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Dictionnaire en ligne: DORÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 22/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DORÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de dorer* II.— Emploi adjectival. A.— TECHNOLOGIE et. usuel. Qui est recouvert d'or, d'ornements dorés. 1. [En parlant d'un objet, d'un matériau] Recouvert d'une mince couche d'or ou d'une substance ayant l'apparence de l'or. Bois, bronze, marbre doré; cadre, vase doré; statue dorée. Un long mur avec de grands panneaux de bois noir suspendus, tenus par des clous dorés (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 5, Confessions, 1895, page 42) : Ø 1. Les fauteuils et les divans ont les pieds dorés. Autour de la salle il y a des consoles dorées; et les lambris (...) ma foi, il y a aussi des lambris dorés. La chose est complète, comme tu vois. GÉRARD DE NERVAL, Voyage en Orient, tome 1, 1851, page 75. — Spécialement. RELIURE. [En parlant d'un livre] Doré sur tranche. Dont la (les) tranche(s) est (sont) recouverte(s) d'une couche d'or. Par plaisanterie. Fourchevif [apercevant la livrée de Tronquoy] . — Comment, te voilà encore doré sur tranches à neuf heures du matin? (...) va mettre ta petite veste (EUGÈNE LABICHE, Le baron de Fourchevif, 1859, 3, page 383 ). Il faillit tomber sur un état-major entièrement doré sur tranche (JEAN GIONO, Le Bonheur fou, 1957, page 446 ). — Emploi comme substantif à valeur de neutre. Une seule chambre avait échappé aux fauteuils acajou, au doré des pendules sous globe (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 126 ). 2. Recouvert, enrichi d'ornements dorés. Un habit doré; un salon doré. Dans les pays religieux, la cathédrale est l'endroit le plus orné, le plus riche, le plus doré, le plus fleuri (THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, 1843, page 155 ). Par métaphore. Les façades dorées des siècles dits chrétiens (FRANÇOIS MAURIAC, Bloc-notes, 1958, page 270 ). — [En parlant de pers] Vêtu d'habits dorés, chamarrés. Les généraux dorés galopent triomphants, Regardés par les morts tombés à la renverse (VICTOR HUGO, Les Châtiments, 1853, page 20) : Ø 2.... j'ai aperçu (...) des nuées de rabatteurs en béret saxon courant et criant dans les fourrés, pendant que des chasseurs dorés et empanachés s'embusquaient à chaque tournant d'allée. ALPHONSE DAUDET, Robert Helmont, 1874, page 195. B.— Par analogie. Qui a la couleur, l'apparence, l'éclat ou les reflets de l'or. 1. TECHNOLOGIE. a) PEINTURE. Teintes dorées. Teintes obtenues par mélange de jaune, de rouge et d'orangé, ou par des alliages métalliques. Jaune doré; beige doré; un blond doré. Coulé pour la chair, très fin : le ton de laque jaune et jaune de zinc avec laque rouge dorée (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1853, page 7 ). Le pentasulfure d'antimoine, dit aussi soufre doré (...) sert à la fois de vulcanisant (...) et de colorant (RAOUL MARQUIS, DIT HENRI DE GRAFFIGNY, Les Industries du caoutchouc, 1928, page 55 ). b) CUISINE. [En parlant d'une préparation culinaire] Qui a une couleur d'or, un aspect brillant, dû à la cuisson et/ou à un enrobage d'oeuf battu. Une belle boulangerie (...) étalait sous le nez des passants des gâteaux et de grands pains dorés (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 18 ). C'était une cuisse de poulet, rôtie à point, dorée, que je humais déjà (ANDRÉ GIDE, Journal, 1943, page 208 ). — Spécialement, régionalisme. Pain doré. Pain trempé dans du lait, des oeufs battus et frit au beurre. Synonyme : pain perdu : Ø 3.... il y aurait toujours des repas à la galette de sarrazin que maman faisait si bien et que l'on arrosait de mélasse presque noire; il y avait aussi des repas au « pain doré »; aux crèpes pas chères;... CLAUDE JASMIN, La Petite patrie, Montréal, éditions La Presse, 1972, page 109. 2. Qui a l'éclat ou la couleur de l'or; qui a des reflets irisés. a) [En parlant d'une chose] Un blé doré; un vin doré; une lumière dorée. Si dur que soit ce marbre du Pentélique, et quelle qu'en soit la patine séculaire, jaune, chaude, blonde, paille, dorée (...) ce marbre reçoit d'autres atteintes (CHARLES PÉGUY, Clio, 1914, page 26 ). Quelques sonneries de clairon dans le ciel encore doré témoignaient seulement que les militaires se donnaient l'air de faire leur métier (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1285 ). · Emploi comme substantif à valeur de neutre. La tiédeur, le doré du jour, la paix, tout ce qui en avait sa gloire subsistaient en traces légères malgré les ombres (JEAN GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, page 332 ). — BOTANIQUE. Chêne* doré; épicéa* doré; if* doré; pourpier* doré. b) [Dans un syntagme nominal caractérisant un être animé] Une chevelure, un pelage, un plumage doré(e). Mlle. Beaupré suspend un instant sa vitesse et Rose peut admirer cette alezane dorée (PAUL MORAND, Rococo, 1933, page 51) : Ø 4.... deux jeunes femmes dans un coin mal éclairé riaient doucement avec un marin dont la chevelure tombait en cascade dorée sur un visage où l'alcool mettait un sourire d'enfant JULIEN GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, page 207. — En particulier. · [En parlant des yeux, du regard] Qui a des reflets, des lueurs rappelant ceux de l'or. Ses yeux n'étaient pas bleus comme je l'avais cru, mais dorés (JEAN BRULLER, DIT VERCORS, Le Silence de la mer, 1942, page 31 ). · [En parlant de l'épiderme] Hâlé, bronzé. Il haussa les épaules et effleura de la main, en passant, la joue dorée du petit clergeon, debout contre le mur (GEORGES BERNANOS, Un Crime, 1935, page 850 ). Au détour de la route, toute rousse, toute dorée dans sa robe blanche, Nini vient vers moi (PAUL VIALAR, Le Petit jour, 1947, page 279 ). — [En parlant d'un animal] Des mouvements glissants, mous et onduleux, comme en ont les tanches dorées aux profondeurs des eaux limpides (ANNA DE NOAILLES, La Nouvelle espérance, 1903, page 240 ). Des lézards dorés se chauffaient parmi les pierres (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 429 ). · BACTÉRIOLOGIE, ZOOLOGIE. Staphylocoque* doré; cétoine* dorée; mouche* dorée. — Par métaphore. [En parlant d'un son, d'une voix] C'était un charme alors d'ouïr cette voix harmonieuse [de M. Villemain] et dorée qui semblait celle de la sirène (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 12, 1863-69, page 416 ). Nous entendions au bout du jardin (...) le double tintement timide, ovale et doré de la clochette pour les étrangers (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 14 ). C.— Au figuré. 1. [Par référence à l'or en tant que symbole de richesse] a) Souvent péjoratif. [En parlant d'une personne, d'un groupe humain, et par métonymie de ses conditions d'existence] Qui vit dans une aisance matérielle extrême et profite des privilèges sociaux. Cette heureuse enfance, cette adolescence dorée n'avait jamais rencontré d'opposition à ses désirs (HONORÉ DE BALZAC, Le Cabinet des antiques, 1839, page 30 ). Les courtisans dorés sont les vils astronomes Qui contemplent d'en bas les rois, ces faux soleils (VICTOR HUGO, Le Pape, 1878, page 74) : Ø 5. Il reste que ces sornettes, puisqu'il vous plaît de les appeler ainsi, sont un des luxes de la bourgeoisie et qu'en les lisant, vous prenez le pouls et la température des élites dorées au sort desquelles le vôtre se trouve lié. MARCEL AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, page 204. — Jeunesse dorée. · HISTOIRE. Jeunes gens de la bourgeoisie aisée qui prirent part à la réaction contre la terreur. Jusqu'aux journées de prairial, les royalistes (...) demeurèrent dans les rangs de cette jeunesse dorée, et servirent sous les ordres de la faction thermidorienne (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, tome 1, 1869, page 216 ). · Moderne. Jeunes gens généralement désoeuvrés appartenant aux couches privilégiées de la société. Là, sur des divans (...) des jeunes hommes étaient assis (...). La jeunesse dorée de Fez, la nouvelle génération, les futurs caïds et les futurs vizirs (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Au Maroc, 1889, page 185 ). La jeunesse dorée de l'endroit est en train de jouer au baby-foot (JEAN GIONO, Les Grands chemins, 1951, page 155 ). [Avec la connotation asociale de blouson noir] Blousons dorés. Jeunes oisifs issus de la bourgeoisie aisée. — Locution. Rêve, songe doré. Projet merveilleux. Je me suis habituée à voir Arthur (...); je l'épouserai avec joie car je sais que ce mariage est depuis longtemps le songe doré de mon père (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Teresa, 1832, II, 6, page 170 ). b) [Dans des emplois fondés sur une antithèse; en parlant de conditions jugées basses, mauvaises ou néfastes] Misère dorée. Vous ignorez l'étendue de certaines infortunes dorées (HONORÉ DE BALZAC, Les Secrets de la Princesse de Cadignan, 1839, page 347 ). Aujourd'hui même, dans ce château, plusieurs frères de Moulay Yousef sont relégués au fond de leurs appartements, dans une captivité dorée (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Rabat ou les Heures marocaines, 1918, page 236 ). Le mot bourgeois n'était employé que par la noblesse qui entendait ainsi souligner une distance entre les gens bien nés et la roture dorée (MARCEL AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, page 46 ). c) Proverbe. Bonne renommée vaut mieux que ceinture* dorée. 2. [Avec l'idée de richesse, de plénitude morale] : Ø 6. Wolfgang Goethe va s'éteindre (...). Quel soir auguste! Quel regard sur la vie pleine et dorée, quand, à l'extrême de l'âge, il contemple, — que dis-je — il compose encore son propre crépuscule... PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 126. — LITTÉRATURE. La Légende dorée. Histoire des Saints écrite par Jacques de Voragine. Rien de plus beau, de plus robuste et de plus fier que cette figure de guerrier [saint Georges dans la Sainte Famille de Véronèse] qui serait aussi bien à sa place dans un tournoi que dans la Légende dorée (THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 82 ). 3. [Par référence à la séduction de l'or, à l'aspect trompeur des dorures et à leur fonction d'ornement] Sans effort, sans y attacher d'importance, il jonglait avec les rimes dorées en manière de passe-temps (CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, 1909, page 182 ). — Langue, parole dorée. Manière de s'exprimer, de présenter les choses, habile et ornée, généralement trompeuse. Le commerce le passionnait [Octave] , le commerce du luxe de la femme, où il entre une séduction, une possession lente par des paroles dorées et des regards adulateurs (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 13 ). C'est réellement à Guignol que fait penser le vainqueur de l'Ordre Moral, un Gambetta, l'aventurier subtil, à la langue dorée (GEORGES BERNANOS, La Grande peur des Bien-Pensants, 1931, page 109 ). III.— Emploi comme substantif. A.— Substantif masculin, régionalisme (Canada). Poisson d'eau douce estimé en cuisine. Plus humble, sans prétention autre que de donner un beau nom à un beau poisson, le canadien-français a appelé doré l'animal bariolé (A.-N. MONTPETIT, Les Poissons d'eau douce, 1897, page 52 dans Canadian. 1969 ). B.— Substantif féminin. 1. Argot, vieux. Femme de moeurs légères. « Le Soir » a pris pour des ouvrières les petites dorées, autrement dit : les cocottes (GUSTAVE FUSTIER, Supplément au Dictionnaire de la langue verte d'Alfred Delvau, 1889, page 530 ). 2. Vieux. Mince tranche de pain recouverte de beurre ou de confiture. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux. 3. ICHTYOLOGIE. Poisson osseux des mers d'Europe. Synonyme : saint-pierre. La dorée (...) mesure 0,60 m de long (...), sa chair, quoique délicate, est peu estimée (Nouveau Larousse illustré. ). Fréquence absolue littéraire : 3 048. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 687, b) 5 604; XXe. siècle : a) 5 039, b) 3 782. Forme dérivée du verbe "dorer" dorer DORER, verbe transitif. A.— TECHNOLOGIE et. usuel. Recouvrir d'or, d'ornements dorés. 1. Recouvrir (une surface, un objet) d'une mince couche ou d'une substance ayant l'apparence de l'or. Dorer un cadre, un calice; dorer (quelque chose) au cuivre, au mercure. M. Roseleur conseille deux bains [pour la dorure] : l'un pour dorer à chaud les menus objets, l'autre pour dorer à froid les grandes pièces (GEORGES FONTAINE, Électrolyse, 1885, page 129 ). — Spécialement. a) RELIURE. Dorer (un livre) sur tranche. Recouvrir d'une couche d'or la (les) tranche(s) d'un livre, pour lui (leur) donner plus d'élégance et la (les) protéger de la poussière. Remarque : Cet emploi est surtout attesté au participe passé. Je feuilletais dernièrement « le Mérite des Femmes », dans un joli exemplaire relié en maroquin cerise et doré sur tranches (FRANCE, P. Nozière, 1899, page 143). b) PHARMACOLOGIE. vieux. Dorer une pilule. " La recouvrir d'une mince feuille d'or pour qu'on puisse la prendre sans en sentir le goût " (Dictionnaire de l'Académie Française). · Au figuré. Dorer la pilule (à quelqu'un). Présenter d'une manière agréable et flatteuse une mauvaise nouvelle, une remarque désobligeante ou un événement déplaisant : Ø 1. Mais Armand, lui, était depuis longtemps débarrassé de la foi chrétienne, les philosophies ne lui apparaissaient donc guère que comme des systèmes destinés à dorer la pilule, et de plus en plus il s'intéressait à la seule pilule qu'on cherchait à lui dissimuler. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 238. Remarque : On rencontre dans la documentation la forme inhabituelle dorer les pilules de + substantif. Que dire encore contre la culture, si elle parvient à nous dorer les pilules de la vie quotidienne (HENRI DE MONTHERLANT, Lépreuses, 1939, page 1404). 2. Recouvrir, garnir d'ornements dorés, de dorures. Pour vingt cinq mille francs, il [l'architecte] dora quatre salons! (HONORÉ DE BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, page 156 ). À quoi songeait Gerson en voulant qu'on dorât D'un galon le bonnet carré du doctorat? (VICTOR HUGO, L'Âne, 1880, page 261 ). B.— Par analogie. Donner l'apparence, la couleur, les reflets ou l'éclat de l'or. 1. CUISINE. a) Badigeonner de jaune d'oeuf délayé (une préparation culinaire) afin d'obtenir une apparence dorée après cuisson. Dorer un pâté, un gâteau (Dictionnaire de l'Académie Française). b) Faire dorer. Faire prendre une teinte dorée (à un aliment) en (le) soumettant à l'action du feu. Faire dorer (quelque chose) à la poêle, au four; faire dorer une volaille, des oignons. (Quasi-)synonymes : faire revenir, faire rissoler. Enlever soigneusement les peaux recouvrant le râble. Le larder, saler, poivrer. Le faire dorer au four avec du beurre (Encyclopédie de la grande et petite cuisine, Paris, éditions Rombaldi, 1959, page 144 ). — Emploi pronominal à sens passif. Alors, dans le bien-être de la petite salle, à la chaleur des bourrées, à l'odeur du faisan qui achevait de se dorer devant la flamme, sa figure de fauve [de Goudeloup] sembla s'adoucir (ALPHONSE DAUDET, Robert Helmont, 1874, page 124 ). Une omelette à l'ail, un lard frit qui se dore (FRANCIS JAMMES, De tout temps à jamais, 1935, page 17 ). 2. [L'agent est directement ou indirectement une source lumineuse] Donner la couleur ou l'éclat de l'or à (quelque chose). a) [Le complément désigne une chose] Une profusion de rayons fauves (...) viennent nous frapper en face et dorer les visages d'un hâle de lumière (MAURICE GENEVOIX, Nuits de guerre, 1917, page 17 ). Les rideaux de soie jaune dorent tous les reflets des meubles (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page 149) : Ø 2. L'arbre était un grand tilleul argenté, un géant superbe, à moitié dépouillé déjà de ses feuilles. Mais le soleil le dorait encore délicieusement, et toute une poussière d'astre tombait de ses branches, en une pluie tiède. ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 302. — Emploi pronominal à sens passif. N'empêche que les Genevet, dès que leurs abricots se dorent un peu, deviennent extraordinairement taciturnes (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 56 ). b) [Le complément désigne un attribut physique de la personne : regard, visage, etc.] L'aube de l'éternité blanchissait déjà son front [de Véronique] , et dorait son visage de teintes célestes (HONORÉ DE BALZAC, Le Curé de village. 1839, page 284) : Ø 3. Si les émotions violentes ont le pouvoir (...) de verdir les figures lymphatiques, ne faut-il pas accorder au désir, à la joie, à l'espérance, la faculté d'éclaircir le teint, de dorer le regard d'un vif éclat... HONORÉ DE BALZAC, Les Secrets de la princesse de Cadignan, 1839, page 324. c) [Le complément désigne une personne ou une chose] Donner un hâle (à quelqu'un), une patine (à quelque chose). Un soleil étranger avait lui Sur sa tête [d'Albertus] et doré d'une couche de hâle Sa peau d'Italien naturellement pâle (THÉOPHILE GAUTIER, Albertus ou l'Âme et le péché, 1833, page 165 ). Le soleil ardent lui dorait la peau [à Naïs] , lui mettait au cou une large collerette d'ambre (ÉMILE ZOLA, Naïs Micoulin, 1884, page 18 ). — Emploi pronominal réfléchi, familier. Se dorer au soleil. S'exposer au soleil dans l'intention de bronzer. Par métaphore. La chapelle se dorait au soleil (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 221 ). — Par métaphore. [En parlant de la voix] Rendre chaud et prenant Elle [May] a un son de voix qui dore ses paroles (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Entrave, 1913, page 62 ). Elle parle, en le dorant de son accent, un français exact et fin (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1939, page 186 ). C.— Par métaphore ou au figuré. [Par référence à la valeur de l'or, et à son attrait] 1. Embellir, améliorer matériellement ou spirituellement. N'ayant pas souvent de grandes joies à donner, dorer les petites surprises, les présenter comme un événement (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 206 ). Je déterrai cette religion féroce et je la fis mienne pour dorer ma terne vocation (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 148 ). 2. Donner des apparences flatteuses, trompeuses. Mais la gloire, la gloire passe, Et n'en dore que quelques-uns! (EDMOND ROSTAND, Les Musardises, 1890, page 27 ). Remarque : La plupart des dictionnaires attestent doroir, substantif masculin a) Vieux. Petit bijou féminin. b) Petite brosse servant à dorer la pâtisserie. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 442. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 681, b) 872; XXe. siècle : a) 734, b) 386. DÉRIVÉS : Dorage, substantif masculin. a) Action de recouvrir d'or (un bijou, un objet, une surface); résultat de cette action. Le dorage de l'argent à froid. b) Action de dorer une pâtisserie (attesté dans la plupart des dictionnaires généraux).

« DIT HENRI DE GRAFFIGNY, Les Industries du caoutchouc, 1928, page 55 ). b) CUISINE.

[En parlant d'une préparation culinaire] Qui a une couleur d'or, un aspect brillant, dû à la cuisson et/ou à un enrobage d'oeuf battu.

Une belle boulangerie (...) étalait sous le nez des passants des gâteaux et de grands pains dorés (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 18 ).

C'était une cuisse de poulet, rôtie à point, dorée, que je humais déjà (ANDRÉ GIDE, Journal, 1943, page 208 ). — Spécialement, régionalisme.

Pain doré.

Pain trempé dans du lait, des oeufs battus et frit au beurre.

Synonyme : pain perdu : Ø 3....

il y aurait toujours des repas à la galette de sarrazin que maman faisait si bien et que l'on arrosait de mélasse presque noire; il y avait aussi des repas au « pain doré »; aux crèpes pas chères;... CLAUDE JASMIN, La Petite patrie, Montréal, éditions La Presse, 1972, page 109. 2.

Qui a l'éclat ou la couleur de l'or; qui a des reflets irisés. a) [En parlant d'une chose] Un blé doré; un vin doré; une lumière dorée.

Si dur que soit ce marbre du Pentélique, et quelle qu'en soit la patine séculaire, jaune, chaude, blonde, paille, dorée (...) ce marbre reçoit d'autres atteintes (CHARLES PÉGUY, Clio, 1914, page 26 ).

Quelques sonneries de clairon dans le ciel encore doré témoignaient seulement que les militaires se donnaient l'air de faire leur métier (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1285 ). · Emploi comme substantif à valeur de neutre.

La tiédeur, le doré du jour, la paix, tout ce qui en avait sa gloire subsistaient en traces légères malgré les ombres (JEAN GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, page 332 ). — BOTANIQUE.

Chêne* doré; épicéa* doré; if* doré; pourpier* doré. b) [Dans un syntagme nominal caractérisant un être animé] Une chevelure, un pelage, un plumage doré(e).

Mlle.

Beaupré suspend un instant sa vitesse et Rose peut admirer cette alezane dorée (PAUL MORAND, Rococo, 1933, page 51) : Ø 4....

deux jeunes femmes dans un coin mal éclairé riaient doucement avec un marin dont la chevelure tombait en cascade dorée sur un visage où l'alcool mettait un sourire d'enfant JULIEN GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, page 207. — En particulier. · [En parlant des yeux, du regard] Qui a des reflets, des lueurs rappelant ceux de l'or.

Ses yeux n'étaient pas bleus comme je l'avais cru, mais dorés (JEAN BRULLER, DIT VERCORS, Le Silence de la mer, 1942, page 31 ). · [En parlant de l'épiderme] Hâlé, bronzé.

Il haussa les épaules et effleura de la main, en passant, la joue dorée du petit clergeon, debout contre le mur (GEORGES BERNANOS, Un Crime, 1935, page 850 ).

Au détour de la route, toute rousse, toute dorée dans sa robe blanche, Nini vient vers moi (PAUL VIALAR, Le Petit jour, 1947, page 279 ). — [En parlant d'un animal] Des mouvements glissants, mous et onduleux, comme en ont les tanches dorées aux profondeurs des eaux limpides (ANNA DE NOAILLES, La Nouvelle espérance, 2. »

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