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Dictionnaire en ligne: DOUCEUR, substantif féminin.

Publié le 22/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DOUCEUR, substantif féminin. I.— Substantif féminin. A.— [Correspond à doux I A] 1. Qualité de ce qui est doux, agréable aux sens. a) Domaine du goût. Les compagnons d'Ulysse, sont captivés par la douceur de quelques fruits (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 183 ). Un bout de fromage bleu de Stilton dont la douceur s'imprégnait d'amertume (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 180 ). — Par métonymie. [Le plus souvent au pluriel] Choses douces, agréables au goût. Elle lui préparait des douceurs. Elle faisait chauffer du vin et griller une tranche de pain, et c'était une petite dînette charmante avant d'aller se mettre au lit (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Orphelin, 1883, page 838 ). François rendait visite, chaque jour, au paralytique, et lui offrait des douceurs — du biscuit, des morceaux de sole (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 142 ). · En particulier. Friandises, sucreries, pâtisseries. Je tirai de mes poches quelques tablettes de chocolat et autres douceurs que j'avais apportées (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 415 ). Le pot de confiture était de trop. Non! jamais il ne pardonnerait qu'on se payât salement des douceurs en cachette, lorsque lui mangeait son pain sec! (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 185) : Ø 1. — Ce n'est pas à moi de vous offrir des douceurs... Mais enfin, si vous les aimez... Vous aimez ça? — Je n'en sais rien; qu'est-ce que c'est? — Tout ce qu'il y a de plus original et de plus commun à la fois : crème renversée. Et il verse dans mon assiette une sorte de colle immangeable. ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1889-1939, page 349. · Par métaphore. La fortune voulut mêler quelques douceurs à l'amertume de ses breuvages, pour en rendre le déboire plus affreux (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, tome 2, 1797, page 148 ). b) Domaine de l'odorat. Douceur d'un parfum : Ø 2. Florent vécut près de huit mois dans les Halles [comme inspecteur à la marée] (...) vinrent les dégels, (...) des senteurs de chairs tournées se mêlèrent aux souffles fades de boue (...) Puanteur vague encore, douceur écoeurante d'humidité, traînant au ras du sol. ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 729. c) Domaine de la vue. — [La douceur est celle d'une couleur] Cette chair nacrée qui s'arrondissait mollement avec des douceurs de teintes exquises (ÉMILE ZOLA, Madeleine Ferat, 1868, page 161 ). · Par comparaison. L'après-midi, entre chien et loup (...) leurs traits [des femmes] ont la douceur des demi-teintes (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 155 ). — [La douceur est celle d'une forme] : Ø 3. Son profil [de Marius] , dont toutes les lignes étaient arrondies sans cesser d'être fermes, avait cette douceur germanique qui a pénétré dans la physionomie française par l'Alsace et la Lorraine, et cette absence complète d'angles qui rendait les Sicambres si reconnaissables parmi les Romains et qui distingue la race léonine de la race aquiline. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 832. d) Domaine du toucher. La douceur de sa peau suave [d'Esther] (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1844, page 53) : Ø 4.... le prix des renards ne peut être fixé; je ne parle pas des renards noirs, qui sont trop rares pour être comptés, et qu'on vend plus de cent roubles. Les gris et blancs varient depuis deux jusqu'à vingt roubles, suivant qu'ils approchent plus du noir ou du roux : ces derniers ne diffèrent de ceux de France que par la douceur et le fourré de leur poil. Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 148. — Par comparaison. Le bleu du ciel, au-dessus, reparaissant à de certaines places, avait des douceurs de satin (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 10 ). e) Domaine de l'ouïe. Douceur d'une musique. Dingley prêtait l'oreille aux appels mélancoliques des « bugles ». Un violon a moins de douceur que ces voix de cuivre qui s'attendrissent (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 105) : Ø 5. Tout autour [de Marie-Madeleine] , des anges, pâles et blancs, doucement rayonnants, semblables à un soleil d'hiver, vêtus de robes bleu tendre, ou de robes blanches, ou de robes roses, des anges aux ailes d'or, agenouillés comme des laveuses à la rivière, lavaient des âmes. Et le battoir dans leurs mains divines sonnait avec la douceur de la voix des harpes, et chantait comme un refrain de travail : Amen! Alleluia! EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1876, page 391. 2. Par extension. [Correspond à doux I A] a) [En parlant d'un moyen de locomotion] Qualité de ce qui progresse ou permet de progresser par un rythme suivi, peu saccadé ni cahotique. Douceur d'une voiture. — Par métonymie. Dans les voitures à vapeur (...) la douceur de démarrage et de marche est (...) supérieure à celle des voitures à pétrole (LUCIEN PÉRISSE, Traité général des automobiles à pétrole, 1907, page 277 ). b) [En parlant de conditions atmosphériques] Qualité de ce qui procure une sensation de bien-être. Douceur de la température. On ne peut mettre en doute la douceur du climat qui devait alors régner dans les plus hautes latitudes (ALBERT DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, page 313) : Ø 6.... tous les charmes de la nature s'attiraient mutuellement; mais ce qui est sur-tout ravissant et inexprimable [à Naples] , c'est la douceur de l'air qu'on respire. Quand on contemple un beau site dans le Nord, le climat qui se fait sentir trouble toujours un peu le plaisir qu'on pourrait goûter. C'est comme un son faux dans un concert, que ces petites sensations de froid et d'humidité qui détournent plus ou moins votre attention de ce que vous voyez;... GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 2, 1807, page 191. — Spécialement, allusion littéraire. Douceur angevine [par référence aussi à la douceur de vivre] : Ø 7. Regrets! c'est le titre des vers que Du Bellay écrivait à Rome, les yeux fixés sur l'image de Liré comme les yeux de mille pèlerins, à l'Hôtellerie de Roncevaux, sur les images de mille villages du Nord, de l'Ouest, du Midi. Et comment se termine le dernier vers du sonnet classique de nostalgie? Et plus que l'air marin la douceur angevine. Douceur angevine, dans le sonnet du poète qui nous donna le mot de patrie, douce France dans les laisses du clerc de Roncevaux, figurent comme deux volutes de la même fumée, celle qu'évoque Ulysse dans l'île d'Ogygie. ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, page 229. — Par ironie. Le temps à la pluie, au vent, au froid, et à toute la combinaison enragée des douceurs charmantes de ce climat (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e. Memorandum, 1839, page 400 ). 3. Emplois particuliers. a) GRAVURE. Douceurs, substantif féminin pluriel " Les parties d'une gravure les plus délicates, les moins chargées de tailles et les plus éclairées " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Remarque : Attesté aussi dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Nouveau Larousse illustré-Grand Larousse encyclopédique. b) MÉTALLURGIE. [En parlant des métaux] " Malléabilité, ductilité " (Nouveau Larousse illustré; attesté aussi dans Larousse du XXe. siècle en six volumes). B.— [Correspond à doux I B 1] Au figuré. 1. Qualité de ce qui produit une impression agréable et tranquille sur l'âme, l'esprit, le coeur, l'imagination. La (les) douceur(s) de la renommée, du repos, du souvenir. Son coeur endolori sentit vivement la douceur de cette amitié veloutée, de cette exquise sympathie (HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 128 ). Ta pensée m'attire sans relâche. J'y trouve une douceur exquise (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 219 ). Confer aussi amertume B, figuré, exemple 5, 7 : Ø 8. Pour la première fois de ma vie je connus les douceurs du sommeil, aussi pleines, aussi voluptueuses au bagne, qu'elles avaient été rares et incomplètes pour moi au sein du luxe. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 40. — Spécialement, allusion littéraire. Douceur virgilienne. Le point central de mes émotions de ce jour, c'est la douceur virgilienne de ces fêtes religieuses près d'une eau courante et dans une belle nature (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, 1901-02, page 256 ). — emploi absolu. Douceurs, substantif féminin pluriel Petits agréments, jouissances, plaisirs. C'était la guerre civile et elle a toujours eu des charmes. La guerre a des douceurs à nulle autre pareilles (CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1224 ). 2. Qualité de ce qui est dépourvu de rigueur, de sévérité. La douceur d'un châtiment, d'un devoir : Ø 9. J'ai vu clairement et même senti avec une émotion où il y avait plus de douceur que d'amertume qu'aimer Jésus-Christ, vivre pour Jésus-Christ, travailler pour Jésus-Christ, mourir pour Jésus-Christ, c'est évidemment la seule vie, le seul bonheur. Mais, ce qui est douloureux, c'est d'avoir passé toute sa vie sans aimer Jésus-Christ. FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime, 1868, page 305. C.— [Correspond à doux I B 2] 1. Au singulier. a) Qualité morale d'une personne douce. a ) Construction absolu. Il me semble qu'en la regardant je vais la corrompre. Sa douceur est comme l'égouttement de l'eau. Et cette eau me brûle (HENRI DE MONTHERLANT, Pasiphaé, 1936, page 121) : Ø 10.... le brick anglais Hawes, commandé par John James, (...) eut beaucoup à souffrir de la part d'un chef perfide nommé Enararo. Plusieurs de ses compagnons subirent une mort affreuse. De ces événements contradictoires, de ces alternatives de douceur et de barbarie, il faut conclure que trop souvent les cruautés des Néo-Zélandais ne furent que des représailles. Bons ou mauvais traitements tenaient aux mauvais ou aux bons capitaines. JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 21. — Proverbe. [vers de La Fontaine passé en proverbe] . Plus fait douceur que violence. On obtient plus par la douceur que par la force. Mieux vaut douceur que violence et une seule once de miel prend plus de mouches que setier de vinaigre (GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 3e. tableau, 2, page 1615) : Ø 11.... un récit de ce genre, où tout est inventé, construit « à plaisir »; et pour prouver quoi? que plus obtient douceur que violence?... que les plus sauvages forces de la nature servent, apprivoisées?... que poésie et musique ont raison des plus farouches instincts?... que la confiante naïveté d'un enfant triomphe là où la brutalité fait faillite?... ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 45. ß ) [Suivi d'adjectif ou d'un complément de nom] : Ø 12. Silvère, accroupi sur une poutre, la face morte, regardait au loin, devant lui, dans le crépuscule blafard, d'un air doux et stupide. Depuis son départ de Sainte-Roure, il avait eu ce regard vide. Le long de la route, pendant les longues lieues, lorsque les soldats activaient la marche du convoi à coups de crosse, il s'était montré d'une douceur d'enfant Couvert de poussière, mourant de soif et de fatigue, il marchait toujours, sans une parole, comme une de ces bêtes dociles qui vont en troupeaux sous le fouet des vachers. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 308. — [Avec valeur péjorative] Elle donnait à son mari des commissions extraordinaires, que celui-ci faisait avec une douceur de mouton, sans comprendre ( ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 189 ). — Par ironie. Blondeau me regarde avec la douceur du tigre (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 788 ). — Spécialement. · Domaine de la spiritualité. Prosternée près de l'hermite, les yeux attachés sur le crucifix qu'il tenoit à la main, et encouragée par la douceur évangélique du saint, elle révéla ainsi les mystères de son coeur (MADAME COTTIN, Mathilde, tome 1, 1805, page 329) : Ø 13.... jamais une erreur, jamais une défaillance dans cette abnégation absolue, dans ce courage calme et doux, dans ces tendres consolations données par lui-même [Barbès] aux coeurs brisés par la souffrance. Les lettres de Barbès à ses amis sont dignes des plus beaux temps de la foi. (...) supérieur à la plupart de ceux qui instruisent et qui prêchent, il s'est assimilé la force du stoïque unie à l'humble douceur du vrai chrétien. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 450. · Allusion littéraire. Douceur danoise : Ø 14. 6 avril — Note sur la tolérance luthérienne et sur la célèbre douceur danoise : Quand un indigent a été secouru par ce qui équivaut en ce pays à l'assistance publique, il n'a pas le droit de se marier avant cinq ans, à moins qu'il ne rembourse l'argent reçu. LÉON BLOY, Journal, 1899, page 315. b) Par métonymie. Manifestation physique de ce trait de caractère. Douceur de gestes, de mouvements; écarter, parler, pousser, regarder avec douceur. Mme. Greslou, lui saisissant la main, reprit avec une douceur qui démentait l'âpreté de son accent de tout à l'heure (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 59 ). Pierrot et Petit-Pouce, (...) empoignèrent sans douceur des dames qui se débattaient et gigotaient (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 15) : Ø 15. Sous ses longs cils noirs, son regard avait une douceur soyeuse, une profondeur pensive qui attirait. Jolie? On n'en savait rien. Mais à la regarder longuement, de toute sa personne s'exhalait un charme qui finissait par vous prendre. Ainsi poussent, dans les haies, des fleurs chétives, maltraitées par les vents, mais dont l'odeur tenace, inoubliable, fait chanter dans notre coeur des rêves infinis de tendresse. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 7. — Par analogie. [En parlant d'un animé non humain] Elle [la machine] (...) marchait à toute vapeur (...) sans que le mouvement de sa bielle énorme, émergeant et plongeant avec une douceur huilée, donnât un frisson aux murs (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1152 ). — En particulier, littéraire. Douceur d'un style. Qualité d'un style agréable, aisé, naturel, harmonieux. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. 2. Généralement au pluriel. a) Domaine des relations sociales. a ) Paroles flatteuses, gentillesses. Tu me trouves dans un journal de Paris une grande colonne, je t'y dirai des douceurs sincères (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 9 ). Je mis un genou par terre en lui débitant [au chien] des douceurs afin de l'attirer (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Après, 1893, page 104 ). ß ) Égards, ménagements qu'on a pour une personne. Accorder une douceur, des douceurs (à quelqu'un). La petite chèvre (...) Louise la nourrissait de pain, la visitait tous les jours. Maintenant la voilà sevrée de toutes ces douceurs depuis qu'elle n'est plus pour nous (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1831, page 8 ). — Par ironie. Laurent (...) (Regardant Camille et Mme. Raquin qui causent bas). Je parie que vous complotez encore quelque douceur (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1878, I, 7, page 64 ). — En particulier. Dédommagement, gratification, petit profit donné à quelqu'un pour le remercier. Tout est douceur et profit dans le métier d'écrivain hypocrite (ÉMILE ZOLA, Documents littéraires, De la Moralité dans la littérature, 1881, page 314 ). Maintenant, si vous avez des moyens, on pourra vous fournir quelques douceurs (ALPHONSE DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, page 210 ). b) Domaine amoureux. — Vieux. Douceur de coeur. Sentiment tendre, amour pour une femme. Remarque : Attesté dans Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892 (Nouveau Larousse illustré-Larousse du xxe. siècle en six volumes).). — Par extension. Douceurs, substantif féminin pluriel Propos galants tenus à quelqu'un (généralement à une femme). Conter des douceurs. Je lui disais quelques paroles joyeuses, des douceurs comme les garçons en disent aux filles (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1, 1870, page 146 ). Des messieurs disaient des douceurs à des têtes de femmes enveloppées jusqu'au cou des rideaux de leurs loges (...) — et ce, pendant qu'on les habillait par derrière (EDMOND DE GONCOURT, La Faustin, 1882, page 93 ). — Spécialement. Elle me donne mille douceurs d'intimité qu'on ne donne pas toujours dans la plus complète union (JULES MICHELET, Journal, 1849, page 81 ). Qu'elle dorme donc bien tranquille, je n'ai aucunement envie d'aller répandre du vinaigre dans les douceurs de sa lune de miel (HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 256) : Ø 16. L'un des seins est voilé, l'autre découvert. Quels tetons! Nom de Dieu, Quel teton! Il est rond-pomme, plein, abondant, détaché de l'autre et pesant dans la main. Il y a là des maternités fécondes et des douceurs d'amour à faire mourir. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1851, page 298. · Locution familière. Faire une petite douceur (à quelqu'un). Eudoxie (...) elle est maigre et belle, constata Volpatte. On y f'rait bien une p'tite douceur... C'est du fricot, du véritable poulet... Elle a quequ'chose comme z'yeux! (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 65 ). II.— Locutions. A.— Locution adverbiale familière. En douceur. 1. Sans brusquerie, sans à coups, par une gradation insensible, avec précaution ou ménagement. (Quasi-)synonyme : doucement. — Terme de métiers. En douceur et du roulement [dans les coups de masse] ; bon donc : t'entends pas l'arrêt, ouf!... [scène de forge] (DENIS POULOT. Le Sublime, ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être. 1872, page 172 ). · En particulier. MARINE. Filer, larguer, raidir en douceur. « Choquer » : mollir peu à peu une manoeuvre généralement tournée à un taquet ou à un cabillot par un seul tour (choquer en douceur, choquer à la demande) (J. GALOPIN, Cours de langage maritime, Matelotage et technologie. 1925, page 77 ). Remarque : " En douceur " s'oppose à " à la demande " qui indique, au contraire, qu'on laisse aller le cordage tant qu'une pression s'exerce sur lui (confer Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE) 1960, page 159). 2. Au figuré. Paisiblement, tranquillement, sans hâte, avec calme, sans émotion. Moi, si j'étais trompé, je ne me battrais pas; J'éconduirais l'amant en douceur et tout bas (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Gabrielle, 1850, I, page 378 ). Il faut lire dans Hérodote (...) le récit de ces révolutions et de ces restaurations, qui se passent toujours en douceur, grâce à la mansuétude des moeurs athéniennes (PROSPER MÉRIMÉE, Mélanges historiques et littéraires, 1855, page 154) : Ø 17.... j'en ai profité pour lui glisser un petit mot à Robinson à l'oreille quand même au sujet de la situation, pour essayer qu'on se décolle d'elle maintenant et qu'on en finisse au plus vite, puisque c'était raté, qu'on s'esquive en douceur avant que tout tourne au vinaigre et qu'on se fâche à mort. C'était à craindre. « Veux-tu que je te trouve un prétexte moi? que je lui ai soufflé. Et qu'on se défile chacun de notre côté? LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 600. B.— Locutions verbales, argotiques. 1. Faire en douceur, lever en douceur. " Voler ou tromper quelqu'un en le flattant ou le faisant boire " (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907); Confer aussi Les excentricités du langage français (Lorédan Larchey) 1872, page 120). 2. Mettre en douceur. " Tromper quelqu'un avec de douces paroles; voler quelqu'un en le flattant " (Lucien Rigaud, Dictionnaire du jargon parisien, 1878, page 124). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 741. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 7 395, b) 9 248; XXe. siècle : a) 9 202, b) 7 615.

« douceur germanique qui a pénétré dans la physionomie française par l'Alsace et la Lorraine, et cette absence complète d'angles qui rendait les Sicambres si reconnaissables parmi les Romains et qui distingue la race léonine de la race aquiline. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 832. d) Domaine du toucher.

La douceur de sa peau suave [d'Esther] (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1844, page 53) : Ø 4....

le prix des renards ne peut être fixé; je ne parle pas des renards noirs, qui sont trop rares pour être comptés, et qu'on vend plus de cent roubles.

Les gris et blancs varient depuis deux jusqu'à vingt roubles, suivant qu'ils approchent plus du noir ou du roux : ces derniers ne diffèrent de ceux de France que par la douceur et le fourré de leur poil. Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 148. — Par comparaison.

Le bleu du ciel, au-dessus, reparaissant à de certaines places, avait des douceurs de satin (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 10 ). e) Domaine de l'ouïe.

Douceur d'une musique.

Dingley prêtait l'oreille aux appels mélancoliques des « bugles ».

Un violon a moins de douceur que ces voix de cuivre qui s'attendrissent (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 105) : Ø 5.

Tout autour [de Marie-Madeleine] , des anges, pâles et blancs, doucement rayonnants, semblables à un soleil d'hiver, vêtus de robes bleu tendre, ou de robes blanches, ou de robes roses, des anges aux ailes d'or, agenouillés comme des laveuses à la rivière, lavaient des âmes.

Et le battoir dans leurs mains divines sonnait avec la douceur de la voix des harpes, et chantait comme un refrain de travail : Amen! Alleluia! EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1876, page 391. 2.

Par extension.

[Correspond à doux I A] a) [En parlant d'un moyen de locomotion] Qualité de ce qui progresse ou permet de progresser par un rythme suivi, peu saccadé ni cahotique.

Douceur d'une voiture. — Par métonymie.

Dans les voitures à vapeur (...) la douceur de démarrage et de marche est (...) supérieure à celle des voitures à pétrole (LUCIEN PÉRISSE, Traité général des automobiles à pétrole, 1907, page 277 ). b) [En parlant de conditions atmosphériques] Qualité de ce qui procure une sensation de bien-être.

Douceur de la température.

On ne peut mettre en doute la douceur du climat qui devait alors régner dans les plus hautes latitudes (ALBERT DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, page 313) : Ø 6....

tous les charmes de la nature s'attiraient mutuellement; mais ce qui est sur-tout ravissant et inexprimable [à Naples] , c'est la douceur de l'air qu'on respire.

Quand on contemple un beau site dans le Nord, le climat qui se fait sentir trouble toujours un peu le plaisir qu'on pourrait goûter.

C'est comme un son faux dans un concert, que ces petites sensations de froid et d'humidité qui détournent plus ou moins votre attention de ce que vous voyez;... 2. »

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