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Dictionnaire en ligne: DOMPTER, verbe transitif.

Publié le 22/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DOMPTER, verbe transitif. I.— A. Vieilli ou littéraire. [Le complément d'objet désigne un groupe de personnes défini historiquement ou socialement] 1. HISTOIRE. Soumettre, par la force, (un peuple barbare) à son autorité politique. Dompter et civiliser les barbares. Synonymes : assujettir, asservir. César voulait (...) dompter les Parthes, et renouveler la conquête d'Alexandre (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 279) : Ø 1. Charles représentera l'ordre et la sécurité. Il a déjà battu les agitateurs neustriens : la légalité est rétablie. Il dompte encore les Saxons, toujours prêts à se remuer et à envahir. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 31. 2. Par extension. a) Réduire à l'obéissance. Synonyme : mater. Dompter la grève (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 29 ). La Vendée n'était pas complètement domptée et on ne pouvait douter que les coalisés, au printemps, feraient un nouvel effort (HENRI LEFEBVRE, La Révolution française, 1963, page 384) : Ø 2.... par manque d'autorité naturelle, on cherche à régner par la terreur. On perd prise, et bientôt plus rien ne suffit à dompter le mécontentement grandissant des indigènes, souvent parfaitement doux, mais que révoltent et poussent à bout les injustices, les sévices, les cruautés. ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo, 1927, page 693. b) Par analogie. [Le complément d'objet désigne une personne ou un groupe de personnes] Exercer un fort ascendant sur (quelqu'un). Synonyme : subjuguer. Quand on aime éperdûment, n'est-on pas esclave, et ne sais-tu pas qu'un mot de toi me dompte et m'enchaîne? (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Consuelo, tome 2, 1842-43, page 222 ). Jamais Réjane n'a été plus grande actrice, plus acclamée, plus maîtresse d'un public complètement dompté (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1892, page 209 ). — Par extension. Dompter les coeurs. Le chant (...) ouvre son large essor Et prend les coeurs domptés en ses doux liens d'or (THÉODORE DE BANVILLE, Les Exilés, 1874, page 47 ). B.— Usuel. [Le sujet désigne une personne; le complément d'objet un animal] Amener (un animal sauvage) à l'obéissance, en brisant généralement par des méthodes violentes sa résistance. Dompter des taureaux, des lions. On ne dompte les chevaux que par la faim, le défaut de sommeil et le sucre! (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 335 ). Ainsi que ces jeunes cavales qu'il faut dompter par l'usure, avant qu'elles se résignent au harnais (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 260) : Ø 3. Aux premiers temps, les généraux vainqueurs, quand ils rentraient à Rome, avaient le corps peint en vermillon. Et ne signifiaient-ils pas leur puissance sous la forme de bêtes sauvages attelées à leur char, comme la signifiaient en domptant de pareilles bêtes les tueurs de taureaux? HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 564. II.— Au figuré et littéraire. A.— [Le complément d'objet désigne un élément naturel, une force de la nature] Rendre inoffensif ou utilisable. Dompter les fleuves, les forces de la nature. Synonymes : maîtriser, domestiquer. La déesse rentra dans la forge du dieu, Elle le vit, de loin, qui, selon sa coutume, domptait les durs métaux, penché sur son enclume (LOUIS BOUILHET, Dernières chansons, 1869, page 140 ). Il [l'homme] a dompté la mer fougueuse, il a dompté la foudre, et les torrents servent sa volonté (CHARLES GUÉRIN, Le Coeur solitaire. 1904, page 112) : Ø 4. Jamais il [l'homme] n'a eu autant de possibilités qu'aujourd'hui de se rendre maître et possesseur de la nature, de la dompter, de l'acclimater, de la civiliser, de l'organiser, de la discipliner. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, présence de l'éternité dans le temps, 1949, page 27. — Par analogie. Dompter le hasard, la mort. Les moyens de dompter l'inexorable maladie manquèrent (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 132 ). Admire comme Courtial, mon enfant, va terrasser, dompter, contraindre, enchaîner, soumettre la rebelle fortune! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 589 ). B.— [Le complément d'objet désigne une entité psychique] 1. [Dans le domaine de la morale, le complément désignant une force psychique considérée comme moralement dangereuse ou mauvaise] Briser, se rendre maître de. Dompter ses passions, ses désirs. Elle chercha d'abord à dompter sa chair par les veilles. Nous avons vu avec quelle sévérité persévérante elle savait se mortifier sur ce point (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page 46 ). Plus nous sommes civilisés, intelligents, raffinés, plus nous devons vaincre et dompter l'instinct animal qui représente en nous la volonté de Dieu (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1160) : Ø 5. Votre silence de Toul m'a fait abjurer la coquetterie. Hé bien! vos nouveaux torts envers moi me feront chercher à dompter les défauts qui vous ont déplu en moi. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1794, page 225. 2. [Le complément désigne une faculté physique, intellectuelle, artistique considérée comme excessive ou désordonnée] Discipliner. — [Le sujet désigne une personne] Je suis parvenu à dompter l'humeur vagabonde de ma pensée, assez pour l'astreindre à un travail à peu près régulier et resserrer dans un cadre mon existence qui se dissipait dans un champ sans limites (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1832, page 46 ). La force tendue de son lyrisme dompte et entraîne tout (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1914, page 430 ). Dompter une mémoire indocile (GEORGES DUHAMEL, Le Désert de Bièvres, 1937, page 121 ). — [Le sujet désigne une chose concrète ou abstraite] Plus rarement. Les circonstances, de longues inquiétudes, une fortune gênée me paraissent avoir dompté en elle ce décousu, cette activité sans but (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, 1804, page 87 ). 3. [Le complément désigne une sensation, un sentiment pénible] Dominer, maîtriser. Dompter une douleur, une émotion, une peur, une colère, un dégoût, un chagrin; dompter sa timidité, son orgueil. Cet autre [Pascal] domptait un mal de dent par des recherches sur la cycloïde (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 77) : Ø 6. Pour moi, je ne puis m'empêcher d'admirer la présence d'esprit de ce médecin, son courage à dompter toute répugnance physique (car enfin les draps où il s'est inséré ne devaient pas être fort ragoûtants), et même sa vigueur à balayer des opinions reçues. FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 241. — Par extension. [Le complément désigne un symptôme physique] Rien n'apparaissait, ne trahissait l'effort du combat, pour dompter les battements du coeur (ÉMILE ZOLA, Le Rêve, 1888, page 153 ). 4. Emploi pronominal réfléchi. Se maîtriser, se contrôler. Elle [Léa] prolongea sa chanson (...) fière de se dompter si aisément, d'escamoter la seule minute émue de leur séparation (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 83) : Ø 7. Le jeune homme était furieux contre lui-même et il pâlit de la peur de ne pouvoir se dompter. Et il se dompta et ses membres, qui s'étaient raidis au contact des autres membres qui le faisaient prisonnier, se détendirent et il se laissa conduire. GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 153. Remarque : La documentation fournit l'adjectif domptable. Qui peut être dompté. De petites émotions aisément domptables (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 243). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 497. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 871, b) 840; XXe. siècle : a) 896, b) 378.

« II.— Au figuré et littéraire. A.— [Le complément d'objet désigne un élément naturel, une force de la nature] Rendre inoffensif ou utilisable.

Dompter les fleuves, les forces de la nature.

Synonymes : maîtriser, domestiquer.

La déesse rentra dans la forge du dieu, Elle le vit, de loin, qui, selon sa coutume, domptait les durs métaux, penché sur son enclume (LOUIS BOUILHET, Dernières chansons, 1869, page 140 ).

Il [l'homme] a dompté la mer fougueuse, il a dompté la foudre, et les torrents servent sa volonté (CHARLES GUÉRIN, Le Coeur solitaire.

1904, page 112) : Ø 4.

Jamais il [l'homme] n'a eu autant de possibilités qu'aujourd'hui de se rendre maître et possesseur de la nature, de la dompter, de l'acclimater, de la civiliser, de l'organiser, de la discipliner. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, présence de l'éternité dans le temps, 1949, page 27. — Par analogie.

Dompter le hasard, la mort.

Les moyens de dompter l'inexorable maladie manquèrent (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 132 ).

Admire comme Courtial, mon enfant, va terrasser, dompter, contraindre, enchaîner, soumettre la rebelle fortune! (LOUIS- FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 589 ). B.— [Le complément d'objet désigne une entité psychique] 1.

[Dans le domaine de la morale, le complément désignant une force psychique considérée comme moralement dangereuse ou mauvaise] Briser, se rendre maître de.

Dompter ses passions, ses désirs.

Elle chercha d'abord à dompter sa chair par les veilles.

Nous avons vu avec quelle sévérité persévérante elle savait se mortifier sur ce point (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page 46 ).

Plus nous sommes civilisés, intelligents, raffinés, plus nous devons vaincre et dompter l'instinct animal qui représente en nous la volonté de Dieu (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1160) : Ø 5.

Votre silence de Toul m'a fait abjurer la coquetterie. Hé bien! vos nouveaux torts envers moi me feront chercher à dompter les défauts qui vous ont déplu en moi. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1794, page 225. 2.

[Le complément désigne une faculté physique, intellectuelle, artistique considérée comme excessive ou désordonnée] Discipliner. — [Le sujet désigne une personne] Je suis parvenu à dompter l'humeur vagabonde de ma pensée, assez pour l'astreindre à un travail à peu près régulier et resserrer dans un cadre mon existence qui se dissipait dans un champ sans limites (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1832, page 46 ).

La force tendue de son lyrisme dompte et entraîne tout (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1914, page 430 ).

Dompter une mémoire indocile (GEORGES DUHAMEL, Le Désert de Bièvres, 1937, page 121 ). — [Le sujet désigne une chose concrète ou abstraite] Plus rarement.

Les circonstances, de longues inquiétudes, une fortune gênée me paraissent avoir dompté en elle ce décousu, cette activité sans but (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, 1804, page 87 ). 2. »

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