le témoin setortilla.

Accomplissez votredevoir decitoyen et,avec lesflics, çavous retombe toujours dessus. Morel reçutunnouvel appel.D’ungeste, ilpria letémoin depatienter. — Les techniciens sontlà ?Pas troptôt… Etlelégiste ? ajoutalecommandant ensuivant du regard leschiens quiprenaient àtravers bois.Dis-lui denepas traîner, notreclient cavale peut-être encore danslesparages. Une soudaine bourrasque vintagiter lesfeuillages.

Lapluie étaitannoncée ensoirée, cequi n’aiderait paslesrecherches.

Àl’arrivée del’équipe technique, l’undes spécialistes futdépêché à l’endroit oùles bûcherons entreposaient leuréquipement danslajournée. — On vapasser aucrible votrezonedecoupe etde portage.

Vousm’avez bienditque cetindividu fouillait vosaffaires, n’est-cepas ? — Il chapardait descanettes etdes bouteilles. Le commandant ruminaittoutensondant leslieux.

N’entendant plusleschiens, ilcontacta l’undes membres del’équipe cynophile. — C’est Morel.Duneuf ? — Les chiens ontsuivi sans difficulté latrace dususpect surprès decinq cents mètres.

Nous venons detomber surdes marques depneus devélo.

Lesuspect apoursuivi sonchemin probablement à bicyclette etila rejoint laroute. — Un vélo ? Ilcircule àvélo ? Ilne manquait plusqueça.A-t-on signalé unvol, uncycliste agressé dans lecoin ? Àmon avis, ils’est servi enchemin. Ce que Morel ignorait, commed’ailleurs leclochard, c’estquelevélo enquestion avaitdéjàétévolé par son utilisateur précédent.

Ungamin quiavait dûrentrer chezluiàpied sans pouvoir s’enplaindre. Morel tapota nerveusement sontéléphone aprèsavoirraccroché.

Lapiste s’arrêtait là.Sauf à intercepter legars àun barrage.

Maisuncycliste enfuite s’aventure rarementsurdes échangeurs d’autoroute.

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