ACHALANDÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.
Publié le 30/09/2015
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ACHALANDÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.
I.— Participe passé de achalander*
II.— Emploi adjectival. COMMERCE et. langage courant.
A.— [En parlant d'un établissement de commerce]
1. Vieilli.
a) Qui a beaucoup de chalands, de clients :
Ø 1. La maison était ancienne, bien achalandée, mais il lui manquait l'élan et l'esprit d'initiative qui appartiennent à la jeunesse.
LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 155.
Ø 2. Je me suis promené à travers la ville, sur la jetée en bois et dans les pauvres bazars mal achalandés;...
MAXIME DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie, 1854, page 285.
Ø 3. L'avenue des Champs-Élysées a changé d'aspect. Elle est devenue commerciale, achalandée, presque boutiquière.
LÉON DAUDET, Salons et journaux, 1917, page 8.
b) Qui a une clientèle de première qualité :
Ø 4. Percheron, le possesseur de Tortoni, de cet endroit si bien situé, si achalandé, si connu, ne peut trouver à céder son établissement pour 80 000 francs. Un symptôme de ce temps : on ne veut plus de produits supérieurs, on ne veut plus de glaces, de sirops, de liqueurs de première qualité. Il n'y aura bientôt plus sur les boulevards que des brasseries et des bouillons.
EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, août 1892, page 298.
2. Par métonymie a) Qui est bien approvisionné en marchandises de première qualité (confer supar exemple 4). b) Usuel. Qui est bien approvisionné en marchandises diverses :
Ø 5.... M. Carazoff, persan, tient à Stamboul, au premier étage d'une maison peinte en rouge, une boutique fort achalandée, où l'on trouve cent mille choses hétéroclites, — notamment, des turquoises et des tapis.
CLAUDE FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, page 165.
Ø 6. J'errai donc toute la journée par des rues sales, dans une ville où il n'y avait même pas moyen de faire un bon repas, de stationner dans les églises glaciales, (...) de flâner devant les vitrines embuées derrière lesquelles, d'ailleurs, on ne découvrait rien que friperie, bric-à-brac, à part celles des pharmaciens qui me paraissaient achalandées à profusion de produits made in Germany...,
BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 34.
Remarque : 1. Dans l'exemple suivant, la métonymie porte en outre sur le terme qualifié (le marchand au lieu de sa boutique) :
Ø 7. Sur un pilier, un marchand, bien achalandé ma foi, avait disposé sa marchandise, un panneau de cartes postales.
PIERRE-JEAN JOUVE, La Scène capitale, 1935, page 43.
Remarque : 2. L'acception 2 ne figure pas dans les dictionnaires de l'Académie française, ni dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT), mais dans Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) et Grand Larousse encyclopédique en dix volumes Pour l'opposition de certains grammairiens à cette extension de sens (confer A. HERMANT, Chroniques de Lancelot du « Temps », Paris, Larousse, tome 1, 1936, page 279) : \" J'ai des lecteurs plus ambitieux que moi, et plus chimériques. L'un d'eux se plaint que son charcutier ignore le sens du mot achalandé. Cet honorable commerçant lui écrit en effet, à l'occasion d'un changement de domicile : « ... la charcuterie (...) a l'honneur de vous faire connaître sa nouvelle adresse... Nous y avons installé un magasin moderne, bien achalandé en tous produits de Charcuterie de notre fabrication. » (...) J'imagine que mon correspondant a été le seul ou presque à remarquer le faux emploi d'achalandé, dont le sens est « qui a beaucoup de chalands » et non « qui est bien approvisionné. » ... \" L'Académie Française a condamné cet emploi dans une mise en garde du 18.2.1965.
B.— Par extension, vieilli. [En parlant d'établissements accueillant le public] Qui est fréquenté par une nombreuse clientèle, par une clientèle de qualité :
Ø 8. J'appris que l'établissement de la rue Demours était bien achalandé, lucratif et en possession de l'estime publique.
ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 428.
Ø 9. Son bureau (bureau de placement) était pourtant achalandé... elle avait surtout la clientèle du quartier des Champs-Élysées, composée, en grande partie, d'étrangères et de Juives...
OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 289.
Ø 10. Elles suivaient les cours d'une institution richement achalandée, dont les professeurs étaient des maîtres de l'université.
ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, page 1 106.
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 45.
Forme dérivée du verbe \"achalander\"
achalander
ACHALANDER, verbe transitif.
A.— Emploi transitif, vieux. Pourvoir de clientèle, procurer des chalands, des clients (à) :
Ø 1. Chacun de nous prend cinq ou six mille francs sur sa part pour acheter un petit fonds de limonadier que nous avons en vue, et que monsieur voudra bien achalander en disant un petit mot, dans son bulletin, de mon talent pour faire des glaces.
VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 1, 1811, page 262-263.
Ø 2. Sautelet, le libraire, l'un de mes amis, est un très drôle de corps. Depuis qu'il a ouvert son commerce, il se sert avec beaucoup d'adresse de ses amis, qui sont presque tous dans les lettres, pour achalander sa boutique et y faire vendre tout ce qui paraît de nouveau, tout ce qui peut flatter le goût et les idées à la mode.
ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1826, page 341.
— Ironique (confer infinitif B, remarque) :
Ø 3... ces ventes de charité où des femmes du monde se divertissent à tenir, au bénéfice des pauvres, de petites boutiques élégantes, achalandées par leurs beaux yeux.
OCTAVE FEUILLET, Un Mariage dans le monde, 1875, page 121.
— Au figuré. [En parlant d'un magasin ou d'un lieu public] \" Procurer la vogue. \" (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)).
B.— Emploi pronominal. Se remplir de chalands :
Ø 4. Ma tante Démarest habitait boulevard Saint-Germain, à peu près en face du théâtre Cluny (...); comment ma tante, avec ses goûts et ses principes, avait-elle été choisir ce quartier? entre le boul'mich' et la place Maub', à la tombée du jour, le trottoir commençait de s'achalander.
ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 485.
Remarque : DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 ajoute : \" Se dit quelquefois en badinant d'une personne qui a beaucoup d'intrigues. Ce jeune homme, cette jeune fille, s'achalandent bien. \"
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11.
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