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-- D'accord... fit-elle d'un ton las.

Publié le 06/01/2014

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-- D'accord... fit-elle d'un ton las. Et maintenant ? -- Alex et toi, vous devez rester ici quelque temps. Désolé. Je pense aussi que tu devrais appeler ta mère, t Hazel, et leur donner une vague idée de ce qui se passe. Elles pourront avoir l'oeil, en cas d'événement uspect. -- Tu crois que... fit-elle, l'air alarmée. Je l'interrompis. Je savais ce qu'elle voulait dire. -- Non. Je ne crois pas qu'elles soient en danger. Mais je préfère être sûr que nous prenons toutes les récautions. J'ai déjà demandé au shérif de surveiller le ranch. Discrètement. -- Tu es sûr... Je posai la main sur son bras. -- Elles sont en sécurité, Tess. J'ai fait le nécessaire. Elle prit un air morose. -- D'accord. Je... je les appellerai demain. Mais... ceux qui sont derrière tout ça... ils pensent que tu l'as, ein ? Je savais ce qui l'inquiétait. -- C'est mon boulot, Tess. Et je ne suis pas né de la dernière pluie. Je lui adressai un sourire sans joie. -- Nous savons ce qu'ils cherchent. Ils le veulent et ils pensent que nous l'avons. Ce qui veut dire que ous avons la main. Et qu'on peut les forcer à faire une connerie et à se montrer. Il fallait que je lui redonne confiance, même si je n'étais pas sûr d'y croire moi-même. Nous ne savions oujours pas à qui nous avions affaire. Je repensai aux paroles de McKinnon. La phrase qui avait tout éclenché. « En comparaison, la meth paraîtra aussi fade que de l'aspirine. » Les mots qui avaient scellé son sort. Et celui de beaucoup d'autres, depuis lors. D'une manière ou d'une autre, il fallait que j'y mette fin. Et je savais que pour y parvenir il fallait les faire sortir de leur trou. En me servant de la seule chose qu'ils oulaient, à ma connaissance. Moi. 48 Hank Corliss gara sa voiture dans le garage à une place attenant à la maison, grimpa les trois petites marches et franchit l'entrée étroite de son foyer, vide et silencieux. Comme chaque soir. Il posa son attaché-case sur le canapé et se rendit à la cuisine d'un pas lourd. Il prit un verre dans un placard. Il le remplit à la machine à glaçons du réfrigérateur puis, lentement, il se servit un scotch en contemplant le résultat d'un regard morne. Le verre à la main, il passa au salon, s'installa sur le canapé et alluma le téléviseur. Il ne changea pas de chaîne. Il ne régla pas le volume. Il regardait simplement les images qui se succédaient à l'écran. Il leva son verre pour en siroter la première gorgée, fit couler le whisky dans sa bouche, sentit l'alcool lui brûler la gorge et laissa le liquide opérer sa magie. Comme chaque soir. Sauf que ce jour-là les choses étaient un peu différentes. Ce soir-là, un mince espoir pénétrait son esprit engourdi. L'espoir que le monstre qui avait anéanti son existence allait peut-être payer enfin pour les horreurs qu'il avait provoquées. Ce n'était pas sûr. Ce n'était même pas probable. Mais c'était possible. Et ça, ça valait quelque chose. Putain, c'était beaucoup plus que tout ce qu'il avait obtenu depuis des années. Ses pensées remontèrent à l'époque - cinq ans plus tôt - où il dirigeait le bureau de la DEA à Mexico. Il y menait une guerre ingagnable contre un ennemi sans pitié et armé jusqu'aux dents, un ennemi omniprésent, capable de corrompre n'importe qui. Non seulement la tâche était dangereuse, mais elle était ingrate. Peu de Mexicains acceptaient sa présence et celle de ses agents dans leur pays, même si les guerres de territoire des cartels faisaient chaque année des milliers de victimes. Ils reprochaient aux Américains la situation dans leur pays, critiquant l'insatiable demande de drogue, au nord de la frontière, qui avait créé le marché, tout en fustigeant la quantité illimitée d'armes bon marché qui inondaient le sud du Rio Grande et faisaient couler le sang mexicain avec une sauvagerie toujours plus grande. « Pauvre Mexique... si loin de Dieu, si près des Etats-Unis ! » raillait, au XIXe siècle, le dictateur Porfirio Diaz. Pour la plupart de ses compatriotes la formule était toujours d'actualité. En dépit de tout cela, malgré les difficultés auxquelles il faisait face sur le terrain, Corliss s'était investi dans sa mission avec la volonté de fer et le dévouement qu'on lui connaissait. A ses yeux, ce poste représentait un honneur absolu, le défi ultime pour quelqu'un qui avait consacré sa vie à la guerre contre la drogue. Il lui offrait la possibilité de combattre l'ennemi sur son terrain, de briser le fléau empoisonné à sa source, avant qu'il n'atteigne le sol américain. De montrer à ces cabrones, à ces lâches, de quel bois il était fait. Dans l'immédiat, ses hommes et lui avaient marqué quelques points. Face à un nombre croissant de têtes oupées trouvées dans des glacières, de charniers, face à une corruption inflationniste qui n'épargnait pas le ommet de l'Etat, les agents de Corliss avaient mené des raids fructueux sur plusieurs labos, brûlé des tonnes de narcotiques et saisi des millions de dollars de bénéfices illégaux. Puis il y avait eu la visite. La visite qui avait tout changé. Corliss essayait de ne pas repenser à cette nuit-là, mais il ne pouvait s'en empêcher. Même s'il l'avait voulu, même s'il avait pu, d'une manière ou d'une autre, forcer son esprit, l'obliger à oublier, son corps aurait veillé à ce que cela ne dure pas. La douleur et les cicatrices laissées par vingt-trois balles ne le permettaient pas. Il ne s'était pas attendu à l'attaque. Personne ne pouvait la prévoir. Pas chez lui. Pas dans une enceinte protégée, pas au domicile privé du chef de la DEA au Mexique. Mais c'était là que c'était arrivé. Et le déluge d'images douloureuses qui ravageait son esprit quand il revivait les événements était si intense, si irréel, qu'il ne savait plus ce qui était réel et ce qu'il imaginait. Les hommes avaient fait irruption au milieu de la nuit et les avaient tirés du sommeil, sa femme Laura et lui. Quatre hommes cagoulés, quatre démons sans âme qui avaient surgi du fond de l'enfer, les avaient sortis du lit et les avaient jetés dans leur salon où il avait dû faire face à sa terreur la plus profonde : Wendy, leur petite fille de neuf ans, le visage déformé par la terreur, entre les griffes de l'un de ces hommes. Celui qui était leur chef. Celui qui ne prenait même pas la peine de porter un masque. Raoul Navarro. L'homme qui ne se laissait jamais photographier, dont l'agence ne possédait que deux ou trois clichés anciens et granuleux. Et il était là, dans le salon de Hank Corliss, à visage découvert. Ce qui ne présageait rien de bon. Le Mexicain avait pris Wendy par le cou, contre lui. De l'autre main, il pressait un couteau, petit et très fin, ur la gorge de la fillette. La taille du couteau n'avait rien de rassurant, la lame lisse et brillante semblait capable d'une redoutable férocité. -- Tu as pris quelque chose qui m'appartient, fit Navarro. Je veux le récupérer. Tout d'abord, l'esprit terrifié de Corliss refusa d'enregistrer le message. Il ne comprenait pas ce que voulait et homme. Il le supplia de laisser partir sa fille, lui promit de lui donner tout ce qu'il exigerait, demanda qu'il lui xplique de quoi il parlait. -- McKinnon, fit Navarro d'un ton glacé. Dans un éclair aveuglant, Corliss comprit enfin. -- Le journal, murmura-t-il. Je l'ai. Il est ici. Il montra un meuble dans un angle du salon, suppliant du regard qu'on le laisse aller le chercher. Navarro hocha la tête. Corliss traversa la pièce, le souffle court, et fouilla nerveusement le tiroir, d'où il ortit le vieux cahier à couverture de cuir usagée. Le journal qu'il avait fait traduire par un analyste de l'agence. Celui dont il n'aurait communiqué le contenu à personne d'autre. Il le montra à son geôlier, comme un trophée. -- Voici, dit-il en se dirigeant vers Navarro d'un pas hésitant, tel un suppliant approchant de son bourreau. aintenant, je t'en supplie... laisse-la partir. Sur un signe de Navarro, un des hommes s'avança et prit le journal, qu'il fourra dans son sac à dos. -- Je t'en supplie... fit Corliss. Navarro eut un sourire ignoble. Un sourire beaucoup plus terrifiant que la grimace la plus horrible. -- Tu me prends pour un baboso ? Corliss ne comprenait pas. -- Ce n'est pas pour ça que je suis venu, ajouta Navarro avec un regard assassin, en resserrant sa prise ur Wendy et en pressant la lame contre la peau de la petite fille. Corliss voyait la veine de Wendy battre contre le fil du couteau. -- Non, je t'en supplie... Je ne sais pas ce que... Il comprit soudain, et il eut envie de vomir. Il comprit ce que Navarro était venu chercher. Ce fut aussi violent qu'une décharge électrique. -- Ecoute-moi, dit-il au Mexicain. Nous ne l'avons pas. Nous n'avons pas pu y accéder... -- Conneries ! Navarro appuya un peu plus sur la lame. -- Je te dis que nous ne l'avons jamais trouvé. L'ordinateur... il fallait un mot de passe, nous n'avons pas pu le forcer. Le disque dur s'est effacé. Je te dis que nous ne l'avons pas. -- Je ne te le demanderai plus. Corliss se creusait la cervelle pour trouver une réponse. -- Je t'en supplie. Tu dois me croire. Si je l'avais, je te le donnerais. Je te donnerais tout ce que tu veux. ais ne... ne lui fais pas de mal. Je t'en supplie. Alors il vit. Navarro plissa les yeux, sa mâchoire se durcit. Il soupira, excédé. Ses doigts serrèrent encore eur prise sur le cou de Wendy. Et sur la lame. -- D'accord... si tu veux jouer à ça... dit Navarro. Corliss s'élança. -- Non ! Il plongea, les bras tendus en avant pour saisir sa fille et la mettre en sécurité. Les hommes de Navarro ondirent sur lui tandis que le Mexicain, surpris, faisait un bond en arrière... ... et dans ce moment de chaos, cet instant de folie, Corliss vit la lame entailler le cou de Wendy, il vit le ang qui jaillissait, les yeux de la petite s'écarquiller sous l'effet de la peur, il vit sa bouche s'agrandir et entendit on hurlement... Wendy glissa en se tenant le cou, le sang coulant implacablement entre ses doigts, son regard terrifié fixé ur son père... En une fraction de seconde il fut près d'elle, il la serra contre lui, pressa sur la plaie de sa gorge, lui aressa les cheveux en répétant que tout irait bien, qu'elle allait vivre... Sa femme, en sanglots, se trouvait déjà à côté de lui, essayant désespérément de retenir la vie qui 'échappait du corps de sa fille et de lui apporter un peu de réconfort... -- Aidez-nous ! hurla Corliss, le visage noyé de larmes. Aidez-nous, bande de salauds ! Navarro et ses hommes les regardaient, immobiles. Au bout de quelques secondes insoutenables, Wendy erdit connaissance. Puis elle cessa de respirer. Elle gisait là, simplement, dans les bras de Corliss. Morte. Corliss leva les yeux vers Navarro, étouffant de rage, de chagrin et de confusion. -- Pourquoi ? bafouilla-t-il entre deux sanglots. Pourquoi ? Je t'ai dit... Je t'ai dit que nous ne l'avions pas. Il sut tout à coup que Navarro le croyait, enfin. Mais c'était trop tard. Cela n'avait plus d'importance. -- Je t'ai dit que je ne l'avais pas... Pourquoi étais-tu obligé de faire ça ? -- Tu comprendras peut-être, répondit tranquillement Navarro. Dans une autre vie. Quatre mots que Corliss n'oublierait jamais.

« 48 Hank Corliss garasavoiture danslegarage àune place attenant àla maison, grimpalestrois petites marches etfranchit l’entrée étroitedeson foyer, videetsilencieux. Comme chaquesoir. Il posa sonattaché-case surlecanapé etse rendit àla cuisine d’unpaslourd.

Ilprit unverre dansun placard.

Ille remplit àla machine àglaçons duréfrigérateur puis,lentement, ilse servit unscotch en contemplant lerésultat d’unregard morne.

Leverre àla main, ilpassa ausalon, s’installa surlecanapé et alluma letéléviseur.

Ilne changea pasdechaîne.

Ilne régla paslevolume.

Ilregardait simplement lesimages qui sesuccédaient àl’écran.

Illeva sonverre pourensiroter lapremière gorgée,fitcouler lewhisky danssa bouche, sentitl’alcool luibrûler lagorge etlaissa leliquide opérersamagie. Comme chaquesoir. Sauf quecejour-là leschoses étaientunpeu différentes. Ce soir-là, unmince espoir pénétrait sonesprit engourdi. L’espoir quelemonstre quiavait anéanti sonexistence allaitpeut-être payerenfinpourleshorreurs qu’il avait provoquées. Ce n’était passûr.

Cen’était même pasprobable.

Maisc’était possible.

Etça, çavalait quelque chose. Putain, c’étaitbeaucoup plusquetoutcequ’il avait obtenu depuisdesannées. Ses pensées remontèrent àl’époque –cinq ansplus tôt–où ildirigeait lebureau delaDEA àMexico.

Ily menait uneguerre ingagnable contreunennemi sanspitiéetarmé jusqu’aux dents,unennemi omniprésent, capable decorrompre n’importequi.Non seulement latâche étaitdangereuse, maiselleétait ingrate.

Peude Mexicains acceptaient saprésence etcelle deses agents dansleurpays, même siles guerres deterritoire des cartels faisaient chaqueannéedesmilliers devictimes.

Ilsreprochaient auxAméricains lasituation dansleur pays, critiquant l’insatiable demandededrogue, aunord delafrontière, quiavait créélemarché, touten fustigeant laquantité illimitéed’armes bonmarché quiinondaient lesud duRio Grande etfaisaient coulerle sang mexicain avecunesauvagerie toujoursplusgrande. « Pauvre Mexique… siloin deDieu, siprès desEtats-Unis !» raillait, auXIXe siècle, ledictateur Porfirio Diaz.

Pour laplupart deses compatriotes laformule étaittoujours d’actualité. En dépit detout cela, malgré lesdifficultés auxquelles ilfaisait facesurleterrain, Corlisss’étaitinvesti dans sa mission aveclavolonté defer etledévouement qu’onluiconnaissait.

Ases yeux, ceposte représentait un honneur absolu,ledéfi ultime pourquelqu’un quiavait consacré savie àla guerre contreladrogue.

Illui offrait la possibilité decombattre l’ennemisurson terrain, debriser lefléau empoisonné àsa source, avantqu’il n’atteigne lesol américain. De montrer àces cabrones , à ces lâches, dequel boisilétait fait. Dans l’immédiat, seshommes etlui avaient marqué quelques points.Faceàun nombre croissant detêtes coupées trouvées dansdesglacières, decharniers, faceàune corruption inflationniste quin’épargnait pasle sommet del’Etat, lesagents deCorliss avaient menédesraids fructueux surplusieurs labos,brûlédestonnes de narcotiques etsaisi desmillions dedollars debénéfices illégaux. Puis ily avait eulavisite. La visite quiavait toutchangé. Corliss essayait denepas repenser àcette nuit-là, maisilne pouvait s’enempêcher.

Mêmes’ill’avait voulu, même s’ilavait pu,d’une manière oud’une autre, forcersonesprit, l’obliger àoublier, soncorps aurait veillé àce que cela nedure pas. La douleur etles cicatrices laisséesparvingt-trois ballesnelepermettaient pas. Il ne s’était pasattendu àl’attaque.

Personne nepouvait laprévoir.

Paschez lui.Pas dans uneenceinte protégée, pasaudomicile privéduchef delaDEA auMexique.

Maisc’était làque c’était arrivé.

Etledéluge d’images douloureuses quiravageait sonesprit quand ilrevivait lesévénements étaitsiintense, siirréel, qu’ilne savait pluscequi était réeletce qu’il imaginait. Les hommes avaientfaitirruption aumilieu delanuit etles avaient tirésdusommeil, safemme Lauraetlui. Quatre hommes cagoulés, quatredémons sansâmequiavaient surgidufond del’enfer, lesavaient sortisdulit et les avaient jetésdans leursalon oùilavait dûfaire faceàsa terreur laplus profonde :Wendy, leurpetite fille de neuf ans,levisage déformé parlaterreur, entrelesgriffes del’un deces hommes.

Celuiquiétait leurchef. Celui quineprenait mêmepaslapeine deporter unmasque. Raoul Navarro. L’homme quineselaissait jamaisphotographier, dontl’agence nepossédait quedeux outrois clichés anciens etgranuleux.

Etilétait là,dans lesalon deHank Corliss, àvisage découvert. Ce qui neprésageait riendebon. Le Mexicain avaitprisWendy parlecou, contre lui.Del’autre main,ilpressait uncouteau, petitettrès fin, sur lagorge delafillette.

Lataille ducouteau n’avaitrienderassurant, lalame lisseetbrillante semblait capable d’une redoutable férocité. — Tu aspris quelque chosequim’appartient, fitNavarro.

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