Devoir de Philosophie

Charles VII à Castillon (dans l'actuelle Gironde) - aura lieu en 1453.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

charles vii
Charles VII à Castillon (dans l'actuelle Gironde) - aura lieu en 1453. L'ultime traité est signé - entre Louis XI et Édouard IV - à Picquigny (dans la Somme) en 1475. C'est pour cette raison qu'au xixe siècle les historiens ont baptisé cette longue querelle « la guerre de Cent Ans ». Ce qui a changé Il nous faut être clair : dans une des perspectives qui nous occupent dans ce livre, c'est-à-dire la lente construction des identités nationales, l'événement représente une étape majeure. Avec ces histoires d'hommage, ces querelles de vassalité qui opposent le Plantagenêt et le Valois à propos de la Guyenne, on voit que cette longue affaire prend racine dans le monde féodal. Nous sommes encore dans ce Moyen Âge déjà décrit, la notion de pays au sens moderne, d'État, n'a encore aucun sens. Édouard III est roi d'Angleterre, pour autant lui assigner cette « nationalité » est absurde : comme tous ses prédécesseurs Plantagenêts, il est, tout autant que son parent Valois, de langue et de culture françaises. L'aspect militaire des affrontements nous renvoie lui aussi au monde ancien, au moins côté français : quand ils doivent combattre, Philippe VI ou son fils Jean le Bon sont contraints de convoquer l'ost, cette lourde armée féodale composée de leurs vassaux. Cent vingt ans plus tard, les temps ont bien changé. L'aristocratie anglaise et ses rois parlent anglais. Tous les échanges préparatoires aux différents traités de la fin de la guerre, nous disent les historiens, doivent se faire en latin, parce que c'est désormais la seule langue commune aux deux camps. Et ce fossé linguistique est très représentatif de l'écart culturel qui n'a eu de cesse de s'élargir entre les deux peuples. On notera par exemple que c'est de l'époque de la guerre de Cent Ans, vers la deuxième moitié du xive siècle, que date une des premières grandes oeuvres écrites en langue anglaise : les fameux Contes de Canterbury, de Chaucer, considéré à ce titre comme le père de la littérature anglaise à proprement parler. Les combats ne se font plus non plus de la même manière. À la suite des défaites successives que les archers gallois ont infligées à l'inefficace noblesse à cheval, on commence à comprendre que le temps de la chevalerie, où l'on faisait la guerre comme au tournoi, n'est plus. Charles VII, au milieu du xve siècle, obtiendra ses dernières victoires, en Normandie ou en Guyenne, avec des armes nouvelles, très efficaces pour débander les fantassins qui vous font face : les bombardes mobiles. Elles préfigurent la puissance à venir de l'artillerie. Et, pour remplacer l'ost si long à se mettre en branle, ce roi novateur décide de fonder une armée permanente qui soit toujours à la disposition des souverains. Enfin, la géographie a changé : à la fin de la guerre de Cent Ans, les Anglais, mis à part le petit territoire autour de Calais, ne possèdent plus aucune des vastes provinces qu'ils détenaient sur le continent depuis des siècles. Les vieux rêves de l'« empire Plantagenêt » sont morts. Leur culture nationale devra prendre la forme d'une île. Et de notre côté de la Manche, même si les appartenances de classe, de province, de village sont encore déterminantes, même si l'immense majorité des habitants du royaume parle toujours des langues et des dialectes divers, les sujets de Charles VII prennent peu à peu conscience eux aussi d'une identité nouvelle qui a été fouettée par les harangues inspirées d'une petite bergère lorraine, et vivifiée par les victoires de leur roi : peu à peu, ils commencent à se sentir français. Oui, à la fin de la guerre de Cent Ans, parler de France ou d'Angleterre, cela commence à avoir un sens : les nations - ce principe qui sera déterminant dans l'histoire de l'Europe pour les cinq siècles à venir - commencent à exister. C'est indéniable. Faut-il pour autant forcer le trait comme on le fait encore lorsqu'on évoque cette période dans tant de livres ? Là encore, que d'excès dans la reconstruction de cette histoire telle qu'elle a été modelée ultérieurement, que d'absurdité dans la mythologie qui nous en est restée ! Songeons à la représentation que nous avons toujours de ce long conflit médiéval, ou, tout au moins, de l'épisode de ce feuilleton qui est resté le plus prégnant dans la mémoire collective : l'intervention de Jeanne d'Arc. Ne cherchons pas à retrouver les faits pour l'instant, nous le ferons tout à l'heure. Contentons-nous au contraire de pêcher les quelques souvenirs qu'ils ont laissés dans la plupart des têtes. Voyons, qui était donc cette si célèbre Pucelle ? Ah oui ! Une héroïque petite bergère lorraine qui a sauvé notre pauvre pays en « boutant les Anglais » hors de la France qu'ils « occupaient » et en poussant « notre roi », Charles VII, à se faire sacrer à Reims, avant d'être brûlée à Rouen, sur ordre d'un tribunal dirigé par un traître au service des occupants, cet homme au nom prédestiné pour être la risée des classes primaires : l'évêque Cauchon. En gros, il suffit de coller le chapeau à larges bords de Jean Moulin sur la sainte tête de Jeanne, de déguiser Cauchon en Pierre Laval, et d'enfiler des uniformes vert-de-gris sur les armures des soldats anglais pour comprendre ce qu'est la guerre de Cent Ans dans la plupart des esprits : la Seconde Guerre mondiale en version Moyen Âge. Ne croyez pas que je cherche par là à me moquer de l'inculture des masses. Bien des grands historiens font assaut d'un patriotisme aussi réducteur et aussi anachronique2 : on ne se défait pas si facilement des saints préceptes appris dans son jeune âge. Aussi reprenons tout cela à la base pour tenter un exercice qui n'est pas si fréquent : ne peut-on enfin essayer de relire cette fameuse guerre de Cent Ans autrement, c'est-à-dire sans aucun des clichés cocardiers dans lesquels on l'enferme ? Prévenons tout de suite les nationalistes sourcilleux, cette manière de procéder risque de nous entraîner vers des conclusions qui leur causeront de vives émotions. N'allons toutefois pas trop vite. Tâchons d'abord de rappeler les fondements de cette histoire de la façon la plus traditionnelle, c'est-à-dire comme on la raconte dans la plupart des manuels, en ne la considérant que du côté français et en s'appuyant sur les règnes successifs des rois Valois, et sur les batailles qu'ils livrèrent. Cela permet déjà un récit varié, mais pas tant : les monarques qui se succèdent sont inégaux. Il en est de très incompétents (comme Philippe VI ou son successeur Jean le Bon), d'autres qui sont de remarquables hommes d'État (comme Charles V, fils de Jean le Bon). Les batailles, elles, sont plus faciles à suivre vues de notre côté de la Manche : elles sont presque toujours des défaites. Premier épisode Nous sommes donc à la fin des années 1330. Nous retrouvons Édouard III, qui vient de débarquer sur le continent, en Flandre précisément - c'est-à-dire dans un comté dépendant de la couronne de France -, pour faire valoir ce qu'il estime être ses droits face à un Philippe de Valois traité d'usurpateur. Manque de chance pour ce dernier, le Plantagenêt est un des plus grands chefs militaires de son temps. En 1340, toute la flotte française est détruite lors de la bataille de l'Écluse, près de Bruges, il est donc maître de la mer. En 1346, à Crécy (dans la Somme), ses fantassins armés d'arcs font leur premier miracle : ils administrent une défaite cuisante à l'orgueilleuse chevalerie française. En 1347, Édouard met le siège devant Calais. L'épisode est resté dans les mémoires à cause des fameux « bourgeois ». Il fallait bien trouver quelques Français faisant preuve d'héroïsme au milieu de tant de catastrophes. Après de longs mois d'encerclement, la ville est affamée, épuisée. Six notables, en chemise et la corde au cou, n'hésitent pas à venir offrir leur propre tête à leur vainqueur en échange de la vie sauve garantie aux assiégés. Miracle, Philippa de Hainaut, la reine au grand coeur, obtient leur grâce. Édouard la lui laisse volontiers, il a ce qu'il voulait : avec ce port important, il possède désormais une tête de pont sur la rive continentale de la Manche. Calais restera anglaise jusqu'au milieu du xvie siècle. 1350, mort de Philippe de Valois, arrivée de Jean II le Bon. 1356, bataille de Poitiers, nouvelle défaite. Elle est infligée cette fois par un autre grand chef de guerre anglais, le fils d'Édouard III, à qui son père, pour faire son éducation royale, a confié la riche province anglaise d'Aquitaine. Sa cruauté, son caractère impitoyable, sa capacité à ravager toute une région pour arriver à l'objectif militaire qui l'intéresse à ce moment-là, et aussi la couleur de l'armure qu'il aimait à porter, lui valurent bien plus tard le surnom terrible sous lequel il est resté connu dans l'histoire : le Prince Noir. En 1356, à Poitiers, le Prince Noir inflige une gifle sanglante à la nombreuse armée du roi Valois. Là encore, les manuels français ont réussi à sauver la mise en mettant en valeur, dans cette débâcle, une petite parenthèse d'héroïsme chevaleresque : alors que Jean le Bon est assailli de partout, son jeune fils, le prince Philippe, se place derrière son roi et l'aide à prévenir les coups en lui criant : « Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ! » Tout le monde a cette phrase en tête, elle vient de là et vaudra à Philippe de passer à la postérité sous le surnom qu'il vient de gagner, « Philippe le Hardi ». Hélas l'amour filial, à la guerre, ne suffit pas. Poitiers est un désastre. Avec des dizaines d'autres hauts personnages, le roi en personne est fait prisonnier et emmené à Londres. La situation est catastrophique. Le fils aîné du souverain doit gérer le royaume. Il s'appelle Charles et porte un titre tout nouveau. Jean le Bon vient d'acquérir une riche province des Alpes et il inaugure la coutume de la donner à l'héritier du trône. Pour tout le monde, Charles - futur Charles V - est donc le dauphin, c'est-à-dire le seigneur du Dauphiné. Mais il est aussi en charge d'un État bien mal en point. Il faut, pour payer l'énorme rançon royale, convoquer les États généraux qui aideront à lever des impôts exceptionnels. Cela entraîne des troubles en chaîne dans le royaume. Toutes les couches de la société sont saisies tour à tour de velléités séditieuses. Parmi les puissants du royaume, un est encore plus turbulent que les autres : il s'appelle Charles de Navarre, il ne cesse d'intriguer avec ceux-ci, avec ceux-là. Il y gagnera le surnom de « Charles le Mauvais », dont l'affubleront plus tard les chroniqueurs pour dire le souvenir détestable qu'il a laissé. À Paris, une nouvelle classe de plus en plus puissante, les bourgeois, se sent des envies de tempérer le pouvoir d'un roi d'autant plus faible qu'il n'est pas présent. Tous sont unis sous la houlette du prévôt des marchands - sorte de préfiguration du maire -, un autre personnage au nom resté fameux : Étienne Marcel. Depuis la capitale, ils tentent de s'organiser et de mettre en place de nouvelles manières de gouverner le royaume. Bientôt explose enfin, de façon brève et très violente, la colère d'une autre catégorie de population qui n'en peut plus d'être écrasée par l'impôt, et de voir ses terres ravagées par la soldatesque. En 1358, les paysans d'Île-deFrance, de la Somme, de Normandie, prennent les fourches et, dans un moment de folie furieuse à la hauteur des misères dont ils sont accablés, brûlent, pillent les châteaux et massacrent ceux qui se mettent sur leur chemin. Par dérision, à cette époque, on désigne le paysan sous le sobriquet de Jacques Bonhomme. C'est pourquoi leur révolte s'appelle la Jacquerie. Elle est mâtée dans le sang et l'horreur par Charles le Mauvais, pour une fois au service de l'ordre. Les tentatives d'Étienne Marcel de remettre en cause le pouvoir du roi finissent par effrayer, il est assassiné. Et le dauphin réussit à reprendre la main et à réunir l'énorme rançon due aux Anglais pour faire rentrer le roi Jean le Bon d'Angleterre. Mais il est contraint à une paix désastreuse conclue à Brétigny (à côté de Chartres) en 1360. Édouard III - toujours au pouvoir, son règne est un des plus longs de l'histoire anglaise - renonce à ses droits sur le trône de France mais reçoit en compensation un nombre considérable de provinces qui lui reviennent sous une forme ou une autre : la Guyenne et la Gascogne, Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes en toute souveraineté, mais aussi le Poitou, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge, et encore l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre.
charles vii

« L’aspect militaire desaffrontements nousrenvoie luiaussi aumonde ancien, aumoins côtéfrançais : quandils doivent combattre, Philippe VIouson filsJean leBon sont contraints deconvoquer l’ost,cette lourde armée féodale composée deleurs vassaux. Cent vingt ansplus tard, lestemps ontbien changé.

L’aristocratie anglaiseetses rois parlent anglais.

Tousles échanges préparatoires auxdifférents traitésdelafin delaguerre, nousdisent leshistoriens, doiventsefaire en latin, parce quec’est désormais laseule langue commune auxdeux camps.

Etce fossé linguistique esttrès représentatif del’écart culturel quin’aeude cesse des’élargir entrelesdeux peuples.

Onnotera parexemple que c’est del’époque delaguerre deCent Ans,versladeuxième moitiéduxive  siècle, quedate unedespremières grandes œuvresécritesenlangue anglaise : lesfameux Contes deCanterbury , de Chaucer, considéré àce titre comme lepère delalittérature anglaiseàproprement parler. Les combats nesefont plusnonplus delamême manière.

Àla suite desdéfaites successives quelesarchers gallois ontinfligées àl’inefficace noblesseàcheval, oncommence àcomprendre queletemps delachevalerie, où l’on faisait laguerre comme autournoi, n’estplus.Charles VII, aumilieu duxve  siècle, obtiendra sesdernières victoires, enNormandie ouenGuyenne, avecdesarmes nouvelles, trèsefficaces pourdébander lesfantassins qui vous fontface : lesbombardes mobiles.Ellespréfigurent lapuissance àvenir del’artillerie.

Et,pour remplacer l’ost si long àse mettre enbranle, ceroi novateur décidedefonder unearmée permanente quisoit toujours àla disposition dessouverains. Enfin, lagéographie achangé : àla fin delaguerre deCent Ans,lesAnglais, misàpart lepetit territoire autourde Calais, nepossèdent plusaucune desvastes provinces qu’ilsdétenaient surlecontinent depuisdessiècles.

Les vieux rêves del’« empire Plantagenêt » sontmorts.

Leurculture nationale devraprendre laforme d’uneîle.Etde notre côtédelaManche, mêmesiles appartenances declasse, deprovince, devillage sontencore déterminantes, même sil’immense majoritédeshabitants duroyaume parletoujours deslangues etdes dialectes divers,lessujets de Charles VII prennentpeuàpeu conscience euxaussi d’une identité nouvelle quiaété fouettée parles harangues inspiréesd’unepetite bergère lorraine, etvivifiée parlesvictoires deleur roi :peuàpeu, ils commencent àse sentir français. Oui, àla fin delaguerre deCent Ans,parler deFrance oud’Angleterre, celacommence àavoir unsens : lesnations – ce principe quisera déterminant dansl’histoire del’Europe pourlescinq siècles àvenir –commencent àexister. C’est indéniable.

Faut-ilpourautant forcerletrait comme onlefait encore lorsqu’on évoquecettepériode dans tant delivres ? Làencore, qued’excès danslareconstruction decette histoire tellequ’elle aété modelée ultérieurement, qued’absurdité danslamythologie quinous enest restée ! Songeons àla représentation quenous avons toujours decelong conflit médiéval, ou,tout aumoins, del’épisode de cefeuilleton quiestresté leplus prégnant danslamémoire collective : l’intervention deJeanne d’Arc.Ne cherchons pasàretrouver lesfaits pour l’instant, nousleferons toutàl’heure.

Contentons-nous aucontraire de pêcher lesquelques souvenirs qu’ilsontlaissés danslaplupart destêtes.

Voyons, quiétait donc cette sicélèbre Pucelle  ? Ah oui ! Unehéroïque petitebergère lorrainequiasauvé notrepauvre paysen« boutant lesAnglais » hors delaFrance qu’ils« occupaient » eten poussant « notreroi »,Charles VII, àse faire sacrer àReims, avant d’être brûlée àRouen, surordre d’untribunal dirigéparuntraître auservice desoccupants, cethomme aunom prédestiné pourêtrelarisée desclasses primaires : l’évêqueCauchon.

Engros, ilsuffit decoller lechapeau àlarges bords deJean Moulin surlasainte têtedeJeanne, dedéguiser Cauchon enPierre Laval,etd’enfiler desuniformes vert-de-gris surlesarmures dessoldats anglaispourcomprendre cequ’est laguerre deCent Ansdans laplupart des esprits : laSeconde Guerremondiale enversion MoyenÂge. Ne croyez pasque jecherche parlààme moquer del’inculture desmasses.

Biendesgrands historiens fontassaut d’un patriotisme aussiréducteur etaussi anachronique 2  : on nesedéfait passifacilement dessaints préceptes appris danssonjeune âge. Aussi reprenons toutcelaàla base pour tenter unexercice quin’est passifréquent : nepeut-on enfinessayer de relire cettefameuse guerredeCent Ans autrement , c’est-à-dire sansaucun desclichés cocardiers danslesquels on l’enferme ? Prévenonstoutdesuite lesnationalistes sourcilleux,cettemanière deprocéder risquedenous entraîner versdesconclusions quileur causeront devives émotions. N’allons toutefois pastrop vite.

Tâchons d’abordderappeler lesfondements decette histoire delafaçon laplus traditionnelle, c’est-à-direcommeonlaraconte danslaplupart desmanuels, ennelaconsidérant queducôté français eten s’appuyant surlesrègnes successifs desrois Valois, etsur lesbatailles qu’ilslivrèrent.

Celapermet déjà unrécit varié, maispastant : lesmonarques quisesuccèdent sontinégaux.

Ilen est detrès incompétents (comme Philippe VI ouson successeur JeanleBon), d’autres quisont deremarquables hommesd’État(comme. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles