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Définition: ADVERSAIRE, substantif et adjectif.

Publié le 06/10/2015

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Définition: ADVERSAIRE, substantif et adjectif. I.- Emploi comme substantif. Personne du parti opposé sur laquelle on veut remporter l'avantage. A.- [Dans un combat, un duel, une compétition sportive, un jeu] : Ø 1. Vous vous battez au pistolet, à vingt-cinq pas, marchant à volonté l'un sur l'autre, jusqu'à une distance de quinze pas. Vous avez chacun cinq pas à faire et trois coups à tirer, pas davantage. Quoi qu'il arrive, vous vous engagez à en rester là l'un et l'autre. Nous chargeons les pistolets de votre adversaire et ses témoins chargent les vôtres. HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 524. Ø 2. Mon compagnon n'est plus un « sale gosse » avec lequel il est insoutenable de penser qu'on puisse rivaliser en quoi que ce soit. Le voici l'homme, l'égal, enfin l' adversaire. Il a quinze ans, j'en ai vingt-quatre, et plus rien ne m'occupe que le désir et la volonté de prouver que je suis plus fort que lui. HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 266. Ø 3.... les dieux ont créé autour d'eux tant d'entraîneurs vivants ou non vivants! Quand ce ne serait que l'orage! Quand ce ne serait que les bêtes! Aussi longtemps qu'il y aura des loups, des éléphants, des onces, l'homme aura mieux que l'homme comme émule et comme adversaire. JEAN GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, I, 6, page 60. Ø 4. Songez qu'ici comme en toute chose, la meilleure façon de vaincre votre timidité naturelle c'est d'intimider l' adversaire ou, si vous préférez, le partenaire. Voilà, je suis assis dans mon fauteuil de bureau et j'attends votre attaque. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, pages 42-43. Ø 5.... ce boxeur qui s'entraîne en portant des coups à son ombre sur le mur, qui redouble de vitesse tout en s'étudiant de près et qui corrige méthodiquement sa technique, ses réactions, ses réflexes, ses reparties, son doublé fulgurant, renouvelle la science de son coup de poing, mais qui sait aussi encaisser car il y a des jours où il se livre à un furieux adversaire, pas à son ombre, mais à son semblable, pas sur le ring, mais en pleine aventure et loin de tout spectateur, et il s'en revient battu, rossé. BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 186. Remarque  : Syntagmes fréquents : coups de l'adversaire (F. FOCH, Mémoires, tome 1, 1929, page 124), épée de l'- (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, 1836, page 150), jeu de l'- (J. GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, I, 8, page 74), loyauté de l'- (FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 436), désarmer l'- (ANDRÉ GIDE, Journal, 1939, page 1290), écraser l'- (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 412), vaincre l'- (ALAIN, Propos, 1929, page 891), avoir un - à sa taille (J. GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, page 148), être à la merci de son - (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 91). - Par analogie, rare . [En parlant du personnage qui représente le parti opposé à Dieu dans le combat spirituel] L'adversaire. Le diable : Ø 6. Dans la Perse, (...) ce fut le serpent qui, sous le nom d'Ahrimanes, forma la base du système de Zoroastre; et c'est lui, ô chrétiens et juifs! qui est devenu votre serpent d'Ève (la vierge céleste) et celui de la croix, dans les deux cas, emblème de Satan, l' ennemi, le grand adversaire de l'ancien des jours, chanté par Daniel. CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 257. Ø 7.... pour vous, qui me faites l'honneur de discuter avec moi, je suis un adversaire; appelez moi donc l' adversaire : voilà l'étiquette demandée. Moi. Cela ne se dit-il pas Satan, en hébreu? Lui. L'hébreu est une langue morte, soyons de notre temps; vous voyez bien que je n'ai pas le pied fourchu. LOUIS MÉNARD, Rêveries d'un païen mystique, 1876, page 40. · Syntagmes rencontrés : le vieil adversaire (Julien Green, Journal, 1939, page 178); le grand adversaire (Julien Green, Journal, 1939, page 234 ). B.- [Dans un procès] : Ø 8. Walstein était fort heureux, il venait de s'accrocher à une des choses sérieuses de la vie. Il avait un procès, on lui envoyait des assignations comme au premier venu. Il ne sortait plus sans un portefeuille plein de papiers timbrés, il en étalait dans son salon, il disait mon procès, mes adversaires, mes juges, mon avocat. ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 227. C.- [Dans une confrontation d'idées ou d'opinions] : Ø 9. Quel ordre social ils nous proposent, ces partisans du despotisme et de l'intolérance, ces ennemis des lumières, ces adversaires de l'humanité, quand elle porte le nom de peuple et de nation? GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 1, 1817, page 447. Ø 10. Il [le docteur] avait une contenance vulgaire, et pourtant une physionomie extraordinaire et frappante. Quand le docteur croyait avoir convaincu son adversaire, et dès qu'il parlait à quelqu'un, il avait un adversaire à convaincre et un partisan à gagner, ses sourcils se relevaient d'une façon démesurée et ses petits yeux gris ouverts comme ceux d'une hyène, semblaient prêts à lui sortir de la tête. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 163. Ø 11. Entre l'enthousiasme de 1820 et le positivisme de 1860, l'expérience interposée a mis l'homme en défiance et en défense; d' amant, il est devenu parfois ennemi, souvent adversaire, plus souvent spectateur et tout au plus ami. Ami après escarmouche et sous toutes réserves. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge . 1867, page 230. Ø 12. Quand donc ils combattaient, quand ils évinçaient sournoisement Brunetière, ils n'avaient pas même cette excuse de combattre et d'évincer sournoisement un adversaire et un ennemi. Ni un ennemi de leurs idées, ni un ennemi de leurs personnes. Ils combattaient leur propre père, et leur propre auteur, et l'homme de leur bord qui avait plus de talent qu'eux. CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1182. Remarque : 1. Syntagmes fréquents : adversaire déclaré (ÉMILE ZOLA, Pot Bouille, 1882, page 219), adversaire politique (Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, 1896, page 238), - redoutable (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 165), irréductible - (J. GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, page 62), ardents adversaires (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 369), - de l'ordre établi (IDEM, Drames philosophiques, Caliban, 1878, V, 1, page 431) : 2. Adversaire, ennemi désignent des personnes de partis différents et d'intérêts opposés entrées en compétition ou en conflit; les ennemis sont opposés sur le plan des personnes et cherchent à se faire du tort, les adversaires, opposés sur le plan des intérêts et des actions, ne visent qu'à remporter l'avantage. 3. Adversaire se dit aussi au féminin en parlant d'une femme avec valeur ironique : ma belle adversaire (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, page 60). II.- Emploi de valeur adjectivale, rare : Ø 13. Tout est adversaire, tout est ennemi aux personnages de Racine, ils sont tous ennemis les uns des autres et ils ne parlent jamais que pour mettre l' adversaire dans son tort et ainsi justifier d'avance ensemble, en dedans, les cruautés qu'ils exerceront sur lui, comme lui-même a déjà justifié les cruautés qu'il exercera sur eux. CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, page 775. Ø 14. En avant des maisons éventrées, Ramos passa devant une vingtaine de corps allongés, parallèles et confus, tous semblables devant les décombres. Il arrêta l'auto, siffla pour appeler une ambulance. Anarchistes, communistes, socialistes, républicains, comme l'inépuisable grondement de ces avions mêlait bien ces sangs qui s'étaient crus adversaires, au fond fraternel de la mort... ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 723. Remarque  : Il s'agit en fait de l'emploi normal, en position d'attribut, d'un substantif sans article avec valeur qualificative; de tels emplois sont particulièrement usuels pour des substantifs à contenu affectif : ( ami, ennemi, frère, etc.) ou classificateur ( fonctionnaire, administrateur, juge, professeur, écrivain, poète, sculpteur, etc.). La fréquence de chaque mot dans cet emploi est fonction de l'usage.   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 761. Fréquence relative littéraire : XIX e. siècle : a) 3 159, b) 3 461; XXe. siècle : a) 3 357, b) 5 173.

« GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 1, 1817, page 447.  10.

Il [le docteur] avait une contenance vulgaire, et pourtant une physionomie extraordinaire et frappante.

Quand le docteur croyait avoir convaincu son adversaire, et dès qu'il parlait à quelqu'un, il avait un adversaire à convaincre et un partisan à gagner, ses sourcils se relevaient d'une façon démesurée et ses petits yeux gris ouverts comme ceux d'une hyène, semblaient prêts à lui sortir de la tête. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 163.  11.

Entre l'enthousiasme de 1820 et le positivisme de 1860, l'expérience interposée a mis l'homme en défiance et en défense; d' amant, il est devenu parfois ennemi, souvent adversaire, plus souvent spectateur et tout au plus ami. Ami après escarmouche et sous toutes réserves. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge . 1867, page 230.. »

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