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Définition et usage du mot: BANAL, -ALE, -AUX, -ALS, adjectif et substantif.

Publié le 02/11/2015

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Définition et usage du mot: BANAL, -ALE, -AUX, -ALS, adjectif et substantif. I.— Emploi adjectival. A.— DROIT FÉODALITÉ. [En parlant d'un objet concret ou d'un animal] Qui appartient au seigneur et dont l'usage est imposé à ses sujets moyennant redevance (confer ban I C) : Ø 1.... le couvent avait, d'ordinaire, la seigneurie du village sur le territoire duquel il était placé. Il avait des serfs dans la seule partie de la France où il y en eût encore; il employait la corvée, levait des droits sur les foires et marchés, avait son four, son moulin, son pressoir, son taureau banal. Le clergé jouissait de plus, en France, comme dans tout le monde chrétien du droit de dîme. ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution. 1856, page 94. — Jusqu'au XIXe. siècle, vieux, DROIT ADMINISTRATIF DES COMMUNES. [En parlant du bien commun dont les habitants du village ont la libre jouissance] Chasse, forêt, pâture banale; four, moulin, puits banal. Synonyme moderne : communal. Remarque : Dans un autre domaine, plus récemment « les échaudoirs banaux » dans les abattoirs municipaux (confer L'Œuvre, 15 juillet 1941); la fosse banale ou fosse commune (confer également l'arbitrage banal dans Dictionnaire de l'Académie Française 1932). B.— Au figuré. 1. Sans nuance péjorative. [En parlant d'une personne ou d'une chose] Qui est commun, qui est à la disposition de tout le monde. a) [En parlant d'une personne] Témoin banal. — Par analogie et parfois avec une nuance péjorative. Un amant banal, une maîtresse banale; ou par extension un coeur banal, une couche banale : Ø 2.... on doit se donner rarement, ne pas avoir un coeur banal, et hésiter longtemps avant de se livrer. JULES SIMON, Le Devoir, 1854, page 186. Remarque : À noter dans le même sens un emploi substantival chez PETRUS BOREL, Champavert, Passereau, l'écolier, 1833, page 168 : " Sur les ponts publics on ne paie pas, en femmes, c'est le contraire, ce sont les banales qu'on paie. " b) [En parlant d'une chose] — [En parlant d'un objet ou d'un ensemble matériel] Qui ne présente aucun élément singulier, qui est conforme à des normes adaptées au plus grand nombre d'usagers. Une banale chambre d'hôtel; un fauteuil, un hall de gare, un parloir banal : Ø 3. Poursuivant l'examen global de mes raisons de dire banale cette chambre, c'est la notion de normal qui me vient maintenant à l'esprit, (...) elle est on ne peut plus normale, en ce sens qu'elle m'offre les commodités qu'on est en droit d'attendre d'une chambre de prix égal dans un établissement de classe égale. LUCIEN JERPHAGNON, De la banalité, Paris, Vrin, 1965, page 51. · Spécialement. COMMERCE. Article banal. Article usuel, de vente courante tel que le pain, le sucre, etc., et ne nécessitant donc pas d'information particulière de l'acheteur. Antonyme : article anomal. — [En parlant d'un événement] Qui peut arriver à tout le monde. Un accident, un événement, un incident banal; par opposition un accident, un fait-divers peu banal. · [En parlant d'une maladie] Une fracture, une grippe, une lésion banale et par extension un remède banal. — [En parlant des relations humaines courantes] Amabilité(s), civilité(s), politesse(s) banale(s); conseil(s), geste(s), sourire banal(s). Synonymes : habituel, usuel. Remarque : On rencontre fréquemment dans l'expression écrite ou orale des tournures telles que : dans la plus banale acception du terme, dans son usage le plus banal; l'observation banale formule que; rien que de très banal; rien de plus banal. 2. Avec une nuance péjorative. a) [En parlant d'une personne] Qui manque d'originalité, de personnalité. La crainte d'être banal; par opposition un être (pas) peu banal. Synonymes : médiocre, quelconque : Ø 4. Il s'en débarrassa pourtant et courut d'un bond jusqu'à l'hôtel. Emma n'y était plus. Elle venait de partir, exaspérée. Elle le détestait maintenant Ce manque de parole au rendez-vous lui semblait un outrage, et elle cherchait encore d'autres raisons pour s'en détacher : il était incapable d'héroïsme, faible, banal, plus mou qu'une femme, avare d'ailleurs et pusillanime. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 133. Ø 5. Piètre figure que fait Goethe devant les Français en 1806. Il pleure d'effroi. Sa platitude, son abaissement, la lettre qu'il écrit au grand chancelier quand il reçoit la Légion d'honneur. Je ne le croyais pas aussi banal. JULIEN GREEN, Journal, 1950-54, page 257. b) [En parlant d'une chose concrète ou abstraite] Qui devient vulgaire, anonyme à force d'être utilisé, vécu, regardé. — [En parlant d'un objet matériel ou plus généralement d'un cadre de vie] : Ø 6. Il demeure rue Montparnasse. (...). On nous introduit dans un salon au rez-de-chaussée, à papier grenat, aux meubles de velours rouge, à formes Louis XV de tapissier, — salon froid, nu, bourgeois et banal, rappelant assez le salon d'une maison de prostitution d'une ville de province. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1862, page 1178. Ø 7.... ainsi sa compagnie tournait fatalement mon attention vers de menus détails de l'existence quotidienne qui à mes yeux prenaient inopinément une importance significative. Car tout avait un sens, mais il restait indéchiffrable. J'étais peu à peu entouré d'une multitude de figures; l'objet le plus banal se détachait de son néant pour solliciter ma pensée, et tant d'êtres sortaient de l'ombre au passage de Geneviève que tout Théotime s'animait d'une sourde vie morale. HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 143. SYNTAXE : Un cadre, un cadeau, un décor, un luxe, un modèle, un parfum banal; une ville banale. — [En parlant d'une manière d'être ou d'un style de vie] : Ø 8. Cette ambition l'aveuglait; il en était arrivé à ne plus sentir, autour de lui, la petite allure de la vie, à ne plus voir l'aspect monotone, plat et banal, des choses : le surveillant d'étude qui bâille sur ses auteurs de licence, les paresseux qui bâclent leur thème, et les cancres qui attrapent des mouches, ou qui regardent tristement vers les fenêtres où le ciel de nacre s'approfondit en nuit bleue. VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez, 1911, page 48. SYNTAXE : Un amour, un air, un passe-temps, un projet, un sentiment banal; une passion banale; de banales effusions. — Le plus fréquent. [En parlant des formes d'expression écrite ou orale] : Ø 9. Connaissant tout le monde, dans tous les mondes (...), ils [Mme. de Guilleroy et Olivier Bertin] étaient exercés à ce sport de la causerie française fine, banale, aimablement malveillante, inutilement spirituelle, vulgairement distinguée qui donne une réputation particulière et très enviée à ceux dont la langue s'est assouplie à ce bavardage médisant GUY DE MAUPASSANT, Fort comme la mort, 1889, page 12. Ø 10.... il suffit à l'oeuvre littéraire, pour avoir droit à l'existence, de nous fournir sur le monde ou sur l'homme quelque connaissance nouvelle. À l'inverse, le roman est-il inhumain et sans vie, c'est qu'il est banal, déjà vu, fait de lieux communs. Ce que la langue chiffrée des critiques entend de nos jours par vivant, humain, véridique et le reste, c'est d'abord nouveau, inattendu, inexploré. JEAN PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, page 189. SYNTAXE : Un adage, un argument, un compliment, un exemple, un lieu commun, un livre, un point de vue, un prétexte, un propos, un proverbe, un refrain, un style, un sujet, un thème banal; une appellation, une épithète, une excuse, une expression, une formule de politesse, une idée, une louange, une métaphore, une plaisanterie, une phrase, une vérité banale. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : commun, conventionnel, courant, normal, ordinaire, quelconque, routinier, uniforme; synonymes de qualité : ennuyeux, facile, fade, impersonnel, incolore, inconsistant, inintéressant, insignifiant, médiocre, monotone, morne, neutre, niais, pauvre, plat, sans profondeur, prosaïque, stérile, terne, triste, trivial, vague, vide, vulgaire; synonyme courant dans le domaine de la conversation : éculé, rebattu, usé. b) (Quasi-)antonymes bizarre, curieux, étrange, extraordinaire, inouï, insolite, nouveau, original, rare, surprenant. Remarque : LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1964, page 293, § 358, écrit au sujet du pluriel de l'adjectif : Banal, employé comme terme de féodalité, fait au pluriel masculin banaux : Fours banaux. Dans l'emploi ordinaire, il fait généralement banals : Des compliments banals (Dictionnaire de l'Académie Française). (...) mais, dans cet emploi on dit aussi banaux : Un des banaux accidents (Francis JAMMES, Monsieur le Curé d'Ozeron, page 218). Pour Grammaire Larousse du français contemporain (Jean-Claude Chevallier) 1964, page 196, § 298, " l'usage hésite entre banals et banaux ". Confer aussi Ortho-vert 1966, page 46 : " Il est toute une série d'adjectifs en al qui ne sont pas usités, au masculin pluriel (pénal) ou dont le pluriel est mal défini. Pour cette raison, on évite d'employer ces derniers au masculin pluriel; ce sont : astral, austral, banal, boréal, frugal, jovial, matinal, papal, pluvial, tonal, etc. " C.— Emplois techniques. 1. CHEMIN DE FER. Machine banale. Qui peut être conduite par deux équipes (Confer Charles Bricka, Cours de chemins de fer, tome 2, 1894, page 77). — Voie banale. Voie où les trains peuvent circuler dans les deux sens (confer banalisation et banaliser). 2. ÉCONOMIE. Espace banal. Conjonction de données économiques et géographiques en un point du territoire national (Confer François Perroux, L'Économie du XXe. siècle, 1964, pages 127-137). 3. ÉLECTRONIQUE. Mémoire banale. Mémoire électronique non spécialisée pouvant enregistrer aussi bien des nombres que des adresses ou des instructions. II.— Emploi comme substantif. A.— Caractère de ce qui est banal. Frôler le banal; descendre, sombrer dans le banal. Synonyme : banalité* : Ø 11. Shade était là pour chercher du pittoresque ou du tragique, mais son métier lui répugnait : le pittoresque était dérisoire, et rien n'était plus tragique que le banal, que ces milliers d'existences humaines semblables à toutes les autres, que ces faces couvertes de douleur comme toutes l'étaient d'insomnie. ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 726. B.— Argot des polytechniciens. Petite table placée dans la salle d'étude et sur laquelle on serre les objets d'un usage commun (L'argot de l'X (ALBERT LÉVY, GASTON PINET) 1894, page 49). Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires d'argot à notre disposition.

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on doit se donner rarement, ne pas avoir un coeur banal, et h?siter longtemps avant de se livrer. JULES SIMON, Le Devoir, 1854, page 186.

Remarque?: ? noter dans le m?me sens un emploi substantival chez PETRUS BOREL, Champavert, Passereau, l'?colier, 1833, page 168?: " Sur les ponts publics on ne paie pas, en femmes, c'est le contraire, ce sont les banales qu'on paie.

" b) [En parlant d'une chose] ? [En parlant d'un objet ou d'un ensemble mat?riel] Qui ne pr?sente aucun ?l?ment singulier, qui est conforme ? des normes adapt?es au plus grand nombre d'usagers.

Une banale chambre d'h?tel; un fauteuil, un hall de gare, un parloir banal?: ? 3.

Poursuivant l'examen global de mes raisons de dire banale cette chambre, c'est la notion de normal qui me vient maintenant ? l'esprit, (...) elle est on ne peut plus normale, en ce sens qu'elle m'offre les commodit?s qu'on est en droit d'attendre d'une chambre de prix ?gal dans un ?tablissement de classe ?gale.

LUCIEN JERPHAGNON, De la banalit?, Paris, Vrin, 1965, page 51.

? Sp?cialement.

COMMERCE.

Article banal.

Article usuel, de vente courante tel que le pain, le sucre, etc., et ne n?cessitant donc pas d'information particuli?re de l'acheteur.

Antonyme?: article anomal.

? [En parlant d'un ?v?nement] Qui peut arriver ? tout le monde.

Un accident, un ?v?nement, un incident banal; par opposition un accident, un fait-divers peu banal.

? [En parlant d'une maladie] Une fracture, une grippe, une l?sion banale et par extension un rem?de banal. ? [En parlant des relations humaines courantes] Amabilit?(s), civilit?(s), politesse(s) banale(s); conseil(s), geste(s), sourire banal(s).

Synonymes?: habituel, usuel.

Remarque?: On rencontre fr?quemment dans l'expression ?crite ou orale des tournures telles que?: dans la plus banale acception du terme, dans son usage le plus banal; l'observation banale formule que; rien que de tr?s banal; rien de plus banal.

2.

Avec une nuance p?jorative.

a) [En parlant d'une personne] Qui manque d'originalit?, de personnalit?.

La crainte d'?tre banal; par. »

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