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Définition du terme: CRUE1, substantif féminin.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CRUE1, substantif féminin. [Généralement à propos d'un inanimé] Action de croître; résultat de cette action. A.— Vieux ou littéraire. Action de se développer, croissance. La crue extraordinaire de cette barbe (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 103 ). B.— Spécialement. 1. HYDROLOGIE. langage courant. [À propos d'un cours d'eau] Augmentation rapide et importante du volume des eaux sous l'effet de facteurs extérieurs. La crue d'un fleuve ravage ou emporte les terres sans consistance; elle fertilise les parties solides qui ont résisté (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 31 ). Crue occasionnelle, périodique. Fleuves à crues périodiques (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 240 ). Crue des eaux. Le fleuve changé en furie par la crue des eaux (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 144 ). — Par métaphore. Cette crue de maisons neuves qui dévore si rapidement toutes les vieilles façades de Paris (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 70 ). 2. BOTANIQUE. Développement d'un végétal; résultat de cette croissance; par métonymie période de la croissance. [Le lin] Sa crue est rapide. Le maïs seul croît aussi vite (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 247 ). Constater la crue des jeunes pins qu'il y avait plantés (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 101 ). 3. JUSTICE. vieux. Somme en sus de la prisée que payait un acheteur lors d'une vente aux enchères : Ø L'estimation des meubles, s'il n'y a pas eu de prisée faite dans un inventaire régulier, doit être faite par gens à ce connaissant, à juste prix et sans crue. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, no. 825, page 151. 4. TRICOT. rare, vieux (Quasi-)synonyme : augmentation. Il n'est pas nécessaire de faire de crues ni de diminutions, le rond des oreillettes se formant tout naturellement en faisant un bord solide autour du bonnet (Journal des femmes. novembre 1847, page 528 ). La crue (on dit aussi recrue) se dit par opposition aux apetissées qui tendent à diminuer le tricot (HENRI COULABIN, Dictionnaire des locutions populaires du bon pays de Rennes-en-Bretagne, 1891). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 147. Forme dérivée du verbe "croire" croire CROIRE, verbe transitif. I.— Emploi transitif direct. A.— Croire + complément. 1. [Le complément est un substantif] a) [Le substantif désigne une personne] — Croire quelqu'un.. Attacher une valeur de vérité, ajouter foi à ce que dit une personne; tenir quelqu'un pour sincère, pour véridique; estimer vraies ses paroles. Si nous devions croire Jean-Jacques (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 161) : Ø 1. Alors, Pauline (...) lui raconta que le caissier [manchot] appuyait l'instrument [le cor] contre un mur; et il la crut parfaitement, en trouvant ça très ingénieux. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 523. · Je vous/te crois; j'te crois (familier). Je considère que ce que vous dites/tu dis est vrai. Bernard Grandin répondit avec un accent badin de conviction sincère : — Je te crois qu'elle est belle! (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1155 ). · Croyez-moi, crois-moi. Pour confirmer ce que l'on dit et inviter l'interlocuteur à se ranger à son avis. Et croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici car elles ne vous louent guère (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 52 ). — Croire + substantif + attribut du complément : croire quelqu'un + qualité.. Prêter à quelqu'un une qualité. J'ai fait ce que j'ai pu pour qu'il me croie une garce, et, même, pour être, pour de bon, méchante (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, III, page 180 ). Pauvre Simon, qu'elle avait cru poète! (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 182 ). b) [Le substantif désigne une chose] Croire quelque chose. Le tenir pour véritable. J'ai de la peine à croire cela (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Dieu vous l'avait donnée, Dieu vous l'a reprise (...). — Je n'aurais jamais cru ça de lui (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 148 ). — Faire croire quelque chose à quelqu'un.. Persuader quelqu'un d'une chose (généralement inexacte ou fausse). Qui a pu vous faire croire une pareille sottise? (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 89 ). On peut leur [aux intelligences médiocres] faire croire des choses différentes (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 621 ). — Expressions. · Croire quelque chose comme l'Évangile/comme parole d'Évangile/comme article de foi. Croire quelque chose très fermement comme étant très sûr. · Croire tout comme article de foi. Être très crédule. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932 ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892. · Croyez cela et buvez de l'eau/ croyez cela et tenez-vous les pieds chauds. Ceci est absurde et vous ne pouvez le croire sans violer les lois de la raison et du sens commun. Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XX-20e. siècle (Pierre Larousse) ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ ) et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) pour la 1re. expression. · J'aime mieux le croire que d'y aller voir. En parlant de quelque chose dont on doute mais que l'on préfère croire plutôt que de le vérifier. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle dont Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, ainsi que dans Larousse du xxe. siècle en six volumes et DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. · Si vous ne le croyez pas, allez y voir. En parlant à quelqu'un qui doute de ce qu'on lui affirme. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle dont Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, ainsi que dans Larousse du xxe. siècle en six volumes. — Croire + substantif + attribut du complément. Être persuadé de, que. Lénine croyait cette tendance inévitable (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 286 ). c) En croire (en explétif). Croire sur un sujet déterminé. — En croire quelqu'un.. Ajouter foi à ce que dit quelqu'un à propos d'une question et en raison de la personne; s'en rapporter à quelqu'un. Ce quelque chose, à en croire Valéry, serait essentiellement humain (PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 159 ). Ces monstres qu'éveille, si l'on en croit Goya, le sommeil de la raison (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 332) : Ø 2. Son origine [de la cathédrale de Tolède] se perd dans la nuit des temps, et, s'il faut en croire les auteurs indigènes, elle remonterait jusqu'à l'apôtre Santiago... THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, page 146. · Croyez-m'en, si vous m'en croyez. Pour inviter quelqu'un à se ranger à un avis. Si vous m'en croyez, mon enfant, vous n'en ferez rien (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, I, page 145 ). · À l'en croire. Locution exprimant le doute; si l'on s'en rapporte à. — En croire quelque chose. S'en rapporter à quelque chose. Lucky, son hibou, son dernier compagnon, si je dois en croire les journaux (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 188 ). Si j'en crois l'histoire (PAUL CLAUDEL, Le Ravissement de Scapin, 1952, page 1342 ). · Ne pas en croire ses yeux/ses oreilles. Ne pas se fier à ce qu'ont vu les yeux, ou entendu les oreilles, tant c'est étonnant et difficile à croire. Il obtint son effet de surprise. Nous avions peine à en croire nos oreilles, et il nous fallut une bonne minute pour réaliser cette extravagante aubaine (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 283 ). — En particulier, emploi pronominal. S'en croire.. Avoir une haute opinion de soi-même, de son mérite, de sa valeur. S'en croire beaucoup. C'est un caractère difficile : elle s'en croit. Il y a sa mère aussi, qui se pousse du col (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 78 ). Elle est fière. Je dirais même qu'elle s'en croit un peu (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, IV, 7, page 226 ). 2. [Le complément est une proposition] a) Croire + proposition complétive : croire que.. Penser que, sans certitude absolue; considérer comme probable : Ø 3. — Je crois que vous deviendrez aveugle, dit Ricarda. — Je le sais, dit Pujolhac. Vous dites « je crois », moi, je dis « je suis sûr ». JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 212. Remarque : Selon la règle commune aux verbes déclaratifs, lorsque croire est affirmatif, on admet la certitude, la possibilité de ce qui va suivre et le verbe de la subordonnée est à l'indicatif (confer supra exemple 3); lorsque croire est négatif ou interrogatif, on considère le fait comme douteux, même impossible, et le verbe de la subordonnée est au subjonctif, à l'indicatif futur ou au conditionnel. Vous croyez qu'elle accepterait? demanda-t-il (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 143). (confer également infra exemple 4). — Faire croire que. Une maladresse de Chloé lui fait croire que Caracalla soupçonne la vérité (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 217 ). Elle voudrait me faire croire qu'elle est pucelle (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 150 ). — Expressions. · Croire que c'est arrivé. Prendre quelque chose au sérieux; s'imaginer que tout se déroulera selon les prévisions faites. Il a la drôle de tête de l'homme qui croit que c'est arrivé mais qui ne sait pas au juste comment ça va se terminer (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 147 ). · Ne croyez pas. Précaution oratoire employée pour introduire une phrase et l'atténuer : Ø 4. L'insulte est la monnaie courante, quelques très grands metteurs en scène vont jusqu'à la gifle. Et ne croyez pas que cela soit gratuit. Cela se sent toujours, après, quand on écoute la pièce, si le maître a été vraiment viril. JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 50. · Ne croyez-vous pas que? Pour atténuer une question. Ne croyez-vous pas que Monsieur l'a terrorisée en entrant? (GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 3e. tableau, 10, page 1639 ). · Il faut croire que. Il est vraisemblable que. Il faut croire que la tunique allemande leur seyait peu, puisqu'ils furent soupçonnés (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 236 ). b) Croire + infinitif. — Croire + infinitif + complément. Avoir l'impression ou admettre que quelque chose est certain. Werbrust et Gigonnet ont cru me faire une farce (...) je vais bien rire ce soir à leurs dépens (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 410 ). Je crois voir, la nuit, sous les meubles, un chat qui me regarde (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Histoire comique, 1903, page 2 ). — Croire + infinitif + infinitif (pouvoir ou un autre verbe). Avec valeur d'auxiliaire et constituant une manière d'atténuer une affirmation. Je crois devoir vous dire très simplement que je souhaite pour la France et pour vous, mon Général, que vous sachiez et puissiez échapper au désastre (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 269) : Ø 5.... je n'étais pas seule à être exaspérée par cette habitude qu'a prise Robert de toujours dire qu'il a « cru devoir faire » tout ce que, simplement, il a fait parce qu'il en avait envie, ou bien, plus souvent encore, parce qu'il lui paraissait opportun d'agir ainsi. Ces derniers temps, il perfectionne; il dit : « J'ai cru de mon devoir de... » comme s'il n'agissait plus que mû par de hautes considérations morales. ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1280. 3. [Le complément est un adjectif] Croire + adjectif + de + infinitif. Croire nécessaire de, croire utile de. Juger, estimer le bien-fondé d'une action, d'un acte, exprimé par l'infinitif. Pour plus de sûreté, elle avait cru bon de quitter Annecy (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 67 ). B.— Absolument. 1. Accepter des vérités certaines comme vérité par adhésion de l'esprit, mais également par acte de volonté. Croire, c'est considérer comme vraie une certaine connaissance; c'est juger qu'elle est conforme à ce qui est (THÉODORE JOUFFROY, Nouveaux Mélanges philosophiques, 1833, page 164) : Ø 6. [James Knight à Wilfred] — (...) on peut croire d'une certaine manière, je ne sais comment, avec la tête, sans doute. Et puis on peut avoir jusque dans la moelle des os la certitude que ce qu'on croit est vrai. Ça, c'est le don de Dieu. JULIEN GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, page 236. 2. Spécialement. Avoir la foi religieuse : Ø 7. Dans la solitude, j'avais entendu la voix du Seigneur (...). Dès lors, le doute fut chassé de mon coeur; je crus et je priai! ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Paul Jones, 1838, IV, 3, page 184. 3. Par affaiblissement. · Je crois (en proposition incise). À mon avis, dans mon opinion, autant que je sache. « Quand tout le monde a tort, tout le monde a raison », dit (je crois) Mirabeau (JULIEN GREEN, Journal, 1950, page 359 ). · Tu crois? Vous croyez? Formule polie indiquant le scepticisme devant une affirmation : Ø 8.... Hamlet, Othello, Antoine et Cléopâtre. Il est indispensable que tu les connaisses au moins de cette manière-là. — Tu crois? — Mais oui. JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 189. · Je crois bien. Cela ne m'étonne pas. II.— Emploi pronominal. A.— Se croire + complément. Imaginer quelque chose comme réel; s'imaginer être... 1. Se croire + attribut. a) [L'attribut est un adjectif] Cet homme se croit habile (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Il n'y a que des dupes qui puissent se croire utiles à leurs semblables (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 390 ). Vous vous croyez admirable, alors que votre attitude a quelque chose d'assez vil (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, II, 4, page 804 ). b) [L'attribut est un substantif] : Ø 9. Ils [les hommes] se croient architectes, maçons, gendarmes, prêtres, tisseurs de lin, ils se croient pour leurs intérêts ou leur bonheur et ils ne sentent pas leur amour, de même que ne sent point son amour celui qui vaque dans la maison tout absorbé par les difficultés du jour. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 813. — Populaire et familier. Se croire le premier moutardier du pape. Se donner de l'importance et être persuadé qu'on en a beaucoup. 2. Se croire + complément. Je vous ferai mes compliments bien sincères sur l'ordonnance de cette fête (...). On se croirait vraiment à Versailles (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Les Demoiselles de Saint-Cyr, 1843, III, 7, page 154 ). B.— Absolument, péjoratif et familier. Avoir une haute opinion de soi-même; être rempli de vanité, de présomption, d'orgueil (confer exemple 9). III.— Emploi transitif indirect. A.— [Le complément est précédé de à] Croire + à + substantif. Être persuadé de quelque chose par adhésion de l'esprit, de manière rationnelle, mais aussi avec confiance. 1. [Le substantif désigne une personne] Croire à quelqu'un. a) Être persuadé de l'existence réelle de quelqu'un. Croire à Dieu, au diable. Il m'a même dit qu'il avait cru au diable avant de croire à Dieu (ANDRÉ GIDE, Journal, 1914, page 491 ). Certains ont cru aux anges, aux démons, aux génies (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 878) : Ø 10. — Et puis quand il va s'apercevoir que je me suis fichue de lui, dit Sylvaine, ça va être terrible! — Oh! il a cru au gosse; il croira bien à une fausse couche. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 135. — Croire au Père Noël (confer Jean-Paul Sartre, La Mort dans âme, 1949, page 53 et 254 ). Être très naïf; se faire beaucoup d'illusions. b) Croire à une catégorie de personnes, y ajouter foi; s'y fier. Croire aux astrologues, aux médecins (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Ce qui lui manquait [à Manette] pour l'aimer [Coriolis] , c'était d'y croire, d'avoir foi en lui (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, page 217 ). Ne te fie pas à la jeunesse, crois aux vieillards (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire. 1890, page 357) : Ø 11. Ce groupe met à sa tête un homme que j'estime comme particulier, auquel je ne crois pas comme homme politique... AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 3, 1812-76, page 211. 2. [Le substantif désigne une chose] Croire à quelque chose. a) Penser que quelque chose a une existence réelle. Croire à l'âme, à l'immortalité. Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 189) : Ø 12. Les plus grands esprits sont toujours des esprits sceptiques. Ils croient cependant à quelque chose : ils croient à tout ce qui peut les rendre plus grands. C'est le cas, par exemple, de Napoléon, qui croyait à son étoile, c'est-à-dire à soi-même. Or, ne pas croire aux croyances communes, c'est évidemment croire à soi, et souvent à soi seul... PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 220. — Croire à quelque chose dur comme fer. Y croire fermement, sans en démordre. Il [Leconte de Lisle] a cru dur comme fer à une Grèce qui n'a jamais existé que dans le cerveau de son ami [Louis Ménard] (MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, page 4 ). b) Avoir confiance en quelque chose : Croire à l'avenir, à la révolution. Ah, messieurs! croyez à l'Assemblée de vos représentants (Le Moniteur. 1789, page 347 ). [Ils] ont cru aux dés (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 569) : Ø 13. Car il [Brichot] avait cette curiosité, cette superstition de la vie, qui unie à un certain scepticisme relatif à l'objet de leurs études, donne dans n'importe quelle profession, à certains hommes intelligents, médecins qui ne croient pas à la médecine, professeurs de lycée qui ne croient pas au thème latin, la réputation d'esprits larges, brillants, et même supérieurs. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 251. Ø 14.... vous êtes capable de mourir pour une idée, c'est visible à l'oeil nu. Eh bien, moi, j'en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je ne crois pas à l'héroïsme, je sais que c'est facile et j'ai appris que c'était meurtrier. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime. ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1349. — Veuillez croire à..., je vous prie de croire à... (mes amitiés, mes sentiments). Formule épistolaire de politesse. [Je] vous prie de croire, mon Général, à mes sentiments profondément et fidèlement dévoués (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 571 ). c) Penser qu'il peut s'agir de quelque chose; penser que quelque chose est probable. On ne peut rien dire encore (...). Je croirais à une fièvre cérébrale. L'excitation nerveuse est très intense (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 24) : Ø 15. On peut l'avoir poussée, certes, mais sans lui donner de coups, sans qu'elle se défende... — On ne l'a pas poussée. — Vous croyez donc à l'accident? GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 62. — C'est à n'y pas croire (confer Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 338). C'est inouï; ceci est si peu vraisemblable qu'il semble difficile à croire. B.— [Le complément est précédé de en] Croire + en + substantif. Apporter une adhésion totale mais personnelle, en y attachant une valeur éthique qui porte l'individu à se comporter en conséquence avec confiance et amour. 1. [Le substantif désigne une personne] Croire en quelqu'un.. Avoir confiance en lui. Pour aimer la gloire, il faut faire grand cas des hommes; il faut croire en eux (PAUL VALÉRY, Tel quel I, 1941, page 34 ). Vous avez perdu confiance, vous ne croyez plus en moi, on ne croit plus en moi, c'est ce qui me tue (GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 939) : Ø 16. La Ville-aux-Fayes croyait d'ailleurs en son Maire. La capacité de Gaubertin n'était pas moins prônée que sa probité, que son obligeance; il appartenait à ses parents, à ses administrés tout entier, mais à charge de revanche. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 176. — Croire en Dieu. Croire à son existence et avoir beaucoup d'amour et de confiance en Lui; avoir la foi : Ø 17. À peine quelque préjugé est-il détruit par le tems, qu'on le voit remplacé par d'autres. Qu'y avons-nous gagné? Nous ne croyons plus en Dieu; mais nous croyons au diable : nous nous moquons des martyrs, et nous révérons les magiciens; nous rions des mystères, et nous redoutons les prestiges; nous jouons les esprits forts, et nous sommes des illuminés. JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, page 258. — Croire en soi. Être confiant en soi-même, en sa valeur, en son mérite, en ses possibilités. Mais seraient-elles [les circonstances actuelles] un obstacle insurmontable si vraiment je croyais en moi avec la foi, avec l'illusion, de jadis? (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1943, page CXXI. ). 2. [Le substantif désigne une chose] Croire en quelque chose. Avoir confiance en quelque chose : Ø 18.... le temps pendant lequel tu auras cru en quelque fausse nouvelle t'aura grandement déterminé, car elle sera travail de graine et croissance de branches. Et ensuite, même si te voilà détrompé, tu seras autrement devenu. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 855. Remarque : Noter également la forme croire dans, contraction de croire en le ou, devant un nom pluriel, croire en les. — En faire croire. Abuser de la crédulité. C.— Croire + de (confer I A 3 croire nécessaire de, croire bon de). Croire de son devoir de. S'imaginer qu'on a le devoir de. Il croyait de son devoir d'accompagner l'annonce d'un petit commentaire particulier (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 282 ). Remarque : On rencontre dans la philosophie un emploi substantival de l'infinitif du verbe au sens de « fait de croire ». Je suis venu, disait-il [Kant] , supprimer le « savoir » pour y substituer le « croire », ce qui ne signifiait pas détruire la science, mais la situer (JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 96; confer également DU BOS, Journal, 1926, page 88). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 78 833. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 116 246, b) 110 528; XXe. siècle : a) 103 369, b) 114 688. Forme dérivée du verbe "croître" croître CROÎTRE, verbe intransitif. Grandir en développant de façon progressive des qualités intrinsèques par rapport à une échelle de valeur (explicitement exprimée ou non). A.— [Le sujet désigne un être, un ensemble d'êtres ou un procès doué d'une certaine autonomie; l'action est envisagée du point de vue du sujet] 1. Augmenter, devenir plus grand (en nombre, étendue, durée, intensité, qualité, etc.). L'aube croître, et le jour tomber (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes tragiques, 1886, page 218) : Ø 1. G. Cassel a présenté le modèle d'une économie en croissance régulière et sans changements dans les proportions entre les flux. La population croît : la production globale croît dans la même proportion que la population : FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 142. 2. En particulier. a) [Le sujet désigne une personne] Grandir, passer par toutes les phases du processus vital. Que nous croissons vite (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1834, page 57 ). Se reproduire, ce n'est qu'une autre manière de croître (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1922, page 445) : Ø 2. Que de gens boivent, mangent et se marient; achètent, vendent et bâtissent; ont des amis et des ennemis, des plaisirs et des peines; naissent, croissent, vivent et meurent, mais endormis! (...). Il faut, tandis qu'on croît, vivre soumis à la volonté de ses parents. Il faut, plus tard, fonder, gouverner. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 226. · Expression littéraire. Ne faire que croître et embellir. On dit (...) d'une jeune personne qui devient tous les jours plus belle, qu'elle ne fait que croître et embellir (JEAN-FRANÇOIS ROLLAND, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 46 ). Par extension. [À propos d'une qualité humaine] Votre santé n'aura fait que croître et s'embellir (HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1828, page 348 ). · RELIGION. [Par allusion à la Genèse I, 22, etc.] Croissez et multipliez. Le peuple croît (...) à vue d'oeil, comme le fils de Gargantua, et paye (...). Le peuple croît et multiplie; se peut-il autrement? (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du "Censeur", 1819-20, page 23 ). b) [Le sujet désigne un végétal] Pousser. Jusqu'aux bords de la tombe il croît encor des roses (ALPHONSE DE LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses, Âme triste, 1830, page 482 ). · Par métaphore. Voilà pourtant comment naissent et croissent les anecdotes, les biographies de salon; et puis le diable ne les déracinerait plus (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 641 ). — Expression syntagmatique. Croître en + substantif) [Le substantif exprime une qualité intrinsèque du sujet] L'homme, comme l'enfant, doit croître en liberté, à mesure qu'il croît en intelligence (Lamennais, L'Avenir, 1831, page 209 ß ).) [Le substantif exprime le résultat d'une transformation] Les pelouses avaient crû en prairies; les bassins s'étaient élargis en étangs (PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 69 ). Verbe + croître. Aller croissant Le commencement des difficultés qui nous attendent, et qui vont toujours croissant à mesure que l'édifice de nos connaissances s'élève et s'agrandit (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique, 1805, page 309 ). Faire croître. Le temps vous fera croître et le temps vous tuera : Et, comme toute chose humaine et périssable, Votre oeuvre ira dormir dans l'ombre irrévocable! (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, page 285 ). Laisser croître. Pour laisser croître mes moustaches et ma barbe (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 10 ). — Locution. Croître comme un champignon. Croître rapidement. Mauvaise herbe croît toujours. On dit en provençal et par plaisanterie des enfans qui croissent beaucoup, mauvaise herbe croît toujours (JEAN-FRANÇOIS ROLLAND, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 46 ). B.— [L'action est envisagée du point de vue d'un agent, le plus souvent avec une notion de volume ou d'intensité] 1. Être, devenir plus grand sous l'effet de facteurs extérieurs (directement désignés ou non). Ce bruit décevant, qui croît, (...) puis continue, décroît et s'éloigne (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Climats, 1928, page 253 ). L'huile monte par capillarité le long de rotins ou de mèches et son débit, nul au repos, croît avec la vitesse (JEAN-JACQUES CHARTROU, Pétroles naturels et artificiels, 1931, page 136) : Ø 3.... L'eau vive en murmurant filtre par mille issues, Croît, déborde, et remue en son cours diligent La mélisse odorante et les cailloux d'argent. CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874 page 221. · Emploi factitif, vieux et rare (Quasi-)synonyme : accroître. Je croîtrai mon bonheur dans les cieux de celui que j'aurai pu procurer aux infortunés sur la terre (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 369 ). 2. Exister, être produit. Ses vaisseaux alloient lui chercher le produit crû des terres plus fécondes (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, tome 1, 1797, page 312 ). L'homme n'apporte rien en épousant Rien, sinon sa force, ses bras et son coeur. Il est celui par qui le pain croît (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 65 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 881. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 270, b) 2 453; XXe. siècle : a) 2 049, b) 1 808.

« croire Jean-Jacques (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 161) : Ø 1.

Alors, Pauline (...) lui raconta que le caissier [manchot] appuyait l'instrument [le cor] contre un mur; et il la crut parfaitement, en trouvant ça très ingénieux. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 523. · Je vous/te crois; j'te crois (familier).

Je considère que ce que vous dites/tu dis est vrai.

Bernard Grandin répondit avec un accent badin de conviction sincère : — Je te crois qu'elle est belle! (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1155 ). · Croyez-moi, crois-moi.

Pour confirmer ce que l'on dit et inviter l'interlocuteur à se ranger à son avis.

Et croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici car elles ne vous louent guère (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 52 ). — Croire + substantif + attribut du complément : croire quelqu'un + qualité..

Prêter à quelqu'un une qualité.

J'ai fait ce que j'ai pu pour qu'il me croie une garce, et, même, pour être, pour de bon, méchante (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, III, page 180 ).

Pauvre Simon, qu'elle avait cru poète! (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 182 ). b) [Le substantif désigne une chose] Croire quelque chose. Le tenir pour véritable.

J'ai de la peine à croire cela (Dictionnaire de l'Académie française.

1835, 1878).

Dieu vous l'avait donnée, Dieu vous l'a reprise (...).

— Je n'aurais jamais cru ça de lui (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 148 ). — Faire croire quelque chose à quelqu'un..

Persuader quelqu'un d'une chose (généralement inexacte ou fausse).

Qui a pu vous faire croire une pareille sottise? (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 89 ).

On peut leur [aux intelligences médiocres] faire croire des choses différentes (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 621 ). — Expressions. · Croire quelque chose comme l'Évangile/comme parole d'Évangile/comme article de foi.

Croire quelque chose très fermement comme étant très sûr. · Croire tout comme article de foi.

Être très crédule. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932 ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892. · Croyez cela et buvez de l'eau/ croyez cela et tenez-vous les pieds chauds.

Ceci est absurde et vous ne pouvez le croire sans violer les lois de la raison et du sens commun. Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XX-20e.

siècle (Pierre Larousse) ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ ) et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) pour la 1re.

expression. · J'aime mieux le croire que d'y aller voir.

En parlant de quelque chose dont on doute mais que l'on préfère croire 2. »

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