Devoir de Philosophie

BON1, BONNE2, adjectif, adverbe et substantif.

Publié le 04/11/2015

Extrait du document

BON1, BONNE2, adjectif, adverbe et substantif. I.— Emplois comme adjectif. A.— Emplois discursifs. 1. [Au sens le plus général — bon, bonne indique que l'être, l'objet concret ou abstrait désigné par le substantif répond positivement à ce qui est attendu de lui, sous le rapport de sa nature, de sa fonction, de son efficacité, etc.] a) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa nature] — Domaine esthétique, intellectuel. [En parlant d'une personne, d'une chose] (Quasi-)synonyme : beau. Bon livre, bon style : Ø 1. Les mots liquides et coulants sont les plus beaux et les meilleurs, si l'on considère le langage comme une musique, mais si on le considère comme une peinture, il y a des mots rudes qui sont fort bons, car ils font trait. Les hommes qui n'ont que des pensées communes et de plates cervelles, ne doivent employer que les mots les premiers venus. Les expressions brillantes sont le naturel de ceux qui ont la mémoire ornée, le coeur ému, l'esprit éclairé et l'oeil perçant. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 2, 1824, page 48. Ø 2. Nous n'avons pas voulu ici prouver que la beauté est une chose bonne et estimable. Tout le monde est de notre avis quoi qu'on en dise; nous avons seulement cherché à établir que l'on peut avouer que l'on tient à être beau, que l'on peut dire : « J'ai le nez bien fait, » comme on dit : « J'ai du sang-froid : » « J'ai de jolis yeux, » comme : « J'aime tendrement mes amis. » Nous ajouterons qu'il y a entre la beauté du visage et celle de l'âme une sorte de corrélation sympathique, et qu'un homme d'esprit ou un homme de coeur n'est jamais bien laid, et a une beauté à lui particulière. (...). La beauté étant admise comme une chose bonne et utile, et la parure ayant évidemment le pouvoir de l'augmenter, la parure est donc d'elle-même une chose également bonne et utile. L'homme mal habillé inspire de la pitié ou de la répugnance... ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, pages 260-261. Ø 3. Autant qu'un homme est lui-même, qu'il ne cède point, qu'il n'imite point, je le vois beau. L'artiste va là tout droit; par sa vertu d'être soi il met au jour la vertu de chaque être. Une nature, autant qu'elle est forte, est bonne et juste. C'est pourquoi de ce qui pousse et grandit par sa propre loi, j'attends quelque bien. Je ne veux pas mutiler, je veux aider et délivrer. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1931, page 1003. Ø 4.... n'invente point d'empire où tout soit parfait. Car le bon goût est vertu de gardien de musée. Et si tu méprises le mauvais goût tu n'auras ni peinture, ni danse, ni palais, ni jardins. Tu auras fait le dégoûté par crainte du travail malpropre de la terre. Tu en seras privé par le vide de ta perfection. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 543. Ø 5. En fait, cette perfection dans l'activité de Pasteur tient à l'excellence de ses qualités propres, à ce « privilège des très grands esprits » qu'est l'art d'utiliser le hasard, à son bon sens déductif et clairvoyant, aussi habile à imaginer et à réaliser les techniques expérimentales nécessaires ou démonstratives qu'à interpréter judicieusement les faits observés, à en exploiter en toute logique les conséquences immédiates, à en prévoir les virtualités les plus lointaines. MAURICE BARIÉTY, CHARLES COURY, Histoire de la médecine, 1963, page 704. SYNTAXE : Bonne farce, histoire, idée; bons auteurs; syntaxe (plus ou moins figés) : (avoir) bon air, (faire, produire) bon effet, (avoir, avoir le... de, être de) bon goût, (dire un, faire un) bon mot, (avoir du, être le) bon sens; (avoir) bonne mémoire, (avoir, prendre) bonne tournure. Loc. figée à bon escient. · MUSIQUE. Bons degrés. "... les trois accords parfaits majeurs [reliés] de façon à obtenir une succession ininterrompue de tierces... " (Marcel Dupré, Cours d'harmonie analytique, tome 1, 1936, page 22). Bonnes notes. " Ces trois notes : la tonique, la dominante et la sous-dominante reçoivent la qualification de Bonnes notes du ton " (Henri Reber, Traité d'harmonie, Gallet et Fils, Paris, 1949, page 12). — Domaine moral. · [En parlant d'une personne, d'un groupe de personnes] Bon chrétien, bonne(s) âme(s), bonnes gens : Ø 6. L'homme n'est point bon, il n'est point méchant L'on se trompe également dans ces deux assertions, parce que l'on confond l'homme actuel avec l'homme en général; (...); et parce que l'on juge dans le rapport social ou dans les vues particulières de telle ou telle législation, ce qui ne doit être considéré que dans le rapport de l'homme au reste de la nature. Ce que nous nommons mauvais ou bon est toujours ce qui nuit ou convient à l'ordre que nous voulons établir; ordre momentané que la nature n'a pas préparé positivement, quoiqu'elle l'ait laissé possible. L'homme est ce qu'il doit être. Ses penchans, déterminés par ses besoins et dès-lors effets immédiats de sa nature, ne peuvent être mauvais et bons que relativement à une situation particulière. Ils sont essentiels, indélébiles. Vous voulez faire l'homme ce qu'il ne doit point être, et vous appelez méchanceté originelle la résistance que vous éprouvez en sa nature; mais modelez sur elle vos institutions, et vous trouverez que l'homme, comme toute autre partie de l'universalité des choses, est nécessairement bon, non point selon des convenances factices ou les caprices d'un législateur, mais selon ses rapports dans l'ordre général. Si la résistance est inévitable et toujours victorieuse de nos funestes efforts, et que nous disions, l'homme est donc né méchant, nous ressemblons à l'insensé qui, s'obstinant à suspendre une pierre ou une colonne d'eau, accuseroit de dépravation naturelle la pierre parce qu'elle tombe, et l'eau parce qu'elle se nivelle. ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Rêveries sur la nature primitive de l'homme, 1799, pages 116-117. Ø 7. Ce que dit et croit la bonne compagnie est toujours bien. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1841, page 1159. SYNTAXE : (plus ou moins figés). (En) bon bourgeois, (faire) bon ménage, (être de) bonne maison, (être en) bonne société, (en la... de) bonne ville. · Par analogie. [En parlant d'un animal] : Ø 8. Il n'y avait pas un bâtard parmi ces chiens. (...). Tous étaient authentiques et bons. (...), tous étaient de bonne race et vrais chiens gentilshommes,... VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 207. · [En parlant d'une chose] Bonne éducation, bonne leçon, bonnes lois : Ø 9. Lola, après tout, ne faisait que divaguer de bonheur et d'optimisme, comme tous les gens qui sont du bon côté de la vie, celui des privilèges, de la santé, de la sécurité et qui en ont encore pour longtemps à vivre. Elle me tracassait avec les choses de l'âme, elle en avait plein la bouche. L'âme, c'est la vanité et le plaisir du corps tant qu'il est bien portant, mais c'est aussi l'envie d'en sortir du corps dès qu'il est malade ou que les choses tournent mal. On prend des deux poses celle qui vous sert le plus agréablement dans le moment et voilà tout! LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 66. Ø 10. Par essence, elle [la vertu] est une habitude, c'est-à-dire une disposition acquise et durable, qui permet à celui qui la possède d'agir conformément à sa nature. La définition est d'Aristote : c'est donc bien sur le plan de la morale hellénique que tout l'édifice va se construire. Pour une chose, être bonne, c'est être ce qu'elle doit pour satisfaire à sa propre essence et aux exigences de sa nature; acquérir l'habitude d'agir comme il faut étant donné ce que l'on est, c'est donc une qualité moralement bonne, et accomplir l'acte qui découle spontanément d'une habitude de ce genre, c'est bien agir ou, comme l'on dit encore, faire le bien. Un acte est moralement bon, ou vertueux, lorsqu'il s'accorde à la nature de celui qui l'accomplit. En conséquence, trois choses s'opposent à la vertu : le péché, la méchanceté et le vice. Par définition, en effet, le péché est un acte désordonné, c'est-à-dire contraire à l'ordre que prescrit la nature de celui qui l'accomplit. En tant que tel, il s'oppose directement à l'acte bon qui vient d'être décrit, il est donc nécessairement mauvais;... ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 121. Ø 11. La brimade punit qui se sépare ou, simplement, se « fait remarquer ». On reconnaît bien vite ici le mécanisme projectif de la bonne conscience satisfaite et ses indignations contrefaites, destinées à détourner la mauvaise conscience de juger nos affaires personnelles. La ressemblance l'irrite comme la différence : la différence, surtout si elle est avantageuse à autrui, démoralise le sentiment inconscient que nous avons de nos limites... EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 723. Ø 12. La limitation rigoureuse que nous avons imposée à notre analyse du besoin pourrait insinuer cette idée facile que la vie se réduit à un système simple de motifs, à partir du faisceau des besoins d'assimilation, et que la seule révélation de valeur positive est le plaisir : « est bon ce qui fait plaisir ». On croirait volontiers qu'il suffit d'ajouter : « est mauvais ce qui fait souffrir », pour avoir une vue d'ensemble des motifs et des valeurs du niveau vital. 1) Une analyse plus soigneuse de la douleur nous apprend déjà que la douleur n'est pas le contraire du plaisir à l'intérieur d'un même genre mais qu'il lui est hétérogène. 2) Le couple du plaisir et de la douleur n'est pas lui-même le dernier mot du souci vital : d'autres tendances souvent discordantes entre elles, viennent compliquer le schéma assez clair du plaisir et de la douleur. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 100. SYNTAXE : (plus ou moins figés). (Être de) bon aloi, (donner un, être de) bon conseil, (avoir son, être du, prendre du, voir le... de) bon côté, (à, être dans son) bon droit, (donner le, être de) bon exemple, (avoir, être de) bon genre, (séparer le... de l'ivraie) bon grain, (en, mettre) bon ordre, (selon le... de) bon plaisir, (prendre du) bon temps, (faire) bon usage; (défendre les, suivre les) bons principes; (faire une) bonne action, (pour la, servir la) bonne cause, (de) bonne condition, (avoir, donner, en) bonne conscience, (donner, faire) bonne impression, (à, dans une, de, en) bonne intention, (avoir, donner) bonne opinion, (avoir une, donner une) bonne raison, (avoir) bonne renommée, (avoir) bonne réputation, (avoir, être de) bonne tenue, (être en) bonne voie; (contraire aux, outrage aux) bonnes moeurs, (faire de) bonnes oeuvres, (avoir de) bonnes relations. Syntagmes (figés). Certificat de bonne conduite/de bonne vie et moeurs. Proverbes. Bon sang ne peut mentir; à quelque chose malheur est bon, toute vérité n'est pas bonne à dire. RELIGION. vieux. Bon jour. Jour de fête religieuse (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878). Faire son bon jour. Communier (Confer Jean de La Varende, Coeur pensif, 1957, page 146). — Domaine des relations sociales ou interpersonnelles. · [En parlant d'une personne] Bon camarade, bon garçon, bonne fille : Ø 13.... après ces petites créatures grinchues et susceptibles, cette santé du peuple, cette bonne humeur du peuple, cette langue du peuple, tout le fort, tout le vivace, tout le cordial, tout l'exubérant, tout le contentement dru et tapeur, et ce coeur qui apparaît là dedans avec de grosses formes et une brutalité attendrie, tout, en cette grosse et bonne femme, m'agrée comme une forte et saine nourriture de campagne... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 478. Ø 14. Je ne puis dire combien elle fut charmante, judicieuse en mille détails, bonne et obligeante pour tout ce qui l'entoure : Suzette, etc., ayant pour tous les égards délicats de l'égalité, tendre pour la nature, s'exposant à la tempête pour nourrir les animaux. JULES MICHELET, Journal, 1859, page 494. Ø 15. Au physique, c'était un petit homme, râblu, ventru, coloré, à la démarche lourde et pacifique de bon vivant plein de soupe et de bière. GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re. partie, 2, page 17. SYNTAXE : (plus ou moins figés). Bon diable, bon enfant, bon homme. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : amical, brave, complaisant, fraternel, gentil, loyal, rond, serviable, sympathique. b) (Quasi-) antonymes déloyal, hostile, inamical. Remarque : Les syntagmes bon enfant et bon garçon ont donné lieu à un emploi néologique sous forme substantivée : a) Bonne (-) enfance.... une grosse bonne enfance (...) sous des apparences de force et de férocité (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1853, page 109);... cette fête (...) pleine de simplicité et de " bonne enfance " (François Coppée, Le Critique en vacances, tome 2, 1892, page 311). b) Bon(-)garçonnisme.... du " bon garçonnisme " d'être venu (Edmond et Jules de Goncourt, opere citato, 1890, page 1155);... un bongarçonnisme de commande (Colette, L'Entrave, 1913, page 66). Par analogie. [En parlant d'un animal] ... un bon vieux petit chien, de la charmante espèce... (JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN. Fables, 1792, page 180 ). Péjoratif (Quasi-)synonymes : bête, niais. Bon peuple : Ø 16. Et les mêmes mots revenaient : — Un peu paresseux, peut-être, mais bon enfant! « Bon enfant » signifiait « inintelligent », mais ne blessait pas les amours-propres. Plus loin, échelonnés, d'autres professeurs encore. Ceux des basses classes, enveloppés par des rires d'élèves, répondaient aussi : — Oui, oui, turbulent, mais bon enfant!... On en fera quelque chose. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 101. · [En parlant d'un aspect du comportement humain] Bon rire, bon sourire, bonne tête : Ø 17. Le plus grand ordre régnait entre les deux peuples. On avait fait de sévères ordonnances pour empêcher toute querelle, et les Français et les Anglais vivaient entre eux de bon accord et courtoisement; souvent même les uns ne s'inquiétaient point d'être en moindre nombre que les autres dans l'enceinte des tentes. Nonobstant ces mutuelles civilités, rien ne pouvait se conclure. ILSE BARANDE, Histoire des ducs de Bourgogne, tome 4, 1824, page 226. Ø 18.... Atar-Gull était déjà rendu à l'atelier, toujours avec sa bonne figure ouverte et franche, son éternel sourire qui laissait voir ses dents blanches et aiguës... EUGÈNE SUE, Atar-Gull, 1831, page 25. Ø 19. Cette aimable femme, intelligente, simple, toujours disposée à rendre service, dispensa à Christophe la bonne grâce accueillante qu'elle avait pour tous. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, page 755. SYNTAXE : Bonne poignée de main; bonnes joues. Syntagmes (plus ou moins figés). (Faire, trouver) bon accueil, (savoir) bon gré, (au... de, plein de) bon vouloir; (demander les, solliciter les) bons offices, (échange de) bons procédés, (entretenir de, être en) bons rapports, (rendre de) bons services, (confier aux, remettre aux) bons soins, (être en, vivre en) bons termes; (de, vivre en) bonne amitié, (être en, homme de, vivre en) bonne compagnie, (faire) bonne contenance, (vivre en) bonne entente, (faire) bonne figure, (être de) bonne foi, (accepter de, répondre de) bonne grâce, (vivre en) bonne intelligence, (avoir, trouver) bonne mine, (être de, homme de) bonne volonté, (apprendre les, avoir de) bonnes manières, (dire de) bonnes paroles. Loc. figées. Bon gré mal gré, à la bonne franquette. b) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa fonction, de son efficacité] — [En parlant d'une chose concrète, d'un phénomène matériel] Bon dîner, bonne méthode : Ø 20. Un homme buvait à table d'excellent vin, sans le louer. Le maître de la maison lui en fit servir de très médiocre. « Voilà du bon vin, dit le buveur silencieux. — C'est du vin à dix sous, dit le maître, et l'autre est un vin des dieux. — Je le sais, reprit le convive; aussi ne l'ai-je pas loué : c'est celui-ci qui a besoin de recommandation. » NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, page 141. Ø 21. Pendant une heure, j'ai roulé sous mes galoches les feuilles tombées, j'ai admiré le ciel bleu, la rivière et les coteaux, et surtout humé à pleins poumons le bon air frais qui sentait la verdure. Les étalages que l'on a faits dans les « points de vue » sont réussis. Par moments je jouis beaucoup de la nature. Pourquoi? GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1878, page 164. Ø 22. Dieu étant tout-puissant n'a créé que des choses bonnes. On appelle bonne une chose exactement adaptée à son service : une bonne plume, un bon cheval; plus ou moins bonne suivant que plus ou moins adaptée. Dieu n'a créé que des choses très bonnes, c'est-à-dire parfaitement adaptées suivant leur ordre à lui rendre un témoignage évident, à le clarifier. L'imperfection de l'ouvrage ne résulte en effet que d'un obstacle étranger à la volonté de l'ouvrier. JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1907, page 195. Ø 23. La betterave demande de bonnes terres franches, profondes et fraîches sans être humides. D'une manière générale les bonnes terres à blé sont propres à la betterave. Le travail soigné des terres, l'usage des engrais chimiques ont perfectionné la culture, mais un bon assolement approprié au sol est nécessaire pour la betterave... J. ROUBERTY, Manuel de sucrerie, 1922, page 19. Ø 24.... on oublie que si à des fins spécifiquement politiques des moyens spécifiquement politiques doivent être appliqués, néanmoins, par là même que leur fin prochaine est subordonnée à une fin plus haute, l'emploi de ces moyens doit lui-même être rectifié et surélevé par des vertus plus hautes, et comme imprégné de leur esprit. Ils ne sont complètement bons et efficaces dans leur ordre qu'à ce titre-là : car alors seulement ils sont parfaitement soumis à tout l'ordre de leurs fins. JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, page 131. SYNTAXE : Bon coup, feu, fonctionnement, moyen, pain, repas, sommeil; bonne administration, affaire, chaleur, occasion, odeur, soupe. Syntagmes (plus ou moins figés). (Être de, paraître de) bon augure, (être en, remettre en) bon chemin, (à, de, rendre) bon compte, (être au, frapper au) bon endroit, (être en, tenir en) bon état, (jouer, y aller) bon jeu bon argent, (acheter à, être à, faire... de) bon marché, (tirer... de) bon parti, (avoir... bon oeil, partir du) bon pied, (arriver à, conduire à) bon port, (être) bon signe, (faire un, jouer un) bon tour; (dire la, raconter une) bonne aventure, (aimer la, faire) bonne chère, (faire une, mener à) bonne fin, (avoir la... de, être en, par) bonne fortune, (faire, tenir sous) bonne garde, (veiller à la) bonne marche, (être en) bonne place, (être en) bonne position, (de) bonne prise, (avoir une, être en) bonne santé; (être dans de) bonnes conditions. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : convenable, exact, salutaire, valable. b) (Quasi-)antonymes faux, néfaste, nuisible. Proverbe. Les bons comptes font les bons amis. IMPRIMERIE. Bonne feuille. Feuille tirée sur papier définitif, permettant de contrôler si le travail préparatoire est exactement approprié au résultat recherché par l'impression : Ø 25.... je n'ai épreuve que de 5 placards. Évidemment il y en a un 6e. composé dont je n'ai pas épreuve, puisqu'on a renvoyé la copie imprimée et que ce placard 5 s'arrête au feuillet 14 de la copie. Demandez-le, je ne l'ai jamais eu, je vous l'ai dit dès le 1er. jour. Envoyez-moi promptement la bonne feuille 13. Je donnerai dimanche la matière des 10 dernières feuilles. Il y a un chapitre tout entier en copie nouvelle ajouté avant Véronique. Il ne me faudra plus qu'une seule épreuve en placard, et je donnerai peut-être le bon à tirer dessus. HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1840, page 207. MARINE. Bon vent Vent favorable. Vent (...) bon, mais faible (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Clio, 1900, page 181 ). Bon(-) plein. " Bon vent apprécié par rapport aux voiles " (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE), 1960); au plus près bon plein (J. GALOPIN, Cours de langage maritime, Matelotage et technologie. 1925, page 98 ). — [En parlant d'une personne jouant un rôle social, moral, etc.] Bon docteur, bonne ménagère, bonne mère : Ø 26. Et quels sont ces grands-hommes, ces héros du christianisme, qu'on nous propose pour modeles? Pas un homme recommandable par des vertus véritablement sociales, par son dévouement pour la chose publique, par des découvertes utiles, par ces qualités privées qui caractérisent un bon pere, un bon époux, un bon fils, un bon frere, un bon ami, un bon citoyen; ou si par hasard il a une de ces vertus, elles ne sont que l'accessoire de son éloge. Ce qu'on loue en lui, ce sont des austérités, des abstinences, des mortifications, des pratiques pieuses ou plutôt superstitieuses; un grand zele pour la propagation de sa folle doctrine, et un oubli de tout pour suivre sa chimere. Voilà ce qu'on nomme les saints... CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 551. Ø 27. — Nous autres, Juifs, nous ne sommes pas extrêmement adroits de nos mains. Oh! je sais, nous avons de grands musiciens, des virtuoses, de bons joailliers, des tailleurs habiles. Il nous manque je ne sais quoi. Ne dis pas le contraire, Laurent. — Je ne dis pas le contraire. Je pensais que vous avez donné de bons médecins, en grand nombre, et très peu de chirurgiens. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, pages 54-55. Ø 28.... son futur gendre ferait-il bien son métier? S'il était un bon travailleur, par la vertu de son travail, il serait un bon mari. Car en effet, pour bien travailler, il faut être continent dans ses plaisirs, réglé. La femme en profite, et elle a de l'argent pour tenir son ménage et élever ses enfants. Camille serait-il ce bon travailleur? M. Ligneul ne pouvait qu'en douter. Ce n'était pas comme ça, un travailleur. Un regard plus droit, plus simple. PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 76. SYNTAXE : 1. Bon abbé, chevalier, curé, élève, Français, juge, maître, oncle, ouvrier, prêtre, roi, serviteur, soldat; bons parents. Syntagme figé. Bonne(s) soeur(s). 2. Bon + préposition : a) Bon à + (quelque chose) : bon à rien (adjectif ou substantif) un touche-à-tout, un bon à rien (COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, III, 5, page 285); bon à tout (adjectif ou substantif) un honnête bon à tout, un légal propre à rien (VERLAINE, Mes hôpitaux, 1891, page 344); bon à + infinitif : bon à lier (confer R. QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, page 41); n'être pas bon à jeter aux chiens. b) Bon en : être bon en. c) Bon pour : bon pour le service (LEFEBVRE, La Révolution français, 1963, page 532). Proverbe. À bon entendeur salut. · Par analogie. [En parlant d'un animal] : Ø 29. S'il n'est pas de bon travail sans bons outils, il n'est pas davantage de chasse agréable sans bons chiens. Ce n'est qu'avec la parfaite collaboration et l'attachante compagnie de ces animaux que l'on peut souscrire à l'opinion de Buffon, selon laquelle « la chasse est le seul délassement sans mélange et sans satiété ». FRANÇOIS VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, page 110. Proverbes. Bon chien chasse de race (confer François Mauriac, Génitrix, 1923, page 367); à bon chat bon rat. Remarque : 1. dans le discours, les choses ne sont pas toujours vues exclusivement sous le rapport de leur nature ou sous le rapport de leur fonction, et les deux points de vue se cumulent souvent à propos de la même chose : ainsi, le même syntagme peut se rattacher aux deux points de vue (bon air peut signifier air pur sous le rapport de sa nature et air vivifiant, salutaire sous le rapport de sa fonction). Mais l'un des deux points de vue prédomine généralement sur l'autre : pour les choses abstraites, c'est généralement l'aspect de la nature qui prédomine, pour les choses concrètes, celui de la fonction. 2. Comme le montrent les association paradigmatique, bon, bonne a, dans ces emplois, un caractère de grande généralité sémantique, et pourrait, le plus souvent, être remplacé par un adjectif plus spécifique. D'où la précarité des démarcations sémantiques, qui, plutôt que des frontières ou des opposition permanentes, indiquent des dominantes et des effets de sens fréquent. 3. Dans l'usage familier, bon, bonne tend à s'accoler un ou plusieurs adjactifs, perdant ainsi toute signification précise et ne gardant qu'une valeur affective (confer infra I A 2) (nuance plus ou moins ironique, péjorative, etc.) : un bon chic de bonne petite vieille ville (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 264); un bon gros baiser bien sonore (JULES RENARD, Journal, 1905, page 965); un sacré bon petit ménage du bon Dieu (PAUL CLAUDEL, Partage de midi, 1re. version, 1906, page 1139); une pauvre vieille bonne femme de grand-mère (CHARLES PÉGUY, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, 1910, page 29); la bonne grasse sentimentale héroïque dame (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 24); les bons petits rhumatismes des familles (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 969); chère bonne grosse amie, blonde et bleue (PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, 1952, page 862). 2. [Bon, bonne exprime une valorisation intensive ou affective] a) [En parlant d'une chose envisagée du point de vue de sa plénitude, de son accomplissement] (Quasi-)synonymes : grand, large (ment). Un bon morceau, une bonne part : Ø 30. Elle frotte ses flancs creux contre le flanc d'Arsule. Un bon moment. Un long moment;... JEAN GIONO, Regain, 1930, page 146. Ø 31.... personne, dans ce pays, n'a le souci ni même la conception de l'heure. Celle d'un rendez vous n'a rien de précis dans la mentalité andalouse. Il est tout à fait inutile d'arriver au moment fixé; et même quand on tient compte d'un retard probable et qu'on se présente une demi-heure après, on est à peu près sûr de ne trouver personne et « d'espérer » encore un bon bout de temps. ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 118. SYNTAXE : Bon bout (de chemin, etc.), nombre, quart d'heure; bonne demi-heure, fois (pour toutes), moitié, partie; bonnes minutes. Syntagmes (plus ou moins figés). (Avoir, donner) bon espoir, (de) bon matin, (aller, être en, marcher) bon train; (à) bonne distance, (à la, de) bonne heure. Remarque : S'emploie aussi exceptionnellement à propos d'animés envisagés dans un ordre de succession. Bon (ne) premier (ière) : arriver bon premier avec un geste de triomphe (ALPHONSE DAUDET, La Petite paroisse, 1895, page 241), et ironique bon (ne) dernier (ière). b) [En parlant d'une personne, de son comportement, etc.] Qui est porté à aider les autres, en mettant spontanément en oeuvre les moyens matériels ou d'assistance morale susceptibles de favoriser leur épanouissement ou leur bonheur; qui manifeste cette disposition. Bon envers, pour : Ø 32. Si l'on pouvoit parler sur les idées, on laisseroit en paix les personnes; si l'on se croyoit assuré de l'emporter sur les autres par ses talents naturels, on ne chercheroit pas à niveler le parterre sur lequel on veut dominer. Il y a des médiocrités d'âme déguisées en esprit piquant et malicieux, mais la vraie supériorité est rayonnante de bons sentiments comme de hautes pensées. L'habitude des occupations intellectuelles inspire une bienveillance éclairée pour les hommes et pour les choses;... GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 400. Ø 33.... elle me chérit comme son père; je suis pour elle un tuteur généreux, un ami compatissant Elle est d'autant plus attachée à moi, que jusque-là elle n'avait rencontré que des êtres égoïstes et féroces. Elle est bonne, sensible, bienveillante, sans folie, que pourrais-je demander de plus? PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, Monsieur de l'Argentière, l'accusateur, 1833, page 17. Ø 34. Le coeur inoccupé fermente en amertume, Le coeur plein devient bon, indulgent, généreux, Près des êtres hargneux qui de mordre ont coutume Dis-toi : s'ils sont mauvais c'est qu'ils sont malheureux. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 404. Ø 35.... on s'indignerait d'être un homme, si l'on ne savait pas que l'intérêt de quelques monstres, heureusement bien rares et qui diminuent tous les jours, amène seul ces désastres, et que la grande masse, avec un peu d'instruction, est bonne, charitable, prête à se secourir plutôt qu'à se déchirer. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 206. Ø 36.... elle lui faisait ses recommandations dernières auxquelles il répondait tout bas par de petits oui bien soumis, la tête penchée tendrement vers elle, la regardant avec ses bons yeux doux, son air de petit enfant JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, page 114. Ø 37. Car aimer son prochain ce n'est pas seulement se donner tout à lui; servir, aider et secourir les autres. Il est possible que vous ne soyez ni bon, ni beau, ni noble au milieu des plus grands sacrifices, et la soeur de charité qui meurt au chevet d'un typhique a peut-être une âme rancunière, petite et misérable. Aimer son prochain dans les profondeurs stables, c'est aimer ce qu'il y a d'éternel dans les autres, car le prochain par excellence c'est ce qui se rapproche le plus de Dieu, c'est-à-dire de ce qu'il y a de pur et de bon dans les hommes;... MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, page 244. SYNTAXE : Bon prince, seigneur, vieillard, vieux; homme bon; bonne dame, lettre, pensée; femme bonne. Syntagmes (plus ou moins figés). Bon ange, (faire le) bon apôtre, (avoir, de, faire contre mauvaise fortune) bon coeur, bon génie, (avoir, de) bon naturel, bon pasteur; bonne fée, (annoncer la) bonne nouvelle, (faire) bonne oeuvre, (porter la, répandre la) bonne parole, bonne vierge. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : bienfaisant, clément, débonnaire, humain, secourable. b) (Quasi-)antonymes inhumain, malfaisant, pervers. Remarque : Pour une raison d'euphonie, bon, bonne précède souvent le substantif qu'il qualifie. Mais dans certains cas, sa position est étroitement liée à son sens. En antéposition, il se rattache au sens I A 1 (un bon médecin = un médecin apte à remplir sa fonction); en postposition, il se rattache au sens I A 2 (un médecin bon = un médecin qui est porté à aider les autres...). D'où la différence sémantique entre un bon homme et un homme bon, une bonne femme et une femme bonne, etc. D'où aussi la possibilité pour l'adjectif d'être associé, dans l'acception I A 1 à des substantifs sémantiquement opposés à l'acception I A 2 : un bon homme féroce (GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 144); les bonnes crapules (...) un joli type de Judas (Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, 1890, page 1216); quelques bons électrochocs (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 272) : Ø 38. M. Godeau, en saluant la Croix du carrefour, pensait qu'il en est ainsi des voleurs, qu'ils ne se traitent pas de « voleurs » comme les honnêtes gens, que ce ne serait pas un outrage pour eux, bien au contraire; que le bien et le mal pour eux s'organisent par rapport à leur état de voleurs; que toutes les vertus qui les font être de mauvais voleurs sont pour eux des vices et que tous les vices qui les font être de bons voleurs sont des vertus éminentes. MARCEL JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, page 99. — Spécialement. [En parlant de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon] : Ø 39. Oui, reprit brusquement la seconde femme, Dieu est bon, mais il n'est pas bête! et la discussion fut close. Pendant plusieurs minutes après cette repartie j'ai observé la physionomie de celle qui l'avait eue, espérant reconnaître si elle sentait toute la force du mot qu'elle venait de lâcher. Mais ce fut en vain : son expression n'indiquait ni le contentement de l'amour-propre, ni la malice, ni rien de réfléchi. Je crois que cette femme a été conduite machinalement à faire cette phrase par l'antithèse banale des deux mots bon et bête que l'on oppose fort souvent l'un à l'autre dans notre langue. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1826, page 357. Ø 40. Moi. — Comment savez-vous que Dieu est bon? Lui. — Parce que nous aimons ce qui est bon, et que, si Dieu n'était pas bon, nous ne pourrions pas nous empêcher de le haïr. (...), qu'est-ce que serait une création où la créature ne pourrait pas s'empêcher de haïr son créateur? Ce serait un contresens. La créature aimerait par nature le bon, et le créateur qui l'aurait faite pour remonter à lui et pour l'aimer serait le mal! Vous voyez bien que c'est le monde renversé et les idées brouillées dans la tête. On ne s'y arrête seulement pas, excepté un moment quand on souffre trop, qu'on perd la justice et l'espérance en lui. (...). (...), celui qui est immense en tout n'est-il pas la justice et la bonté immenses par nature? et puisqu'il a mis en nous, qui sortons de lui et qui ne sommes que ses lointaines et obscures images, la justice et la bonté comme des choses que nous aimons malgré nous, n'est-ce pas la preuve qu'il les possède lui-même sans mesure? N'est-ce pas une nécessité qu'il soit infiniment bon, puisqu'il veut être infiniment aimé de tout ce qui sort de ses mains? Voilà du moins comme je me dis quelquefois, quand la vie est dure et que je m'attriste. ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 427. · Familier. Bon Dieu ou Bondieu : Ø 41. Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade; je me moquai d'elle et trouvai sa dévotion mal placée. Aujourd'hui j'en ferais comme elle, (...); ma conscience ne s'offusque pas d'intéresser le bon Dieu à la conservation d'une bête. Y a-t-il rien d'indigne dans ses créatures, et ne peut-on pas lui demander la vie de celles que nous aimons? Je suis portée à le croire et qu'on peut, excepté le mal, tout demander à Dieu, au bon Dieu. Ce nom familier, ce nom populaire de la divinité m'inspire toute sorte de confiance. Il y a loin de là à l'être suprême,... EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime, 1838, page 219. Ø 42. Que voulez-vous, soeur Blanche, chacun se fait de Dieu l'image qu'il peut, (...), il me semble parfois qu'il est moins triste de ne pas croire en Dieu du tout que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre et physicien. Les astronomes ont beau faire. Je crois que la création ressemble à une mécanique comme un vrai canard ressemble de loin au canard de Vaucanson. Mais le monde n'est pas une mécanique non plus que le bon Dieu un mécanicien, ni d'ailleurs un maître d'école avec sa férule, ou un juge avec sa balance. Sinon, nous devrions croire qu'au jour du Jugement, le Seigneur prendra conseil de ce qu'on appelle les gens sérieux, pondérés, calculateurs. C'est une idée folle, soeur Blanche! Vous savez bien que cette sorte de gens ont toujours tenu les saints pour des fous, et les saints sont les vrais amis et conseillers de Dieu... GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 3e. tableau, 1, page 1612. · Par métonymie. Objet qui représente Dieu. ... un petit Christ de plomb (...) un petit bon Dieu (JULES MICHELET, Mémorial, 1822, page 186 ); ... fabricants de bondieux (PAUL CLAUDEL, Poèmes de guerre, 1916, page 554 ). — Par ironie, péjoratif. · Être bon, bien bon, trop bon : Ø 43. Je suis trop bon aussi; de quoi diable vais-je me mêler? Est-ce qu'il est possible que ces gens-là me comprennent? Je ne leur en veux pas; je dois même chercher à leur faire du bien malgré eux. Ils m'en sauront gré tôt ou tard. THÉODORE LECLERCQ, L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup, 1835, 3, page 252. · Être bon comme du pain/comme du bon pain : Ø 44.... il [M. Fourchambault] n'est pas exigeant. Il est si bon (...) bon comme du pain! sa destinée est d'être mangé... GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Les Fourchambault, 1878, page 60. · Argot. Être bon. Être attrapé, berné. N'être pas bon. N'être pas dupe. Remarque grammaticale : 1. Bon, bonne a pour comparatif de supériorité meilleur, eure. Le tour plus bon, bonne est incorrect : Ø 45. — Il est bien plus bon quand on le [le thé] boit en société, dit le vieux, avec un accent du tonnerre de Dieu et la grammaire particulière aux Russes. ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 186. Remarque : 2. Lorsque l'expression dans laquelle il entre est entièrement figée, le comparatif n'est pas possible, confer faire le bon apôtre, (elle est) son bon ange, faire une bonne oeuvre, etc. Remarque : 3. Pour bonne-maman, bon-papa, voir ces mots. B.— Emplois exclamatifs ou interjectifs. 1. Syntagmes exclamatifs (bon, bonne s'accorde) : a) [Dans une formule d'appellation] — Mon/ma..., le/la bon (ne) + nom propre : Ø 46. — Ainsi, mon bon, mon cher Jolibois, vous voudrez bien attendre encore quelques semaines. Peut-être la fortune, acharnée après moi, se lassera-t-elle enfin de me poursuivre. JULES SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, page 21. Ø 47. Amyot est un des noms les plus célèbres de notre vieille littérature; on dit le bon Amyot, sans trop savoir, comme le bon Henri IV, comme le bon La Fontaine. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 4, 1851-62, page 451. — Mon/ma bon (ne) ami(e) ou par ellipse du substantif (et ironiquement parfois) mon bon, ma bonne, mes bons : Ø 48. Quant à la pratique de la religion, lorsque sa femme lui reprochait d'être inconséquent dans son abstention comparée à ses paroles, (...) il répondait avec une entière bonne foi, (...) — Que veux-tu, ma bonne, ce diable de commerce!... PAUL VERLAINE, Louise Leclerq, Pierre Duchâtelet, 1886, page 103. Ø 49.... comme les grosses dots qu'ils convoitaient n'étaient qu'au nombre de quatre ou cinq, plusieurs dressaient sourdement leurs batteries pour la même fiancée. Et le secret était si bien gardé que, quand l'un d'eux venant au café disait : « Mes excellents bons, je vous aime trop pour ne pas vous annoncer mes fiançailles avec Mlle. d'Ambresac », plusieurs exclamations retentissaient, nombre d'entre eux, croyant déjà la chose faite pour eux-mêmes avec elle,... MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 404. — Populaire. Mon bon monsieur, ma bonne dame : Ø 50. — Ah! ma bonne dame, qu'il y a donc longtemps que je n'ai eu le bonheur de vous voir! C'était la mère Fétu. Elle mendiait à la porte de l'église. Barrant le passage à Hélène, comme si elle l'avait guettée, elle continua : — Ah! j'ai été bien malade, toujours là, dans le ventre, vous savez... Maintenant c'est quasiment des coups de marteau... et rien de rien, ma bonne dame... Je n'ai pas osé vous faire dire ça... Que le bon Dieu vous le rende! ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 920. b) [Dans une formule de lettre, de souhait, etc.] Souhaiter le bon soir, le bon jour (vieux), bonne chance : Ø 51. Comme l'âne allait tourner l'angle d'un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, cruellement cravaté et emprisonné dans des habits tout neufs, s'inclina cérémonieusement devant l'humble bête, et lui dit, en ôtant son chapeau : « Je vous la souhaite bonne et heureuse! » puis se retourna vers je ne sais quels camarades avec un air de fatuité, comme pour les prier d'ajouter leur approbation à son contentement. L'âne ne vit pas ce beau plaisant, et continua de courir avec zèle où l'appelait son devoir. CHARLES BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, Un Plaisant, 1867, page 20. Ø 52. Maintenant la guerre est finie Et le vieux général est mort Est mort dans son lit Mort de sa belle mort Mais moi je suis vivant et c'est le principal Bonsoir Bonne nuit Bon appétit mon général. JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 25. SYNTAXE : (figés). Bon courage, souvenir; bons baisers; bonne année, journée, route, santé, soirée. c) [Dans des expressions familières ou des jurons] Bon débarras! bonne mère! : Ø 53. — Ah! bah! bah! bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire. — Faudrait que je trouve crédit jusqu'en novembre prochain, jusqu'à la vente de mes bêtes. — Vous en avez pas besoin! Bon diou de bon diou! JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 204. Ø 54.... il la sentait autour de lui. Il s'endormait avec elle. Il en rêvait dormant comme éveillé. Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir, qu'il éprouvait comme ça cet échec? Au fait quel échec? Il ne lui avait rien demandé, à cette fille. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 282. SYNTAXE : (figés). Bon dieu ou bondieu (bon dieu de bondieu, bondieu de bois, sacré bon dieu, cré bon dieu; bon dious) ou dieu bon, bon sang, (bon sang de sort, bon sang de bonsoir). Remarque : Sur l'emploi du comparatif confer supra remarque : grammaire. 2. Emplois interjectifs (bon est invariable) a) Bon! (marque l'approbation, le mécontentement, la fin d'une discussion, etc.), ah bon! (marque l'étonnement, l'incrédulité, l'ironie, etc.), c'est bon! (marque la satisfaction, l'agacement, etc.) : Ø 55. — Ça va, c'est bon, intervint la mère, sentant que la dispute tournait à l'aigre,... MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 214. Ø 56. Je lui ai retracé ce que déjà je lui avais raconté : Raymond, la plage, le bain, la querelle, encore la plage, la petite source, le soleil et les cinq coups de revolver. À chaque phrase il disait : « Bien, bien. » Quand je suis arrivé au corps étendu, il a approuvé en disant : « Bon. » ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1172. Remarque : 1. Bon! a pour équivalent synonymique, dans la langue populaire, bono! (confer COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, page 47). 2. Bon s'emploie aussi par écrit comme marque d'approbation à un travail satisfaisant : Ø 57. Quand la somme ainsi offerte par eux est suffisante, le contrôleur général écrit en marge de l'état de répartition : bon, témoigner satisfaction; mais quand elle est considérable, il écrit : bon, témoigner satisfaction et sensibilité. ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution. 1856, page 136. b) À quoi bon (exprime le découragement) : Ø 58. Ces rangées de vieilles reliures me paraissent agréables à voir, mais en déplaçant tous ces bouquins et en les replaçant sur d'autres rayons, j'ai entendu résonner à cette oreille intérieure que nous avons tous l'éternel : « À quoi bon? » qui a assombri une partie de ma jeunesse. À quoi bon puisque rien ne dure? À quoi bon puisqu'on va mourir? C'est cette question posée sans cesse qui parfois nous oriente vers l'absolu; et peut-être nous vient-elle de Dieu. JULIEN GREEN, Journal, 1947, page 129. Remarque : S'emploie en tournure substantive une crise d'indifférence, un sentiment de l'à quoi bon (ÉMILE ZOLA, Correspondance, 1902, page 708). II.— Emplois comme adverbe. A.— Locution adverbiale. — Pour de bon. Vraiment. ... moitié en badinant et moitié pour de bon (PAUL VERLAINE, Souvenirs et fantaisies, 1896, page 274 ). Remarque : 1. voir selon Nouveau dictionnaire des difficultés du français (Jean-Paul Colin) 1971. 2. Exceptionnellement utilisé comme équivalent d'un substantif... une vraie, (...) une pour de bon (Raymond Queneau, Pierrot mon ami, 1942, page 25). — Tout de bon même sens, avec une nuance d'ironie parfois; Confer Valéry Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, page 295). B.— Locutions verbales (généralement à la tournure impersonnelle, avec une valeur adverbiale) : Ø 59. Le meilleur est de s'accoutumer à procéder méthodiquement et à s'attacher à un train de pensées dont la raison et non le hasard, c'est-à-dire les impressions insensibles et casuelles, fassent la liaison? Pour cela il est bon de s'accoutumer à se recueillir de temps en temps et à s'élever au-dessus du tumulte présent des impressions sensibles : à sortir pour ainsi dire de la place où l'on est, à se demander : Dic cur hoc, respice finem, etc. À défaut d'un officier chargé de nous avertir comme celui de Philippe, il est bon que nous soyons stylés à nous rendre cet office nous-mêmes... etc... MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, page 143. Ø 60. Tel qui souffre mais tient bon, soudain défaille si on se met à le plaindre. HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 317. Ø 61. Elles font le lit, rangent sur les planches et dans les tiroirs de l'armoire le linge de la fiancée, marqué à son chiffre, qui sent bon et sain la lavande, un parfum du jardin. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 29. Ø 62. Respirer une fleur, c'est bon! Mais combien meilleur de respirer la vie, et cela par les narines, qui nous empêche de mourir! PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 194. SYNTAXE : a) Faire bon (chaud), etc.; b) Si bon me semble; c) Loc. verbales + de et infinitif ou que et subjonctif croire bon... juger bon...; il est, paraît, semble bon... III.— Emploi comme substantif, bon, bonne. A.— Masculin singulier invariable avec une valeur de neutre. 1. [En construction partitive] a) [Après pronom neutre] de bon (quelque chose de bon, rien de bon, tout ce qu'il y a de bon, etc.) : Ø 63. Ce conseil des évêques, assemblé par l'artificieux roi de Jérusalem, me trouble, je l'avoue; et rien de bon, de favorable, ne me paroît devoir être le fruit des propositions de Lusignan;... SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 122. Ø 64. Je ne t'avais vendu que mon corps sur le lit, maintenant je te donne tout ce que j'ai de bon, tout ce que j'ai de pur, de sincère et de passionné, toute mon âme qui est vierge, Démétrios, songes-y! PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 199. b) [Après un verbe comme avoir, être...] du bon (avoir du bon, etc.) : Ø 65.... parmi nous, de même que parmi eux, il y a du bon et du mauvais : vois les arbres des forêts, sont-ils tous également élevés? Non; les tiges du maïs également fortes et grenues? Non : il en est de même parmi les hommes :... MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 1, 1801, page 106. Ø 66. Et je me dis parfois qu'un mauvais mariage a du bon. Il laisse la vie ouverte; tout reste possible et l'on peut tout espérer. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Au Petit bonheur, 1898, page 66. — Par métonymie, familier. Marchandise de bonne qualité : Ø 67. C'est aujourd'hui les fiançailles; je n'ai garde d'y manquer. C'est moi qui ai fait le trousseau; il faut voir cela : tout par douzaine, du bon, du beau; le papa n'a rien épargné. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 74. — IMPRIMERIE. Synonymes : avantage, bénéfice (Confer Glossaire typographique (ÉMILE CHAUTARD), 1937, page 56). S'emploie aussi précédé de l'article défini et absolument.... se partager le bon (...), les amendes (CONSTANT MOISAND, Physiologie de l'imprimeur, 1842, page 74 ). Semble s'utiliser aussi dans la langue populaire, argot : y a du bon (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, page 66 ). c) Le bon de (quelque chose). Ce qu'il y a d'intéressant, d'utile, etc. dans quelque chose : Ø 68. Je voudrais qu'on ne montrât aux petits que le doux et le bon de la vie, jusqu'au moment où la raison peut les aider à accepter ou à combattre le mauvais. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 5, 1812-76, page 308. Ø 69.... tu né mé refuseras pas ça dé passer cette dernière journée avec moi, au bon de l'air, au bon soleil dé notre Provence. PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, page 54. 2. Absolument. Le bon. Ce qui est bon, système de valeurs morales propre à une société donnée ou ensemble de valeurs morales généralement considérées comme positives, favorables au développement harmonieux de l'homme : Ø 70. Lorsqu'on examine les motifs dont l'impression efficace tire l'homme du repos ou de l'incertitude, on s'assure qu'il n'en existe que deux : le motif du devoir et celui de la passion. Ou bien l'homme se décide par une vue du vrai, du bon, du convenable, ou bien il se décide par l'entraînement d'une satisfaction personnelle indépendante de toute idée d'ordre. La question seulement est de savoir qui le décidera de l'un ou de l'autre motif. PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, page 191. Ø 71. Si le coeur est pur; s'il aime le beau, le bien, le bon, le grand, la vie, le divin, cet amour lui donne des yeux illuminés pour voir et savoir ce que c'est que le ciel... FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime, 1869, page 313. — Spécialement. Dieu, principe de tout ce qui est bon : Ø 72. Platon croyait-il que le monde était l'oeuvre du hasard, et que le monde était gouverné par le hasard! Ne croyait-il pas, au contraire, à un ordre nécessaire et en même temps divin? Ses arguments en faveur de l'immortalité ne sont-ils pas pris dans une conception générale de ce genre? Il part de l'être et de la nécessité de l'être, sans doute; mais l'être, pour lui, c'est, avant tout, Dieu, c'est-à-dire le beau, le bon, le sage par excellence, l'être un et infiniment intelligent, infiniment bon, infiniment puissant PIERRE LEROUX, De l'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 385. B.— Substantif variable. 1. Substantif masculin. IMPRIMERIE. (Donner, mettre son) bon à tirer. Donner son accord définitif pour l'impression d'une épreuve en inscrivant sur elle la mention [cela est] bon à tirer : Ø 73. L'épreuve corrigée est remise au compositeur qui exécute les corrections sur plomb. Il en tire ensuite une deuxième épreuve qui sera envoyée à l'auteur. Après l'avoir lue et annotée, celui-ci y inscrit la mention « Bon à tirer » à moins qu'il ne désire en recevoir une autre si la première épreuve était trop chargée de corrections. Le texte imprimé du livre devra être strictement conforme à ce bon à tirer. La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 1014. — Par métonymie. Bon à tirer. Épreuve prête pour l'impression définitive : Ø 74. Épreuves. — Premier tirage d'un texte avant l'impression définitive. La dernière épreuve est dite bon à tirer ou épreuve d'auteur. GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 194. 2. Substantif masculin ou féminin, généralement au pluriel. a) Personne bonne, correspondant à un certain code de valeurs morales : Ø 75. La vieille littérature hébraïque n'offre guère d'autre catégorie d'hommes que le bon et le méchant; et dans la littérature indienne, c'est à peine si cette catégorie existe. Tous sont présentés comme à peu près également bons. Nos types si délicats ne se dessinent que bien plus tard. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 407. b) Chose bonne, valable : Ø 76.... si l'on ne considère dans les gouvernements que les principes sur lesquels ils sont fondés, sans s'embarrasser s'ils y conforment ou non leur conduite, il faudrait pour ranger un gouvernement dans la classe des bons ou des mauvais, prononcer sur le mérite et la justesse des principes, et décider quels sont ceux qui sont vrais ou faux. ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu. 1807, page 11. 3. Substantif féminin, par ellipse, familier ou argot. — En avoir/dire (etc.) de bonnes/de bien bonnes (pour : de bonnes histoires) : Ø 77. Oh! J'en ai fait, j'en ai fait des farces, dans mon existence. Et on m'en a fait aussi, morbleu! et de bien bonnes. Oui, j'en ai fait, de désopilantes et de terribles. Une de mes victimes est morte des suites. Ce ne fut une perte pour personne. Je dirai cela un jour; mais j'aurai grand mal à le faire avec retenue, car ma farce n'était pas convenable, mais pas du tout, pas du tout. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Farce, 1883, page 1278. Ø 78. — Vous ne direz pas cela, Justin? demanda Renée, qui était devenue pâle. Irrité, Justin se tourna vers elle : — Plaît-il? — Je dis que vous ne pouvez ainsi abandonner Gilbert. — Vous en avez de bonnes! — Je vous en prie, mon père, laissez-moi parler. — Est-ce moi qui l'abandonne, ou lui qui nous rejette? Renée, vous parlez comme une enfant MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 270. — Avoir à la bonne. Avoir de la sympathie pour : Ø 79. Je l'aime bien Slick, je l'ai à la bonne, parce qu'il est fort et qu'il ne pense pas. JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, 4e tableau, 6, page 166. — Être en bonne (Jean de La Varende, Cadoudal, 1952, page 197) Être de bonne humeur. Être dans ses bonnes (Honoré de Balzac, Un Prince de la Bohême, 1840, page 370). Être de bonne humeur.

« L'homme mal habill? inspire de la piti? ou de la r?pugnance... ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, pages 260-261.

? 3.

Autant qu'un homme est lui-m?me, qu'il ne c?de point, qu'il n'imite point, je le vois beau.

L'artiste va l? tout droit; par sa vertu d'?tre soi il met au jour la vertu de chaque ?tre.

Une nature, autant qu'elle est forte, est bonne et juste.

C'est pourquoi de ce qui pousse et grandit par sa propre loi, j'attends quelque bien.

Je ne veux pas mutiler, je veux aider et d?livrer. ?MILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1931, page 1003.

? 4....

n'invente point d'empire o? tout soit parfait.

Car le bon go?t est vertu de gardien de mus?e.

Et si tu m?prises le mauvais go?t tu n'auras ni peinture, ni danse, ni palais, ni jardins.

Tu auras fait le d?go?t? par crainte du travail malpropre de la terre.

Tu en seras priv? par le vide de ta perfection. ANTOINE DE SAINT-EXUP?RY, Citadelle, 1944, page 543.

? 5.

En fait, cette perfection dans l'activit? de Pasteur tient ? l'excellence de ses qualit?s propres, ? ce ? privil?ge des tr?s grands esprits ? qu'est l'art d'utiliser le hasard, ? son bon sens d?ductif et clairvoyant, aussi habile ? imaginer et ? r?aliser les techniques exp?rimentales n?cessaires ou d?monstratives qu'? interpr?ter judicieusement les faits observ?s, ? en exploiter en toute logique les cons?quences imm?diates, ? en pr?voir les virtualit?s les plus lointaines. MAURICE BARI?TY, CHARLES COURY, Histoire de la m?decine, 1963, page 704.

SYNTAXE?: Bonne farce, histoire, id?e; bons auteurs; syntaxe (plus ou moins fig?s)?: (avoir) bon air, (faire, produire) bon effet, (avoir, avoir le...

de, ?tre de) bon go?t, (dire un, faire un) bon mot, (avoir du, ?tre le) bon sens; (avoir) bonne m?moire, (avoir, prendre) bonne tournure.

Loc.

fig?e ? bon escient.

? MUSIQUE.

Bons degr?s.

"...

les trois accords parfaits majeurs [reli?s] de fa?on ? obtenir une succession ininterrompue de tierces...

" (Marcel Dupr?, Cours d'harmonie analytique, tome 1, 1936, page 22).

Bonnes notes. " Ces trois notes?: la tonique, la dominante et la sous-dominante re?oivent la qualification de Bonnes notes du ton " (Henri Reber, Trait? d'harmonie, Gallet et Fils, Paris, 1949, page 12).

? Domaine moral.

? [En parlant d'une personne, d'un groupe de personnes] Bon chr?tien, bonne(s) ?me(s), bonnes gens?:. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles