Définition du terme: DAMNATION, substantif féminin.

Définition du terme: DAMNATION, substantif féminin. A.— THÉOLOGIE. Action de damner, de se damner; par métonymie, la peine infligée : le châtiment de l'enfer. La damnation éternelle : Ø 1. Bouvard hocha la tête. Il doutait aussi de l'enfer. — « Car tout châtiment doit viser à l'amélioration du coupable, ce qui devient impossible avec une peine éternelle; et combien l'endurent! Songer donc, tous les anciens, les juifs, les musulmans, les idolâtres, les hérétiques et les enfants morts sans baptême, ces enfants créés par Dieu, et dans quel but? Pour les punir d'une faute qu'ils n'ont pas commise! — Telle est l'opinion de saint Augustin, ajouta le curé, et saint Fulgence enveloppe dans la damnation jusqu'aux foetus. (...) » GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, 1880, page 128. Ø 2. Mais, ce combat des ténèbres et de la lumière qui se livre malgré lui dans son coeur, jamais il ne prétend à l'élever sur un plan universel, à s'en servir pour interpréter le combat des forces qui se partagent le monde, attiré à la fois vers la damnation et vers le salut. ALBERT BÉGUIN. L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 270. · Damnation! Enfer et damnation! Mort et damnation! Expressions traduisant le désespoir, la douleur mêlés à la colère. Mort et damnation! Le destin s'acharne donc contre moi. Couler en vue du port! (JULES SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, page 56 ). — Pourquoi ne cries-tu pas Enfer et Damnation? Tu l'as sur les lèvres! Dans tout rôle d'amoureux trompé (JEAN GIRAUDOUX, Pour Lucrèce, 1944, II, 1, page 91 ). · Jurer sur sa damnation. Jurer en prétendant vouloir être damné si... : Ø 3. Alors, tu t'en souviens, tu te mis à mes genoux; je me levai, je sortis de mon sein la croix que j'y porte, et tu juras sur cette croix, qui est là devant moi, et sur ta damnation éternelle, qu'en quelque lieu que tu pusses jamais te trouver, que quelque événement qui pût jamais arriver, aussitôt que je t'en donnerais l'ordre, tu te remettrais à ma disposition entière,... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, page 185. — Par analogie. Tourment intérieur, torture morale. Et je ne puis pas mordre le pied qui m'opprime ni soulever la damnation qui pèse sur moi comme une montagne (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 99 ). B.— Par extension, rare. Condamnation d'ordre moral. Je n'ai ni le génie, ni la magnifique position de lord Byron; je n'ai pas surtout l'auréole de sa damnation postiche et de son faux malheur social (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 90 ). Remarque : DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) Supplément 1878-Larousse du xxe. siècle en six volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 attestent un sens vieux de damnations « proscriptions, interdictions, amendes prononcées par les ouvriers soit contre l'un d'entre eux, soit contre les chefs d'atelier ou les entrepreneurs ». STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 203. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 374, b) 420; XXe. siècle : a) 275, b) 238.