Définition du terme: CULÉE1, substantif féminin. A.— ARCHITECTURE. Culée (d'arc-boutant). Pilier destiné à soutenir la voûte d'un édifice, la poussée d'un arc-boutant Les voûtes des Romains exigeaient des culées aussi bien que les voûtes des maîtres du moyen âge (EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture, 1872, page 78 ). B.— TRAVAUX PUBLICS. Massif de maçonnerie établi contre les rives pour soutenir la poussée de la voûte d'un pont à ses deux extrémités. Synonyme : butée. Les culées [des ponts] en sont fondées sur le roc; et l'on a eu soin d'en mettre les piles à l'abri des masses assez fortes pour soutenir le poids des eaux (JEAN DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées fait en 1788, tome 1, 1796, page 122 ). Installé contre la première culée, au-dessous des énormes cintres de fonte, il prenait des croquis, peignait des études (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 253) : Ø J'aime à y [au pont de Brooklyn] accéder à pied, à la tombée de la nuit, après en avoir suivi les butées, le long de Lower Madison Street, en bas de ces culées immenses, de ces maçonneries aveugles pareilles aux aqueducs de la campagne romaine. PAUL MORAND, New-York, 1930, page 65. · Culée perdue. Culée enfouie dans un remblai. Ouvrages sous remblai à culées perdues (CHARLES BRICKA, Cours de chemins de fer, tome 1, 1894, page 140 ). Forme dérivée du verbe "culer" culer CULER, verbe intransitif. A.— MARINE. 1. [En parlant d'un bateau] Faire marche arrière; marcher par la poupe. Antonyme : arriver. Promise nef qui soudain cule (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Les Cantilènes, 1886, page 225 ). Souvenez-vous de sa fameuse démonstration du virement de bord en culant (ÉDOUARD PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, page 120 ). Un grand yacht blanc (...) culait contre ses chaînes, comme un bouchon sous les risées (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 300) : Ø Le vent promet de nous venir en aide, et je tiens à en profiter, je veux qu'il fasse culer cette vieille coque, pendant que la mer la soulèvera. JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 53. — À culer. De telle manière que le bateau fasse marche arrière. · Brasser (les voiles) à culer. Disposer les voiles pour la manoeuvre de marche arrière. (confer Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831, Le dictionnaire de la marine à voile (Pierre-Marie-Joseph de Bonnepoux), Edmond Paris), 1859). Argot. Brasser à culer. Céder, reculer, faire marche arrière devant quelqu'un ou quelque chose (confer Le Clère 1960). Ce que j'ai dit est dit, je ne brasse jamais à culer (GABRIEL DE LA LANDELLE, Le Langage des marins, Paris, Dentu, 1859, page 244 ). · Nager (naviguer) à culer. Henderson, (...) se dressant sur son banc, cria à ses hommes de nager à culer (CHARLES BAUDELAIRE, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, traduit d'Edgar Poe, 1858, page 14 ). Les Bretons voient la galère nager à culer sur la barre pour atteindre la septième vague (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Heureux les humbles, Phoebé, 1942, page 132 ). 2. [En parlant du vent] Tourner de façon à souffler à l'arrière du bateau. Vers dix heures, le vent calme et cule (PAUL GAIMARD, Voyage en Islande et au Groënland à la recherche de " La Lilloise ", rédigé par Louis Méquet. 1852, page 157 ). B.— Par extension, vieux. [Le sujet désigne un animal ou un véhicule] Reculer. Vous, Marianne, faites un peu culer le cheval (JEAN GIONO, Batailles dans la montagne, 1937, page 88 ). Au faîte de la rue Lepic, la charrette (...) traînée par un vieux bidet rouge et résigné, cula (ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 283 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4.
