Définition: BREF1, BRÈVE, adjectif, substantif et adverbe. I.— Emploi adjectival. Qui est court. A.— [Dans l'espace] Qui a peu de longueur, peu d'étendue. 1. [En parlant du corps] a) Vieux. Qui est de petite taille. Un ancien maître de postes nommé Huguet, mince, bref, bancal, mal peigné (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 180 ). Remarque : Pépin le Bref, père de Charlemagne ainsi surnommé à cause de sa petite taille. b) [En parlant des parties du corps] Qui est court : Ø 1. Songeons que Napoléon était petit, qu'il n'échappait pas au tourment des hommes petits, c'est-à-dire le souci de sa brève stature et de ses attitudes... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 41. 2. [En parlant des choses] Qui a peu de longueur, peu d'étendue. Un bref tronçon de rue Vandamme, enclavé par erreur dans le quartier de la Gaîté (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, page 93 ). SYNTAXE : Bref coup d'oeil, bref regard, bref sourire; nez bref; brève stature. B.— [Dans le temps] Usuel. Qui est de courte durée ou se situe au bout d'un court espace de temps. Bref instant, bref silence; à bref délai : Ø 2. Mais elle [Camille] ne pouvait pas comprendre que l'humeur sensuelle de l'homme est une saison brève, dont le retour incertain n'est jamais un recommencement. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Chatte, 1933, page 136. — Spécialement. GRAMMAIRE et PROSODIE. Voyelle brève, syllabe brève. Voyelle, syllabe qu'on prononce rapidement : Ø 3. L'allemand est la seule langue moderne qui ait des syllabes longues et brèves comme le grec et le latin; (...); elle [la durée musicale des sons] est bien plus favorable à la poésie que l'accent, parce qu'elle n'a point d'objet positif et qu'elle donne seulement un plaisir noble et vague comme toutes les jouissances sans but. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 105. C.— Par extension. 1. [En parlant du style] Qui occupe peu de temps ou d'espace, parce que exprimé en peu de mots, concis (Confer Roger Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littéraires, 1955, page XLVI) : Ø 4. Ceci est bref, concis; c'est le style impérial, ennemi des longueurs et des explications. PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du "Censeur", 1819-20, page 15. 2. [En parlant du ton, de la voix] Qui est senti comme sec, tranchant Voix brève. Ton bref, presque rude (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1064 ). · Avoir le ton bref, le parler bref. Manière de parler rapide et décidée. ... dit-elle [Mathilde] avec cette voix vive, brève, et qui n'a rien de féminin, qu'emploient les jeunes femmes de la haute classe (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 281 ). SYNTAXE : Mots brefs, ordres brefs; paroles brèves, phrases brèves. II.— Emploi comme substantif féminin. A.— GRAMMAIRE, PHONÉTIQUE. Par ellipse de syllabe brève, voyelle brève (confer supra I B spécialement) : Ø 5. (... il semble qu'il n'y ait pas de province qui n'ait son « midi », et combien ne rencontre-t-on pas de Savoyards et de Bretons chez qui l'on trouve toutes les douces transpositions de longues et de brèves qui caractérisent les méridionaux!). MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 18. — Par métaphore : Ø 6. Oui, les pleins et les vides sont les longues et les brèves de cette prosodie muette qu'on appelle l'architecture. CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 97. — Locution. Observer les longues et les brèves. Être précis et cérémonieux dans tout ce qu'on fait. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe et du XXe. siècle. · Il en sait les longues et les brèves. C'est un homme habile, intelligent, qui connaît tous les détails de cette affaire. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle ainsi que dans le Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965. B.— MUSIQUE. Ancienne figure de note correspondant à une unité de mesure et utilisée notamment en plainchant Synonyme : carrée : Ø 7.... les principales figures de notes [dans la notation musicale, vers le XIe. siècle] : double longue, longue, brève, semi-brève, valaient chacune deux notes de la figure suivante, et quelquefois trois, comme dans nos triolets. ALBERT LAVIGNAC, La Musique et les musiciens, 1895, page 458. Remarque : 1. Également Michel Brenet, Dictionnaire pratique et historique de la musique, 1926, page 298. 2. On rencontre dans la documentation un néologisme brévissime, adjectif (calqué sur le superlatif latin brevissimus). Qui est très bref. L'instant brévissime de la fraction du pain (Vladimir Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 126). III.— Emplois invariables. A.— Emploi comme interjection. Enfin, pour le dire en peu de mots! : Ø 8. Aujourd'hui ton père tombe chez moi comme une bombe, et me menace du gendarme; bref, un scandale des mille diables. Demain, j'aurais tout le canton sur les bras. GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 79. B.— Emploi comme adverbe. En peu de mots : Parler bref (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER) ); Confer également Camus, La Peste, 1947, page 1418) : Ø 9. Monsieur le magister (...) je vous le dis bref et bien : si la douce jeune fille ne repose pas ce soir dans mes bras, à minuit nous nous séparons. GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust, 1840, page 110. — Locution adverbiale. En bref. En résumé : Ø 10. Les membres de l'espèce, oublieux de l'élémentaire, se livrent à de vastes et minutieux préparatifs pour s'entretuer. Ni l'évidence logique, ni l'évidence pratique ne paraissent les convertir à une économie fondamentale jugée aux résultats, largement indépendante des types spéciaux d'organisation, sainement méfiante des orthodoxies fallacieuses. Tel est, en bref, le bilan de l'économie moderne... FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 352. Remarque : En bref employé seul étant senti comme un néologisme, on rencontre aussi des locutions verbales du type pour le dire en (très) bref (confer IDEM, ibidem, page 653). STATISTIQUES : Bref. Fréquence absolue littéraire : 3 149. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 435, b) 4 651; XXe. siècle : a) 4 530, b) 7 138 Brève. Fréquence absolue littéraire : 649. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 254, b) 611; XXe. siècle : a) 1 498, b) 1 314.
