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CANNIBALE, substantif.

Publié le 08/11/2015

Extrait du document

CANNIBALISME, substantif masculin.  

A.—  Synonyme : anthropophagie* :  

Ø 1. Ces tribus [les Krik et d'autres Indiens] pratiquaient une forme très répandue de cannibalisme : (...) ils mangeaient le coeur d'un ennemi valeureux pour acquérir du courage.

ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle,  1936, page 248. 

·    Par métaphore : 

Ø 2. On était alors plus près de la nature : nous sommes faits pour nous manger les uns les autres. Mais notre race faible (...) se plaît dans un cannibalisme sournois.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Histoire comique,  1903, page 81. 

—  Par analogie : 

Ø 3. La prospérité y est toujours limitée, les lois sont mal définies et mal obéies, le cannibalisme, l'infanticide primitifs reparaissent par intervalles, l'architecture est informe et dispendieuse, mais ce qui, plus que tout, différencie les deux cités, c'est que l'une est permanente et l'autre éphémère.

MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles,  1901, page 288. 

B.—  Au figuré.  Grande cruauté, férocité. Acte de cannibalisme, c'est du cannibalisme (Dictionnaire de l'Académie Française). 

CANNIBALE, substantif.  

A.—  1. Vieux.  Anthropophage des Caraïbes : 

Ø 1. Les Caraio ou Caraïbes avaient coutume de manger leurs ennemis mâles; c'est de leur nom que vient le mot cannibale.

ALFRED-CORT HADDON, Les Races humaines et leur répartition géographique, traduit par Arnold Van Gennep.  1930, page 261. 

—  Emploi adjectival : 

Ø 2.... s'ils s'étaient initiés, par le plus léger contact, avec ces merveilles de la cave et de l'office, on pourrait croire à leur bonne foi et plaindre leur goût, les supposer insensibles à la délicatesse de la cuisine française par suite d'un appétit immodéré de beefstack humains, et les renvoyer à leurs véritables amphytrions, les rois cannibales de la mer du Sud.

LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale,  1842, page 222. 

·    Qui appartient, qui est propre aux cannibales : 

Ø 3. —  J'aime l'étude et les curiosités de moeurs et de coutumes, et les livres de voyages, et le diable habillé en cent façons depuis la mode cannibale, un peu nue, jusqu'à l'italienne, sans m'inquiéter s'il est diable ou non, mais seulement s'il est plaisant

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 414. 

2. Par extension, usuel.  Anthropophage (sans distinction d'origine) : 

Ø 4. —  Vous parlez des Maoris, monsieur Paganel? demanda John Mangles.

—  Oui, mon ami. Leur réputation est faite dans l'océan Indien. Il ne s'agit pas ici d'Australiens timides ou abrutis, mais bien d'une race intelligente et sanguinaire, de cannibales friands de chair humaine, d'anthropophages dont il ne faut attendre aucune pitié.

JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 27. 

·    Par métaphore : 

Ø 5. ÉMILIE [à Bernard] : — ... Écoutez : le mieux serait que je parte la première. Vous attendrez que la vieille vous laisse le champ libre, ce qui ne tardera pas, car l'heure du dîner approche et elle a un appétit de cannibale. Dès qu'elle aura disparu, vous filerez par la plage...

FRANÇOIS MAURIAC, Passage du Malin,  1948, I, 1, page 50. 

—  Emploi adjectival. Race, peuple cannibale : 

Ø 6. Il [M. Comte] s'imagine que l'humanité a bien réellement traversé les trois états du fétichisme, du polythéisme, du monothéisme, que les premiers hommes furent cannibales, comme les sauvages, etc. Or, cela est inadmissible.

ERNEST RENAN, L'Avenir de la science,  1890, page 151. 

·    Par analogie : 

Ø 7. Lorsque les abeilles emportent le corps de leur vieille reine, lorsque les fourmis et les termites le dévorent —  et ceci se produit même chez les fourmis non cannibales comme le messor et l'acromyrmex, —  c'est la perception des tissus gras et des glandes abdominales qui provoque les réactions des insectes,...

JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort,  1949, page 2. 

B.—  Au figuré, adjectif.  Qui est d'une nature cruelle, sauvage; qui a quelque chose d'inhumain : 

Ø 8. Oh! combien l'homme est dur!...

Dans ses amusements pervers et cannibales,

Il n'omettra jamais fusil, poudre ni balles.

AMÉDÉE POMMIER, Colifichets,  1860, page 195. 

—  Emploi comme substantif : 

Ø 9. Il est vrai que les salons de Paris, toujours les meilleurs alliés des ennemis, n'eussent pas manqué de me dire un tigre, un cannibale; n'importe, je le devais aux Français qui m'avaient chargé de les protéger et de les défendre.

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 245. 

Remarque : On rencontre dans la documentation les dérivés a) Cannibalesque, adjectif. D'une grande cruauté. La véritable cruauté, et féroce et cannibalesque, consiste à encourager les coquins à coquiner, par des sanctions lentes (Léon Daudet, SyLa et son destin, 1922, page 206). b) Cannibalique, adjectif, psychanalyse Stade, période cannibalique. \" Seconde phase du stade oral, correspondant à la période dentée de la vie du nourrisson qui aurait tendance, non seulement à sucer, mais à dévorer le sein \" (Lexique de sexologie 1970; confer Maryse Choisy, Qu'est-ce que la psychanalyse? 1950, page 156). 

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