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cette femme un portrait flatteur.

Publié le 06/01/2014

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cette femme un portrait flatteur. Notons tout de même que dans les livres d'histoire, cela suffit largement pour faire des hommes des héros. Christine de Pisan Michelet, Jaurès, Anatole France, Charles Péguy, Schiller, Bernard Shaw, Bertold Brecht. Que d'hommes pour chanter les louanges de notre Jeanne d'Arc et écrire sur elle ! De son vivant, une femme avait, la première, travaillé à sa gloire littéraire, un grand esprit du xve siècle dont il est précieux aussi de raviver le souvenir : Christine de Pisan (1363-1434). Fille d'un médecin astrologue de Venise, elle arrive en France avec son père, qui entre au service de Charles V. Elle épouse un petit noble qui meurt alors qu'elle est encore très jeune. Elle a trois enfants à élever, elle doit vivre, elle sera une des premières d'Europe à embrasser une carrière rare quand on n'est pas un homme : elle vivra de sa plume. Elle écrit des poèmes d'amour, des ouvrages de toutes sortes. Certains, comme La Cité des dames (1405), sont toujours étudiés aujourd'hui, car on y lit une première tentative de lutte contre les stéréotypes dont sont victimes les individus de son sexe. Sa dernière oeuvre sera son Ditié de Jeanne d'Arc, une défense en vers de la Pucelle qui sauve le royaume, écrite en 1429, au tout début de l'épopée johannique. On doit aussi à Christine de Pisan cette citation qui indique sa hauteur d'esprit, et son avance sur son temps : « Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communement on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, elles apprendroient aussi parfaitement et entendroient les subtilités de toutes les arts et sciences comme ils font. » Le raisonnement est imparable, on peut même l'appliquer à notre sujet : si, dans les écoles, on avait appris depuis longtemps la place éminente de nombreuses femmes dans l'histoire au lieu de la limiter au destin d'une seule, le pays tout entier y aurait gagné beaucoup. 15 Louis XI Ou comment on agrandit un royaume C'est un des charmes de la monarchie, les rois se suivent et ne se ressemblent pas. Charles VII ne se ressemblait même pas à lui-même : deux hommes si différents ne se succèdent-ils pas sous ce même nom ? On vient de voir passer dans notre histoire le « gentil dauphin » que vient trouver Jeanne d'Arc, ce « petit roi de Bourges », faible, pusillanime, qu'elle réussit presque contre son gré à mener à Reims. Les vertus de l'onction sacrale dépassent ses espérances. La cérémonie enclenche un long processus de métamorphose du roi. Voici peu à peu apparaître « Charles VII le Victorieux » - ce sera son surnom officiel -, le monarque couvert de toutes les gloires, qui met fin à la guerre de Cent Ans, récupère l'une après l'autre toutes ses provinces, chasse les derniers Anglais, et jette les bases d'un État fort, centralisé, appuyé sur une armée permanente, un impôt régulier, un clergé à sa main soustrait à la tutelle du pape1. Nul esprit romanesque n'a oublié enfin l'amant d'Agnès Sorel, que l'on disait la femme la plus belle de son temps, l'homme des plaisirs qui découvre sur le tard une sensualité sans limites. Seule sa fin nous replonge dans un monde d'effroi et de terreur : la chronique rapporte qu'il se laissa mourir de faim tant il craignait d'être empoisonné par son propre fils, qu'il haïssait, le dauphin Louis. Celui-ci attend son tour depuis si longtemps. Il devient roi par la grâce de ce trépas. Nous sommes en 1461, le voici enfin : Louis, onzième du nom. Repères - 1461 : mort de Charles VII, avènement de Louis XI - 1468 : entrevue de Péronne, sommet de la rivalité entre Louis et le duc de Bourgogne Charles le Téméraire - 1477 : mort de Charles le Téméraire devant Nancy - 1483 : mort de Louis XI Pour le coup, celui-là est tout d'une pièce, figé dans la noirceur où sa légende l'a laissé : un être grêle et machiavélique, vêtu d'un habit sombre de mauvais drap, coiffé d'un vilain bonnet de feutre orné d'une sainte médaille de plomb (avec ça, ce diable d'homme était superstitieux). Un traître de mélodrame qu'on imagine secoué d'un rire sardonique en apprenant la mort de ses ennemis, ou en claquant derrière lui la lourde porte des caves où il laissait moisir ses opposants durant des décennies dans des cages de fer minuscules, les « fillettes du roi ». Tous les écoliers répétaient ce nom en frissonnant. Cela fit beaucoup pour la popularité posthume de notre Louis XI auprès des classes primaires. Et pourquoi les manuels se seraient-ils privé d'en entretenir le souvenir ? Ce fort méchant roi, au regard de l'histoire nationale, avait fait beaucoup : à force de ruse, il avait réussi à vaincre le nouveau grand ennemi de notre patrie, le flamboyant Charles le Téméraire, le puissant duc de Bourgogne ; puis, tenace, obstiné, prêt à tout, « l'universelle aragne », comme on le surnommait déjà de son vivant, avait réussi à tisser sa toile pour agrandir le royaume comme peu de rois avant lui. Ne faisons pas autrement que les manuels de jadis, étudions ces deux points successivement. On le verra, l'un et l'autre ont des choses à nous apprendre sous un des angles qui nous est cher : comment s'est formée la France, mais aussi comment elle aurait pu se former autrement. Les temps des « États bourguignons » Quand Charles VII luttait contre le roi d'Angleterre, il luttait contre un de ses parents, mais aussi contre un

« 15 Louis XI Ou comment onagrandit unroyaume C’est undes charmes delamonarchie, lesrois sesuivent etne seressemblent pas.Charles VII neseressemblait même pasàlui-même : deuxhommes sidifférents nesesuccèdent-ils passous cemême nom ?Onvient devoir passer dansnotre histoire le« gentil dauphin » quevient trouver Jeanned’Arc,ce« petit roideBourges », faible, pusillanime, qu’elleréussitpresque contresongréàmener àReims.

Lesvertus del’onction sacraledépassent ses espérances.

Lacérémonie enclencheunlong processus demétamorphose duroi.

Voici peuàpeu apparaître « Charles VII leVictorieux » –ce sera sonsurnom officiel–,lemonarque couvertdetoutes lesgloires, quimet finà la guerre deCent Ans,récupère l’uneaprès l’autre toutessesprovinces, chasselesderniers Anglais,etjette les bases d’unÉtatfort, centralisé, appuyésurune armée permanente, unimpôt régulier, unclergé àsa main soustrait àla tutelle dupape 1 .

Nul esprit romanesque n’aoublié enfinl’amant d’Agnès Sorel,quel’ondisait la femme laplus belle deson temps, l’homme desplaisirs quidécouvre surletard unesensualité sanslimites.

Seule sa fin nous replonge dansunmonde d’effroi etde terreur : lachronique rapportequ’ilselaissa mourir defaim tant il craignait d’êtreempoisonné parson propre fils,qu’il haïssait, ledauphin Louis.Celui-ci attendsontour depuis si longtemps.

Ildevient roipar lagrâce decetrépas.

Noussommes en1461, levoici enfin : Louis,onzième dunom.

Repères – 1461 : mortdeCharles VII, avènement deLouis XI – 1468 : entrevue dePéronne, sommetdelarivalité entreLouisetleduc deBourgogne CharlesleTéméraire – 1477 : mortdeCharles leTéméraire devantNancy – 1483 : mortdeLouis XI Pour lecoup, celui-là esttout d’une pièce, figédans lanoirceur oùsalégende l’alaissé : unêtre grêle et machiavélique, vêtud’un habit sombre demauvais drap,coiffé d’unvilain bonnet defeutre ornéd’une sainte médaille deplomb (avecça,cediable d’homme étaitsuperstitieux).

Untraître demélodrame qu’onimagine secoué d’unriresardonique enapprenant lamort deses ennemis, ouenclaquant derrièreluilalourde portedes caves oùillaissait moisirsesopposants durantdesdécennies dansdescages defer minuscules, les« fillettes du roi ».

Touslesécoliers répétaient cenom enfrissonnant.

Celafitbeaucoup pourlapopularité posthumedenotre Louis XI auprèsdesclasses primaires.

Etpourquoi lesmanuels seseraient-ils privéd’enentretenir lesouvenir ? Ce fort méchant roi,auregard del’histoire nationale, avaitfaitbeaucoup : àforce deruse, ilavait réussi àvaincre le nouveau grandennemi denotre patrie, leflamboyant CharlesleTéméraire, lepuissant ducdeBourgogne ; puis, tenace, obstiné, prêtàtout, « l’universelle aragne »,commeonlesurnommait déjàdeson vivant, avaitréussi à tisser satoile pour agrandir leroyaume commepeuderois avant lui. Ne faisons pasautrement quelesmanuels dejadis, étudions cesdeux points successivement.

Onleverra, l’unet l’autre ontdes choses ànous apprendre sousundes angles quinous estcher : comment s’estformée laFrance, mais aussi comment elleaurait puseformer autrement.. »

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