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Définition: AFFABULER, verbe.

Publié le 07/10/2015

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Définition: AFFABULER, verbe. A.- Emploi transitif. Organiser en épisodes continus le thème d'une oeuvre d'imagination. Affabuler une intrigue : Ø 1. Les modèles que la société me fournit, si je connais bien leurs ressorts, je peux les faire agir à mon gré; ou du moins je peux proposer à leur indécision tels problèmes qu'ils résoudront à leur manière, de sorte que leur réaction m'instruira. C'est en romancier que me tourmente le besoin d'intervenir, d'opérer sur leur destinée. Si j'avais plus d'imagination, j'affabulerais des intrigues; je les provoque, observe les acteurs, puis travaille sous leur dictée. ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1022. Ø 2. Tant de mots sont-ils nécessaires? Et la contention de l'esprit, l'effort d'affabuler une intrigue, pour tendre devant le lecteur cette broderie bariolée qui, pour un temps, devant lui s'interpose et voile la réalité. ANDRÉ GIDE, Journal, 1928, page 901. - Affabuler une théorie. La présenter sous la forme d'une fable : Ø 3.... ses théories [de Descartes] étaient discutées dans les salons, le cher La Fontaine les affabulait... LÉON DAUDET, Les Universaux, 1935, page 198. B.- Emploi intransitif . PSYCHIATRIE. " Arranger la réalité à sa manière. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) (Confer affabulation, remarque 1).   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2.     AFFABULATION, substantif féminin. A.- Rare, vieux. Morale énoncée au début ou plus généralement à la fin d'une fable, d'un apologue : Ø 1. L' affabulation n'est pas toujours liée au récit. LA SERRE (BESCHERELLE 1845 ). Ø 2. L' affabulation est quelquefois sous-entendue. Le dictionnaire universel (ÉMILE LA CHÂTRE) tome 1 1865. Ø 3. Dans Ésope, l' affabulation est toujours à la fin de la fable; dans La Fontaine, elle se trouve quelquefois au commencement. Larousse du 19 e . siècle. Remarque  : Sens attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932. Dictionnaire de l'Académie Française 1878 ajoute : " On emploie plus souvent dans ce sens moralité ou morale " ( confer étymologie). - Par extension. Moralité tirée d'un événement symbolique : Ø 4. «...Sire, demanda maître Ogier au roi qui regardait par la petite fenêtre de son oratoire le vieux Paris égayé d'un rayon de soleil, oyez-vous point s'ébattre, dans la cour de votre Louvre, ces passereaux gourmands emmi cette vigne rameuse feuillue? - Oui-dà! répondit le roi, c'est un ramage bien divertissant - Cette vigne est en votre courtil; cependant point n'aurez-vous le profit de la cueillette, répliqua maître Ogier avec un bénin sourire; passereaux sont d'effrontés larrons, et tant leur plaît la picorée qu'ils seront toujours picoreurs. Ils vendangeront pour vous votre vigne. - Oh! nenni, mon compère! je les chasserai! » s'écria le roi. Il approcha de ses lèvres le sifflet d'ivoire qui pendait à un anneau de sa chaîne d'or, et en tira des sons si aigus et si perçants que les passereaux s'envolèrent dans les combles du palais. « Sire, dit alors maître Ogier, permettez que je déduise de ceci une affabulation . Ces passereaux sont vos nobles, cette vigne est le peuple. Les uns banquètent aux dépens de l'autre. Sire, qui gruge le vilain gruge le seigneur. Assez de déprédations! un coup de sifflet, et vendangez vous-même votre vigne. » LOUIS BERTRAND, DIT ALOYSIUS BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, pages 143-144. Remarque  : Passage légèrement archaïsant ( oyez-vous point, emmi, courtil, etc.). B.- RHÉTORIQUE. Organisation méthodique d'un sujet en " fable ", c'est-à-dire en intrigue d'une pièce de théâtre, en trame d'un récit imaginaire : Ø 5. La pièce commença et fut attentivement écoutée. Derrière les acteurs, car le fond de la scène n'était pas éclairé, se projetaient de grandes ombres bizarres qui semblaient jouer la pièce en parodie, et contrefaire tous leurs mouvements avec des allures disloquées et fantasques; mais ce détail grotesque ne fut pas remarqué par ces spectateurs naïfs, tout occupés de l' affabulation de la comédie et du jeu des personnages, lesquels ils tenaient pour véritables. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, pages 178-179. Ø 6. L'histoire supplanta chez lui le roman dont l' affabulation, ficelée dans des chapitres, empaquetée à la grosse, forcément banale et convenue, le blessait. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 30. Ø 7. Il me reste à apprendre en quoi cette feuille, cet insecte est essentiellement différent, et par là en quoi il est nécessaire, ce qu'il fait là, sa position dans l'ensemble, son rôle dans l' affabulation de la pièce. PAUL CLAUDEL, Art poétique, 1907, page 144. Ø 8. Alors M. Gueroult commença d'entreprendre mon éducation. Il me faisait mettre au piano, et à chaque morceau qu'il m'enseignait, il inventait une sorte d' affabulation continue, qui le doublât, l'expliquât, l'animât : tout devenait dialogue ou récit. ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 398. Ø 9. Je travaille peu en ce moment, sauf à des odes qui me donnent beaucoup de mal, car je m'attaque pour la première fois à la parole dure et au mouvement pur de la pensée sans aucun soutien d' affabulation ou de théorie objective. PAUL CLAUDEL, ANDRÉ GIDE, Correspondance, lettre de Paul Claudel à André Gide, 1899-1926, page 79. Ø 10. [Mozart dans allegro du Quintette en sol mineur] (...) renonçant aux moyens ordinaires, ceux de l' affabulation dramatique (...), il invente un chant continu qui va et va vite, qui court, sans presque reprendre haleine. HENRI GHÉON, Promenades avec Mozart, 1932, page 256. Ø 11. Ce théâtre, livré aux penchants de celui qui l'anime, ne présente que leur affabulation et tout groupe humain, comme tout individu, élabore la fable qui répond le mieux à ses désirs; le thème initial et commun, le réel, y prend chaque fois apparence diverse. RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 27. - Au pluriel ?uvres d'imagination organisées en " fable " : Ø 12. Notes très nombreuses et pleines d'éléments d' affabulations futures sur Hakem, sur Salomon, sur la reine de Saba, - « Saba matin, reine du matin », « Candace » - sur les moeurs et la religion des Druses. MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, page 95. - Par extension. Succession des épisodes d'un rêve : Ø 13. La nuit, il eut un rêve. Il rêva à la vieille gouvernante anglaise qu'il avait, petit garçon. De sa vie il n'avait rêvé d'elle. Impossible, d'ailleurs, de retrouver l' affabulation de son rêve. HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1102. Ø 14.... L'angoisse ne devait naître que plus tard, beaucoup plus tard, et s'épanouir petit à petit, et me travailler insidieusement, en secret, m'entraîner dans un monde de rêves insensés, d' affabulations, de raisons déraisonnantes, d'actes gratuits, d'épreuves de force mensongères, de voyages inutiles en risque-tout... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 230. Remarque : 1. Sens à la fois proche et différent de celui de fabulation en psychologie : " présentation d'un récit imaginaire, souvent vraisemblable, comme étant réel, sans intention délibérée de tromper " (Vocabulaire de la psychologie (HENRI PIÉRON), 1963, au mot fabulation); fabulation est parfois remplacé, dans ce sens, par affabulation (confer étymologie). 2. Groupes associatifs plusieurs fois attestés : affabulation (du) rêve (confer exemple 13; Paul Ricoeur, Philosophie de la volonté, 1949, page 366; etc.); inventer (une) affabulation (confer exemple 8; Roger Martin du Gard, Notes sur André Gide, 1951, page 1403).   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 25.

« THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, pages 178-179.  6.

L'histoire supplanta chez lui le roman dont l' affabulation, ficelée dans des chapitres, empaquetée à la grosse, forcément banale et convenue, le blessait. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 30.  7.

Il me reste à apprendre en quoi cette feuille, cet insecte est essentiellement différent, et par là en quoi il est nécessaire, ce qu'il fait là, sa position dans l'ensemble, son rôle dans l' affabulation de la pièce. PAUL CLAUDEL, Art poétique, 1907, page 144.  8.

Alors M.

Gueroult commença d'entreprendre mon éducation.

Il me faisait mettre au piano, et à chaque morceau qu'il m'enseignait, il inventait une sorte d' affabulation continue, qui le doublât, l'expliquât, l'animât : tout devenait dialogue ou récit. ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 398.  9.

Je travaille peu en ce moment, sauf à des odes qui me donnent beaucoup de mal, car je m'attaque pour la première fois à la parole dure et au mouvement pur de la pensée sans aucun soutien d' affabulation ou de théorie objective. PAUL CLAUDEL, ANDRÉ GIDE, Correspondance, lettre de Paul Claudel à André Gide, 1899-1926, page 79.  10.

[Mozart dans allegro du Quintette en sol mineur] (...) renonçant aux moyens ordinaires, ceux de l' affabulation dramatique (...), il invente un chant continu qui va et va vite, qui court, sans presque reprendre haleine. HENRI GHÉON, Promenades avec Mozart, 1932, page 256.  11.

Ce théâtre, livré aux penchants de celui qui l'anime, ne présente que leur affabulation et tout groupe humain, comme tout individu, élabore la fable qui répond le mieux à ses désirs; le thème initial et commun, le réel, y prend chaque fois apparence diverse. RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 27. — Au pluriel Œuvres d'imagination organisées en " fable " :  12.

Notes très nombreuses et pleines d'éléments d' affabulations futures sur Hakem, sur Salomon, sur la reine de Saba, — « Saba matin, reine du matin », « Candace » — sur les moeurs et la religion des Druses. MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, page 95. — Par extension. Succession des épisodes d'un rêve :  13.

La nuit, il eut un rêve.

Il rêva à la vieille gouvernante anglaise qu'il avait, petit garçon.

De sa vie il n'avait rêvé d'elle.

Impossible, d'ailleurs, de retrouver l' affabulation de son rêve. HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1102.  14....

L'angoisse ne devait naître que plus tard, beaucoup plus tard, et s'épanouir petit à petit, et me travailler insidieusement, en secret, m'entraîner dans un monde de rêves insensés, d' affabulations, de raisons déraisonnantes, d'actes gratuits, d'épreuves de force mensongères, de voyages inutiles en risque-tout... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 230. Remarque : 1.

Sens à la fois proche et différent de celui de fabulation en psychologie : " présentation d'un récit imaginaire, souvent vraisemblable, comme étant réel, sans intention délibérée de tromper " (Vocabulaire de la psychologie (HENRI PIÉRON), 1963, au mot fabulation); fabulation est parfois remplacé, dans ce sens, paraffabulation (confer étymologie).

2.

Groupes associatifs plusieurs fois attestés : affabulation (du) rêve (confer exemple 13; Paul Ricoeur, Philosophie de la volonté,1949, page 366; etc.); inventer (une) affabulation (confer exemple 8; Roger Martin du Gard, Notes sur André Gide, 1951, page 1403). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 25.. »

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