Définition et usage: FAUSSEMENT, adverbe.

Définition et usage:

FAUSSEMENT, adverbe.

D'une manière fausse.

A.— Contre la vérité, à tort. Birague lui annonça faussement la perte de la bataille de Dreux (MAURICE BARRES, Mes cahiers, tome 2, 1899-1901, page 145 ). J'ai dû m'attribuer faussement une épouvantable gastralgie pour pouvoir refuser sans offense les nombreuses offres de café (LEON FRAPIE, La Maternelle, 1904, page 96 ). [Les] Montmorency, qui se disaient faussement les premiers barons de France (MARCEL PROUST, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 755) :

0 1.... enfant, n'a-t-il jamais joué? Son coeur ne s'est-il jamais gonflé en s'entendant faussement accuser d'avoir triché?

ANDRÉ GIDE, Journal, 1907, page 256.

B.— D'une manière inexacte. Juger, interpréter faussement. C'est aussi seulement dans Saint Jean que se trouve la fameuse phrase, si faussement traduite par : « Mon royaume n'est pas de ce monde » (PIERRE LEROUX, Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 961 ). Il n'est pas permis de peindre si faussement la société quand on est le contemporain de Balzac et de Dickens (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1862, page 36 ). Elle [la femme] ne raisonne pas plus faussement que l'homme (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 608) :

0 2. Qu'on se figure un caractère d'enfant gâté, dur, violent à la moindre contradiction et pensant faussement avec une étrange subtilité.

JULES MICHELET, Mémorial, 1822, page 184.

C.— Contre l'harmonie, le naturel.

1. BEAUX-ARTS. Si, parmi ces filles [d'un tableau], deux ou trois rient vraiment et de bon coeur (...), les autres grimacent, se tordent faussement, rentrent dans la caricature (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, page 57 ).

2. MUSIQUE, rare. Oh! J'ai bien peur, ami, que ta voix taciturne Ne chante faussement comme l'oiseau nocturne (AUGUSTE BARBIER, ïambes et poèmes, 1840, page 155 ).

D.— Pas réellement, contrairement aux apparences. Il existe une fausse vulgarité. Carmen est le type même de l'oeuvre faussement vulgaire (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 2, 1937, page 125 ). Les hommes sortent faussement réconciliés par la chaleur communicative d'une mutuelle fréquentation (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 195 ). J'aimais ces instants, où, faussement occupée par une tâche facile, je m'abandonnais aux rumeurs de l'été (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 80 ).

— En particulier. D'une manière simulée, trompeuse. Attitude, mine faussement calme, joyeuse. Elle prend par degré un petit air calme, faussement naturel, et me regarde de ses yeux de chat, menteurs et clairs (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 68 ). Il est aussi vaniteux, aussi faussement modeste que moi (JULES RENARD, Journal, 1902, page 738 ). Oublier le déguisement de sa taille, une seconde!... Redresser ses épaules faussement courbées (GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 166 ).