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Définition du terme: CRAINTE, substantif féminin.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CRAINTE, substantif féminin. I.— [Crainte non accompagné d'un déterminant] Sentiment d'inquiétude déterminé par l'idée d'un mal à venir, d'un danger existant ou possible. La crainte gagne, frappe, paralyse, saisit quelqu'un. La crainte est le commencement de la sagesse (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 54) : Ø 1. Lorsque, redoutant la mort, je me plaque contre terre pour éviter les balles, j'attends, je rampe, je cours, je fuis, il faut distinguer parmi ces réactions celles qui sont dues proprement à la crainte, et celles qui, encore qu'elles l'accompagnent nécessairement ou du moins généralement, sont inexplicables à partir de la crainte, et relèvent d'un tout autre principe. Si je considère en effet la crainte comme un véritable sentiment, et non comme une émotion, c'est que je lui attribue la triple vertu de se montrer circonstancielle adaptative et objective. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 104. A.— [Crainte en fonction de complément non accompagné d'un caractérisant] 1. [En emploi de complément d'objet direct ou indirect ou de complément circonstanciel] : Ø 2. — Nom de Dieu! gueula Buteau, en revenant au labour qu'il examinait, le voleur a bien mordu sur nous d'un bon pied... Y a pas à dire, v'là la borne! Françoise avait continué de s'approcher, du même pas tranquille, en cachant sa crainte. Elle comprit alors la cause de leurs gestes furieux, la charrue de Jean devait avoir entamé leur parcelle. ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 445. SYNTAXE : a) Dissiper, provoquer la crainte; causer, manifester une crainte; céder à la crainte. b) Trembler de crainte; vivre dans la crainte. Inspirer de la crainte (confer SARTRE, Mots, 1964, page 6). — [Complément du verbe passif] Être saisi de crainte (GABRIEL MARCEL, Journal, 1919, page 203 ). 2. Locutions verbales. a) Vieux. · Prendre crainte. Synonyme : prendre peur. Lièvre prit crainte de cette grande machine vivante (FRANCIS JAMMES, Le Roman du lièvre. 1903, page 10 ). · Faire crainte. Synonyme : faire peur. Dieu! que vous m'avez fait crainte (GEORGES BERNANOS, Un Crime, 1935, page 727 ). b) Avoir crainte. N'ayez crainte! — Calme-toi, petite fille. — Puis il me dit : « N'aie crainte (...) » (PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 305 ). Il n'y a pas de crainte (populaire). Ça ne craint pas d'arriver. Mais êtes-vous sûr de n'être pas dérangé? (...) S'il venait des pratiques dans votre cabaret? (...) — Il n'y a pas de crainte, bourgeois (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 6, 1842-43, page 56 ). 3. Locution adverbiale. — Sans crainte. Parler sans crainte. Allez-y sans crainte! Soyez sans crainte à ce sujet! Les animaux se laissaient prendre par moi sans crainte (PAUL CLAUDEL, L'Échange, 1894, II, page 695 ). — Avec crainte. S'avancer, observer avec crainte. Guillaume s'est embarqué avec crainte, avec répugnance, du point de vue de sa dynastie, de sa politique allemande (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1917-18, page 337 ). · [Par allusion à l'ouvrage du philosophe Kierkegaard] La vie dont il parlait avec crainte et tremblement (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 99 ). 4. Spécialement. Don de crainte. Don du Saint-Esprit qui correspond à la vertu théologale d'espérance. Le don de crainte est faible chez moi. Je ne tremble pas assez devant Dieu (JULIEN GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-58, page 324 ). Le don de crainte est également rattaché parfois à la vertu de tempérance (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD) tome 1 1968). B.— [Crainte accompagné d'un caractérisant] 1. Crainte + adjectif qualificatif postposé ou antéposé. Crainte aiguë, irréfléchie, perpétuelle. Crainte respectueuse (VICTOR HUGO, Bug-Jargal, 1826, page 24 ). Les plus vives craintes (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 421 ). Juste crainte (JEAN COCTEAU, Poèmes, 1916-23, page 266) : Ø 3. Ce n'était là qu'une crainte assez vague, mais j'ai eu plusieurs fois l'occasion de remarquer que les craintes précises ne sont pas toujours celles qui se réalisent exactement, alors qu'il faut redouter les craintes vagues, car elles sont l'ombre que l'avenir jette sur le présent... JULIEN GREEN, Journal, 1940, page 15. 2. Crainte panique. Sentiment d'inquiétude aigu, caractérisé par un affolement soudain et généralement contagieux. La crainte panique de la damnation (JULIEN GREEN, Journal, tome 6, 1950-54, page 290 ). 3. Spécialement. DROIT. Crainte révérentielle. Celle qui naît du respect des parents. La seule crainte révérentielle envers le père, la mère, ou autre ascendant, sans qu'il y ait eu de violence exercée, ne suffit point pour annuler le contrat (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 1114, page 202 ). II.— Crainte + déterminant. Inquiétude éprouvée à l'égard de quelqu'un, de quelque chose, d'un fait, d'une action, qui constituent une source de danger. Crainte des ennemis, du feu, de la mort; crainte de parler. A.— [Le déterminant désigne l'objet de la crainte] 1. [L'objet est désigné par un substantif] a) [L'objet désigne un animé dont l'existence est effective ou supposée] Crainte des assaillants, des fantômes, du voisin. La crainte des Espagnols (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 2, 1797, page 272 ). Ce n'est jamais par crainte des voleurs vulgaires qu'on s'enferme (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux. 1945, page 79) : Ø 4. Le premier moment de surprise passé, il [Arsène] ne pensa plus qu'à la rejoindre [la Vouivre] et à son tour entra dans le sous-bois. La crainte des vipères ne l'effleurait même pas. MARCEL AYMÉ, La Vouivre, 1943, page 13. — En particulier. [Le déterminant désigne l'autorité humaine] Respect mêlé d'une certaine timidité. Crainte du directeur, des autorités; la crainte de ses parents. La crainte du roi (ALFRED DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet. 1836, page 673 ). — Spécialement. RELIGION. Crainte de Dieu. Religion, piété envers Dieu. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse (Proverbes, I, 7; IX, 10 confer Bible. 1912). Le Pape Pie. — Dans tout ce que vous dites je ne vois que la passion et les sens et aucun esprit de prudence et de crainte de Dieu (PAUL CLAUDEL, Le Père humilié, 1920, II, 2, page 523 ). b) [Le déterminant désigne un objet matériel, un phénomène naturel, un fait, un élément de situation de la vie humaine] La crainte des obus, de la pluie, de la guerre, du ridicule. Un bouledogue que fait obéir (...) la crainte du bâton (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 11 ). La crainte d'un scandale affreux (GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883, page 193 ). La crainte du froid en voyage (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1887, page 635) : Ø 5. La crainte de la mort paralyse notre recherche du bonheur et trouble la tranquillité de notre âme : avec la crainte des dieux, à laquelle elle est toujours étroitement associée, elle est la véritable cause du malheur de l'homme. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 41. SYNTAXE : Crainte d'un affront, des avions, de l'escalade nucléaire, de la guerre atomique, d'un refus, du surpeuplement, des voitures. — Locution. De crainte de. De crainte du feu (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 411 ). Par crainte de. Par crainte des représailles (PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 226 ). Dans la crainte de. Dans la crainte de l'Inquisition (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, La Chaumière indienne, 1791, page 68 ). Sans crainte de. Affirmer sans crainte d'erreur (DICTIONNAIRE DES TERMES UTILISÉS DANS LA MESURE DU TEMPS (EDMOND GUYOT), Rapport sur l'état de l'agriculture en Lorraine, 1889, page 38 ). — Rare, adverbialement et elliptiquement. Crainte de pis, crainte de pis faire. Je m'en tais donc ici, de crainte de pis faire (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1799, page 661 ). 2. [L'objet est désigné par un énoncé verbal] a) Crainte de + infinitif. Crainte d'apercevoir, d'avoir, de compromettre, de perdre. Je suis vraiment affligée, mon bon ami, de ne pouvoir aller chez toi, et la crainte de te faire de la peine est la seule raison qui me retient (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1787, page 202) : Ø 6. — Est-ce que vraiment, disait-elle, la terre est aussi belle que le racontent les oiseaux? Pourquoi ne le dit-on pas davantage? Pourquoi, vous, ne me le dites-vous pas? Est-ce par crainte de me peiner en songeant que je ne puis la voir? ANDRÉ GIDE, La Symphonie pastorale, 1919, page 891. SYNTAXE : Crainte d'être ridicule; crainte de déplaire; crainte d'éprouver, d'éveiller, de froisser, de gêner, de laisser, de manquer, d'offenser, de paraître, de rencontrer, de se tromper, de voir. — Locution prépositive. Par crainte de. Par crainte de laisser échapper des bêtises (ÉMILE ZOLA. Nana, 1880, page 1225 ). Dans la crainte de. Dans la crainte d'être dupé (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 86 ). Sans crainte de. Sans crainte d'exagérer (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 65 ). Crainte de. Crainte de l'irriter (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1404 ). De crainte de. De crainte de laisser voir (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 157 ). — Locution verbale. · Avoir crainte, avoir crainte de. N'ayez crainte d'ajouter (OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 221 ). « Noblesse, dignité, grandeur »... Ces termes, j'ai crainte et presque honte à m'en servir (ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1225 ). b) Locution conjonctive. Dans la crainte que, de crainte que, par crainte que ou, vieilli, crainte que (avec le subjonctif). Dans la crainte qu'il ne périsse. De crainte que le loup garou ne vous mange (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, 1909, page 21 ). Tiens-moi bien, crainte que je ne disparaisse un beau jour (PAUL CLAUDEL, L'Échange, 1954, I, page 738 ). Par la crainte que les Allemands ne soient sur la même voie (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 35 ). Ø 7. — « S'il y a danger de mort et qu'on n'ait pas la faculté de se confesser à son propre prêtre, l'Église, de crainte que quelqu'un ne périsse dans ces circonstances, permet à n'importe quel prêtre, unicuique sacerdoti, d'absoudre de toute sorte de péché. » JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 316. Remarque : Les locutions de crainte que, par crainte que, sont suivies de la négation ne explétive dans les mêmes conditions que craindre que (confer craindre I B 2 Remarque : 1). " Comme avec craindre, distinguez bien ne explétif et la négation ne pas : Je prendrai encore un livre de crainte que celui-là ne soit ennuyeux; mais : de crainte que celui-là ne soit pas intéressant " (Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques (JOSEPH HANSE) 1949). — Locutions verbales. · Avoir crainte que (populaire). Justement j'y disais, monsieur devait avoir crainte que mademoiselle ne vienne plus (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 735 ). · Être en crainte que (vieux). Jusqu'à la fin, il [Fénelon] est en crainte que ce naturel [du duc de Bourgogne] ... (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 2, 1863-69, page 137 ). B.— 1. Souvent au pluriel. [Le déterminant (adjectif possessif ou complément prépositionnel de) désigne la personne qui éprouve la crainte face à une menace qui la concerne elle-même] Les craintes des parents; dissiper, confirmer ses craintes; ajouter à ses craintes. Bannis tes craintes (LOUIS-CLAUDE DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, page 327 ). Il [Mathieu] rit de mes craintes et son éternelle réponse est : « Narbonne n'est pas un million de fois fou; Narbonne ne partira pas » (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1793, page 182 ). Tout d'un coup, elle revint à ses craintes (ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 562 ). 2. [Un complément introduit par la préposition pour désigne une personne menacée autre que le sujet] Crainte de quelqu'un pour quelqu'un. Les craintes de la mère pour son fils; ses craintes pour son aînée; nos craintes pour la France. Je vous jette des idées qui me viennent d'une grande crainte et d'un grand amour pour votre âme (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1837, page 118 ). J'ai eu des tristesses et des craintes vagues pour vous (JULES MICHELET, Journal, 1837, page 782 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 826. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 12 254, b) 7 097; XXe. siècle : a) 8 905, b) 9 414. Forme dérivée du verbe "craindre" craindre CRAINDRE, verbe transitif. I.— [Le sujet désigne un être animé, généralement un être humain] Avoir une réaction de retrait ou d'inquiétude à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose qui est ou pourrait constituer une source de danger. A.— [Le complément d'objet est un substantif] 1. [Le complément d'objet désigne un être animé] a) [L'existence de l'être, désigné par le complément d'objet, est effective ou supposée telle] a ) Éprouver un sentiment d'inquiétude à l'égard de quelqu'un qui paraît constituer une source de danger. Craindre les bêtes féroces, les gendarmes, ses rivaux. Synonymes : avoir peur de, redouter. Craignant l'ennemi (confer exemple 4 ). Elle le craignait parce qu'il était méchant (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1788, page 231) : Ø 1. Son établissement [du rossignol] près de nous montrait qu'il ne nous craignait guère, qu'il avait un sentiment de la sécurité profonde qu'il pouvait avoir à côté de deux ermites du travail... JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 264. Ø 2. Gilbert ne craignait pas les gardes-chasse, mais il redoutait tout l'appareil de l'État inconnu, invisible, présent par les affiches, la conscription, les gendarmes, le percepteur (...), et par les nouvelles qui venaient jusqu'à la Vigie. RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 58. — [À la forme négative, par litote] Ne craindre personne pour/à quelque chose. S'estimer égal ou même supérieur à n'importe qui, en quelque chose. Il ne craint personne aux armes (NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, page 193 ). Pour la jactance il craint personne (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 44 ). · Emploi pronominal réciproque. Nous nous sommes craints l'un l'autre (HONORÉ DE BALZAC, Mémoires de deux jeunes mariées, 1842, page 351 ). Emploi pronominal réfléchi. Elle aime M. de Nemours, (...) elle le craint et se craint elle-même (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 4, 1892, page 297 ). · (Être) à craindre. Ces gens étaient à craindre, avec leur odieux journal (VICTORIEN SARDOU, Rabagas, 1872, III, 2, page 108 ). Soit qu'on jugeât ces pauvres hères moins à craindre que nous... (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 303 ). — Emploi factitif. · Faire craindre quelqu'un. [Le sujet de faire craindre désigne une caractéristique de la personne qui constitue la cause de l'inquiétude] Sa dédaigneuse raillerie ne contribuait pas médiocrement à la faire craindre (HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 259 ). · Se faire craindre (de quelqu'un). Les classes supérieures de la société commencèrent à se préoccuper du sort du pauvre avant que celui-ci se fît craindre d'elles (ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution. 1856, page 286 ). ß ) Spécialement. RELIGION (langue biblique). Craindre Dieu (Dieu terrible). Les habitants d'Orléans craignaient Dieu. En ce temps-là Dieu se faisait beaucoup craindre; il était presque aussi terrible qu'au temps des Philistins (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 135 ). — Par extension. Craindre Dieu (Dieu bon, mais constituant une autorité). Respecter, adorer. Il se trouva que le charpentier qui avait fait l'échelle, craignait Dieu (...) cet homme pieux établit sur la colonne un toit (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Thaïs, 1890, page 276 ). · Locution. Ne craindre ni Dieu ni diable. Ne rien respecter, n'avoir aucun scrupule. — Par analogie. [Le complément d'objet désigne une autorité humaine] Avoir des sentiments de respect mêlés d'inquiétude. Craindre ses chefs. Synonymes : révérer, vénérer. Maîtresse absolue de son terrain, vénérée et crainte (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, page 104 ). Le rédacteur judiciaire (...) est craint ou envié des policiers (GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 115) : Ø 3. Puis il [l'enfant] avait encore hérité d'une voix Où le commandement se mêlait à la fête Cordiale qu'on a de craindre sa maman PAUL VERLAINE, Poèmes divers, Retraite, 1896, page 183. b) [L'existence de l'être désigné par le complément d'objet est possible] Envisager avec inquiétude l'existence possible de quelqu'un qui paraît constituer une source de danger. Synonyme : redouter. Lui, ne craignait pas de rival, Quand il traversait mont ou val (CHARLES CROS, Le Coffret de santal, Drame en trois ballades, 1973, page 21 ). Aucun despote à craindre (ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, la Justice, 1878, page 68 ). Dans la confiance inconsciente que nul danger n'était proche, qu'aucun ennemi n'était à craindre (LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 155 ). — Rare. [Le danger vise une personne autre que celle qui ressent de l'inquiétude, cette personne étant désignée par un complément prépositionnel pour; confer I A 3 b] Je ne crains pour vous que les bandits sur la route, à cette heure (HENRI DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, III, 6, page 229 ). 2. [Le complément d'objet désigne une chose] a) [L'existence de ce qui est source de danger est effective ou supposée telle] Éprouver de l'inquiétude à l'égard de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Synonymes : avoir peur de, redouter. a ) [Le complément d'objet désigne un objet matériel, un élément ou un phénomène naturel] Elles [les chiennes] aiment leur maître, elles craignent la cravache (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 177 ). Thomas, cette nuit, ne craint pas la mer. Il craint le vent (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 113) : Ø 4. D'autre courage, point; craignant le tonnerre, craignant les ténèbres, craignant l'ennemi, et implacable pour qui lui faisait peur. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 291. · Proverbe. Chat échaudé craint l'eau froide. La déclaration est un tant soit peu roide, Mais, bah! chat échaudé craint l'eau, fût-elle froide (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 1, Jadis et naguère, 1884, page 320 ). — Familier. Se méfier de, éviter. Craindre le fromage. [A la forme négative, par litote] Ne pas craindre le vin. L'aimer, pouvoir en consommer une assez grande quantité. Aimez-vous la bière, monsieur Guitrel? — Je ne la crains point, monseigneur (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 325 ). ß ) [Le complément d'objet désigne un fait, un événement, un élément de situation de la vie humaine] Craindre la maladie, la mort. Et je crains l'amitié de l'homme variable (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Iphigénie à Aulis, 1903, page 158 ). L'homme craint la vérité encore plus qu'il ne l'aime (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1922, page 407) : Ø 5. Tarkington ne craignait pas le danger : les obus font partie du travail de jour. Mais ses rhumatismes craignaient l'eau... ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 101. b) [L'existence de ce qui est source de danger est possible] Envisager avec inquiétude l'existence possible, et/ou sentie comme imminente, de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Craindre l'accident fatal, une/la guerre, une/la tempête. Synonymes : appréhender, redouter. La mer devient houleuse... Je crains bien un orage (ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 172 ). Il se faisait (...) de petites remontrances intérieures et il craignait les reproches de Marius (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 440 ). Il fallait craindre des complications (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 187) : Ø 6.... les vivres enchérissaient. Le peuple craignait la famine; les aristocrates, disait-on, la souhaitaient, les accapareurs la préparaient. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 66. Ø 7. « Quand nous traverserons la clairière, se dit Alban, s'il passe un avion... » Et tout de suite il sursauta. Depuis quand avait-il de ces appréhensions? Était-ce son coeur mécontent qui lui faisait voir tout en trouble? Jamais, jamais, depuis trois mois, la pensée de pouvoir craindre un avion ne s'était présentée à lui... HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 133. — [Le danger vise une personne autre que celle qui éprouve l'inquiétude, cette personne étant désignée par un complément prépositionnel pour; confer I A 3 b] Elle avait craint pour lui les fatigues et les dangers de la guerre (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 1, 1855, page 412 ). Quand il faisait de l'orage, [elle] craignait pour lui la foudre (GUSTAVE FLAUBERT, Trois contes, Un Coeur simple, 1877, page 35 ). — [Avec un complément prépositionnel de désignant ce qui est à l'origine du danger] · Craindre quelque chose de la part de quelqu'un. Je craignais de ta part des suppositions odieuses (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 217 ). · Avoir (peu,...) à craindre de quelqu'un/quelque chose. Ceux qui ont tout à craindre de la vérité (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 280 ). Quand elle n'eut plus rien à craindre d'eux (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 168 ). — Emploi factitif. Faire craindre quelque chose (à quelqu'un). [Le sujet de faire craindre désigne ce qui constitue un signe de ce qui est considéré comme une source de danger] Porter à envisager avec inquiétude l'existence possible de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Sa réserve diplomatique [du billet] me fit craindre un refus du roi (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 569 ). Déclarations faisant craindre le pire (GÉNÉRAL ANDRÉ BEAUFRE, Dissuasion et stratégie, 1964, page 78 ). Ces crises gastro-intestinales (...) font craindre une défaillance surrénale aiguë (ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. 1965, page 497 ). 3. emploi absolu. Éprouver un sentiment d'inquiétude déterminé par l'idée d'un danger existant ou possible. a) [Sans complément prépositionnel pour] Quelque raison de craindre (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 6; confer aussi exemple 9 ). Sans espérer ni craindre (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1928, page 784) : Ø 8. L'animal, sans doute, ne rumine pas l'idée de la mort. Il ne craint que contraint de craindre. Le péril disparu, la puissance du pressentiment funeste s'évanouit... PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 189. — Argot " Être recherché par la police " (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON), 1960). « Depuis qu'il craint, Miton, qui est plutôt chaleureux, ne déplanque de sa piaule que la noïe » (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON) 1960). b) [Avec complément prépositionnel pour désignant la personne ou la chose menacée] — [Le complément prépositionnel pour désigne une personne] Craindre pour ses enfants : Ø 9. ALAIN. — Il y a longtemps qu'elle me fait peur. ÉLISABETH. — Pourquoi ne m'en as-tu rien dit? ALAIN. — Je ne voulais pas attirer ton attention... Je craignais pour nous deux... Tu vois? J'avais raison de craindre... FRANÇOIS MAURIAC, Les Mal aimés, 1945, II, 9, page 214. — [Le complément prépositionnel pour désigne une chose, le plus souvent un fait, un événement, un élément de situation de la vie humaine] Craindre pour la raison de quelqu'un, pour sa santé. Elle craignait pour l'avenir de ses enfants (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mademoiselle Mariette, 1853, page 113 ). J'avais craint pour les bâtiments du port (VALÉRY LARBAUD, Journal, 1932, page 265 ). B.— [Le complément d'objet est un énoncé verbal ou son substitut pronominal] 1. [Le sujet de l'énoncé verbal complément est le même que celui de craindre] Craindre de + infinitif. a) Éprouver un sentiment d'inquiétude à l'idée de faire ou de subir quelque chose. Craindre de se baisser, d'être seul. Il craignait de s'engager dans les montagnes (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 543 ). Craignant de partager sa chambre longtemps (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 330) : Ø 10. Il [le traducteur] doit toujours craindre, par une précision excessive, de limiter l'essor de l'imagination. L'âme humaine (et pourquoi craindre d'employer ce mot pour désigner ce faisceau d'émotions, de tendances, de susceptibilités dont le lien n'est peut-être que physiologique) reste de contours vaporeux, changeants, insaisissables... ANDRÉ GIDE, Journal, 1942, page 132. — [À la forme négative, par litote] Oser, avoir l'audace de. Ne pas craindre d'affirmer, de choquer : Ø 11.... Faria, abbé, savant, homme d'église, n'avait pas craint de risquer la traversée du château d'If à l'île de Daume, (...); lui, Edmond le marin (...) hésiterait-il donc à faire une lieue en nageant? ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 190. b) Envisager avec inquiétude qu'un fait jugé néfaste ait une existence effective. Craindre d'avoir été ridicule, de fondre en larmes, de tomber. Synonyme : appréhender de. Avec la hâte d'un voyageur pressé qui craint de manquer le train (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1400 ). Craindre de limiter l'essor de l'imagination (confer exemple 10): Ø 12. Nous passâmes si près de ce bâtiment, que nous observâmes jusqu'à la physionomie des individus; elle n'exprima jamais la crainte, pas même l'étonnement : ils ne changèrent de route que lorsqu'à portée de pistolet de l'astrolabe, ils craignirent d'aborder cette frégate. Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 3. · [Dans la langue de la conversation, avec expression hyperbolique; caractérisant les relations sociales] Craindre d'importuner. Je vous remercie, mon Père, mais je craindrais d'abuser... (ANDRÉ BILLY, Introïbo. 1939, page 233) 2. [Le sujet de l'énoncé verbal complément est différent de celui de craindre] Craindre que + subjonctif. Envisager avec inquiétude qu'un fait jugé néfaste ait une existence effective. Sans craindre qu'il me trahisse (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, page 120 ). Craindrai-je que l'univers connoisse mon péché, quand je n'ai pas craint que le Seigneur le connût (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, page 395) : Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 698) : Ø 13. On a pu craindre d'abord qu'elle [la Résistance] ne se survive artificiellement; on lui trouvait d'inquiétantes ressemblances avec le parti unique des dictatures. Cette inquiétude s'est dissipée à mesure que son rôle véritable se dégageait chaque jour plus clairement — son rôle qui est de susciter une nouvelle génération de grands parlementaires... FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 451. Remarque : 1. Emploi de la particule explétive ne et de la négation complète, dans la subordonnée régie par une forme de craindre. a) Après une forme affirmative non interrogative de craindre, si ce que l'on craint consiste dans la réalisation d'un fait, la particule explétive ne est généralement employé dans la subordonnée, mais il arrive qu'elle soit omise, cette tendance apparaissant comme un peu plus fréquente dans les textes du XXe. siècle que dans ceux du XIXe. siècle Je craignais qu'on ne se mît à rire (SENANCOUR, Obermann, tome 1, 1840, page 115). Les deux officiers craignaient que l'un des voyageurs aperçût l'iceberg (ÉDOUARD PEISSON, Parti Liverpool, 1932, page 194). Après une forme négative non interrogative de craindre, la particule explétive ne n'apparaît jamais dans la subordonnée : sans craindre qu'il me trahisse (confer supra). Après une forme interrogative, la particule explétive ne est souvent omise dans la subordonnée Craindrai-je que l'univers connoisse mon péché (confer supra); l'emploi de la particule est plus fréquent lorsque la forme de craindre est à la fois interrogative et négative. Ne craignez-vous pas que la publication de la Vita ne réveille mainte haine (...)? (HENRI DE MONTHERLANT, Malatesta, 1946, IV, 9, page 530). Ne craignez-vous point que Dieu se lasse (...)? (GEORGES BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, page 1593). b) Pour exprimer la négation dans la subordonnée, on emploie la négation complète (ne... pas, etc.), qui s'oppose à la particule explétive ne. Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici (confer supra). 2. On rencontre, exceptionnellement, dans la documentation craindre + complément d'objet substantif + adjectif ou participe attribut du complément d'objet, équivalant à craindre que + sujet + une forme de être + adjectif ou participe attribut du sujet Je les [les hôtels] crains très tuberculisés (PAUL VALÉRY, Correspondance [avec Gide] , 1908, page 414). Nous les [les origines d'un ouvrage] craignons humbles (PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 227). 3. Je le crains, nous le craignons (en incise, le représentant un énoncé verbal). Or, je le crains, l'auteur serait un professeur ennuyeux (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 225 ). Une série de superbes fragments, les Illuminations, à tout jamais perdus, nous le craignons bien (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Les Poètes maudits, 1884, page 34 ). Ils cèdent, je le crains, à une sympathie personnelle (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 262 ). — [Avec omission de le] Ce qui me manque, je crains, c'est la patience (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1822, page 18 ). II.— [Le sujet désigne une chose; le complément d'objet désigne un agent physique] Manifester de la sensibilité à quelque chose qui apparaît comme nocif. Le myrte craint les froids de l'hiver (ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 246 ). Un taxi qui ne craint ni les caniveaux ni même les degrés des raidillons (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 112) : Ø 14. — L'ibex a peur du lion, la colombe redoute l'épervier, la prunelle craint le soleil, et je ne te vois encore qu'à travers les terreurs et les éblouissements... THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 327. Remarque : Sur l'emballage de certaines marchandises sont inscrites des formules Ellipse comme craint l'humidité, la chaleur. · Argot " Ça craint le soleil, c'est de la marchandise volée " (Jacques Lacassagne, L'Argot du "milieu ", 1928, page 188) — Par analogie. [Le sujet est une personne envisagée comme quelque chose de fragile] Une douceur sournoise d'être fragile qui craint les chocs (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 243 ). Ses parents, qui, craignant le chaud... (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 25 ). J'ai toujours craint l'air vif à l'aube, je ne saurais trop me défendre contre sa malignité, reprit-il après un long silence (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1528 ). Remarque : Le sujet désigne parfois, non la personne, mais une caractéristique de la personne Ses rhumatismes craignaient l'eau (confer exemple 5). Fréquence absolue littéraire Craindre : 9 834. Craint : 2 022. Craignant : 938. Fréquence relative littéraire Craindre : XIXe. siècle : a) 18 722, b) 13 789; XXe. siècle : a) 11 047, b) 11 814. Craint : XIXe. siècle : a) 4 131, b) 2 564; XXe. siècle : a) 2 381, b) 2 267. Craignant : XIXe. siècle : a) 1 455, b) 1 754; XXe. siècle : a) 1 491, b) 910.

« Soyez sans crainte à ce sujet! Les animaux se laissaient prendre par moi sans crainte (PAUL CLAUDEL, L'Échange, 1894, II, page 695 ). — Avec crainte.

S'avancer, observer avec crainte.

Guillaume s'est embarqué avec crainte, avec répugnance, du point de vue de sa dynastie, de sa politique allemande (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1917-18, page 337 ). · [Par allusion à l'ouvrage du philosophe Kierkegaard] La vie dont il parlait avec crainte et tremblement (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 99 ). 4.

Spécialement.

Don de crainte.

Don du Saint-Esprit qui correspond à la vertu théologale d'espérance.

Le don de crainte est faible chez moi.

Je ne tremble pas assez devant Dieu (JULIEN GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-58, page 324 ).

Le don de crainte est également rattaché parfois à la vertu de tempérance (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD) tome 1 1968). B.— [Crainte accompagné d'un caractérisant] 1.

Crainte + adjectif qualificatif postposé ou antéposé. Crainte aiguë, irréfléchie, perpétuelle.

Crainte respectueuse (VICTOR HUGO, Bug-Jargal, 1826, page 24 ).

Les plus vives craintes (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 421 ).

Juste crainte (JEAN COCTEAU, Poèmes, 1916-23, page 266) : Ø 3.

Ce n'était là qu'une crainte assez vague, mais j'ai eu plusieurs fois l'occasion de remarquer que les craintes précises ne sont pas toujours celles qui se réalisent exactement, alors qu'il faut redouter les craintes vagues, car elles sont l'ombre que l'avenir jette sur le présent... JULIEN GREEN, Journal, 1940, page 15. 2.

Crainte panique.

Sentiment d'inquiétude aigu, caractérisé par un affolement soudain et généralement contagieux.

La crainte panique de la damnation (JULIEN GREEN, Journal, tome 6, 1950-54, page 290 ). 3.

Spécialement.

DROIT.

Crainte révérentielle.

Celle qui naît du respect des parents.

La seule crainte révérentielle envers le père, la mère, ou autre ascendant, sans qu'il y ait eu de violence exercée, ne suffit point pour annuler le contrat (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 1114, page 202 ). II.— Crainte + déterminant.

Inquiétude éprouvée à l'égard de quelqu'un, de quelque chose, d'un fait, d'une action, qui constituent une source de danger.

Crainte des ennemis, du feu, de la mort; crainte de parler. A.— [Le déterminant désigne l'objet de la crainte] 1.

[L'objet est désigné par un substantif] a) [L'objet désigne un animé dont l'existence est effective ou supposée] Crainte des assaillants, des fantômes, du voisin. La crainte des Espagnols (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 2, 1797, page 272 ).

Ce n'est jamais par crainte des voleurs vulgaires qu'on s'enferme (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux.

1945, page 79) : Ø 4.

Le premier moment de surprise passé, il [Arsène] ne pensa plus qu'à la rejoindre [la Vouivre] et à son tour entra dans le sous-bois.

La crainte des vipères ne l'effleurait même pas. MARCEL AYMÉ, La Vouivre, 1943, page 13. 2. »

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