Devoir de Philosophie

Définition et usage: FAUSSER, verbe transitif.

Publié le 14/02/2016

Extrait du document

REMARQUE : Faussé, -ée, participe passé en emploi adjectival, a) [Correspond à fausser A] Tant de paroles données et faussées (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 601 ). b) [Correspond à fausser B 2] Casque, épée faussé(e); serrure faussée; cou faussé. C'étaient des laboureurs (...), pliés en deux sur le dos de leurs sillons. Ils relevaient tant bien que mal leurs reins faussés (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 23 ). Esprit puéril et faussé, (...) tout ce qui sentait la machine, le théâtre et l'extraordinaire lui paraissait la marque qu'on était nourri dans un air de grandeur et de luxe (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux. 1884, page 119 ). Ces toiles aux rapports [de couleurs] faussés mais encore admirables (ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 136 ).

 

Fréquence absolue littéraire Fausser : 381. Faussé : 252. Fréquence relative littéraire Fausser : XIXe. siècle : a) 362, b) 253; XXe. siècle : a) 572, b) 824. Faussé : XIXe. siècle : a) 219, b) 254; XXe. siècle : a) 395, b) 510.

Définition et usage:

FAUSSER, verbe transitif.

 

A.— 1. Vieux. Fausser quelque chose. Manquer à (ses engagements). Fausser la foi donnée, une promesse. Le ciel m'a donné dans ma misère, un homme qui n'a jamais faussé sa parole (PROSPER MÉRIMÉE, La Jacquerie, 1828, page 339 ). Je manquai la première séance [d'un procès] plutôt que de retarder ma visite à Auteuil (...). Ainsi de la seconde fois et des suivantes (...); il me semblait que je faussais un rendez-vous d'honneur (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 73 ). Il accompagna son récit de force malédictions sur la perfidie des femmes, sur la vanité des hommes (...) et sur les serments qu'on fausse (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 95 ).

 

Emploi pronominal passif. C'est là que les souvenirs se délient et que les sermens se faussent; les projets héroïques (...) s'oublient sous ces cieux d'où pleut l'amour (EDGAR QUINET, Allemagne et Italie, 1836, page 205 ).

 

En particulier, usuel.

 

Fausser (la) politesse à quelqu'un. Manquer à la politesse en quittant quelqu'un sans prendre congé. Il ne me paraissait plus possible de fausser politesse à mes hôtes et de partir sans inventer quelque excuse (ANDRE GIDE, Isabelle, 1911, page 625 ). Ce qui est dur dans une évasion, si stricte soit la surveillance, ce n'est pas de fausser la politesse à ses gardiens (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 221 ).

 

Fausser compagnie. Quitter quelqu'un furtivement. Qui l'obligeait à les suivre? N'était-il pas libre de leur fausser compagnie? Le courage lui manquait (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1271 ).

 

2. Vieux et rare. Fausser quelqu'un.. Manquer d'égards, de justice envers quelqu'un. Que vous ai-je fait que vous m'ayez si méchamment faussé? Je vous ai donné le vin, vous m'avez rendu la lie (EDGAR QUINET, Ahasvérus, 1833, 2e. journée, page 174 ).

 

B.— Rendre faux quelque chose.

 

1. [Du point de vue de la vérité, de l'authenticité]

 

a) Domaine abstrait Déformer la vérité, l'exactitude de quelque chose. Synonymes : altérer, déformer, déguiser. Fausser le vrai, la réalité. J'ai faussé l'histoire quant à sa mort [de Hannon] . Il fut bien, il est vrai, crucifié par les mercenaires, mais en Sardaigne (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1862, page 70 ). A la vérité étemelle, ils substituent chacun leur vérité nationale. Autant de peuples, autant de vérités, qui faussent et tordent la vérité (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 376 ). Bien plus, qui nous assure que notre mémoire ne fausse pas, ne romance pas les faits? (ALEXANDRE ARNOUX, Zulma, l'infidèle. 1960, page 10) :

 

0 1. J'insinue ou j'appesantis, je charge ou je diminue, je gauchis ou je fausse. La vérité ne peut sortir de mes mains que comme une femme de sa toilette, peinte, fardée, rembourrée, rétrécie d'un côté, élargie d'un autre.

 

HYPPOLYTE-ADOLPHE T AINE, Notes sur Paris, 1867, page 309.

 

En particulier. [Le complément désigne une manifestation de l'esprit] Commettre une erreur, interpréter faussement. Fausser un calcul, le sens d'un texte, d'un mot. Dans un calcul arithmétique, l'erreur d'un chiffre ou de mille fausse de même le résultat (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 226 ). C'est fausser la pensée de Beethoven, qu'en modifier la ponctuation et le groupement des périodes (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, tome 2, 1937, page 435) :

 

0 2. Saint-Loup souffrit horriblement de cette brouille, mais c'est une manière de dire qui est trop simple, et fausse par là l'idée qu'on doit se faire de cette douleur. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 121.

 

b) Domaine concret Falsifier. Fausser un document. Malheureux!... Qu'a-t-il fait? — Dans sa sombre misère il osa fausser un écu (PETRUS BOREL, Rhapsodies, 1831, page 177 ). Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote! (VICTOR HUGO, L'Année terrible, 1872, page 177 ). En vue de prouver l'innocence d'un individu qui vous a avoué être coupable, dénaturer les faits, fausser les textes (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1271)

 

2. [Du point de vue d'une norme, de la justesse, de la perfection]

 

a) Domaine abstrait Faire perdre à quelque chose son aspect, son caractère normal, naturel; la rendre contraire à ce qu'elle doit être. Synonyme : dénaturer. Je n'ai vu mon père irrité que lorsqu'on faussait la justice (LÉON DAUDET, Alphonse Daudet, 1911, page IX. ). Vous ne voyez pas clair? Eh! Qui vous aurait appris à voir clair? Toute l'éducation des filles est faussée (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1521 ). C'est la différence d'âge qui, révélée au fond d'un bel oeil de velours, faussa nos rapports, gauchit notre lien amical [à Colette et à Marco] (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Képi, 1943, page 60) :

 

0 3. C'est un monde où toutes les valeurs sont faussées, où le respect de la personne n'a plus aucune place, où l'intérêt est l'unique mobile...

 

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 153.

 

En particulier. [Le complément désigne un attribut de la personne ou une personne] Fausser le caractère, la conscience, la nature, le goût de quelqu'un.

 

Synonymes : corrompre, gâter. Une âme dont rien n'avait faussé les sentiments (HONORE DE BALZAC, Ferragus, 1833, page 127 ). L'exil déprime les caractères et fausse les intelligences (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 144 ). Je ne voulais pas qu'une femme bigote faussât l'esprit de mes enfants (FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 78) :

 

0 4. J'ai tout fait d'abord pour ne pas me laisser encombrer, fausser, bref dénaturer par des influences fâcheuses.

 

MAURICE BARRES, Mes cahiers, tome 9, 1911-12, page 70.

 

Emploi pronominal passif. A ce métier [de critique] l'esprit se fausse, l'intelligence perd sa lucidité rectiligne (HONORE DE BALZAC, La Muse du département, 1844, page 214 ).

 

Spécialement.

 

Fausser une note, une chanson. La chanter, la jouer faux. Un aveugle au coin d'une borne (...) Sur son flageolet (...) joue un ancien vaudeville Qu'il fausse imperturbablement (THÉOPHILE GAUTIER, Émaux et camées, 1852, page 65 ).

 

Emploi intransitif ou pronominal passif. Devenir faux. La note finale de chaque phrase (...) monte d'un quart de ton en faussant systématiquement (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE S AND, La Mare au diable, 1846, page 19 ). Il [maintient] l'étemelle harmonie, écoutant d'une oreille et de l'autre, afin qu'aucune note ne se fausse (PAUL CLAUDEL, Le Repos du 7e. jour. 1901, III, page 857 ).

 

Par métonymie. Fausser une voix, un instrument. Les rendre incapables d'exécuter des sons justes. Mais votre Érard, faussé par l'humide atmosphère, Appelle en sons douteux les soins de l'accordeur (HENRI MURGER, Les Nuits hiver, 1861, page 122 ). Quand sa fille exécutait (...) quelqu'une de ses courses olympiques qui faussaient tous les pianos du voisinage (OCTAVE FEUILLET, Julia de Trécoeur, 1872, page 8 ). Rends-moi ma fiancée, misérable! vociférait Tarzan, torturant ses cordes vocales faussées par la mue (HERVÉ BAZIN, Lui, 1950, page 6 ).

 

Par extension. Oter le caractère naturel. Une voix faussée par l'effort (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 935 ).

 

b) Domaine concret Faire perdre (à un objet) sa forme normale; empêcher son fonctionnement. Synonymes : tordre, courber, bossuer. Fausser une épée, une cuirasse; fausser les ressorts d'une montre, les rouages d'une machine, un mécanisme. Ils frappaient sur mon dos comme sur une enclume! Heureusement mes gens sont venus, sans quoi ces vilains me faussaient mon armure (PROSPER MÉRIMÉE, La Jacquerie, 1828, page 127 ). Des militants ouvriers (...) venaient, de quelques coups de lime, fausser la pièce patiemment élaborée (ANDRE MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 779) :

 

0 5. La cheminée [de la locomotive], dans la violence du choc, était entrée en terre; à l'endroit où il avait porté, le châssis s'était rompu, faussant les deux longerons...

 

ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 225.

 

Emploi pronominal passif. Pierre a tellement forcé sur son volant que la direction s'est faussée (JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Foumier],

 

1907, page 236 ).

 

[En parlant d'un organe] Déformer, tordre. Au retour de chacune de ses longues habituelles promenades [à cheval] une expression de triomphante méchanceté faussait tous les muscles de sa face (CHARLES BAUDELAIRE, Histoires extraordinaires, traduit de Edgar Poe. 1856, page 328 ).

 

Remarque : On rencontre dans la documentation quelques emplois intransitifs de fausser. Ne pas se comporter, ne pas fonctionner d'une manière normale. Tout homme (...) doit se créer sans doute un caractère par l'éducation; mais il faut qu'il en pose les bases sur celui que lui a donné la nature; autrement (...) ce pourrait n'être plus qu'un instrument qui fausserait sans cesse (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 273). Un arbre qu'il abattait pour faire le feu a faussé en tombant, et ce sont des sauvages qui l'ont trouvé (...) assommé (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, 1916, page 51). Loué soit Dieu, qui m'a permis de me surprendre misérable et ridicule (...): c'est toi, c'est toi qui m'as vu fausser! Mais cette profonde chute me relance vers en haut (Henri de Montherlant, Le Maître de Santiago, 1947, III, 5, page 652).

« REMARQUE : Faussé, -ée, participe passé en emploi adjectival.

a) [Correspond à fausser A] Tant de paroles données et faussées (FRANÇOIS-RENÉ DECHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 601 ).

b) [Correspond à fausser B 2] Casque, épée faussé(e); serrure faussée; cou faussé.C'étaient des laboureurs (...), pliés en deux sur le dos de leurs sillons.

Ils relevaient tant bien que mal leurs reins faussés (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863,page 23 ).

Esprit puéril et faussé, (...) tout ce qui sentait la machine, le théâtre et l'extraordinaire lui paraissait la marque qu'on était nourri dans un air de grandeur etde luxe (ÉLÉMIR BOURGES.

Le Crépuscule des dieux.

1884, page 119 ).

Ces toiles aux rapports [de couleurs] faussés mais encore admirables (ANDRÉ LHOTE,Peinture d'abord, 1942, page 136 ).Fréquence absolue littéraire Fausser : 381.

Faussé : 252.

Fréquence relative littéraire Fausser : XIXe.

siècle : a) 362, b) 253; XXe.

siècle : a) 572, b) 824.

Faussé :XIXe.

siècle : a) 219, b) 254; XXe.

siècle : a) 395, b) 510.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles