DÉPLUMÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

DÉPLUMÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de déplumer* 

II.—  Adjectif. 

A.—  [En parlant d'un oiseau ou d'une partie de son corps]  Qui a été dépouillé de ses plumes. Aigle déplumé. Vautours au cou déplumé (MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 83 ). 

B.—  [Par analogie de nature, de forme, de fonction avec les plumes d'un oiseau]  Généralement plaisant, ironique ou familier.  Dépouillé (de quelque chose). 

1. [En parlant d'un animal autre qu'un oiseau, d'un végétal, d'un objet concret]  Fritz (...) est dans un état pitoyable : plus d'épaulettes, le panache tout déplumé (HENRI MEILHAC, LUDOVIC HALÉVY, La Grande-duchesse de Gérolstein,  1867, IV, 3, page 297 ). 

2. [En parlant d'une personne]  Qui a perdu ses cheveux, dont les cheveux sont éclaircis. Crâne déplumé. J'ai rendu visite à Chevallereau. (...) il est tout décati, tout déplumé (GEORGES DUHAMEL, Le Jardin des bêtes sauvages,  1934, page 53 ). 

—  Emploi comme substantif, familier : 

Ø 1. MARTIN. —  Je portais alors un léger gazon, car j'étais déjà chauve; au moment le plus... lyrique, j'ôtais ma perruque, la petite me flanquait à la porte en m'appelant : Vieux déplumé!...

EUGÈNE LABICHE, Le Prix Martin,  1876, I, 1, page 9. 

—  Par extension. 

a) Qu'on a dépouillé de ses biens, qui est dans la misère matérielle. Je vous reviendrai peut-être (...) si déplumé au retour d'Italie que je logerai sans trop de façon chez mes chers amis les Professeurs (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance générale, tome 3, 1818-69, page 103 ). 

b) Qui a un aspect misérable, qui est ou paraît diminué physiquement ou moralement. Les vieux refrains puérils méchants et périmés de sa mémoire inquiète usée et déplumée (JACQUES PRÉVERT, Paroles,  1946, page 94) : 

Ø 2. UN AUTRE. —  Eh là-bas! le dieu du soleil! tu as l'air joliment déplumé!

HUITCHTLIPOCHTLI. —  Hélas! hélas! (...) je m'étais retiré au Mexique et j'y étais si heureux! Hélas! hélas! c'est fini de mes grands repas de chair humaine!

PAUL CLAUDEL, Le Livre de Christophe Colomb,  1929, page 1163. 

 Fréquence absolue littéraire : 5 

Forme dérivée du verbe \"déplumer\"

 déplumer

DÉPLUMER, verbe transitif.  

A.—  Emploi transitif. 

1. [L'objet désigne un oiseau]  Lui enlever les plumes. Il a déjà tué une caille, déplumé une perdrix (JULES RENARD, Poil de carotte,  1894, page 239 ). 

2. [Par analogie de nature, de fonction avec les plumes d'un oiseau]  Généralement par plaisanterie, ironique ou familier.  Dépouiller : 

a) [Le complément désigne un végétal]  La bise les déplume [les hêtres] (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, La Normandie en fleurs,  1950, page 219 ). 

b) [Le complément désigne une personne]  Si M. le curé des Aires m'a mis son habit sur les épaules et le bourdon à la main, il a le pouvoir de me déplumer de tout cela (FERDINAND FABRE, Barnabé,  1875, page 91 ). 

—  En particulier.  Dépouiller quelqu'un de ses cheveux. C'était Samson, le fléau des Philistins, déplumé par l'astucieuse Dalilah! (LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs,  1879, page 360 ). 

B.—  Emploi pronominal. 

1. [À propos d'oiseaux] 

a) Rare, sens réciproque.  [Le sujet désigne des oiseaux]  S'arracher mutuellement les plumes. Ces oiseaux se déplument les uns les autres à coups de bec (Dictionnaire de l'Académie française.  1835-1932). 

b) Sens passif.  [Le sujet désigne un oiseau ou une partie de son corps]  Perdre ses plumes. Les oiseaux se déplument quand ils muent (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER) ). 

—  Dans un contexte métaphorique : 

Ø Modeste remarqua la préoccupation continuelle de l'homme d'esprit cherchant une pointe pour faire rire (...) un compliment pour flatter ces hautes puissances parmi lesquelles Melchior voulait se maintenir. Enfin là, ce paon se dépluma. 

HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon,  1844, page 290. 

2. Par analogie. 

a) Sens passif, généralement plaisant, ironique ou familier. 

—   [Le sujet désigne une personne ou une partie de son corps]  Perdre ses cheveux. Des lueurs d'acier dans ses yeux de blond qui se déplume (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers,  1936, page 256 ). 

—   [Le sujet désigne une personne ou une chose concrète]  Perdre ses biens, devenir pauvre. Notre stock en boutique, (...) C'était presque plus montrable (...) On se déplumait jour après jour (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 118 ). Notre salon se déplumait... Les bibelots sont barrés d'abord (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936 page 314 ). 

b) Sens réfléchi, argotique.  [Le sujet désigne une personne]  Sortir de son lit, de son plumard. C'est c'cochon de pépère qui met les autres en retard. (...) il ne peut pas s'déplumer, l'matin, l'pauv'petit (HENRI BARBUSSE, Le Feu,  1916, page 25 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9.