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Dictionnaire en ligne: DÉVORER, verbe transitif.

Publié le 08/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DÉVORER, verbe transitif. A.— Manger avec voracité et rapidité. 1. [Le sujet désigne un animal carnassier] Dévorer un agneau, une proie. Les poissons ne sont mus que par une voracité aveugle et irréfléchie, dévorant sans distinction toute proie vivante (FRANÇOIS-JOSEPH-VICTOR BROUSSAIS, Cours de phrénologie, 1836, page 62) : Ø 1. Le sanglier est omnivore. Même il ne dédaigne point la chair. Lorsqu'il les peut surprendre, il dévore au gîte les levrauts vagissants, (...) Il ne sort que la nuit pour vaguer et manger. Il mange avec gloutonnerie. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 4. — Par extension. [En parlant d'un animal nuisible] Détruire en rongeant Les insectes dévorent les plantes (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, page 48 ). Le livre parlementaire le « barodet » (...) était littéralement dévoré par les mites (LÉON DAUDET, Le Bréviaire du journalisme, 1936, page 213 ). — Par exagération, familier. Piquer, mordre à maintes reprises. Dévoré de poux, par les poux. Une grêle de moustiques qui m'ont dévoré les jambes (GUSTAVE FLAUBERT. Correspondance, 1850, page 193 ). 2. Par analogie. [Le sujet désigne une personne] Dévorer du pain, des fruits; dévorer son dîner; dévorer avec avidité, goulûment : Ø 2. Et elle dévora certes la moitié de la volaille qu'elle dépeçait à grands coups de mâchoires avec des allures de carnivore. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les soeurs Rondoli, 1884, page 1264. · emploi absolu. Manger beaucoup, avec gros appétit. Il dévora, de l'appétit d'un homme qui ne s'était pas repu depuis deux jours (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 657 ). — Locution figurée. a) Dévorer quelqu'un de baisers, de caresses. Le couvrir de baisers, de caresses. La même qui dévore de baisers cet objet répugnant me traiterait de « sadique » si elle me voyait baiser une rose (HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, page 590 ). b) Dévorer quelque chose des yeux, du regard, des oreilles. Regarder intensément, avec convoitise ou avec une vive curiosité; écouter avidement et avec une extrême attention : Ø 3. On vit dans une époque, à la Cour, si c'est une époque de cour; on y passe sa vie à regarder, à écouter, et, quand on est Saint-Simon, à écouter et à regarder avec une curiosité, une avidité sans pareille, à tout boire et dévorer des oreilles et des yeux. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE. Causeries du lundi, tome 15, 1851-62, page 434. B.— Au figuré. 1. [L'idée dominante est celle d'absorption, de consommation totale et rapide] a) [L'objet désigne des biens matériels] Dépenser entièrement avec rapidité et prodigalité des biens personnels ou ce qui constitue les ressources d'une autre personne ou d'une collectivité. Dévorer un capital, un héritage, un patrimoine. Un petit nombre de brigands dévore la multitude; et la multitude se laisse dévorer (CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 96 ). Vous ne consommez pas, si le mot vous choque vous dévorez quarante mille francs portés au budget de l'État (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 379) : Ø 4. Son capital écorné de moitié, il épousa une fille de belle jambe et de peu de principes qui acheva de dévorer le meuble et l'immeuble. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 36. — Par analogie. [Le sujet désigne une chose] Utiliser quelque chose en totalité, l'épuiser rapidement. [Les] consommations de munitions que le matériel moderne était en mesure de dévorer en peu de temps (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 49 ). b) [L'objet désigne une certaine étendue d'espace ou de temps] — [En parlant d'une distance ou d'une surface] · Couvrir une distance, la parcourir avec une extrême rapidité. Il court, il vole, il dévore la distance (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Le Convive des dernières fêtes, 1883, page 149 ). Ce bolide dévorait ses 83 kilomètres en 4 heures et demie (PIERRE ROUSSEAU, Histoire des techniques et des inventions, 1967, page 254 ). · Envahir, recouvrir la totalité d'une surface. Si la lumière arrive de face et de manière à dévorer les ombres (CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 553 ). Ses yeux éblouissants dévoraient toute sa face (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 117 ). — [En parlant d'un espace de temps] Le faire passer rapidement en l'occupant dans sa totalité. Ces menues brimades qui dévorent le temps, occupent l'esprit (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 307) : Ø 5. Il a tant à vivre pour lui-même qu'il n'a pas le temps de vivre pour le dehors. Il ne veut rien laisser perdre de cette vie brûlante et multiple, qui lui échappe et qu'il dévore avec précipitation et avidité. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 16. c) [L'objet désigne un écrit] Le lire en épuisant son contenu avec rapidité et avidité. Dévorer une lettre, un livre, un ouvrage. Son activité brûlante dévorait les dossiers (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 370) : Ø 6. Heureusement, dans la même année, parut une illustre préface que nous dévorâmes aussitôt, et qui faillit nous convaincre à jamais. ALFRED DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, page 661. d) [L'objet désigne un phénomène moral pénible, sa cause, ses manifestations] Accepter, subir sans protestation, sans réplique, sans faire apparaître ses réactions. Dévorer un affront, une insulte; dévorer son chagrin, ses larmes. J'avais senti l'injure, et je la dévorais en silence (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 466 ). Par fierté elle dévore toutes ses tristesses, ses déconvenues (ANDRÉ GIDE, Journal. 1914, page 439 ). 2. [L'idée dominante est celle de destruction rapide] Réduire à néant; consumer. a) [Le sujet désigne une force naturelle] Le crépitement d'une flamme d'incendie qui multipliait ses foyers, dévorait de proche en proche les îlots d'abord préservés (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1899, page 9 ). — Par analogie. [En parlant du temps] L'irrésistible torrent des heures qui dévorent sans retour notre être instantané (ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Rêveries sur la nature primitive de l'homme, 1799, page 231 ). b) [Le sujet désigne un mal physique ou social] Dégrader totalement, ruiner. Dévoré par la maladie, par la fièvre. Aussi ne se faisait-il pas faute, (...) de voir dans l'ulcère qui dévore les aristocraties intellectuelles de tous les pays le vice propre de l'art (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 705 ). — [En parlant d'une sensation vive, d'un sentiment pénible, d'une passion violente] Tourmenter vivement. Dévoré par la soif, par la passion; dévoré d'amour, de haine, de soucis. La soif inextinguible qui dévora ses compagnons pendant cette journée (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 1, 1868, page 157 ). L'horrible inquiétude qui torturait ma raison et l'atroce amour qui me dévorait le coeur (OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 113 ). Remarque : Dans ce sens dévorer peut être employé à la forme pronominale réfléchi Je me ronge, je me dévore d'impatience. Ce qui m'exaspère c'est la stupidité des autorités locales (GUSTAVE FLAUBERT Correspondance, 1870, page 146). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 347. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 609, b) 3 731; XXe. siècle : a) 2 848, b) 2 335. DÉRIVÉS : Dévorable, adjectif. Qui peut être dévoré. Par métaphore. Si l'amant pouvait vérifier la calomnie, même quand il la trouverait fondée, elle serait rendue dévorable par l'imagination (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'amour, 1822, page 133 ).

« avec rapidité et prodigalité des biens personnels ou ce qui constitue les ressources d'une autre personne ou d'une collectivité.

Dévorer un capital, un héritage, un patrimoine. Un petit nombre de brigands dévore la multitude; et la multitude se laisse dévorer (CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 96 ).

Vous ne consommez pas, si le mot vous choque vous dévorez quarante mille francs portés au budget de l'État (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 379) : Ø 4.

Son capital écorné de moitié, il épousa une fille de belle jambe et de peu de principes qui acheva de dévorer le meuble et l'immeuble. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 36. — Par analogie.

[Le sujet désigne une chose] Utiliser quelque chose en totalité, l'épuiser rapidement.

[Les] consommations de munitions que le matériel moderne était en mesure de dévorer en peu de temps (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 49 ). b) [L'objet désigne une certaine étendue d'espace ou de temps] — [En parlant d'une distance ou d'une surface] · Couvrir une distance, la parcourir avec une extrême rapidité.

Il court, il vole, il dévore la distance (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Le Convive des dernières fêtes, 1883, page 149 ).

Ce bolide dévorait ses 83 kilomètres en 4 heures et demie (PIERRE ROUSSEAU, Histoire des techniques et des inventions, 1967, page 254 ). · Envahir, recouvrir la totalité d'une surface.

Si la lumière arrive de face et de manière à dévorer les ombres (CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 553 ).

Ses yeux éblouissants dévoraient toute sa face (JEAN- PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 117 ). — [En parlant d'un espace de temps] Le faire passer rapidement en l'occupant dans sa totalité.

Ces menues brimades qui dévorent le temps, occupent l'esprit (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 307) : Ø 5.

Il a tant à vivre pour lui-même qu'il n'a pas le temps de vivre pour le dehors.

Il ne veut rien laisser perdre de cette vie brûlante et multiple, qui lui échappe et qu'il dévore avec précipitation et avidité. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 16. c) [L'objet désigne un écrit] Le lire en épuisant son contenu avec rapidité et avidité.

Dévorer une lettre, un livre, un ouvrage.

Son activité brûlante dévorait les dossiers (ANATOLE- FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 370) : Ø 6.

Heureusement, dans la même année, parut une illustre préface que nous dévorâmes aussitôt, et qui faillit nous convaincre à jamais. ALFRED DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, page 661. d) [L'objet désigne un phénomène moral pénible, sa cause, ses manifestations] Accepter, subir sans protestation, sans réplique, sans faire apparaître ses réactions.

Dévorer un affront, une insulte; dévorer son chagrin, ses larmes.

J'avais senti l'injure, et je la dévorais en silence (EMMANUEL 2. »

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