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Dictionnaire en ligne: DOUTER, verbe.

Publié le 22/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DOUTER, verbe. I.— Emploi transitif et absolu. Être dans le doute sur l'existence de quelque chose, la valeur ou la vérité d'une affirmation. A.— Emploi transitif indirect. Douter + préposition de. 1. Vieilli et littéraire. [Le complément est un infinitif] Hésiter à. Une seconde, il douta de pouvoir continuer (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 293) : Ø 1. [LE DUC] . — Est-ce que vous douteriez d'intervenir, vous, Monsieur, si féru d'honneur, quand le renom, la gloire d'une famille seraient menacés par des éléments vils? JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, L'Homme aux gants de toile, 1943, page 271. 2. Usuel. a) [Le complément désigne un inanimé] Douter du zèle, de la probité de quelqu'un, du succès de quelque chose (Dictionnaire de l'Académie Française). Coterie (...) où il était convenu qu'on est intelligent dans la mesure où on doute de tout (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 279 ). J'espère que tu ne doutes pas de l'affection que j'ai pour mes enfants (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 218 ). Confer douteux exemple 1 et doute exemple 4 : Ø 2. L'homme incertain est celui qui, en présence d'une représentation sensible ou intellectuelle, doute de ses propres fonctions et des rapports qu'elles posent, ou de la réalité d'un objet qu'ils semblent impliquer :... CHARLES RENOUVIER, Essais de critique générale 3e. essai, 1864, page XXXI. Ø 3.... alors, pour la première fois, le Tarasconnais douta. Il douta du Monténégro, il douta de l'amitié, il douta de la gloire, il douta même des lions; et, comme le Christ à Gethsémani, le grand homme se prit à pleurer amèrement. ALPHONSE DAUDET, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, page 123. — [Accompagné d'une négation à valeur d'affirmation atténuée] Je ne doute pas de. Je suis sûr de. Je ne doute pas du résultat, de vos talents. Ne douter de rien. Témoigner d'une assurance excessive en tranchant hardiment en matière d'opinion, en entreprenant des affaires hasardeuses. Un grand clerc d'avoué (...) fier et fort impertinent, ne doutant de rien, tranchant sur tout (ALFRED DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet. 1836, page 659 ). La jeunesse ne doute de rien (GASTON LEROUX, Le Mystère de la Chambre jaune, 1907, page 110 ). — [En incise avec en] À n'en pas douter. De façon certaine. Je sais, à n'en pas douter, que ces jeunes gens ressentent l'un pour l'autre (...) une tendresse réciproque (RENÉ-CHARLES GUILBERT DE PIXÉRÉCOURT. Coelina ou l'Enfant du mystère, 1801, page 15 ). J'en doute fort. Il vaincra! — Peut-être! — En douterais-tu? — J'en doute (LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 253 ). [Avec négation] Je n'en doute pas, n'en doutez pas. Je reviendrai vous voir demain matin, reprit-il, n'en doutez pas, Corinne (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 1, 1807, page 218 ). SYNTAXE : Douter de l'authenticité, de l'existence, de la réalité de quelque chose; douter de l'amour, du courage, des intentions, de la parole, des sentiments, de la sincérité de quelqu'un. b) [Le complément désigne une personne] Ne pas avoir confiance en quelqu'un, se défier de lui : Ø 4. Doute du bonheur, fruit mortel; Doute de l'homme plein d'envie; Doute du prêtre et de l'autel; Mais crois à l'amour, ô ma vie;... VICTOR HUGO, Les Contemplations, tome 2, 1856, pages 70-71. · Douter de soi. Ne pas être sûr de ses sentiments, de ses possibilités. Moment difficile pendant lequel on doute de soi, quand ce n'est pas des autres (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 192) : Ø 5. Il est certain que j'ai trop douté de moi, jusqu'ici. Le doute de soi n'est pas l'humilité, je crois même qu'il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l'orgueil, une sorte de férocité jalouse qui fait se retourner un malheureux contre lui-même, pour se dévorer. GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1221. B.— Emploi transitif direct. Douter + proposition. 1. Vieilli et littéraire. Douter + proposition interrogative indirecte + indicatif ou conditionnel. Je doute si je partirai demain (Dictionnaire de l'Académie française. 1878). Longtemps j'ai pu douter si Proust ne jouait pas un peu de sa maladie pour protéger son travail (ANDRÉ GIDE, Journal, 1921, page 694 ). 2. Usuel. Douter + proposition complétive. a) Douter que + subjonctif. Je doute que le remède soit efficace (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1874, page 163 ). b) Ne pas douter que + ne explétif et le subjonctif. Je ne doute pas qu'il ne vienne bientôt (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Quant à mademoiselle Fellaire, il ne doutait pas qu'elle ne fût très riche (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Jocaste; le Chat maigre. 1879, page 40 ). — [Avec suppression de ne pour exprimer un fait incontestable] Je ne doute pas que cela soit vrai, qu'il vienne. — [Avec l'indicatif] Je ne doute pas que c'est un honnête homme. Il n'y a pas à douter que tous sauront retrouver (...) la même admirable unanimité (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 347 ). Remarque : Dans les phrases interrogatives, on peut exprimer ou non le ne explétif. Doutez-vous qu'il ne vienne? Doutez-vous que je sois malade? (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878). C.— emploi absolu. Être dans le doute; avoir des doutes. Avoir le droit, des raisons de douter. On s'observe. On se scrute. On doute. On n'a jamais confiance en l'amour (PAUL GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, page 61 ). Et Michel n'a pas interrogé, pas douté. Il a accepté cette histoire grotesque, sans hésiter, sans se dire que c'était fou! (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, II, 12, page 264 ). Confer aussi doute exemple 2 : Ø 6. Or, qui est-ce qui examine, qui est-ce qui doute, qui est-ce qui juge qu'il ne faut pas juger encore afin de mieux juger? Évidemment l'intelligence... VICTOR COUSIN. Histoire de la philosophie du XVIIIe. siècle tome 2, 1829, page 503. — Spécialement. 1. PHILOSOPHIE. Mettre en doute tout ce qui est proposé à l'intelligence. Par extension. N'être sûr de rien, faire preuve de scepticisme. En philosophie, en critique, c'est avoir beaucoup profité que d'avoir appris à douter (Dictionnaire de l'Académie française. 1878-1932). Confer affirmer exemple 25 : Ø 7.... s'il existe à-la-fois dans la nature, seulement deux sceptiques, bien certains de cette seule chose, de se sentir douter, d'exister doutans, lequel des deux consentira à n'être qu'une modification de la vertu sentante et doutante de son camarade? ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique, 1805, page 296. Ø 8. Celui qui doute ne peut pas, en doutant, douter qu'il doute. Le doute, même généralisé, n'est pas un anéantissement de ma pensée, ce n'est qu'un pseudo-néant, je ne peux pas sortir de l'être, mon acte de douter établit lui-même la possibilité d'une certitude... MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 457. 2. RELIGION. Être en proie au doute. Ne pas adhérer à la foi. Antonyme : croire. Oui, c'est entendu, je ne crois pas. Mais je doute, et mon doute est en faveur du mythe (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 270 ). Confer doute exemple 8 : Ø 9. Au delà des horizons de la science, il n'est pas plus sage de nier que d'affirmer. On doute, quelquefois on espère, puis la foi entre dans l'âme sans qu'on sache pourquoi ni comment;... LOUIS MÉNARD, Rêveries d'un païen mystique, 1876, page 201. Ø 10. Ainsi perpétuellement je crois et je doute, je crois par un geste de mon coeur, je doute par une répulsion de mon intelligence;... JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1906, page 316. II.— Emploi pronominal à valeur subjective. Se douter (de), (que). Avoir (une) idée de quelque chose, croire sur certains indices à une chose qu'on peut redouter. Être loin de se douter, avoir l'air de se douter de/que. (Quasi-)synonymes : conjecturer, deviner, pressentir, soupçonner. A.— Se douter + préposition de. Se douter de l'infidélité de quelqu'un, du retentissement de quelque chose, du travail de quelqu'un. Elle [votre lettre] ne m'a rien appris de neuf, ou du moins je me doutais de tout ce que vous me dites (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1870, page 120 ). — [En incise, avec en] Je m'en doutais bien, depuis longtemps; je m'en suis toujours douté; pouvais-je m'en douter; j'aurais dû m'en douter; on s'en doute! on s'en serait douté! — Fréquemment à la forme négative. Ne pas se douter de quelque chose; ne se douter de rien. Ignorer (et de ce fait n'avoir aucune appréhension). Le dix-huitième siècle, qui ne s'est douté de rien, n'a douté de rien (JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Des Constitutions politiques et des autres institutions humaines, 1810, page 24 ). À lire vos articles, si robustes, si puissants, personne ne se douterait de vos fatigues et de vos insomnies (VICTOR HUGO, Correspondance, 1869, page 194 ). [En incise avec en explétif] Je ne m'en doutais guère, pas, point : Ø 11. Surtout, faites semblant de ne rien savoir, hein? Il croit que personne ne s'en doute. Chaque fois qu'il va la voir, il cherche des prétextes et il me donne des explications pendant dix minutes. MARCEL PAGNOL, Marius, 1931, I, 4, page 37. B.— Se douter + complétive. Fréquemment à la forme négative. 1. Se douter que + indicatif. Il ne se doutait pas qu'on l'avait vu. « Elle ne m'aimera jamais! elle ne se doute pas même que je l'adore! » (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Pléiades, 1874, page 215 ). 2. Se douter que + conditionnel. Et quand il [Bossuet] mit au net pour son royal élève ses rédactions d'école, il ne se doutait pas qu'un jour, on les prendrait si fort au sérieux (HENRI MASSIS, Jugements, 1923, page 30 ). Remarque : 1. On peut relever l'emploi du subjonctif après une proposition principale à la forme négative, le subjonctif exprimant alors le doute. [Félicité] ne se doutant même pas qu'elle eût rien fait d'héroïque (Gustave Flaubert, Trois contes, Coeur simple, 1877, page 17). De même dans le Dictionnaire de la langue française (Émile Littré) : Je ne me doutais pas qu'il vînt; pouvais-je me douter qu'il dût venir si tôt; et Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932 : Il ne se doutait pas qu'on eut des preuves contre lui. 2. On rencontre dans la documentation a) Doutant, ante, participe présent employé comme adjectif. Vertu sentante et doutante (confer exemple 7 supra). b) Doutable, adjectif, rare. Dont on peut douter. " Comment le savez-vous? " Il répondit : " C'est pas doutable " (Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, tome 1, Père Judas, 1883, page 103). c) Un adjectif synonyme et doublet du précédent dubitable. Dont on peut douter, sujet à caution. La transcription dubitable d'un interviewer (Léon Bloy, Journal, 1894, page 112). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9 564. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 13 817, b) 12 558; XXe. siècle : a) 13 152, b) 14 243.

« page 218 ). SYNTAXE : Douter de l'authenticité, de l'existence, de la réalité de quelque chose; douter de l'amour, du courage, des intentions, de la parole, des sentiments, de la sincérité de quelqu'un. b) [Le complément désigne une personne] Ne pas avoir confiance en quelqu'un, se défier de lui : Ø 4.

Doute du bonheur, fruit mortel; Doute de l'homme plein d'envie; Doute du prêtre et de l'autel; Mais crois à l'amour, ô ma vie;... VICTOR HUGO, Les Contemplations, tome 2, 1856, pages 70-71. · Douter de soi.

Ne pas être sûr de ses sentiments, de ses possibilités.

Moment difficile pendant lequel on doute de soi, quand ce n'est pas des autres (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 192) : Ø 5.

Il est certain que j'ai trop douté de moi, jusqu'ici. Le doute de soi n'est pas l'humilité, je crois même qu'il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l'orgueil, une sorte de férocité jalouse qui fait se retourner un malheureux contre lui-même, pour se dévorer. GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1221. B.— Emploi transitif direct.

Douter + proposition. 1.

Vieilli et littéraire.

Douter + proposition interrogative indirecte + indicatif ou conditionnel.

Je doute si je partirai demain (Dictionnaire de l'Académie française.

1878).

Longtemps j'ai pu douter si Proust ne jouait pas un peu de sa maladie pour protéger son travail (ANDRÉ GIDE, Journal, 1921, page 694 ). 2.

Usuel.

Douter + proposition complétive. a) Douter que + subjonctif.

Je doute que le remède soit efficace (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1874, page 163 ). b) Ne pas douter que + ne explétif et le subjonctif.

Je ne doute pas qu'il ne vienne bientôt (Dictionnaire de l'Académie française.

1835-1932).

Quant à mademoiselle Fellaire, il ne doutait pas qu'elle ne fût très riche (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Jocaste; le Chat maigre.

1879, page 40 ). — [Avec suppression de ne pour exprimer un fait incontestable] Je ne doute pas que cela soit vrai, qu'il vienne. — [Avec l'indicatif] Je ne doute pas que c'est un honnête homme.

Il n'y a pas à douter que tous sauront retrouver (...) la même admirable unanimité (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 347 ). Remarque : Dans les phrases interrogatives, on peut exprimer ou non le ne explétif.

Doutez-vous qu'il ne vienne? Doutez- vous que je sois malade? (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878). C.— emploi absolu.

Être dans le doute; avoir des doutes. Avoir le droit, des raisons de douter.

On s'observe.

On se scrute.

On doute.

On n'a jamais confiance en l'amour (PAUL GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, page 61 ).

Et Michel n'a pas interrogé, pas douté.

Il a accepté cette histoire grotesque, 2. »

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