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Définition du terme: CORVÉE, substantif féminin.

Publié le 27/11/2015

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Définition du terme: CORVÉE, substantif féminin. I.— Travail imposé et non rémunéré. A.— DROIT ANCIEN. Journées de travail collectives gratuites (d'hommes et de bêtes de somme) dues au seigneur (jusqu'en 1789) par les serfs, les roturiers, pour assurer l'entretien et l'exploitation de ses biens et domaines. Corvée seigneuriale; abolition de la corvée; être astreint à la corvée : Ø 1. Un jour, il y a soixante-trois ans de cela, le peuple français (...) écrasé de gabelles, d'aides, (...) de redevances, de dîmes, de péages, de corvées, de banqueroutes (...) se mit en tête de demander des comptes à la monarchie... VICTOR HUGO, Napoléon le Petit, 1852, page 37. SYNTAXE : Grande corvée; corvée extraordinaire, ordinaire, royale; corvées, cens et redevances en nature; transformation de la corvée en une prestation, en une taxe générale, locale, vicinale; être assujetti à la corvée; servir en corvée. · Corvée réelle. Liée au fonds. Corvée personnelle. Liée au lieu de résidence. Corvée à merci. Laissée à la discrétion du seigneur. B.— Moderne. 1. ADMINISTRATION. Travail réglementaire imposé à une collectivité militaire. a) ARMÉE. Tâches assignées à tour de rôle aux militaires d'une unité pour les besoins (d'entretien, de ravitaillement) du camp. Tenue de corvée. Corvée d'eau (PAUL CLAUDEL, La Nuit de Noël, 1915, II, page 567 ). Hommes de corvée (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 30) : Ø 2. [Dans le stalag] . La besogne la plus redoutée était pourtant la corvée de bois, parce qu'elle durait toute la journée et que les conditions où elle s'accomplissait la rendaient extrêmement pénible. FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 88. SYNTAXE : Charrettes de corvée; corvée de vivres, d'eau, de bois, de pluche (d'épluchage) ou de patates, de chiottes. · Corvée de quartier (très usuel). Balayage, nettoyage des cours, cuisines et autres lieux (d'après Léon Merlin, La Langue verte du troupier, 1886, page 24). · Locution figuré, argot militaire. Tête à corvées. " Imbécile, tête d'idiot " (Rigaud, Dictionnaire de l'argot moderne, 1881, page 363). — Par métonymie. Les hommes qui assurent la corvée. La corvée de soupe; camarades de corvée; commander, diriger une corvée; une corvée de 80 hommes est détachée. Sous les platanes du quai de Strasbourg, passait une corvée dont le pas lourd retentissait sur les pavés (FRANCIS CARCO, Les Innocents, 1916, page 238 ). b) MARINE. Service à bord ou hors du bord imposé à une partie de l'équipage (commandée par un officier ou aspirant de corvée). La corvée d'équipage. 2. Par analogie. Travail supplémentaire imposé à un individu (généralement travail manuel). La jeune femme, accoutumée à un service abêti de pauvres filles auxquelles on coupait leur pain, exigeait d'elles des corvées (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 226 ). — Par métaphore : Ø 3. Ainsi, Rigou, tout en demandant de petites primes pour des retards de quelques mois, pressurait ses débiteurs en exigeant d'eux des services manuels, véritables corvées, auxquels ils se prêtaient, croyant ne rien donner parce qu'ils ne sortaient rien de leurs poches. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 254. 3. Travaux réglementaires que se partagent à tour de rôle les membres d'une collectivité municipale (ou une communauté libre) pour les besoins de cette dernière. Corvée quotidienne, d'entretien; échapper à une corvée. Synonymes : besogne, service, tâche, travail.", On distinguait les craquements du treuil où les hommes de corvée pressaient la vendange (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 12 ). Des jeunes filles au teint frais font la corvée d'eau du matin (ALAIN BOMBARD, Naufragé volontaire, Paris, Le Livre de poche, 1967 [1958] , page 144 ). SYNTAXE : Corvée de nettoyage, de ravitaillement; heures de corvée réglementaire; être de corvée, relever quelqu'un de la corvée, couper à une corvée, faire toutes les corvées (confer être taillable et corvéable). II.— Par extension. A.— [L'accent est mis sur la marginalité ou le caractère occasionnel du travail] 1. Régionalisme (Canada). Temps de travail gratuit et collectif fourni volontairement à un voisin pour lui venir en aide (en cas de sinistre, de difficulté). Faire une corvée pour reconstruire une maison, consolider une digue, etc. 2. Populaire, vieux. Petits travaux sur commande que les ouvriers vont faire en ville : Ø 4. Garçon taillandier à l'ordinaire, ce gnome [Godain] travaillait chez le charron tant que l'ouvrage abondait; mais il se louait pour les corvées chèrement rétribuées. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 230. B.— [L'accent est mis sur le caractère pénible du travail] Tâche ingrate et fastidieuse ou pénible (en raison de son manque d'intérêt) à laquelle on ne peut pas se soustraire. Je ne te demande pas de m'écrire, car c'est corvée pour toi (GÉRARD DE NERVAL, Correspondance, 1830-55, page 234 ). Il n'y a d'amusant que le travail qui n'a pas encore été lu à personne. Tout le reste est corvée et métier, chose horrible (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 6, 1812-76, page 311 ). Il faut que je sorte à trois heures! murmura-t-elle. En voilà une corvée! (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1128 ). — En particulier. 1. Travaux du ménage. Corvées domestiques, ménagères, du dimanche. 2. Tâches imposées par les règles de la vie de société ou de la profession. À l'entr'acte, corvée de compliments (ALPHONSE DAUDET, L'Immortel, 1888, page 178) : Ø 5. Mais surtout elle [Berthe] se rattrapait des trois hivers où elle avait couru la boue de Paris en souliers de bal, à la conquête d'un mari : (...) corvées de sourires et de grâces pudiques, auprès des jeunes gens imbéciles... ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 239. SYNTAXE : a) Corvée abominable, accablante, affreuse, désagréable, ennuyeuse, fastidieuse, ignoble, insupportable, lourde, monotone, mortelle, pénible; corvée diplomatique, mondaine, officielle; corvée familiale; corvée conjugale, sexuelle. b) Corvée du mois; corvée d'obligation, de politesse, de reconnaissance; corvée d'une séance publique, d'une visite obligatoire. c) Imposer, infliger une corvée à quelqu'un; délivrer quelqu'un d'une corvée, le soustraire à une corvée; couper à une corvée. — Populaire. S'appuyer une corvée. Faire quelque chose de désagréable. S'allonger une corvée. Faire quelque chose contre son gré. — Familier, vieux. En être pour sa corvée ou faire corvée (composé : faire buisson creux). Faire une démarche désagréable sans résultat : Ø 6. — Eh! bien, lui demanda-t-il [mon père à ma mère] , as-tu encore fait corvée aujourd'hui? — Dieu merci, non; ils ont tous acquitté la redevance... HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 1, 1850, page 303. — Argot. Travail professionnel des prostituées. · Locution. Corvée de viande. Rapports sexuels : Aller à la corvée. " Raccrocher les hommes " (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé corvéieur [variante corvoyeur (Mirabeau), corvéïeur (Nouveau Larousse illustré), corvoyeur (Larousse du XXe. siècle en six volumes Grand Larousse encyclopédique en dix volumes)] , substantif masculin vieux. Celui qui travaille à la corvée. Attesté dans le Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892, Larousse du XXe. siècle en six volumes, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 579. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 333, b) 928; XXe. siècle : a) 1 088, b) 1 025.

« 1882, page 226 ). — Par métaphore : Ø 3.

Ainsi, Rigou, tout en demandant de petites primes pour des retards de quelques mois, pressurait ses débiteurs en exigeant d'eux des services manuels, véritables corvées, auxquels ils se prêtaient, croyant ne rien donner parce qu'ils ne sortaient rien de leurs poches. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 254. 3.

Travaux réglementaires que se partagent à tour de rôle les membres d'une collectivité municipale (ou une communauté libre) pour les besoins de cette dernière.

Corvée quotidienne, d'entretien; échapper à une corvée.

Synonymes : besogne, service, tâche, travail.", On distinguait les craquements du treuil où les hommes de corvée pressaient la vendange (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 12 ).

Des jeunes filles au teint frais font la corvée d'eau du matin (ALAIN BOMBARD, Naufragé volontaire, Paris, Le Livre de poche, 1967 [1958] , page 144 ). SYNTAXE : Corvée de nettoyage, de ravitaillement; heures de corvée réglementaire; être de corvée, relever quelqu'un de la corvée, couper à une corvée, faire toutes les corvées (confer être taillable et corvéable). II.— Par extension. A.— [L'accent est mis sur la marginalité ou le caractère occasionnel du travail] 1.

Régionalisme (Canada).

Temps de travail gratuit et collectif fourni volontairement à un voisin pour lui venir en aide (en cas de sinistre, de difficulté).

Faire une corvée pour reconstruire une maison, consolider une digue, etc. 2.

Populaire, vieux.

Petits travaux sur commande que les ouvriers vont faire en ville : Ø 4.

Garçon taillandier à l'ordinaire, ce gnome [Godain] travaillait chez le charron tant que l'ouvrage abondait; mais il se louait pour les corvées chèrement rétribuées. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 230. B.— [L'accent est mis sur le caractère pénible du travail] Tâche ingrate et fastidieuse ou pénible (en raison de son manque d'intérêt) à laquelle on ne peut pas se soustraire.

Je ne te demande pas de m'écrire, car c'est corvée pour toi (GÉRARD DE NERVAL, Correspondance, 1830-55, page 234 ).

Il n'y a d'amusant que le travail qui n'a pas encore été lu à personne.

Tout le reste est corvée et métier, chose horrible (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 6, 1812-76, page 311 ).

Il faut que je sorte à trois heures! murmura-t-elle.

En voilà une corvée! (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1128 ). — En particulier. 1.

Travaux du ménage.

Corvées domestiques, ménagères, du dimanche. 2.

Tâches imposées par les règles de la vie de société ou de la profession.

À l'entr'acte, corvée de compliments (ALPHONSE DAUDET, L'Immortel, 1888, page 178) : Ø 5.

Mais surtout elle [Berthe] se rattrapait des trois hivers où elle avait couru la boue de Paris en souliers de bal, à la conquête d'un mari : (...) corvées de sourires et de grâces pudiques, auprès des jeunes gens imbéciles... ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 239. 2. »

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