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Dictionnaire en ligne: DÉSOEUVRÉ, -ÉE, adjectif et substantif.

Publié le 08/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DÉSOEUVRÉ, -ÉE, adjectif et substantif. I.— Adjectif. A.— [Qualifie une personne ou un de ses aspects] Qui n'exerce pas ou plus d'activité. 1. [L'activité interrompue est de nature concrète ou générale] Qui a interrompu, cessé son travail. Comme à votre question, Monsieur, je peux, (...) vous croire très-désoeuvré (JOSEPH FIÉVÉE, La Dot de Suzette, 1798, page 112 ). Un personnage socratique, confortablement établi dans son fauteuil et qui, désoeuvré parce que c'était dimanche, avait le désir de bavarder (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 191 ). Je l'ai [Françoise] surprise, inattentive et désoeuvrée, près de son ouvrage (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 342 ). · [Par métonymie du déterminé; en parlant d'une partie du corps, etc.] Qui est le fait d'une personne désoeuvrée. Un visage (...) extraordinairement désoeuvré et accueillant (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page 116 ). Je suivis longtemps d'un oeil désoeuvré les jeux de lumière de la lune sur la mer (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 44 ). — En particulier. a) [En parlant d'une collectivité] Qui est sans emploi, sans occupation socialement reconnue. Les populations désoeuvrées de la Grèce et de Rome (AUGUSTE COMTE, Cours de philosophie positive,tome 5, 1839-42, page 549) : Ø 1.... il faudra faire des villes proportionnées à cette foule désoeuvrée et déshéritée qui n'aura plus rien à faire aux champs... EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1853, page 52. b) [En parlant de malades, de vieillards, etc.] Qui ne peut rien faire. Les Jacobins désoeuvrés [ne savaient] à quoi amuser leurs jours (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 322 ). Un de ces vieillards désoeuvrés qui regardaient d'un oeil distrait par les glaces des portières (ALPHONSE DE LAMARTINE, Raphaël, 1849, page 237 ). Altesses phtisiques ou désoeuvrées (GUY DE MAUPASSANT, Sur l'eau, 1888, page 247 ). 2. [L'activité interrompue est de nature spirituelle] Qui n'a plus d'activité essentielle par suite de la perte de l'objet qui concentre ordinairement l'attention. Mon esprit impatient et désoeuvré (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913-14, page 330 ). Mon cerveau désoeuvré fabrique de la tristesse, du dégoût, de l'ennemi (ANDRÉ GIDE, Journal, 1931, page 1042 ). 3. [L'activité interrompue est de nature affective] a) Qui a perdu la possibilité de fixer son intérêt. Je sentais mon coeur désoeuvré (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 570 ). Il y a des maux qui disparaissant tout à coup, laissent l'homme vide et l'âme comme désoeuvrée (PAUL VALÉRY, Tel quel I, 1941, page 86 ). b) En particulier. [Avec une forte connotation affective] a ) Qui est mal à l'aise, désemparé, prostré parce que soudain privé de son centre d'intérêt. Les parents, désoeuvrés d'une longue attente, causent entre eux (ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 2, 1876, page 248 ). Dès que je ne suis plus requis par quelque occupation précise, je me sens vague, errant, désoeuvré (ANDRÉ GIDE, Journal, 1937, page 1262 ). ß ) Qui est atteint d'ennui, d'incuriosité, de fatigue psychologique. Quasi-synonymes : neurasthénique, mélancolique. J'étais tourmenté, agité, désoeuvré surtout, même en plein travail (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 73 ). Fernand désoeuvré s'arrête (FRANÇOIS MAURIAC, Génitrix, 1923, page 389 ). B.— [S'applique à un lieu, un laps de temps, un objet] 1. [Lieu] Où ne s'exerce plus aucune activité. Quasi-synonymes : désaffecté, abandonné. Par un long usage, toutes les affaires aboutissaient encore à mon désoeuvré cabinet (PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS, Époques, 1793, page 138 ). Au long du haut mur triste de cette ruelle désoeuvrée (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux 1945, page 52 ). 2. [Laps de temps] Durant lequel on n'exerce pas d'activité. Que d'heureux passe-temps De leurs jours désoeuvrés amusent les instans! (ABBÉ JACQUES DELILLE, L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises, 1800, page 63 ). Un de ces après-midi tout à fait désoeuvrés et très mornes (ANDRÉ BRETON, Nadja, 1928, page 57 ). 3. [Objet] Dont on ne se sert plus. Parmi des pioches rouillées, des râteaux à foin, des herses hors d'usage, j'ai fini par découvrir un char à bancs vermoulu, délaissé, désoeuvré, les deux bras à terre (ALPHONSE DAUDET, Robert Helmont, 1874, page 59 ). II.— Emploi comme substantif masculin et féminin. Celui ou celle qui est désoeuvré(e). A.— Personne sans activité matérielle ou générale. 1. Personne qui ne fait (plus) rien, personne sans travail, sans activité. Les potins, les espionnages et les délations de ces désoeuvrés minés d'ennui (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 102 ). Ce passe-temps de désoeuvrés qu'ils appelaient religion (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 307) : Ø 2. Le peuple est-il laborieux? Je ne le crois pas. Il n'y a que des désoeuvrés partout, dans la campagne, comme dans les villes. EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, page 110. 2. En particulier. Personne sans activité obligatoire, vivant en dehors de toute activité professionnelle. Doctes désoeuvrés (PROSPER MÉRIMÉE, Mélanges historiques et littéraires, 1855, page 362 ). Ces essais qu'elle [Léa] fit pour rentrer dans la vie remuante des désoeuvrés lui causèrent une fatigue qu'elle ne comprenait pas (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 182) : Ø 3. C'était [Waldeck] un des derniers désoeuvrés, un homme d'autrefois : le matin il faisait du fleuret, l'après-midi il recherchait les éditions originales du XVIIe. siècle, puis les cartomanciennes... PAUL MORAND, Lewis et Irène, 1924, page 30. B.— Personne atteinte d'ennui, de lassitude. Quasi-synonymes : neurasthénique, blasé. C'est ici que les riches, les désoeuvrés et les valétudinaires viendront chercher le repos (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 1, 1801, page 246 ). Le public, (...) composé, en majorité, de désoeuvrés qui cherchaient uniquement à se désennuyer (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 992 ). Remarque : Dans un exemple, on peut hésiter entre la valeur d'adjectif et celle de participe passé de désoeuvrer*. D'autres enfin, désoeuvrés par la facilité de l'argent et par la dispersion de leurs camarades de lycée (Nizan, La Conspiration, 1938, page 76). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 306. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 323, b) 373; XXe. siècle : a) 537, b) 502. Forme dérivée du verbe "désoeuvrer" désoeuvrer DÉSOEUVRER, verbe transitif. Vieilli, rare. Priver quelqu'un d'activité sérieuse. Désoeuvrer les jeunes gens. Quant à Mademoiselle que désoeuvre l'isolement (STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1870, page 321 ). — Emploi pronominal réfléchi. S'abandonner à l'oisiveté, ne s'intéresser à aucune action sérieuse. Qui donc s'égaie et se désoeuvre à ce spectacle d'une création toujours naissante et toujours moribonde? (ALFRED DE MUSSET, La Confesssion d'un enfant du siècle, 1836, page 367 ). Remarque : La documentation atteste un emploi adjectival du participe présent Échapper à son emprise désoeuvrante [du loisir] (Emmanuel Mounier, Traité du caractère, 1946, page 320). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4.

« 2, 1876, page 248 ).

Dès que je ne suis plus requis par quelque occupation précise, je me sens vague, errant, désoeuvré (ANDRÉ GIDE, Journal, 1937, page 1262 ). ß ) Qui est atteint d'ennui, d'incuriosité, de fatigue psychologique.

Quasi-synonymes : neurasthénique, mélancolique. J'étais tourmenté, agité, désoeuvré surtout, même en plein travail (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 73 ). Fernand désoeuvré s'arrête (FRANÇOIS MAURIAC, Génitrix, 1923, page 389 ). B.— [S'applique à un lieu, un laps de temps, un objet] 1.

[Lieu] Où ne s'exerce plus aucune activité.

Quasi- synonymes : désaffecté, abandonné.

Par un long usage, toutes les affaires aboutissaient encore à mon désoeuvré cabinet (PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS, Époques, 1793, page 138 ).

Au long du haut mur triste de cette ruelle désoeuvrée (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux 1945, page 52 ). 2.

[Laps de temps] Durant lequel on n'exerce pas d'activité. Que d'heureux passe-temps De leurs jours désoeuvrés amusent les instans! (ABBÉ JACQUES DELILLE, L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises, 1800, page 63 ).

Un de ces après-midi tout à fait désoeuvrés et très mornes (ANDRÉ BRETON, Nadja, 1928, page 57 ). 3.

[Objet] Dont on ne se sert plus.

Parmi des pioches rouillées, des râteaux à foin, des herses hors d'usage, j'ai fini par découvrir un char à bancs vermoulu, délaissé, désoeuvré, les deux bras à terre (ALPHONSE DAUDET, Robert Helmont, 1874, page 59 ). II.— Emploi comme substantif masculin et féminin.

Celui ou celle qui est désoeuvré(e). A.— Personne sans activité matérielle ou générale. 1.

Personne qui ne fait (plus) rien, personne sans travail, sans activité.

Les potins, les espionnages et les délations de ces désoeuvrés minés d'ennui (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 102 ).

Ce passe-temps de désoeuvrés qu'ils appelaient religion (VALÉRY LARBAUD, A. O.

Barnabooth, 1913, page 307) : Ø 2.

Le peuple est-il laborieux? Je ne le crois pas.

Il n'y a que des désoeuvrés partout, dans la campagne, comme dans les villes. EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, page 110. 2.

En particulier.

Personne sans activité obligatoire, vivant en dehors de toute activité professionnelle.

Doctes désoeuvrés (PROSPER MÉRIMÉE, Mélanges historiques et littéraires, 1855, page 362 ).

Ces essais qu'elle [Léa] fit pour rentrer dans la vie remuante des désoeuvrés lui causèrent une fatigue qu'elle ne comprenait pas (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 182) : Ø 3.

C'était [Waldeck] un des derniers désoeuvrés, un homme d'autrefois : le matin il faisait du fleuret, l'après-midi il recherchait les éditions originales du XVIIe.

siècle, puis les cartomanciennes... PAUL MORAND, Lewis et Irène, 1924, page 30. B.— Personne atteinte d'ennui, de lassitude.

Quasi- synonymes : neurasthénique, blasé.

C'est ici que les riches, les désoeuvrés et les valétudinaires viendront chercher le repos (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, 2. »

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