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Définition et usage: FÉRIR, verbe transitif.

Publié le 14/02/2016

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Définition et usage:

FÉRIR, verbe transitif.

 

A.— Vieux ou littéraire. Frapper. Je suis le guerrier qui taille A grands coups d'épée dans la bataille; Son oeil est clair et son bras prompt à férir (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Le Pèlerin passionné, 1891, page 49) :

 

0 1.... il recevait du soleil, par la voix d'un corbeau, l'ordre de le tuer. Il en souffrait, car il l'aimait, ce fauve. Combien Alban comprenait (...) l'expression du jeune dieu — dans le bas-relief de Neueheim, par exemple, — qui détourne la tête à l'instant de férir avec un admirable geste de désespoir!

 

HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 432.

 

Emploi pronominal réfléchi :

 

0 2. Bien que l'avaleuse en eût, la veille, pinté joliment il en avait encore dans les veines, avant de se férir, le chéri, car son poignard (...) enfoncé, d'une main sûre au coeur, avait, à peine échappé d'entre ses doigts défaillants, été repoussé violemment, hors, presque, de la gaîne de chair...

 

LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 374.

 

Au figuré. César fut si vigoureusement féru par la beauté de Constance qu'il entra furieusement au Petit-Matelot pour y acheter six chemises de toile (HONORE DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 39) :

 

0 3. Les deux adversaires se regardèrent une seconde. Ils souriaient froidement. Je fis dévier l'entretien en me jetant à la traverse. L'idée que Schleiter pouvait férir Joseph et l'atteindre aux points sensibles m'indisposait assez vite.

 

GEORGES DUHAMEL, Vue de la Terre promise, 1934, page 124.

 

Locution adverbiale. Sans coup férir. Sans avoir à frapper, à combattre; sans rencontrer de résistance. Partout il était entré sans coup férir. La garde bourgeoise s'était rangée devant lui. L'armée, à cette vue, avait rendu ses armes (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 149) :

 

0 4.... les Anglais attaquaient l'armée germano-turque qui se retirait en désordre. Ils entraient à Jérusalem, délivraient sans coup férir toute la Palestine.

 

JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, L'An prochain à Jérusalem, 1924, page 272.

 

Au figuré. Sans résistance, sans difficulté. Mais ton coeur, qui dément tes formes intrépides, cède sans coup férir aux rudesses du sort (ALFRED DE VIGNY, Les Destinées, 1863, page 51). Ces dispositions légales ont permis aux résistants authentiques (...) de s'emparer sans coup férir de la totalité des journaux (GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 69 ).

 

B.— Emploi pronominal réfléchi, rare. [Correspond à féru II B par extension] Se férir de quelqu'un ou de quelque chose. Se prendre d'un grand intérêt pour quelqu'un ou quelque chose. Et tu m'assures qu'il [cet homme] est médecin? — Quand je vous dis que la châtelaine s'est férue d'un potard! (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Vie secrète, 1908, page 216) :

 

0 5. Le jeune homme lui plaisait, personnellement. Enfin il le voulait pour gendre, parce que, depuis longtemps, il s'était féru de cette idée, qui ne faisait que s'accroître.

 

GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 54.

 

Remarque : Férir ne s'emploie guère que dans la locution figuré sans coup férir à l'infinitif ou sous la forme du participe passé féru*.

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