Définition du terme: DANDINER, verbe transitif.

Définition du terme: DANDINER, verbe transitif. A.— Emploi transitif, vieux ou littéraire. 1. Balancer d'un mouvement régulier, spontané ou voulu (son corps, une partie de son corps), soit en marchant, soit à l'arrêt. Dandiner son corps, sa jambe, sa taille. Et Canalis (...) se tirant les jambes, éleva la supérieure en la dandinant à la hauteur de l'oeil (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 150 ). Il [M. Feuerstein] dandinait sa forte carrure sur de maigres abatis moulés de jambières (ALEXANDRE ARNOUX, Le Chiffre. 1926, page 38) : Ø 1. Nous allâmes, le baron et moi, lui dandinant son gros corps, ses yeux de jésuite baissés, moi le suivant, jusqu'à un café où on nous apporta de la bière. MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1064. Remarque : On rencontre en ce sens a) Lorsque le complément désigne une partie du corps, des emplois pronominaux indirects (où se est substitué à l'adjectif possessif déterminant le complément d'objet : se dandiner les hanches = dandiner ses hanches). Battre des paupières (...) se tortiller le cou, se dandiner les hanches, et hocher le croupion (ROMAIN ROLLAND, Breugnon, 1919, page 117). b) Une construction avec une sorte d'objet interne. Sieudames, répéta l'autre en dandinant une avance peu assurée (RAYMOND QUENEAU, Les Enfants du limon, 1938, page 179). — Au participe passé à sens passif, rare. Nous humions l'odeur des feuilles vertes, dandinés au mouvement du cheval qui trottait dans les brancards (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 404 ). 2. PÊCHE. [Correspond à dandinette] Agiter (un appât) dans un mouvement de va-et-vient. Il a « dandiné » par saccades le mince poisson d'étain brillant (MAURICE GENEVOIX, La Boîte à pêche, 1926, page 107 ). B.— Emploi pronominal, usuel. 1. [Le sujet désigne un animal ou une personne] a) Se déplacer avec un mouvement de balancement impliquant souvent un manque de grâce, de la gaucherie, parfois de la vulgarité. Marcher en se dandinant Un magnifique jars, le col tendu, la tête haute et se dandinant avec une stupidité majestueuse (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 158 ). Beaucoup d'hommes se retournaient. Elle marchait en se dandinant d'une façon peu gracieuse, mais troublante (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Inconnue, 1885, page 998) : Ø 2. Ludwigson, surtout lorsqu'il se sentait regardé, marchait en raidissant le torse comme un cocher de l'ancien style; il n'ignorait pas que la nature l'avait affligé d'une croupe de houri, qui se dandinait de droite et de gauche dès qu'il pressait le pas; et il se surveillait. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 853. Remarque : On rencontre, avec la valeur du réfléchi, quelques attestations de dandiner, intransitif, généralement accompagné d'un complément circonstanciel Les oies dandinent sur les flancs (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, tome 4, 1848, page 203). Bourdeau (...) dandinait de la hure (JORIS-KARL HUYSMANS, Marthe, 1876, page 20). Tout le monde le [un refrain] sifflait en dandinant autour du kiosque (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 198). Elle dandinait des miches (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 211). b) Se balancer sur place, d'une manière rythmée (correspondant, lorsqu'il s'agit de personnes, à des attitudes de gêne, d'ennui, de défi, etc.). Se dandiner d'une jambe sur l'autre; se dandiner sur sa chaise. Je me dandine d'orgueil (JULES RENARD, Histoires naturelles, 1896, page 275 ). Le perroquet de Madame Laroque se dandinait sur son perchoir (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 41) : Ø 3. Le Nanne, rouge comme une cenelle, se dandinait d'un pied sur l'autre devant le garçon qui l'exhortait à tout confesser. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 83. SYNTAXE : Se dandiner lentement, lourdement, d'avant en arrière, en ricanant, d'un air blagueur, d'un air gêné, d'un air de supériorité, avec nonchalance. 2. Par métaphore. [Le sujet désigne une chose] Il y a des arbres qui se dandinent (JULES RENARD, Journal, 1904, page 890 ). Le canot se dandine, fait le beau au-dessus de son ombre (HERVÉ BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, page 169) : Ø 4. La vieille voiture frayait douloureusement sa voie, tressautant, se dandinant du coffre (...) dans un vacarme horrible de râles et de rugissements. MAURICE GENEVOIX, Match à Vancouver, Laframboise et Bellehumeur, 1942, page 92. Remarque : 1. Noter le complément circonstanciel (du coffre) dans l'exemple 4 (confer également supra B 1 a remarque). 2. On remarquera l'emploi fréquent du verbe pronominal au gérondif pour marquer l'action qui en accompagne une autre. 3. On rencontre dans la documentation a) Dandinant avec une valeur d'adjectif épithète. Il posa son petit paquet, et, de l'air le plus dandinant qu'il put, marcha vers le billard (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 165). Le sourire de biais, la démarche dandinante (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 242). b) Dandine, substantif féminin, surtout au pluriel, argotique et familier, au sens de « coups ». Encaisser des dandines (LUCIEN RIGAUD, Dictionnaire d'argot moderne, 1881, page 126). c) Dandineur, substantif et adjectif, rare. Qui se dandine. Canards, un peu viveurs et dandineurs (MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 49). d) Dandeliner, verbe, peut-être avec inflexion de dodeliner. Ses mains dandelinent au bout de bras longs comme ceux d'un singe (BLAISE CENDRARS, Moravagine, 1926, page 39). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11