Devoir de Philosophie

absurde

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Du latin absurdus, "discordant". La littérature de l'absurde découvre, dès le début du second conflit mondial, la discordance entre l'homme et le monde. "LE DIVORCE ENTRE L'HOMME ET SA VIE" Pour des romanciers comme Sartre et Camus, pour des dramaturges comme Ionesco, Beckett ou Adamov, tout semble désormais chaotique et privé de sens. Dans Le Mythe de Sisyphe, publié en 1942, Albert Camus décrit notre univers comme "soudain privé d'illusions et de lumière", comme un lieu où "l'homme se sent un étranger". Une existence monotone, des valeurs souvent trop fuyantes ou relatives, une impossibilité à communiquer avec autrui aspirent les personnages de cette "littérature de l'absurde" vers le néant. Roquentin, dans La Nausée (1938), incarne cet homme envahi progressivement par le vide. La solitude des personnages de Beckett témoigne également d'un abandon sans remède. Les hommes sont livrés à eux-mêmes, il n'y a plus aucune valeur stable pour régler leurs actions et, de fait, ils restent immobiles, tétanisés dans l'attente d'un événement improbable. Vladimir et Estragon n'en finiront donc jamais d'attendre Godot, figés dans le sentiment de leur déréliction. De la même façon, les Smith ne cesseront jamais de redire les mêmes clichés verbaux, les mêmes non-sens. Ionesco explique ainsi cette fatalité : "les Smith, les Martin ne savent plus penser parce qu'ils ne savent plus parler, ils ne savent plus parler parce qu'ils ne savent plus s'émouvoir...". Le ciel et le coeur des hommes forment un même et unique désert. L'accueil réservé à En attendant Godot en 1953 et à La Cantatrice chauve en 1950 fut très mitigé. Les deux pièces engendrent en effet un malaise parfois difficilement supportable par le spectateur. Toutefois, ce monde désolé, grotesque, où les hommes sont des clowns ou des pantins interchangeables semble si familier que le malaise tient de la prise de conscience. La littérature de l'absurde, surgie des ruines et des atrocités de la Deuxième Guerre mondiale, annonce une "ère du vide" que nos sociologues ne se lassent plus d'analyser aujourd'hui.

Liens utiles