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CAPTIVÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 08/11/2015

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CAPTIVER, verbe transitif.  

[Le sujet désigne une personne, ou un attribut, une oeuvre d'une personne] 

A.—  Vieux. 

1. [Le complément désigne une personne, une partie du corps]  Faire, retenir prisonnier. J'essayais de dégager des frêles liens qui les captivaient mes mains (CHARLES NODIER, Smarra ou Les Démons de la nuit, 1821, page 99 ). 

—  Par métaphore. Ce fleuve armé qu'aucun rivage ne captive (PAUL CLAUDEL, La Cantate à trois voix,  1913, page 332) : 

Ø 1.... ils [les brames] sont liés des chaînes de la superstition dont ils veulent captiver leurs compatriotes;...

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, La Chaumière indienne, 1791, page 135. 

·    Emploi pronominal réfléchi. Quoi de plus tragique qu'une âme qui se captive alors qu'elle croit se délivrer? (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne,  1916, page 609 ). 

2. Synonyme : capter*. Captiver le suffrage de quelqu'un. Par métaphore. J'ai été en sentinelle (...) il fallait étudier l'air, les sons, les odeurs, captiver l'invisible (GEORGES D'ESPARBÈS, Le Briseur de fers,  1908, page 141 ). 

B.—  Au figuré, usuel.  [Le complément désigne une personne ou une manifestation de l'activité personnelle]  Gagner et retenir l'intérêt de quelqu'un par une sorte de fascination quasi irrésistible. Les beaux-arts et les belles-lettres captiveront mes loisirs (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1791, page 441) : 

Ø 2. Joseph a repris possession de ma pensée. Il la retient, il la captive, il l'obsède... Il me trouble, m'enchante et me fait peur, tour à tour.

OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre,  1900, page 272. 

SYNTAXE : Captiver quelqu'un, captiver l'attention, le regard, l'imagination de quelqu'un; captiver un auditoire. 

—  emploi absolu. Une beauté qui caresse sans captiver (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves,  1848, page 185 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 296. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 826, b) 181; XXe.  siècle : a) 352, b) 242. 

CAPTIVÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de captiver* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  Par figure étymologique, littéraire.  [En parlant d'un inanimé abstrait]  Qui est enfermé dans des limites abstraites. L'idée captivée tout entière dans l'argument s'impose à nous (PAUL CLAUDEL, Connaissance de l'Est,  1907, page 86 ). 

B.—  [En parlant d'une personne, d'un attribut de la personne, parfois d'une collectivité]  Intéressé, gagné, séduit. Air, regard captivé; sembler captivé : 

Ø Oui, porte envie aux yeux vrais qui nous laissent,

En se voilant, captivés d'autant mieux;

...

ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, Les Vaines tendresses, Une larme, 1875, page 211. 

 Fréquence absolue littéraire : 78. 

CAPTIVITÉ, substantif féminin.  

État d'une personne privée de liberté pendant une période plus ou moins longue. 

A.—  [La privation de liberté a pour origine des raisons d'État, en particulier la guerre]  Compagnons, récits de captivité. Les exils et les captivités de ce digne prêtre (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 178 ). 

SYNTAXE : Années, mois de captivité; dure, longue captivité; délivrer de captivité; emmener, réduire en captivité. Congés de captivité (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 152). 

—  Par métaphore : 

Ø 1. MADAME GERVAISE. —  (...)

Ainsi le corps et l'âme...

... entreront ensemble dans la vie éternelle.

...

Ou tous les deux ensemble ils retomberont comme deux poignets liés

Pour une captivité éternelle.

CHARLES PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e.  vertu,  1911, page 581. 

Ø 2.... le conditionnement imposé de l'esprit, quel qu'il soit, d'origine kantienne, ou déterministe, ou comtiste (...) procure très rapidement à l'esprit une sensation de pesanteur et de captivité... 

LÉON DAUDET, Le Stupide XIXe.  siècle,  1922, page 162. 

Ø 3. Car te tourmente l'espoir de rencontrer l'oeuvre en chemin (...) et de ramener, en captivité, ton poème.

ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle,  1944, page 882. 

—  HISTOIRE.  Captivité (de Babylone). Déportation et esclavage des Israélites en Assyrie et en Babylonie du VIIIe au vie.  siècle avant Jésus-Christ. Le livre de Daniel, que toute l'orthodoxie rapporte au temps de la captivité (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,  1883, page 293 ). 

B.—  [La privation de liberté est le fait de circonstances particulières (travail, santé, etc.) qui retiennent une personne dans un lieu où elle manque de liberté d'action, de mouvement]  Captivité volontaire : 

Ø 4. Il faut entrer dans la manufacture, quand elle est au travail, et l'on comprend que ce silence, cette captivité pendant de longues heures, commandent, à la sortie, (...) le bruit, les cris, le mouvement. 

JULES MICHELET, Le Peuple,  1846, page 83. 

—  Par métonymie.  Personne captive : 

Ø 5.... ils [des hommes d'esprit] ont eu la bonté de venir échanger quelques paroles avec ma glorieuse captivité enchaînée sur mes coussins de soie, comme un forçat sur son banc.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 381. 

—  Par analogie.  [En parlant d'un animal, d'une fleur, d'un objet]  Emprisonnement dans des limites naturelles ou créées par l'homme. Les fleurs de nos serres ont consenti à vivre en captivité pour nous plaire (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Nouvelles lettres d'un voyageur,  1876, page 46 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 619. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 146, b) 984; XXe.  siècle : a) 501, b) 825. 

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