Définition du terme: COTERIE, substantif féminin. A.— FÉODALITÉ. Communauté paysanne chargée de la mise en valeur des terres d'un seigneur. Par métonymie. Terre non noble grevée de redevances au seigneur. Remarque : Attesté par la plupart des dictionnaires généraux, excepté Dictionnaire de l'Académie. B.— Usuel. 1. Société restreinte de personnes entretenant de très étroites relations fondées sur des intérêts communs : Ø 1. Les uns avaient oublié, les autres pouvaient répondre qu'à l'origine de toutes les fermentations humaines, à la naissance de toutes les écoles, et même des plus grandes religions, il y a toujours de très petites coteries, d'imperceptibles groupes longtemps fermés, longtemps impénétrables; bafoués, fiers de l'être, et avares de leurs clartés séparées. Au sein de ces secrètes sociétés, germe et se concentre la vie des très jeunes idées et se passe le temps de leur première fragilité. PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 17. — Emplois particuliers. a) Société d'ouvriers. Ces vingt filles se renouvelant, tous les dix jours, formaient cette population nomade, cette coterie des ouvrières brocheuses, étrange association où l'on vocifère (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 18 ). b) [Toujours au singulier] Appellation familière que les ouvriers du bâtiment utilisent pour s'interpeller, ou désigner un ou plusieurs de leurs camarades. La coterie peintre, la coterie charpentier (DICTIONNAIRE DES TERMES EMPLOYÉS DANS LA CONSTRUCTION (PIERRE CHABAT) 1881). La coterie maçon, la coterie menuisier (DICTIONNAIRE DE L'AMEUBLEMENT ET DE LA DÉCORATION (HENRY HAVARD) 1887) : Ø 2. Mais tout à coup, à leur étonnement extrême, quelqu'un les héla dans la nuit, à mi-voix : — Eh! la coterie! Les deux coeurs ne firent qu'un saut. (...). Ils arrondirent leurs mains en cornet sur leurs bouches, et lancèrent dans la direction un appel retentissant : — Oh hé, la coterie! oh hé!... GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e. partie, 4, page 132. 2. Par extension, péjoratif. Groupement de personnes se soutenant mutuellement, en cherchant par la lutte ou l'intrigue à faire prévaloir leur(s) intérêt(s) commun(s). Coterie littéraire, politique; petite coterie; esprit de coterie. Il n'y a rien d'insupportable comme les cabales et les coteries (EUGÈNE SCRIBE, La Camaraderie, 1837, V, 3, page 329 ). Je te disais qu'il se formait, dans l'ombre, deux sectes, deux coteries (GEORGES DUHAMEL, MAÎTRES, 1937, page 136) : Ø 3. Monsieur, Je vous remercie de m'avoir fait lire Salammbô. C'est un beau, puissant et savant livre. Si l'Institut de France, au lieu d'être une coterie, était la grande institution nationale qu'a voulu faire la Convention, cette année même vous entreriez, portes ouvertes à deux battants, dans l'Académie française et dans l'académie des inscriptions. VICTOR HUGO, Correspondance, 1862, page 430. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 245. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 573, b) 269; XXe. siècle : a) 296, b) 229.