Dictionnaire en ligne: DESSERRER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: DESSERRER, verbe transitif. A.— Relâcher, détendre ce qui est serré ou ce qui serre. Desserrer une cravate : Ø 1. Elle [Wanda] se jette littéralement sur Isabelle et l'étreint nerveusement. Isabelle pousse un cri : « Aïe! » Wanda desserre son étreinte, sans lâcher son amie, et elle reste quelques secondes le visage enfoui contre l'épaule d'Isabelle. ROGER MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, page 1327. — En particulier. Desserrer les dents à quelqu'un. Lui ouvrir la bouche, lui écarter de force les mâchoires. Desserrer les dents avec une cuiller (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1911, page 305 ). — Emploi pronominal à sens passif. Une vis du delco de ma 402 se desserre tout le temps (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 289) : Ø 2. La bouche s'ouvre, on voit les dents qui se desserrent. Un soupir. Les jambes, les bras se détendent. Un après l'autre, les doigts menus s'allongent, s'écartent, se plient dans la position habituelle de la main au repos. JEAN GIONO, Colline, 1929, page 134. — TYPOGRAPHIE. Desserrer une forme. Chasser avec le marteau les coins hors de leur place (Charles-Louis Carabelli, [Langage de l'imprimerie] ). · En périphrase factitive. Il [Aristide] fit desserrer la forme (ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 105 ). Remarque : On rencontre desserrer, emploi pronominal, régionalisme (Canada, Centre, Ouest). Devenir moins serré, s'écarter. De loin, ils [des arbres] semblent impénétrables. Dès que j'approche, leurs troncs se desserrent (JULES RENARD, Histoire naturelle, 1896, page 287). La cohue se desserre un peu (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 300). B.— Au figuré. Merci pour la bonne nouvelle! Ça me desserre un peu le coeur (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1878, page 169 ). L'angoisse m'a pris au coeur et ne desserre pas son étreinte (ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises, 1913, page 663 ). — Locutions. · [Généralement dans un contexte négatif] Desserrer les dents, les lèvres, les mâchoires. Parler, dire quelque chose. Monte-Cristo, qui desserrait si rarement les lèvres, allait parler (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 514) : Ø 3. Il [Musset] arrive à huit heures, me salue, s'assied, ne desserre pas les dents, part après le dîner sans que j'aie entendu le son de sa voix. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 542. · Desserrer les cordons de la bourse, desserrer les bourses. (Faire) débourser. L'effort de la religion consistait à desserrer les bourses, à vider les poches (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Le Père Amable, 1886, page 216 ). · Desserrer un coup de pied, un coup de fouet, un soufflet, etc. (Dictionnaire de l'Académie Française). Le donner avec violence. Remarque : On rencontre dans la documentation desserré, ée, adjectif. Qui ne serre plus, défait. Le massif chignon noir un peu desserré (JOSEPH MALÈGUE, Augustin, tome 2, 1933, page 21). Sa cartouchière, desserrée, bringuebalait sur son ventre (HERVÉ BAZIN, Vipère, 1948, page 68). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 393. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 167, b) 602; XXe. siècle : a) 769, b) 738.