Devoir de Philosophie

Définition du terme: CORNE, substantif féminin.

Publié le 19/11/2015

Extrait du document

Définition du terme: CORNE, substantif féminin. I.— Au singulier et/ou au pluriel. A.— [Attribut de la tête d'êtres vivants] 1. [Concerne des animaux] a) Excroissance dure, pointue et conique, plus ou moins longue et recourbée, qui pousse sur la tête de certains mammifères ruminants (le plus souvent, formation épidermique entourant une protubérance osseuse, le cornillon). Cornes de bélier, de vache, de taureau; un coup de corne; cornes luisantes; cornes dressées comme des baïonnettes; secouer ses cornes; scier les cornes d'un taureau; attacher un boeuf par les cornes. Ses nattes roulées sur les oreilles comme des cornes de mérinos australiens (PAUL MORAND, l'Europe galante, 1925, page 53) : Ø 1. Le fameux Pepillo, très célèbre matador, fut tué à Madrid par un taureau; il fut pris dans le côté par la corne,... EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1832, page 157. · Bêtes à cornes. Boeufs, vaches et chèvres par opposition aux bêtes à laine (moutons, brebis). Argot. Fourchette. — En corne. En forme de corne d'animal : Ø 2. C'était la Jungfrau sortant des nuages sa cime en corne, d'un blanc pur de neige amoncelée. ALPHONSE DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, page 142. · Locution. Avoir le petit doigt en corne. En l'air et replié. — Locution figurée. Prendre le taureau par les cornes. Agir en s'attaquant de front à ce que l'on a à faire, à des difficultés que l'on doit surmonter, etc. Attaquer l'ennemi là où il serait le plus dur, (...) prendre le taureau par les cornes (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 257 ). · Vieux. Pouvoir baiser une chèvre entre les deux cornes. Se dit d'une personne très maigre. Montrer le bout de sa corne. Se laisser entrevoir. Synonyme : montrer le bout du nez. Montrer les cornes. Montrer qu'on a l'intention d'attaquer ou de se défendre. Synonyme : montrer les dents. Rentrer ses cornes. Prendre une position de repli, renoncer à un combat. Armand Dubarnet rentra ses cornes et revint à son roquefort (FRANÇOIS MAURIAC, Galigaï, 1952, page 60 ). Prendre quelqu'un sur ses cornes. Le prendre en grippe. b) Par analogie. Excroissances caduques qui poussent sur la tête des cervidés (cerf, chevreuil, daim, renne, etc.) et sont des formations dermiques; l'extrémité de ces excroissances. Cornes d'antilope. La Nymphe qui chassait le Cerf aux belles cornes (HENRI DE RÉGNIER, Les Jeux rustiques et divins, 1897, page 102) : Ø 3. Mais le petit renne est bien joli, avec ses cornes en jeune velours et ses longs cils de vierge. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, En pays connu, 1949, page 176. Remarque : On parle plus exactement dans ce cas de bois; confer aussi andouiller et ramure. — BOTANIQUE. populaire. Corne de cerf. Plante à feuilles très découpées qui " représentent des petites cornes de cerf " (Flore populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore (EUGÈNE ROLLAND) tome 2 1967, page 126). — Corne du rhinocéros. Excroissance qui pousse à l'extrémité de son nez. Dans la corne du nez du rhinocéros, (...) qui avait usé la sienne jusqu'à la racine (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 245 ). — Éléments saillants sur la tête de divers animaux autres que les mammifères (reptiles, insectes, mollusques, etc.). Les cornes d'une sauterelle, vipère à cornes. Le gros scarabée noir dont la tête est armée d'une corne (JULIEN GREEN, Journal, 1935, page 29 ). Les cornes d'un escargot, d'une limace. Pédoncules rétractiles qui portent les organes de la vision : Ø 4. À l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 89. 2. [Concerne des êtres mythologiques] a) Appendice unique, planté au milieu du front, avec lequel on représentait l'animal imaginaire et symbolique de pureté, appelé licorne ou unicorne; défense du narval, que l'on identifiait à cette corne. b) Excroissance en forme de corne d'animal, que l'on attribue à des divinités, à des êtres chimériques. Les cornes du diable; les cornes des satyres, des chèvre-pieds. Quand on parle d'enfer, Satan montre sa corne (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 298 ). Un « troll » immense (...) muni de cornes et d'une longue queue comme le diable (JULIEN GREEN, Journal, 1938, page 139 ). · Les cornes de Moïse. Représentation des rayons qui, selon la tradition biblique, encadraient sa tête lorsqu'il redescendit du Sinaï. · [Jurons] Par la double corne de Mahom [Mahomet assimilé au diable] ! Par la corne de Belzébuth! Corne du diable! Cornedieu! 3. [Concerne des êtres humains] a) Protubérance analogue au cornillon des animaux, située sur le front. Des cornes luisantes bossellent son front dénudé (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 320 ). Entre autres Anglais extraordinaires, il y a le duc de Buceleugh qui a une corne au milieu du front (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, 1870, page 325 ). b) Attribut symbolique ayant la forme d'une corne d'animal et exprimant la dérision, la honte. — Faire les cornes à quelqu'un. Lui faire un geste de dérision, de moquerie, qui consiste à dresser les deux index au-dessus de la tête pour figurer une paire de cornes. Oh! le méchant! faisons-lui les cornes (JULES RENARD, Journal, 1889, page 36) : Ø 5. Cham, de la main droite, dont un doigt est replié, fait les cornes au dormeur, geste de mépris fort usité encore en Italie. PROSPER MÉRIMÉE, Étude sur les arts au Moyen Âge, 1870, page 202. · Au figuré. Se moquer de quelqu'un. J'ai planté vingt-trois cèdres de Salomon (...) ils font les cornes à leur maître de peu de durée (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 3 ). Ouh, les cornes! Interjection de moquerie, de provocation. — Avoir, porter des cornes (le plus souvent en parlant d'un homme). Être cocu, trompé (confer cornard A). Son homme est mort, le printemps passé, et voilà dix ans qu'elle lui faisait porter des cornes (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mouches, 1943, II, tableau1, 1, page 42 ). Planter des cornes à son mari. Le tromper Madame va rejoindre ses parents (...) par la même occasion elle plantera une corne ou deux à son imbécile de mari (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 1, 1812-76, page 292 ). B.— [Par analogie avec la forme des cornes] Parties, éléments doubles et/ou protubérants, saillants. 1. [Par référence au fait que les cornes vont par paire] Chacune des deux extrémités plus ou moins pointues d'un objet. Les cornes d'un compas; moustaches cirées en cornes; les cornes d'un croissant Les deux cornes du magnifique croissant que la ville de Bordeaux forme sur la Garonne (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Mémoires d'un touriste, tome 3, 1838, page 52 ). · Littéraire. L'astre aux cornes d'argent. La lune : En ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne (JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, page 114 ). — Par métaphore. Élément protubérant simple ou double évoquant la forme d'une corne. La flamme de la lampe gicla en deux fines cornes bleues (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 337 ). La corne d'une montagne bleue entame le soleil déclinant (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 129 ). 2. HABILLEMENT, TISSUS. a) Partie saillante, protubérance (d'une coiffure) qui se dresse sur la tête comme une corne. Chapeau à trois cornes; les cornes d'un bicorne, d'un tricorne; hennin à deux cornes. Casque à cornes (parfois constituées par de véritables cornes d'animaux, symbole de force, de pouvoir) : Ø 6.... les cornes d'orfèvrerie (tantours), hautes de plus d'un pied, que les femmes druses et maronites portent sur la tête... GÉRARD DE NERVAL, Voyage en Orient, tome 2, 1851, page 79. b) Pointe(s) d'une étoffe que l'on noue sur la tête en guise de coiffure. Les cornes d'un foulard, d'une marmotte. Le mouchoir de tête se voyait posé de travers avec des cornes caricaturales (EDMOND DE GONCOURT, La Fille Élisa, 1877, page 255 ). · Faire des cornes à un mouchoir, à un foulard, etc. En nouer les quatre coins pour qu'il tienne sur la tête. c) [En parlant d'objets en tissu] Une corne de coussin, les cornes d'un édredon. La couche était défaite, (...) les oreillers aplatis, les cornes en avant (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Marthe, histoire d'une fille, 1876, page 84 ). Elle s'essuie la main à la corne de son tablier (MAURICE GENEVOIX, LAFRAMBOISE, 1942, page 83 ). — Spécialement. La corne d'une serviette, d'un torchon. Son coin, mouillé et tordu sur lui-même. Tandis que les cornes des serviettes, trempées dans un peu d'eau froide, frottent légèrement les pommettes frileuses (JULES RENARD, Poil de carotte, 1894, page 137 ). Faire une corne à son mouchoir. En nouer un coin pour se rappeler quelque chose. Synonyme : noeud. — Locution vieillie. Étoffe coupée de corne en coin. En diagonale. Par analogie. Bâtiment de corne en coin. Mal orienté. 3. [En parlant d'un terrain] a) La corne d'un bois, d'une pièce de terre. Un des angles (plus ou moins réguliers) qui le délimitent; par métonymie, partie de terre située à l'intérieur de cet angle. La corne d'un boqueteau, d'une pinède. Il y avait dans cette corne de forêt du vent, de la vie et de l'énergie (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 70 ). Bref, voilà le serviteur qui installe le pliant, au bout d'un champ de blé, à la corne d'un taillis, et voilà l'empereur qui s'assied (ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 185) : Ø 7. Chaque langue a ses métaphores particulières (...) Qu'est-ce que la corne d'un bois? Cela est fort intelligible pour un Russe, qui ne comprendrait peut-être pas aussi bien le coin d'un bois. PROSPER MÉRIMÉE, Études de littérature russe, 1870, page 232. b) Pointe avancée d'une terre. Il m'a débarqué de nuit sur une petite corne des Baléares où c'est tout rochers, agaves et trucs qui piquent (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, page 105 ). c) FORTIFICATIONS. Avancée (d'un ouvrage) formée d'un demi-bastion. Ouvrage à cornes. Par extension. Poste avancé : Ø 8. Le capitaine fit ses « cornes », comme il disait, c'est-à-dire qu'il établit trois postes qui détachèrent en avant des sentinelles. GEORGES D'ESPARBÈS, La Grogne, 1905, page 29. 4. ARCHITECTURE. Forme allongée et recourbée des angles (des toits, etc.), dans certaines constructions. Maison à cornes; les cornes d'un pavillon; créneaux à deux cornes. Quant à ses toits [de la pagode] couverts de céramiques dorées, ils ont des cornes à tous les angles, mais des cornes très très longues qui s'inclinent, se redressent, menacent en tous sens (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Un Pèlerin d'Angkor, 1912, page 88) : Ø 9.... l'église de Moissicourt dont le haut clocher à quatre cornes s'aperçoit de loin dans la plaine. ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 6. 5. [En parlant d'un livre, d'un journal, d'une carte de visite, etc.] La corne d'un carton, d'une feuille de papier, d'un livre. Ce volume ancien darde de dessous l'oreiller sa corne amicale (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Gigi, 1944, page 117) : Ø 10. Elle saisit à brassée tous les papiers et les jeta sous le canapé (...) une corne de lettre passait encore, comme le bout de l'oreille d'un petit chat blanc. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Livre de mon ami, 1885, page 91. — Spécialement. Pliure faite à l'un des coins (confer corner1 I A 1). Monsieur a l'habitude de faire des cornes comme cela aux beaux endroits (PROSPER MÉRIMÉE, Les deux héritages, 1853, page 2 ). Les cartes de visite lui montraient leurs innombrables petites cornes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 338 ). 6. Divers domaines spécialement. a) ANATOMIE. Parties d'organes, d'éléments osseux qui constituent des saillies, des prolongements (d'après Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corne frontale, temporale du ventricule latéral du cerveau; corne supérieure du péricarde; corne sensitive, petite corne de l'os hyoïde. · Corne utérine. L'une des deux extrémités des cavités d'un utérus bicorne; l'une des deux extrémités du fond d'un utérus normal. b) ARCHITECTURE. Corne d'abaque. Angle saillant du tailloir des chapiteaux corinthiens. Corne de bélier. Volute ornementée à l'angle d'un chapiteau ionique composé. Corne de vache. Voussure en cône tronqué qui relie deux ouvertures de largeur différente; évidement que l'on pratique parfois sur les arêtes des voûtes. c) BLASON. Toque ducale avec rang de perles surmontant les armes de doges de Venise (Confer Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884). d) MARINE. Espar fixé par un croissant à l'arrière d'un mât, soulevé obliquement par une drisse, et qui sert à enverguer certaines voiles ou à accrocher un pavillon. Corne de brigantine, d'artimon. Un trois-mât, avec un pavillon noir à la corne (BLAISE CENDRARS, L'Homme foudroyé, 1945, page 109 ). C.— Par métonymie. Corne d'animal, considérée par rapport à son intérieur creux et à ses utilisations possibles. 1. [La corne sert de récipient] a) Récipient en forme de corne. Cornes d'argent ciselées; boire du vin dans des cornes de boeuf. De petites cornes d'auroch où mousse la cervoise (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 63 ). De [s] cornes à boire en ivoire avec des anneaux d'argent (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Balthasar, 1889, page 220 ). — Argot. Estomac Se rincer la corne. b) MYTHOLOGIE. Corne d'abondance. Corne de la chèvre Amalthée, nourrice de Zeus (Jupiter), pleine de fruits, de fleurs, etc. symbole d'une prodigalité de biens et de richesses. — Par extension, en Beaux-Arts. Motif graphique ou sculptural d'ornementation qui reproduit cette corne. Cornes d'abondance des chapiteaux corinthiens. — [Par analogie de forme] Cette corne d'abondance que dessine le littoral syrien (PAUL MORAND, La Route des Indes, 1936, page 231 ). — [Par analogie de fonction] Les jeunes auteurs sur qui plane la corne d'abondance du cinéma (LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 93 ). 2. [La corne sert à produire des sons] a) Instrument de signalisation servant à appeler. Corne d'appel; corne du berger; corne à bouquin (synonyme cornet à bouquin); corne du raccommodeur de porcelaine; corne droite, cintrée. Corne de brume. Utilisée sur les bateaux. Tous les hommes poussent des hurlements, soufflent dans des cornes de boeufs (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Heures de Corse, 1905, page 104 ). La corne de bélier retentit (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Un Royaume de Dieu, 1920, page 192 ). b) Vieilli. Avertisseur d'automobile, de bicyclette, etc., constitué à l'origine par un instrument en forme de corne prolongée par une poire en caoutchouc que l'on pressait pour obtenir un son. La corne des autobus. Un sifflet de chemin de fer, la corne du tramway passant sur le grondement continu de Paris (ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste, 1883, page 13 ). Il fallait répondre à l'appel du téléphone, au signal d'une corne d'automobile (JACQUES CHARDONNE, Les Destinées sentimentales III, 1936, page 190 ). c) MUSIQUE. Instrument à vent. Le kéren, ou corne, espèce de trompette recourbée, faite avec la corne de bélier (FÉLIX CLÉMENT, Histoire générale de la musique religieuse, 1860, page 5 ). · Corne de chamois. Un des jeux de l'orgue. II.— Au singulier. A.— 1. Substance, à base de kératine, dont est constituée la corne des animaux. Râpure, rognures, râclure de corne; viande dure comme de la corne. Moi qui suis blonde, mais d'un vilain blond, plus dur, couleur corne (HERVÉ BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, page 84 ). 2. Par extension. Substance élastique et résistante, utilisée de diverses manières, après qu'on l'a débitée, teinte, etc. Mouler de la corne; lunettes à montures de corne; boutons en corne; peigne de corne. Le bois, l'os, la corne et l'ivoire pour la fabrication des dés à jouer (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 206 ). — Spécialement, anciennement. Lame mince et translucide de cette substance, servant de vitre; châssis garni de corne. Vitres de corne. Une lanterne de corne qui faisait tout voir trouble et donnait plus de nuit que de jour (VICTOR HUGO, Quatre-vingt treize, 1874, page 230 ). — Expression littéraire. La porte de corne et la porte d'ivoire. La faculté que nous avons de rêver pendant le sommeil. Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du « monde invisible » (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 225) : Ø 11. La porte d'ivoire, par laquelle, selon le poète, s'échappent les songes faux, est toujours plus agréable que la porte de corne qui seule donne passage à la vérité. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 7, 1863-69, page 80. 3. Par métonymie. Une corne. Un chausse-pieds, fait de corne ou, par extension, de matière plastique. B.— Substance de même nature que celle des cornes d'animaux, qui se trouve en particulier sous les pieds des chevaux (confer sabot). Par extension. Durcissement de l'épiderme plantaire. L'odeur de la corne brûlée chez un maréchal-ferrant; sabots à la corne usée. Les chevaux surpris hennissaient et frappaient le bois de leur corne sonore (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 207 ). Et ses pieds citadins chausseront ici leur semelle de corne naturelle, lentement épaissie sur le silex et les sillons tondus (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 279 ). — MÉDECINE. Corne cutanée. Tumeur épithéliale bénigne. Synonyme : papillome corné. Remarque : 1. Certains dictionnaires attestent le dérivé cornage, substantif masculin a) Zoologie, vieux. Ensemble des cornes ou des bois d'un animal. Synonymes : bois, ramure. b) Féodalité. Droit perçu par le seigneur ou par l'abbé sur la vente des bêtes à cornes (confer Vocabulaire de géographie agraire (PAUL FÉNELON) 1970). Attestation ancienne, dans ce sens : 1130 latin médiéval domaine anglais cornagium " droit sur les bêtes à cornes " (ds Latham); 1248 idem domaine français (Testament de Humbert de Beaujeu dans Du Cange); 1249 cornage (Archives de la Meurthe dans le Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe. au XVe. siècle (Frédéric Godefroy)) — 1555, ibidem 2. Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965 attestent l'adjectif masculin corneux. [En parlant du cuir] Qui présente, par défaut de tannage, des parties sèches et dures comme de la corne (supra II). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 743 (Cornebleu : 2. Corne-diable : 2. Corne-dieu : 2). Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 229, b) 2 802; XXe. siècle : a) 2 014, b) 1 944. Forme dérivée du verbe "corner" corner CORNER1, verbe. I.— [Correspond à corne I B, C] Emploi transitif. [L'objet désigne une matière en papier, carton, etc.] Donner une certaine forme à un objet. A.— [La forme à donner est celle d'un coin (confer corne I B 5)] 1. [L'objet désigne des feuilles, des pages] Faire une corne, un pli à un coin en guise de marque. Corner des pages d'un coup d'ongle; corner un passage intéressant : Ø 1. Pendant l'examen de conscience, la pénitente n'avait besoin ni de plume ni de crayon pour noter ses fautes... Il lui suffisait de corner la petite bande portant mention d'un péché. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Jardin d'Épicure, 1895, page 160. 2. [L'objet désigne un livre, un dossier, un carton, etc.] Mettre des coins à. Des registres verts cornés de cuivre (confer Alphonse Daudet, L'Immortel, 1888, page 90 ). — Spécialement. Corner un carton, une carte, un bristol. Laisser chez quelqu'un une carte de visite dont on a corné un coin, pour signifier que l'on est venu en personne lui rendre visite et qu'on ne l'a pas trouvé. Une carte qu'il a craint même de corner de peur de se compromettre (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1890, page 1246 ). Corner cartes sur cartes chez des gens dits du monde (CLAUDE FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, page 23 ). — Péjoratif. Abîmer les coins d'un livre. Synonyme : d'écorner. Corner la couverture. Remarque : On rencontre un homonyme vieux et régionalisme, correspondant à corne I A, au sens de « donner un coup de corne » (en parlant d'un animal). Cette vache a failli me corner (DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). B.— Arranger en forme de corne (confer corne I C) : Ø 2. La charcutière avait mis une feuille de papier fort sur une balance. Elle prenait le saindoux dans le pot (...) quand la balance tomba, elle enleva le papier, le plia, le corna vivement, du bout des doigts. ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 108. II.— [Correspond à corne I C 2] A.— Emploi intransitif. 1. [Par référence à la corne, instrument d'appel] a) Produire un son en soufflant dans une corne, une trompe ou en utilisant un instrument analogue. Tandis qu'au loin cornait un pâtre solitaire (LÉON DIERX, Poèmes et poésies, 1864, page 14 ). · [En parlant de l'instrument] Pendant que ce cor cornait, que les crécelles craquaient... (JEAN GIONO, Un Roi sans divertissement, 1947, page 122 ). — Par métaphore. La tempête cornait (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Les Manants du roi, 1938, page 163 ). — Par extension. Produire un son analogue à celui d'une corne, d'une trompe. Les hommes du haut pré cornaient dans leurs mains à travers le matin bleu (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 97 ). — Familier. Jouer une musique bruyante (à quelqu'un), avec un instrument à vent : Ø 3. Il paraît que c'est toi qui musiquais?... Manquait plus que ça... Pour une fois, ça passe, mais si tu travaillais le jour, tu penserais moins à nous corner au moment de dormir. C'est pas un bastringue, ici, tu entends? JEAN GIONO, Un de Baumugnes, 1929, page 158. — Spécialement. [En parlant d'un cheval] Faire entendre la respiration sifflante propre au cornage. Lésion qui fait corner le cheval. Quel est le cheval qui corne comme ça? — C'est le mien! il siffle un peu (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Ohé la Grande vie!!! 1891, page 173 ). b) Par métonymie, péjoratif. [En parlant des oreilles] Percevoir un son analogue à celui d'une corne. Avoir les oreilles qui cornent; les oreilles (me, lui, vous...) cornent. — Emplois métaphoriques. · [En parlant d'une personne qui supporte mal des paroles qu'elle entend] : Ø 4. Déjà les oreilles me cornaient aux litanies entonnées de toutes parts en l'honneur d'une sainte femme de la plus grande beauté. PAUL-JEAN TOULET, Comme une fantaisie, 1918, page 280. · [En parlant d'une personne dont on a parlé sans qu'elle soit présente] Les oreilles ont dû vous corner, car nous avons beaucoup parlé de vous (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Madame de Beaulaincourt, 1870, page 152 ). · [En parlant d'une personne qui a cru entendre quelque chose] Il ne vit personne et se dit que les oreilles lui avaient corné (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 65 ). 2. [Par référence à la corne, instrument servant à avertir] Actionner l'avertisseur d'un véhicule. Synonyme plus courant : klaxonner. Corner dans les virages. Le conducteur du car cornait pour rallier ses voyageurs (PAUL BOURGET, Conflits intimes, 1925, page 23 ). Il se mit à corner, d'abord discrètement, puis à klaxonner à grands fracas (PAUL MORAND, L'Homme pressé, 1941, page 93 ). — Par métonymie. [En parlant du véhicule] La petite machine, attelée à son wagon, cornait pour écarter les obstacles (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, En famille, 1881, page 338 ). Les trams à trolley filaient sans corner (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, 1922, page 638 ). B.— Emploi transitif. 1. Appeler quelqu'un à son de trompe, de corne, de cor, etc. — VÉNERIE. Corner les chiens. Les rappeler, les exciter en sonnant de la trompe. 2. Annoncer (quelque chose) à son de trompe. — HISTOIRE. Corner l'eau : Ø 5. Quant au repas, on l'annonçait au son du cor chez les nobles : cela s'appelait corner l'eau, parce qu'on se lavait les mains avant de se mettre à table. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, tome 1, 1836, page 41. 3. Par extension. a) Annoncer, répandre bruyamment. Corner une nouvelle. Corner quelque chose à quelqu'un. Corner quelque chose aux oreilles de quelqu'un. Dire quelque chose à quelqu'un d'une voix forte. Synonyme : claironner. Essayant en vain d'entendre ce qu'on lui cornait aux oreilles (LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 48 ). b) Dire avec insistance, répéter très fort. Comment faut-il te dire cela : en musique? en grec? Il y a deux ans que je te le corne aux oreilles (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Correspondance, tome 1, 1800-42, page 87 ). On m'avait tant corné aux oreilles les respects qu'une mère se devait à elle-même (HONORÉ DE BALZAC, Les Secrets de la Princesse de Cadignan, 1839, page 352 ). Il fallut lui corner et recorner que tout était fini (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 223 ). III. [Correspond à corne II] A.— Emploi intransitif, vieux, populaire. [Par référence à la mauvaise odeur de la corne brûlée (confer Larousse 19e. )] Puer, spécialement en parlant de la viande qui commence à pourrir. Remarque : DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES ARGOTS FRANÇAIS (GASTON ESNAULT) 1966 signale des dérivés argotiques cornancher, cornanchouiller, dans ce sens. B.— Emploi pronominal à sens passif. Devenir dur et sec, comme de la corne. Pustules qui se cornent au bout de huit jours. Remarque : On rencontre dans la documentation cornant, participe présent et adjectif a) Participe présent de corner. b) Emploi adjectival [En parlant d'un véhicule automobile] Qui corne* (II A 2). Elle [la voiture] s'est bientôt perdue parmi les autres, absorbée par celles qui la suivent, suintantes, trépidantes, cornantes (Paul Vialar, Le Bal des sauvages, 1946, page 137). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 70.

« ? Locution figur?e.

Prendre le taureau par les cornes.

Agir en s'attaquant de front ? ce que l'on a ? faire, ? des difficult?s que l'on doit surmonter, etc.

Attaquer l'ennemi l? o? il serait le plus dur, (...) prendre le taureau par les cornes (CHARLES DE GAULLE, M?moires de guerre, 1956, page 257 ).

? Vieux.

Pouvoir baiser une ch?vre entre les deux cornes.

Se dit d'une personne tr?s maigre.

Montrer le bout de sa corne.

Se laisser entrevoir.

Synonyme?: montrer le bout du nez.

Montrer les cornes.

Montrer qu'on a l'intention d'attaquer ou de se d?fendre.

Synonyme?: montrer les dents.

Rentrer ses cornes.

Prendre une position de repli, renoncer ? un combat.

Armand Dubarnet rentra ses cornes et revint ? son roquefort (FRAN?OIS MAURIAC, Galiga?, 1952, page 60 ).

Prendre quelqu'un sur ses cornes.

Le prendre en grippe.

b) Par analogie.

Excroissances caduques qui poussent sur la t?te des cervid?s (cerf, chevreuil, daim, renne, etc.) et sont des formations dermiques; l'extr?mit? de ces excroissances.

Cornes d'antilope.

La Nymphe qui chassait le Cerf aux belles cornes (HENRI DE R?GNIER, Les Jeux rustiques et divins, 1897, page 102) : ? 3.

Mais le petit renne est bien joli, avec ses cornes en jeune velours et ses longs cils de vierge. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, En pays connu, 1949, page 176.

Remarque?: On parle plus exactement dans ce cas de bois; confer aussi andouiller et ramure.

? BOTANIQUE.

populaire.

Corne de cerf.

Plante ? feuilles tr?s d?coup?es qui " repr?sentent des petites cornes de cerf " (Flore populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore (EUG?NE ROLLAND) tome 2 1967, page 126).

? Corne du rhinoc?ros.

Excroissance qui pousse ? l'extr?mit? de son nez.

Dans la corne du nez du rhinoc?ros, (...) qui avait us? la sienne jusqu'? la racine (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 245 ).

? ?l?ments saillants sur la t?te de divers animaux autres que les mammif?res (reptiles, insectes, mollusques, etc.).

Les cornes d'une sauterelle, vip?re ? cornes.

Le gros scarab?e noir dont la t?te est arm?e d'une corne (JULIEN GREEN, Journal, 1935, page 29 ).

Les cornes d'un escargot, d'une limace.

P?doncules r?tractiles qui portent les organes de la vision?: ? 4.

? l'enterrement d'une feuille morte. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles