Dictionnaire en ligne: DÉDOMMAGER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: DÉDOMMAGER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. Dédommager quelqu'un de quelque chose. 1. [Le sujet désigne la personne qui procède à l'indemnisation] Indemniser quelqu'un en lui donnant, en guise de compensation, l'équivalent d'un dommage, d'un préjudice subi ou d'un travail effectué. Dédommager (quelqu'un) des frais, de la perte subie, d'un effort; dédommager (quelqu'un) d'avoir attendu. Vous le dédommagerez par quelques écus (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 129 ). Quand il est reparti [un journaliste] , pour le dédommager de sa course inutile, je lui ai conseillé d'aller interviewer Coppée (PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, 1893-1906, page 352) : Ø 1. Comme il avait dédommagé l'Autriche aux dépens des princes allemands, il dédommagea l'Angleterre aux dépens de nos alliés : Ceylan fut enlevé à la Hollande, la Trinité à l'Espagne. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 105. SYNTAXE : Dédommager amplement, faiblement, largement; dédommager d'une épreuve, de la fatigue; dédommager (quelqu'un) par des poules, en poules. — Au figuré. Offrir (à quelqu'un) une compensation, de manière à réparer un dommage moral. Dédommager (quelqu'un) de la captivité, d'années difficiles, d'une privation, d'une contrariété. Il faut bien que je sois dédommagé un jour de tout ce que je souffre à présent (VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1821, page 75 ). Mais ils [Léo et Otto] ont la mine heureuse et vermeille des garçons qu'une amitié robuste a dédommagée de l'amour (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 185 ). 2. [Le sujet désigne ce qui est offert en compensation] Si je périssais en perdant votre petite fortune, cet or vous dédommagerait (HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 162) : Ø 2. «... En plus de ta mensualité, tu trouveras donc ci-jointe la somme de deux cents francs pour te dédommager des frais causés par le séjour d'Armand à Paris et lui permettre de revenir à Sérianne... LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 369. · Rare. [Le complément d'objet désigne un élément de la personne] : Ø 3. J'avais toujours gardé au fond de ma malle un pantalon de toile, une casquette et une blouse bleue, en cas de besoin, dans la prévision de courses dans les montagnes. Je pus donc dédommager mes jambes du long engourdissement des jours et des nuits de griffonnage et des promenades en gondole, et je fis une grande partie du voyage à pied. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 198. — Au figuré. L'approbation de ces quelques hommes vous dédommagerait amplement de la froideur des autres (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Antony, 1831, IV, 6, page 211 ). Toutes ses plus glorieuses conquêtes ne sauraient le [l'homme] dédommager d'être le seul animal averti qu'il doit finir (JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 132 ). Une existence enfin à mon échelle, qui se dédommagera de toutes mes humiliations, des dédains, des arrogances lâchement subies, de ma médiocrité et de tous mes déboires (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents 1952, page 269 ). B.— Emploi pronominal réfléchi. Se dédommager (de quelque chose). Compenser, réparer soi-même un dommage que l'on a subi. Se dédommager de ses pertes, d'un long travail; se dédommager avec les cancans. Allons, à Paris maintenant! Avec un agent! Plus de gendarme : tu t'es dédommagé sur un agent! (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 129 ). Je viens de passer mon examen d'écriture à l'Hôtel de Ville. Aussi, je me dédommage, comme tu vois, en griffonnant comme un chat (PAUL VERLAINE, Correspondance, tome 1, 1864, page 12) : Ø 4. Mme. de Sévigné n'est jamais plus en train de verve et de gaieté que quand elle parle de son fils et de ses fredaines, de ses mésaventures; on dirait que l'honnête femme se dédommage. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 1, 1863-69, page 294. Remarque : Comme le montrent les exemples, le dommage subi, lorsqu'il est exprimé, l'est par un substantif ou un infinitif précédé de la préposition de; ce qui sert de compensation s'exprime soit par le sujet (exemple de Mauriac et Jean Rostand), soit par un complément prépositionnel (avec, dans, en, par, sur). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 356. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 035, b) 514; XXe. siècle : a) 289, b) 177.