Devoir de Philosophie

50 Je n'ai pas beaucoup dormi.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

50 Je n'ai pas beaucoup dormi. Ma tête avait bouillonné toute la nuit, complotant et intriguant, imaginant sous a pression différentes solutions pour nous sortir de là - tout pour éviter de penser à Tess et à l'endroit où je me trouvais avec elle. Je n'avais pas trouvé de réponse infaillible, même de loin, mais certaines semblaient moins farfelues que d'autres. Tous les scénarios que j'avais explorés avaient un postulat en commun : la nécessité de me transformer en appât pour débusquer nos agresseurs mexicains. Pas exactement de quoi sauter en l'air de joie. A neuf heures, je me rendis au bureau de Villaverde pour passer en revue les différentes options. Munro arriva en même temps que moi. Je savais que Villaverde ne serait pas excité par mon idée. Je n'avais pas très envie de me découvrir pour attirer une bande de cinglés qui prenaient leur plaisir à éventrer et émasculer leurs ennemis. Mais à moins que Villaverde ou Munro ne mettent une autre proposition sur la table, j'étais plus ou moins prêt à mettre mon plan à exécution. C'était peut-être une manière foireuse d'essayer de compenser ce que j'avais fait. Je ne sais pas. Ce dont j'étais sûr, c'est que les salauds devaient disparaître, et que je devais faire ce qu'il fallait pour que Tess et Alex n'aient plus de raisons de s'inquiéter. Nous commençâmes par examiner toute une série de rapports sur les événements des jours précédents. Sans réel bénéfice. Le type que Julia avait descendu à Balboa Park n'avait rien sur lui qui permît de l'identifier, et ses empreintes étaient inconnues. Le 4 × 4 qu'ils avaient laissé derrière eux ne menait nulle part. Nous savions qu'il avait été volé deux ou trois jours auparavant. Des inspecteurs allaient interroger son propriétaire pour la forme, mais je savais que ce serait une perte de temps. Les rapports sur le carnage, la veille, au club des Aigles, ne nous fournirent guère d'éléments nouveaux, même si j'avais ma petite idée à ce sujet. -- Un truc, tout de même... dis-je. Le type dont Pennebaker nous a parlé, celui dont Navarro s'est « occupé »... Pennebaker disait qu'il allait bien et qu'une seconde plus tard il tombait par terre comme s'il avait été frappé par un dard anesthésiant. Il était paralysé, mais parfaitement conscient... -- Et alors ? demanda Munro. -- Etant donné que je ne crois pas au vaudou, je dirais que Navarro lui a donné je ne sais quelle drogue. Ce qui me fait repenser à Walker. On l'a coupé en morceaux et laissé se vider de son sang, mais il n'y avait pas la moindre trace de lutte. Comme s'il n'avait pas résisté. Ça n'a aucun sens... -- A moins qu'il n'ait été drogué, ajouta Villaverde en attrapant l'idée au vol. D'accord. Je vais demander au légiste de faire des examens toxicologiques complets. J'avais déjà une idée assez précise sur la question, et je savais ce que les tests toxicos confirmeraient. Ce n'était pas le boulot d'un lieutenant de Navarro. C'était lui. J'en étais sûr. Tout en décrochant son téléphone, Villaverde me tendit une feuille de papier. -- Les relevés du téléphone de Michelle. Il y a un Jim, comme tu le pensais. Regarde. Je jetai un coup d'oeil sur la page imprimée. Plusieurs appels étaient surlignés. Ils dataient tous des six dernières semaines, et le numéro était celui d'un certain Jim Stephenson. Le préfixe était 510. -- Ce n'est pas un numéro local. Villaverde secoua la tête. -- Berkeley. -- Un psy ? -- Oui et non. Il enseigne la psychiatrie. Dirige le service psy de l'université de Californie à Berkeley. Cela me surprenait et m'inquiétait à la fois. Le psy que Michelle avait choisi pour Alex était indiscutablement une grosse pointure... et il se trouvait à une heure et demie d'avion. Pendant que Villaverde parlait au légiste, j'appelai Tess pour lui donner le nom et le numéro de téléphone du médecin. Je me dis qu'elle pourrait l'appeler pendant que nous cherchions une façon d'inciter les méchants à sortir du bois. Autre chose me tarabustait, mais j'étais incapable de dire de quoi il s'agissait. Je n'eus pas le temps de formuler ma proposition. Un des hommes de Villaverde se précipita dans la pièce, très excité. -- Il faut que vous voyiez ça ! fit-il en s'approchant du bureau de Villaverde. Il saisit une télécommande et alluma le téléviseur posé sur une étagère, au milieu des livres. C'était une chaîne d'informations locales. Le défilant en bas de l'écran annonçait « Prise d'otages à Mission Valley ». La chaîne diffusait des images granuleuses sans doute filmées avec un téléphone portable. Un type armé d'un revolver tenait quelqu'un par le cou, hurlait et agitait son arme frénétiquement tout en s'éloignant de la caméra. La touffe de poils sous sa lèvre inférieure me permit de le reconnaître immédiatement. Ricky « Scrape » Torres - le motard qui avait reçu une balle dans l'épaule, et qui avait été brutalement extirpé de la voiture de l'adjoint assassiné. Il vivait et respirait, en couleur. 51 Ricky Torres ne savait foutrement pas ce qui lui arrivait. On l'avait couvert de pansements, comme une momie, et détenu il ne savait où pendant une éternité. On avait soigné et recousu sa blessure, qui lui faisait toujours un mal de chien. Un peu plus tôt, il avait senti une piqûre au bras (sans doute une sorte d'antibiotique) puis on l'avait détaché, levé de force et embarqué dans une voiture. Et maintenant, ça. Ses gardiens l'avaient balancé hors de la voiture, sur l'asphalte, avant de disparaître dans un hurlement de pneus. Après quelques hésitations, il s'était relevé et avait arraché son bandeau. Le soleil l'avait agressé, et il lui avait fallu un moment pour accommoder son regard. Il réalisa qu'on l'avait largué à Mission Valley, près du parking du centre commercial de Westfield. Il se sentait somnolent, désorienté. Il constata qu'il fixait avec curiosité le Hooters, de l'autre côté de la rue. Un sourire étrange lui déforma le visage, car une pensée bizarre lui était venue. Dans l'immédiat, quelques bières en compagnie de filles à poil l'aideraient à oublier ce qui lui était arrivé récemment... Combien de temps ça avait duré, d'ailleurs ? Quarante-huit heures ? Plus ? Il n'en savait rien. Il resta un moment sur place, ignorant toujours pourquoi ces salauds l'avaient relâché. Pendant le trajet, il avait bien cru qu'ils le conduisaient dans un endroit isolé pour le tuer et y larguer son cadavre. Manifestement, ce n'était pas le cas. Mais il ne se sentait vraiment pas bien. Il avait un terrible mal de crâne, ses yeux ne parvenaient pas à faire le point, et la douleur à l'épaule (qui s'était calmée après qu'ils eurent recousu) se faisait sentir de plus belle. Il savait qu'on avait extrait la balle, mais il se demandait si la plaie ne s'était pas infectée. Depuis son séjour en Irak, il savait que les infections dues à un projectile sont plus souvent mortelles que la balle elle-même. Il fallait qu'il s'en assure au plus vite. Dans l'immédiat, une bonne bière lui ferait le plus grand bien. Il fit quelques pas hésitants vers l'autre trottoir, lorsqu'un violent coup de trompe le fit s'arrêter sur place. Il se retourna, croisa le regard du chauffeur du camion qui venait de freiner après l'avoir évité de justesse. Le type gesticulait en jurant dans une langue qui ressemblait à l'espagnol, mais Torres n'en était pas sûr. Le son qui parvenait à ses oreilles était déformé et il semblait y avoir un décalage entre ce qu'il entendait et les mouvements des lèvres du routier. Ce type avait d'ailleurs quelque chose de bizarre. Torres loucha pour ccommoder son regard contre le soleil. Puis il comprit. L'homme avait les yeux jaunes. Torres cligna des yeux. Il secoua la tête, regarda de nouveau. Les yeux étaient toujours jaunes. En outre, des crocs venaient d'apparaître sous la lèvre supérieure de l'homme, dont la peau scintillait comme celle d'un serpent. Qu'est-ce que... ? Torres remonta en chancelant sur le trottoir, secouant la tête, incapable de détourner les yeux de cette vision ignoble. Le chauffeur lui adressa un juron et siffla entre ses crocs pointus, tandis que le camion démarrait n grondant. Torres le suivit des yeux, totalement perdu, et se demanda ce qui s'était passé. Il avait très peu dormi depuis qu'on l'avait cueilli, et il était évident qu'il commençait à halluciner. Mais il devait rester concentré et garder l'esprit clair s'il voulait avoir une chance d'échapper aux flics. Il décida qu'il n'avait pas besoin de perdre un temps précieux à boire de la gnôle et de la bière, ou à essayer de se fourrer dans la culotte d'une hôtesse bien roulée. Il se retourna de l'autre côté. C'est alors qu'il le sentit. Un objet pesant qui tirait sur sa ceinture. Torres souleva le bas du coupe-vent qu'on lui avait donné. Un pistolet automatique était glissé dans sa ceinture. Stupéfait, il rajusta le coupe-vent par-dessus et regarda nerveusement autour de lui, espérant que personne ne l'avait repéré. Il vit qu'un magasin CVS occupait le rez-de-chaussée de l'immeuble le plus proche. l lui fallait un antidouleur puissant. Pour faire disparaître la douleur lancinante de son épaule, avant d'aller se lanquer quelque part pour réfléchir à la suite. Ouais, c'était le bon plan. Bien sûr. Il s'avança sur le parking, en direction de la pharmacie. Tout à coup, en longeant la rangée de voitures en tationnement, il entendit le bruit caractéristique du chargeur qu'on insère dans une Kalachnikov AK-47. Il pivota, en glissant machinalement la main sous sa ceinture pour se saisir de son arme. Une femme hargeait ses courses dans le coffre de sa voiture, flanquée d'un gamin qui hurlait qu'il ne voulait pas rentrer à a maison. Quand elle se pencha sous le hayon ouvert de la voiture, Torres comprit qu'elle avait caché sa alachnikov dans la voiture, pour qu'il ne la voie pas. Il envisagea d'aller vers la femme et d'exiger qu'elle lui onne son arme, mais les hurlements de l'enfant montèrent dans le suraigu et percèrent le crâne de Torres omme une douzaine de baïonnettes. Il se couvrit les oreilles, fit demi-tour et entra en titubant dans le centre commercial. Les gens semblaient l'éviter. En passant devant Macy's, il baissa les yeux et remarqua que sa chemise était trempée de sueur. Ou était-ce du sang ? Peut-être l'avait-on frappé, et la douleur à l'épaule l'avait empêché de le sentir ? Il se passa les doigts sur le visage. Non, ce n'était que de la sueur. Il avait la bouche orriblement sèche. Il lui fallait de l'eau. Et des médocs. Il se remit en marche mais une douleur fulgurante lui échira soudain l'abdomen, l'obligeant à faire demi-tour. Appuyé contre un mur, il eut des haut-le-coeur. Il avait a nausée, mais il savait qu'il avait l'estomac vide. La douleur était si vive qu'il dut s'adosser au mur, et malgré es efforts désespérés pour rester debout il se laissa glisser sur le sol. Quelque chose n'allait pas. A l'intérieur de son corps. Il y avait un problème sérieux, très sérieux. Il le avait. Et ça commençait à lui faire peur. Levant la tête, il vit qu'une vieille femme l'observait d'un air inquiet. C'est exactement comme ça que les amikazes - les terroristes qui se font sauter - vous attrapent. Il le savait. Ils feignent d'être votre ami, et ils ous entraînent en enfer. Il avait perdu trois de ses copains de cette façon-là, réduits en bouillie au beau milieu 'une rue pleine de monde, alors que son unité passait d'une maison à l'autre pour débusquer les rebelles. Une emme avait proposé au sergent de leur montrer une maison où se cachaient plusieurs d'entre eux. Il était resté n arrière pour couvrir la rue. Quelques secondes plus tard, des morceaux de ses potes s'éparpillaient un peu artout dans la rue. Il ne les laisserait pas l'avoir de cette façon. Il fronça les sourcils, regarda la femme et chercha son arme, mais sa main s'immobilisa quand il la vit se courber en avant et se transformer. Ses yeux gris aimables étaient devenus noirs et menaçants, son nez avait pris la forme d'un bec d'oiseau. Torres essaya de bouger, mais la douleur au ventre était trop forte. Les bras de la femme s'étaient couverts de plumes noires, et elle avait, à la place des mains, des serres effilées comme des rasoirs. Elle se dirigeait lentement vers lui, toutes griffes dehors. Au prix d'un effort considérable, il sortit le SIG-Sauer de sous sa veste et l'agita en direction de ce qui lui apparaissait maintenant comme une harpie. -- Va-t'en ! Fous le camp d'ici ! La bête ne se le fit pas dire deux fois. Elle fit demi-tour et s'éloigna comme en glissant au-dessus du sol. Torres ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Il fourra le pistolet sous sa ceinture, se remit sur pied et tourna le coin, vers l'entrée du CVS. La pharmacie se trouvait à environ deux cents mètres. Il était certain d'y arriver, à condition de ne pas s'arrêter de nouveau. Il avait parcouru la moitié du chemin quand il entendit une voix, derrière lui : -- Monsieur ? Monsieur ? Tout va bien ? Vous avez besoin d'aide ? Ignorant la voix, Torres poursuivit son chemin. C'était un truc. Un truc pour l'empêcher de trouver l'aide dont il avait besoin. -- Monsieur ? fit la voix, désormais grinçante. Je vous demande d'arrêter, nous devons parler. Torres pivota - beaucoup plus vite qu'il n'aurait souhaité, vu la douleur intolérable dans son ventre - et se retrouva en face d'un autre salopard de rebelle. L'homme avait la main posée sur l'arme qui pendait à sa ceinture. Torres ne reconnaissait pas vraiment l'uniforme que portait le bougnoule, mais il l'avait sans doute volé sur le cadavre d'un soldat américain. C'était bien un piège. Ils allaient le prendre en otage, le torturer et lui couper la tête. C'est ainsi que procédaient ces cinglés. Les eux de Torres lancèrent des éclairs. A trente mètres de lui - trop loin pour qu'il fasse autre chose que lui tirer essus - un homme plus jeune pointait un téléphone portable droit vers lui. Ils avaient commencé à filmer leur idéo de prise d'otage. Il eut envie de descendre ce salaud, mais son capitaine lui avait ordonné de n'utiliser on arme qu'en cas de danger immédiat. Ou était-ce quelqu'un d'autre ? Il ne s'en souvenait pas. Mais il savait u'il devait obéir aux ordres, dans la mesure du possible. Il sentit une autre présence et se retourna. Un autre homme se dirigeait vers lui. Son déguisement onsistait en un jean, des baskets et un polo. Bon Dieu. Ils lui en avaient envoyé toute une équipe. Il devait agir, ou il était foutu. Il avança une main, paume vers le haut, dans un geste de soumission, mais en même temps il fit deux pas ers la gauche. Au moment où le type en polo se trouva à sa hauteur, il l'attrapa par le col et sortit son pistolet u'il pressa sur le crâne du rebelle. -- Restez où vous êtes ! hurla-t-il. Bordel, que personne ne s'approche de moi ! Le rebelle avec le faux uniforme avait déjà sorti son arme qu'il pointait sur Torres, mais celui-ci avait le essus, maintenant. Il recula en direction du CVS en entraînant son otage, de plus en plus vite à chaque econde, en dépit de la douleur lancinante dans son crâne et de la brûlure à l'estomac. Quand il jeta un regard ers le rebelle - qui n'avançait plus -, il vit que les yeux du salopard étaient jaunes et que des cornes aillissaient de son crâne. Il cligna des yeux et secoua la tête. Mais, quand il ouvrit à nouveau les yeux, les cornes étaient toujours là, luisant comme de l'obsidienne noire, pointues et menaçantes. Le visage couvert de sueur, Torres se mit à hurler « Non ! », et repoussa son otage. Celui-ci se sauva, non sans avoir jeté un regard n coin vers Torres... il avait lui aussi les yeux jaunes et des cornes, et sa bouche ouverte révéla une rangée de rocs ignobles et une langue fourchue qui s'agitait furieusement. Torres sentit la terreur s'emparer de lui, comprenant tout à coup que quelque chose lui permettait de voir

« 51 Ricky Torres nesavait foutrement pascequi luiarrivait. On l’avait couvert depansements, commeunemomie, etdétenu ilne savait oùpendant uneéternité.

On avait soigné etrecousu sablessure, quiluifaisait toujours unmal dechien.

Unpeu plus tôt,ilavait sentiune piqûre aubras (sans doute unesorte d’antibiotique) puisonl’avait détaché, levédeforce etembarqué dansune voiture.

Etmaintenant, ça. Ses gardiens l’avaientbalancéhorsdelavoiture, surl’asphalte, avantdedisparaître dansunhurlement de pneus.

Après quelques hésitations, ils’était relevé etavait arraché sonbandeau.

Lesoleil l’avait agressé, etillui avait falluunmoment pouraccommoder sonregard. Il réalisa qu’onl’avait largué àMission Valley,prèsduparking ducentre commercial deWestfield.

Ilse sentait somnolent, désorienté.

Ilconstata qu’ilfixait avec curiosité leHooters, del’autre côtédelarue.

Un sourire étrange luidéforma levisage, carune pensée bizarreluiétait venue.

Dansl’immédiat, quelquesbières en compagnie defilles àpoil l’aideraient àoublier cequi luiétait arrivé récemment… Combiendetemps ça avait duré, d’ailleurs ?Quarante-huit heures?Plus ? Il n’en savait rien. Il resta unmoment surplace, ignorant toujourspourquoi cessalauds l’avaient relâché.Pendant letrajet, il avait biencruqu’ils leconduisaient dansunendroit isolépourletuer etylarguer soncadavre.

Manifestement, ce n’était paslecas.

Mais ilne sesentait vraiment pasbien.

Ilavait unterrible maldecrâne, sesyeux ne parvenaient pasàfaire lepoint, etladouleur àl’épaule (quis’était calmée aprèsqu’ilseurent recousu) sefaisait sentir deplus belle.

Ilsavait qu’onavaitextrait laballe, maisilse demandait sila plaie nes’était pasinfectée. Depuis sonséjour enIrak, ilsavait quelesinfections duesàun projectile sontplussouvent mortelles quela balle elle-même. Il fallait qu’ils’en assure auplus vite. Dans l’immédiat, unebonne bièreluiferait leplus grand bien. Il fit quelques pashésitants versl’autre trottoir, lorsqu’un violentcoupdetrompe lefits’arrêter surplace.

Il se retourna, croisaleregard duchauffeur ducamion quivenait defreiner aprèsl’avoir évitédejustesse.

Letype gesticulait enjurant dansunelangue quiressemblait àl’espagnol, maisTorres n’enétaitpassûr.

Leson qui parvenait àses oreilles étaitdéformé etilsemblait yavoir undécalage entrecequ’il entendait etles mouvements deslèvres duroutier.

Cetype avait d’ailleurs quelquechosede bizarre . Torres loucha pour accommoder sonregard contrelesoleil.

Puisilcomprit. L’homme avaitlesyeux jaunes. Torres clignadesyeux.

Ilsecoua latête, regarda denouveau.

Lesyeux étaient toujours jaunes.Enoutre, des crocs venaient d’apparaître souslalèvre supérieure del’homme, dontlapeau scintillait commecelled’un serpent.

Qu’est-ce que…? Torres remonta enchancelant surletrottoir, secouant latête, incapable dedétourner lesyeux decette vision ignoble.

Lechauffeur luiadressa unjuron etsiffla entre sescrocs pointus, tandisquelecamion démarrait en grondant.

Torreslesuivit desyeux, totalement perdu,etse demanda cequi s’était passé.

Ilavait trèspeu dormi depuis qu’onl’avait cueilli, etilétait évident qu’ilcommençait àhalluciner.

Maisildevait resterconcentré et garder l’espritclairs’ilvoulait avoirunechance d’échapper auxflics.

Ildécida qu’iln’avait pasbesoin de perdre untemps précieux àboire delagnôle etde labière, ouàessayer desefourrer danslaculotte d’une hôtesse bienroulée. Il se retourna del’autre côté.C’est alorsqu’illesentit.

Unobjet pesant quitirait sursaceinture.

Torres souleva lebas ducoupe-vent qu’onluiavait donné.

Unpistolet automatique étaitglissé danssaceinture. Stupéfait, ilrajusta lecoupe-vent par-dessusetregarda nerveusement autourdelui, espérant que personne nel’avait repéré.

Ilvit qu’un magasin CVSoccupait lerez-de-chaussée del’immeuble leplus proche. Il lui fallait unantidouleur puissant.Pourfairedisparaître ladouleur lancinante deson épaule, avantd’aller se planquer quelquepartpour réfléchir àla suite.

Ouais, c’étaitlebon plan.

Biensûr. Il s’avança surleparking, endirection delapharmacie.

Toutàcoup, enlongeant larangée devoitures en stationnement, ilentendit lebruit caractéristique duchargeur qu’oninsère dansuneKalachnikov AK-47. Il pivota, englissant machinalement lamain soussaceinture poursesaisir deson arme.

Unefemme chargeait sescourses danslecoffre desavoiture, flanquée d’ungamin quihurlait qu’ilnevoulait pasrentrer à la maison.

Quandellesepencha souslehayon ouvert delavoiture, Torrescomprit qu’elleavaitcaché sa Kalachnikov danslavoiture, pourqu’ilnelavoie pas.

Ilenvisagea d’allerverslafemme etd’exiger qu’ellelui donne sonarme, maisleshurlements del’enfant montèrent danslesuraigu etpercèrent lecrâne deTorres comme unedouzaine debaïonnettes. Il se couvrit lesoreilles, fitdemi-tour etentra entitubant danslecentre commercial. Les gens semblaient l’éviter.Enpassant devantMacy’s, ilbaissa lesyeux etremarqua quesachemise. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles