Définition et usage: FAVORISER, verbe transitif.

Définition et usage:

FAVORISER, verbe transitif.

 

A.— [Avec une idée de préférence] Traiter (quelqu'un) avec une bienveillance particulière. [La maîtresse de maison] se croyait le droit de favoriser les très jeunes (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 66 ). Une politique favorisant exclusivement le centre (MAURICE BARRES, Mes cahiers, tome 4, 1919-20, page 120 ). La nature et la fortune ne m'avaient pas favorisé (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 480) :

 

0 1. D'autres groupes s'étaient formés, politiques et confessionnels, et chacun favorisait ses camarades. Je fus donc amené à favoriser les miens. Ce qui était déjà une petite concession. Même parmi nous, je ne pus maintenir une parfaite égalité.

 

ALBERT CAMUS, La Chute, 1956, page 1538.

 

• Favoriser + gérondif. Ainsi le [l'homme] favoriserai-je en étudiant avant tout ses problèmes (ANTOINE DE SAINT-EXUPERY, Citadelle, 1944, page 581 ).

 

• Favoriser au détriment, aux dépens de. Une réforme qui semblait favoriser l'Eglise aux dépens de l'Université (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 347 ). Avoir favorisé les villes au détriment des campagnes (HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 327 ).

 

• Au participe passé. [Avec un complément d'agent introduit par une préposition] Sont-ils plus favorisés du sort, ceux dont le père existe (PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 59 ). Il est seulement moins heureux dans ses entreprises, moins favorisé du hasard (GEORGES DUHAMEL, Le Notaire du Havre, 1933, page 185 ).

 

— Spécialement. Donner plus qu'à un autre :

 

0 2. Le père ne peut favoriser aucun de ses fils; le grand-père ne peut favoriser aucun de ses petits-fils. Tous, ils recevront absolument, mathématiquement, part égale.

 

JEAN JAURÈS, Études socialistes, 1901, page 206.

 

• Au participe passé. [En parlant du sol, du climat] Qui est plus riche, meilleur qu'un autre. Région favorisée. Des délices que la nature a répandues sur cette terre favorisée que le Nil embrase de tout son amour (MADAME COTTIN, Mathilde, tome 1, 1805, page 294 ). Ces terres, aujourd'hui si favorisées du soleil, ont été autrefois sous des zones glaciales (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 173 ).

 

B.— [Sans idée de préférence]

 

1. [Avec l'idée d'accorder un bienfait particulier]

 

a) Favoriser (quelqu'un) de (quelque chose). Gratifier (quelqu'un) de (quelque chose). Favoriser d'un miracle. Doublon favorisait d'une remise cette puissante maison (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 588 ). Je le suppliais de me favoriser d'une prompte réponse (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT,

 

DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 297 ).

 

— [Le complément d'objet direct désigne une chose] Vous avez favorisé de vos regards certain carnet (ANDRE GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 734 ).

 

— Au participe passé. Le blessé est devenu un objet de mode (...) il alla à une ambulance favorisée de blessés (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 672 ). Les jeunes prophètes favorisés de visitations miraculeuses (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux 1945, page 50 ).

 

b) Spécialement, dans le domaine des rapports amoureux. Donner ses faveurs (à quelqu'un), lui manifester son amour par des marques déterminées. Au participe passé. Benjamin Constant, comme tous ceux qui ont aimé Louise, n'a pas été plus favorisé que les autres (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 127 ). Bien qu'il se prétendît favorisé des femmes autant que pas un (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 306 ).

 

2. [Avec l'idée d'une aide plus ou moins durable]

 

a) Favoriser quelque chose. Soutenir, rendre possible (une action, un comportement). Favoriser la croissance, le développement.

 

— [Le sujet désigne une personne] Il ouvrit la porte pour favoriser la fuite du jeune religieux (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE,

 

L'île des pingouins, 1908, page 131 ). Je favorisais cette amitié qui occupait Odile sans danger pendant que j'étais au bureau (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRE MAUROIS, Climats, 1928, page 57 ). Je ne veux pas qu'on me croie capable de favoriser une opération de police (GEORGES BERNANOS, Un Crime, 1935, page 762).

 

— [Le sujet désigne une action, un processus de transformation] L'amélioration, presque incroyable, de ma santé favorise beaucoup mon travail (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1118). Cette censure ne favorisait certes pas de libres effusions (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 119 ).

 

• Spécialement. Permettre le développement (de quelque chose). La destruction des ronces pour planter les pins a favorisé les fougères (VALÉRY LARBAUD. Journal, 1934, page 304 ) La vie commune devait favoriser et non contrecarrer mon entreprise fondamentale : m'approprier le monde (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958 page 147 ).

 

b) Favoriser quelque chose/quelqu'un. [Le sujet désigne une chose] Apporter son aide, être favorable à. La pente du pré favorisait nos enjambées énormes (ANDRE GIDE, Les Nouvelles nourritures, 1935, page 258 ). Des bons du trésor qui favorisent l'esprit d'épargne (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 119) :

 

0 3.... elle eut beau se débattre, elle fut enlevée par deux hommes et portée vers la voiture sans qu'elle pût jeter un seul cri, et sans que l'on s'aperçût de sa disparition, car l'obscurité, le tumulte, tout favorisa cet enlèvement.

 

HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 1, 1824, page 219.

 

• Au participe passé. Ce déploiement de capitaux fut si heureusement favorisé par les circonstances que la fortune du maître se doubla (CHARLES NODIER, La Fée aux miettes, 1831, page 171 ).

 

— Spécialement. [En parlant du temps] Être favorable, faciliter l'action de quelqu'un, le déroulement des événements. Depuis cinq jours que nous avons quitté la Jamaïque, le temps nous favorise (EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 30 ). Favorisée par un temps délicieux, la funèbre cérémonie ne laissa rien à désirer au point de vue de l'agrément (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, tableauô, II, page 224) :

 

0 4. Malheureusement, le temps, qui nous avait favorisé les premiers jours, changea brusquement dans la nuit du 24 au 25; la pluie se mit à tomber.

 

MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 89.

 

Remarque : La documentation atteste le participe présent en emploi adjectival. Cause favorisante; facteur favorisant L'aluminium (...) exerce (...) une action favorisante en augmentant sa multiplication [de la levure] et son activité (Eugène Boulanger, Malterie, brasserie, 1934, page 464).