Dictionnaire en ligne: DÉCRÉTER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: DÉCRÉTER, verbe transitif. [Le sujet ou l'agent désigne une autorité; le complément est un substantif, une proposition introduite par que] A.— DROIT. 1. ANCIEN DROIT FRANÇAIS. [Le complément désigne une personne ou une chose] Lancer un décret concernant quelqu'un ou quelque chose. a) Lancer un décret contre quelqu'un. Malouet, qui n'est ni décrété ni proscrit mais fort impopulaire (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1792, page 76 ). Il [M. de Saint-Gilles] fut décrété de prise de corps par le lieutenant civil, qui le fit trompetter deux fois, et condamner au Châtelet (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 557 ). Décréter d'arrestation (confer Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand, Histoire de ma vie, tome 1, 1855, page 72 ). Décréter quelqu'un d'accusation (confer Henri Lefebvre, La Révolution française, 1963, page 256 ). b) Prendre un décret concernant quelque chose. " Décréter une maison, une terre " (Dictionnaire de l'Académie Française). 2. DROIT et. usuel. Décider quelque chose souverainement. Le sénat avait décrété la démolition des temples d'Isis et de Sérapis (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 85 ). L'Assemblée décréta que la patrie était en danger (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 68) : Ø 1.... les conciles, couchés dans les bras des courtisanes, décrétaient la chasteté pour les simples prêtres. HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 21. — En particulier. Décider, ordonner quelque chose par décret. Le même jour, le Code civil ou le Code Napoléon est décrété pour nous apprendre à respecter les lois (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 376 ). En décrétant la liberté et l'égalité des droits, cette classe servait ses intérêts (HENRI LEFEBVRE, La Révolution française, 1963, page 167 ). B.— Par extension. Affirmer quelque chose avec autorité et force et généralement de son propre chef. Adrienne, vous sentez le patchouli! décrète ma mère, qui n'a jamais su ce qu'était le patchouli... (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 105 ). Si le docteur décrète qu'il est fou, qu'il faut l'interner, que faire? (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, IV, 4, page 207) : Ø 2. Jamais Christophe ne lui donnait la peine de prendre une décision : il décidait de tout, décrétait l'emploi des journées, décrétait même déjà l'emploi de la vie, faisant pour l'avenir de Otto, comme pour le sien, des plans qui ne souffraient point de discussion. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, page 160. — [En parlant de la divinité] : Ø 3. «... et la cupidité a ajouté : ainsi, j'opprimerai le faible, et je dévorerai les fruits de sa peine, et je dirai : c'est Dieu qui l'a décrété, c'est le sort qui l'a voulu ». CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 23. Remarque : On rencontre dans la documentation le néologisme décréteur, substantif masculin Celui qui décrète. Décréteur en paroles (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 665). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 322. Décrété : 222. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 303, b) 618; XXe. siècle : a) 423, b) 522. Décrété : XIXe. siècle : a) 498, b) 285; XXe. siècle : a) 212, b) 238.