Dictionnaire en ligne: DÉBLAYER, verbe transitif. A.— 1. Enlever des décombres. Déblayer un terrain. · Emploi pronominal passif. Nos ruines se déblaient (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 601 ). 2. Par extension. Dégager un lieu des choses ou des personnes qui l'encombrent : Ø 1.... je me suis mis à déblayer pupitre, tables et embrasure de fenêtre, des paperasses et imprimés qui les encombraient. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 34. · Par brachylogie. Je suis à vous dans quelques minutes. Le temps de déblayer tous ces importuns (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 375 ). On déblaya la place des cadavres, qui tachaient la neige de leur sang (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 326 ). · emploi absolu. Le conducteur sauta dans la neige, dont il avait jusqu'aux genoux. (...). — Nous ne pouvons qu'essayer de déblayer, finit par dire le mécanicien (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 150 ). · Emploi pronominal passif. Les horizons pyrénéens se sont déblayés de leurs nuages (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Ramuntcho, 1897, page 41 ). Il y eut une brusque averse orageuse, puis le ciel se déblaya (ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 25 ). — Familier. Déblayer le plancher. Faire partir quelqu'un : Ø 2. — Arrangez-vous, six vendeurs doivent vous suffire... Vous en reprendrez en octobre, il en traîne assez dans les rues! D'ailleurs, Bourdoncle se chargeait des exécutions. (...). Tout lui devenait prétexte pour déblayer le plancher. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 534. B.— Au figuré. Faire disparaître ce qui est devenu inutile ou gênant : Ø 3.... le christianisme eut d'abord à déblayer les absurdités et les abominations dont l'idolâtrie et l'esclavage avaient encombré le genre humain. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 597. · emploi absolu. Avant d'en venir à l'essentiel, je voudrais déblayer un peu (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 165 ). · Emploi pronominal passif. Mais avec du temps, tout dans la vie se déblaie (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 77 ). — Déblayer le terrain. Aplanir les difficultés avant d'aborder l'essentiel d'une question : Ø 4. Hosmer voudrait même pousser les chefs à organiser, avant le congrès, des réunions préparatoires. Pour déblayer le terrain. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 100. — Spécialement. THÉÂTRE. Débiter très rapidement les parties peu importantes d'un rôle pour mettre en relief les parties essentielles : Ø 5. Aussi sabota-t-il complètement le dernier acte [du Roi s'amuse] (...) déblayant les vers à la vapeur, avec la hâte visible d'en finir. LÉON DAUDET, Fantômes et vivants, 1914, page 110. · emploi absolu. Sur tous ces points, Cornelius, comme on dit en style de théâtre, déblayait (MAURICE BARRÈS, Leurs figures, 1901, page 221 ). [Il] pressait son débit, déblayait, usait d'abréviations pour paraître moins long (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 872 ). Remarque : On rencontre dans la documentation l'adjectif déblayant Qui déblaie. Il s'imagina respirer, à longues respirations déblayantes et tremblées, quelque chose comme de l'air naïf et tout simple (JOSEPH MALÈGUE, Augustin, tome 2, 1933, page 86). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 185. DÉRIVÉS : Déblayage, substantif masculin. Action d'enlever ce qui est encombrant Synonyme : déblaiement. Si l'on peut appeler travail le déblayage d'un amoncellement de correspondance (ANDRÉ GIDE, Journal, 1917, page 631 ).
