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Dictionnaire en ligne: DURÉE, substantif féminin.

Publié le 22/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DURÉE, substantif féminin. A.— Absolument. 1. [En parlant du temps absolu, indéfini, non mesuré, et par opposition à la dimension spatiale] Continuité indéfinie du temps, du devenir. L'espace et la durée, l'étendue et la durée. Synonyme : temps. L'illimité n'a pas de mesure, l'éternité n'a point de durée, Dieu ne se classe pas en parties (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1856, page 603 ). La danse, à toute époque (...) est chargée (...) de faire entrer toutes vives dans la durée les trois dimensions de l'espace (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 187) : Ø 1. En mesurant l'étendue, il [l'homme] découvre la géométrie; en mesurant la durée, il découvre les nombres, et des deux inventions de son esprit, dès que le sentiment les anime, deviennent deux grands arts, qui sont l'Architecture et la Musique. CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 55. Ø 2.... je sais mieux encore, par mon expérience très certaine, que nos âmes peuvent se former, dans le soin même du temps, des sanctuaires impénétrables à la durée, éternels intérieurement, passagers quant à la nature... PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte, 1923, page 63. — En particulier. PHILOSOPHIE, THÉOLOGIE. [En parlant de Dieu] " Permanence dans l'être " (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD) 1930). Synonyme : éternité. Sa douceur [d'une palme] est mesurée Par la divine durée Qui ne compte pas les jours (PAUL VALÉRY, Charmes, 1922, page 155 ). Sauf (...) que la durée totale coexiste en lui [Dieu] (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance, 1958, page 47) : Ø 3. Osons dire que quand on comprend l'existence de Dieu comme une durée sans fin ni commencement, et non comme une éternelle unité, actus immanens, l'objection tirée de la prescience devient insoluble et la liberté humaine impossible. JULES SIMON, Le Devoir, 1854, page 634. 2. Spécialement. PHILOSOPHIE, PSYCHOLOGIE. [Chez Bergson et ses disciples] Expérience du temps subjectif, vécu par la conscience, en dehors de toute conceptualisation et envisagé qualitativement, par opposition au temps objectif, mesurable, mathématique de la science. Durée intérieure, vécue. Synonyme : temps vécu. Le thème bergsonien de la durée (qui devait trouver, grâce à Proust, sa transposition romanesque) (FRANÇOIS MAURIAC, Journal, 1934, page 39 ). Sensations et sentiments tissent la substance même de notre durée intérieure (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 26) : Ø 4. Au-dessous de la durée homogène, symbole extensif de la durée vraie, une psychologie attentive démêle une durée dont les moments hétérogènes se pénétrent; au-dessous de la multiplicité numérique des états conscients, une multiplicité qualitative; au-dessous du moi aux états bien définis, un moi où succession implique fusion et organisation. HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 104. — Expressions diverses. a) Durée concrète. Car notre durée n'est pas un instant qui remplace un instant : il n'y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du passé dans l'actuel, pas d'évolution, pas de durée concrète. La durée est le progrès continu du passé qui ronge l'avenir et qui gonfle en avançant ( HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 4 ). b) Durée pure. La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs ( HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907page 84 ). c) Durée bergsonienne. À elle seule la lavande met une durée bergsonienne dans la hiérarchie des draps (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 83 ). d) Durée réelle. L'organique suit un tout autre temps, suit une durée, un rythme de durée, constitue une durée, un rythme de durée, réelle, et constituée par une durée réelle, qu'il faut bien nommer la durée bergsonienne (CHARLES PÉGUY, Clio, 1914, page 52 ). e) [Depuis Bergson] Sentiment de l'écoulement du temps. Mais pouvait-on apprécier la durée? C'était non pas celle, horlogère, administrative, des heures de routines, mais celle des moments pathétiques (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, page 237 ). · [vécu comme s'écoulant plus rapidement] Les minutes, à ces moments-là, sont cent fois plus rapides et d'une durée centuple (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 227 ). · [vécu comme s'écoulant plus, trop lentement] Quelquefois trois semaines peuvent avoir la durée d'un siècle (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, 1859, page 218 ). À quatre-vingts ans ma mère me disait : la vie est un instant Plus tard, je crois, elle eut le sentiment d'une durée presque insoutenable, une sorte d'éternité dont elle était lasse (JACQUES CHARDONNE, Le Ciel dans la fenêtre, 1959, page 127) : Ø 5.... ce sens intime de la distance entre le désir et la possession de son objet, qui n'est autre que le sens de la durée, ce sentiment du temps, qui se contentait jadis de la vitesse de la course des chevaux, (...) trouve aujourd'hui que les rapides sont bien lents, et que les messages électriques le font mourir de langueur. PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 266. B.— [Envisagé dans son aspect quantitatif; en parlant du temps défini, fractionnable, délimité par un début et un terme, et appliqué au déroulement d'un procès que la durée mesure] 1. Action, fait de durer. a) emploi absolu. « Opposer la durée à l'instant » (Dictionnaire du français contemporain (JEAN DUBOIS) ). Concevez-vous un événement qui arrive, si ce n'est dans un point quelconque de la durée? (VICTOR COUSIN, Du Vrai, du beau et du bien, 1836, page 28) : Ø 6. Le domaine de l'assouvissement n'est pas un domaine de valeurs, mais de sensations; il ne connaît qu'une succession d'instants, alors qu'arts et civilisations ont lié l'homme à la durée sinon à l'éternité. ANDRÉ MALRAUX, Les Voix du silence, 1951, page 523. · Durée passée : Ø 7. La mémoire indique la concertion et la croyance d'une durée passée car il est impossible de se souvenir d'une chose si l'on ne croit qu'il s'est écoulé quelque intervalle entre le temps où cette chose est arrivée et le moment présent. VICTOR COUSIN, Philosophie écossaise, 1857, page 345. b) Durée de quelque chose. La vivacité et la durée des sentiments (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, page 101) : Ø 8. Il est assez naturel que les artistes de nos jours regardent vers d'autres temps qu'ils imaginent meilleurs. L'avenir ne leur promet rien que de funeste. Leur belle époque fut celle des grands caprices personnels, et de la confiance dans la durée, qu'il s'agisse de la durée d'un régime, d'une famille, d'une croyance et de la renommée. PAUL VALÉRY, Degas, danse, dessin, 1936, page 157. 2. Caractère de ce qui est durable (avec une idée de solidité, de stabilité). Antonyme : fragilité. Les pédants disent que c'est la durée et non la véhémence du plaisir, qui doit décider de l'excellence (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Rome, Naples et Florence, tome 1, 1817, page 154 ). On emploie parfois la tôle galvanisée dans les mines humides, on augmente ainsi la durée du métal (JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 737) : Ø 9. L'instabilité s'impose comme le régime normal de l'époque dans tous les ordres. Mais, par là, la continuité, la durée, le tempérament, la sérénité deviennent, dans cet univers en transmutation furieuse, des valeurs du plus haut prix. PAUL VALÉRY, Regards sur le monde actuel, 1931, page 300. 3. Intervalle de temps déterminé pendant lequel se produit une action, un état, un phénomène, du début à sa fin; ou qui sépare deux événements. Durée d'une guerre, d'un traitement, d'un trajet. Synonymes : période, temps, laps de temps, espace de temps. L'unité de temps n'est pas plus solide que l'unité de lieu (...) Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier (VICTOR HUGO, Préface de Cromwell, 1827, page 22 ). a) [En parlant d'une action] La durée totale d'une respiration est d'environ quatre secondes (DOCTEUR JEAN BARATOUX, La Voix, 1912, page 17 ). Je m'excuse, Messieurs, d'un si long abus de votre courtoise audience. (...) J'ai excédé la durée permise (PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 61) : Ø 10.... Spallanzani prépare des infusions variées (...) l'abondance des animalcules doit être en raison inverse de la durée du chauffage. JEAN ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 62. b) [En parlant d'un état] Durée d'un séjour : Ø 11. Je me perds quand je songe combien la durée de l'absence est longue à se consumer; mais chaque minute étant vivifiée par un souvenir, les heures passeront plus légères, si cette expression peut s'appliquer à ce qui ne laissera pas de l'écraser encore. DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (PAUL GUÉRIN), Correspondance, 1837, page 305. c) [En parlant d'un phénomène] Durée d'une maladie. Ils calculeront la durée d'une éclipse (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1921, page 201 ). Remarque : Le pluriel moins courant désigne soit les moments de quelque chose (vocabulaire scientifique). Je faisais donc ce que je pouvais pour augmenter un peu les durées de quelques pensées (Paul Valéry, Soirée avec M. Teste, 1895, page 7). Sa maison devint pour de longs jours, comme elle l'avait été auparavant pour de brèves durées, close (Gustave Kahn, Le Conte de l'or et du silence, 1898, page 298); soit les temps mesurables (emploi poétique). Le bienheureux revoir leur apparaissait comme situé là-bas; là-bas, dans le recul des durées (Pierre Loti, Ramuntcho, 1897, page 205). — Expressions diverses et locutions. a ) [durée précise] · Une durée de + indication chiffrée de temps. Il peut (...) y avoir telle tragédie romantique dont les événements soient resserrés, par le hasard, dans (...) une durée de trente-six heures (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Racine et Shakspeare, tome 1, 1825, page 96 ). · Indication de temps + de durée. Fabriquer des décrets pour deux lieues de terrain et deux jours de durée (VICTOR HUGO, Bug-Jargal, 1826, page 74 ). ß ) [durée estimée] · La durée de + substantif imagé suggérant. [une durée très brève] La durée d'un éclair. Ses sympathies et ses amitiés [de l'ouvrier] sont spontanées et sincères, et comme celles du monde, n'ont pas seulement la durée d'une paire de gants ou d'un bouquet de bal (HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 38 ). [une durée indéfiniment longue] Elle avait donné irrévocablement, pour toute la durée des éternités, son unique bien, le plus précieux trésor qu'une femme puisse posséder (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 40 ). · Pendant (toute) la durée de. Pendant tout le temps qui s'écoule entre le début et la fin de (quelque chose). Pour être apprenti [facteur d'orgues] , il fallait [payer] une imposition annuelle pendant toute la durée de l'apprentissage (LAURENT GRILLET. Les Ancêtres du violon, 1901, page 231 ). Il arrivait (...) qu'il se tissât entre eux, pendant la durée du concert, une de ces sympathies obscures, qui vont jusqu'au plus profond de l'être (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 798) : Ø 12. Pendant toute la durée du procès, il eut l'impression d'un spectacle irréel; non d'un rêve, mais d'une comédie étrange, un peu ignoble et tout à fait lunaire. Seul, le théâtre peut donner, autant que la cour d'assises, une impression de convention. ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 45. · Pour (toute) la durée de. Pendant tout le laps de temps effectif qui sera nécessaire pour réaliser (quelque chose). Les logements provisoires du personnel pour la durée des réparations (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 295 ). · Pour une durée illimitée. Pour une période dont le terme n'a pas été fixé. · Locution adjectivale, vieille. De durée. De longue durée, qui dure longtemps (confer durable). Plaies grandes et de durée, (...) maladies malignes et de durée (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, page 138 ). Il [Benjamin Constant] a écrit, comme Mme. de La Fayette et l'abbé Prévost, le petit livre de durée qui traverse les âges sans ride ni poussière (ALBERT THIBAUDET, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, 1936, page 57 ). · Locution adjectivale ou verbale, courant. (Être) de longue, de courte durée, de peu de durée : Ø 13.... le vicaire de Campagne ne doutait point qu'une victoire sur un tel adversaire est toujours précaire, fragile, de peu de durée. Qu'importe de voir un instant l'ennemi à ses pieds, à sa merci? GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 176. · Proverbe. Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée. · Locutions verbales, rares, archaïques, littéraires. Avoir durée. L'ancienne constitution de la France, la seule sérieuse (...) la seule qui ait eu durée (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 2, Voyage en France par un Français, 1896, page 57 ). Donner durée. Il faut demander (...) « le plus » aux intérêts, aux habitudes, aux facilités — c'est-à-dire aux forces régulières ou périodiques qui seules donnent durée (PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 84 ). SYNTAXE : Durée d'un congé, d'un cours, des études, de l'année scolaire, d'une claustration, d'une détention, d'une absence, des fonctions, d'un mouvement, d'une période, d'un repas, d'un prêt; en durée, sans limitation de durée; épaisseur, intervalle de durée, durée courte, déterminée, effective, hebdomadaire, illimitée, légale, longue, maximum, minimum, normale, réelle, supérieure, totale, variable; abréger, assurer, augmenter, calculer, éterniser, évaluer, garantir, mesurer, prolonger la durée de quelque chose. 4. Par extension et par ellipse du complément déterminatif. Durée d'existence. a) [En parlant d'un être vivant, individuel ou collectif] Période de vie, de la naissance à la mort. Durée d'un homme, d'un peuple, d'une espèce, du monde; durée de vie moyenne. Synonymes : âge, existence, longévité, vie. Assurer la durée de l'espèce (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 36 ). Et quel accord plus légitime peut unir l'homme à la vie sinon la double conscience de son désir de durée et son destin de mort? (ALBERT CAMUS, Noces, 1938, page 85) : Ø 14. J'ai lu beaucoup de livres sur l'antiquité de la terre et l'origine des espèces, et je mesure avec mélancolie la courte durée des individus à la longue durée des races. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Livre de mon ami, 1885, page 8. b) [En parlant d'un bien de consommation] Résistance aux facteurs de destruction. — à l'usage. Synonyme : solidité. Lamoricière, Bedeau et autres généraux disaient que la durée des habits (...) dépendait de la manière dont les diverses couleurs, parements, revers, etc., s'harmonisaient avec la couleur de l'habit (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1822-63, page 193 ). Les navires en fer ont une durée bien supérieure à celle des navires en bois (A. CRONEAU, Construction pratique des navires de guerre, 1892, tome 1, page 46 ). · Locution adverbiale, vieux. De durée. Qui fait de l'usage, solide. La tunique, comme toutes ces tuniques, vêtements de durée sur des corps tourmentés par la croissance (ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 1, 1876, page 53 ). — à l'usure du temps. Durant la période carlovingienne, on revenait à l'architecture polychrome, et (...) on employait, pour lui donner de la durée, le verre teint (ALBERT LENOIR. L'Architecture monastique, 1856, page 17) : Ø 15.... il [l'homme] doit reconnaître un troisième principe, qu'il essaye de communiquer à ses oeuvres, et qui exprime la résistance qu'il veut qu'elles opposent à leur destin de périr. Il recherche donc la solidité ou la durée. PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte, 1923, page 116. C.— Emplois techniques. 1. DROIT. Période de validité d'un droit ou d'utilisation d'un bien. Durée d'un bail, d'un mandat, d'une législature; durée de validité, durée légale (de quelque chose). Confer durabilité : Ø 16. Or l'armistice signé à Rethondes avait une durée de validité limitée à trente-six jours. Cette durée expirait le 17 décembre, date à laquelle les plénipotentiaires alliés pour la paix commençaient seulement d'arriver à Paris. MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1918, page 328. — En particulier. DROIT DU TRAVAIL. Temps de travail effectif, fixé par la loi, mesuré à la journée, à la semaine ou au mois (en nombre d'heures) accompli par le travailleur suivant un contrat de travail. Durée hebdomadaire du travail; réduction de la durée du travail. Synonyme : horaire légal. Une réduction de la durée du travail entraîne généralement un certain progrès de la production (DICTIONNAIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (THOMAS SUAVET) 1970) : Ø 17. La durée du travail journalier [dans les usines] est limitée à dix heures pour les adolescents de treize à dix-huit ans. (...) La première loi qui limitera la durée du travail à soixante heures par semaine pour tous les travailleurs de l'industrie est promulguée le 30 mars 1900 par le gouvernement Millerand. BENIGNO CACÉRÈS, Histoire de l'éducation populaire, 1964, page 9. 2. MUSIQUE. Durée d'une note, d'un son, d'un silence. Intervalle de temps pendant lequel une note, un son ou un silence doit être maintenu sans interruption. Durée relative des sons. Synonyme : valeur. a) [En parlant d'un son] Ils [les virtuoses] essaient de raccourcir la durée d'un son prolongé, que l'instrument soutient mal (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 126 ). b) [En parlant d'une note] Harmoniques (dont la superposition (...) varie en fonction de la durée de la note) (PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 209 ). c) [En parlant d'un silence] Silences (...) signes de durée muette indiquant l'interruption momentanée des sons, mais ayant une valeur, une durée dans chaque mesure où ils figurent (DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE L'ART MUSICAL (PAUL ROUGNON) 1935, page 10 ). 3. PHONÉTIQUE. Durée d'un phonème. Longueur de temps nécessaire à l'émission d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes. Pour que plusieurs syllabes forment un mot, il faut que chacune d'elles ait son intonation et sa durée rythmique, différentes selon sa fonction propre (JEANNE ARGER, Initiation à l'art du chant, 1924, page 167 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 204. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 5 132, b) 2 056; XXe. siècle : a) 4 233, b) 5 598. Forme dérivée du verbe "durer" durer DURER, verbe intransitif. I.— [En parlant de choses] A.— [Le verbe exprime la durée effective du déroulement d'un procès] 1. [Le sujet désigne une action, un état, un phénomène, un sentiment] Continuer d'avoir lieu, de se produire, d'exister avec stabilité et constance pendant un temps déterminé. Antonymes : commencer, finir. a) [Le complément qui détermine la durée donne une indication précise, chiffrée, exprimée en unités de temps ou en fraction] Avoir une durée de (x temps) : Ø 1. — Oh! (...) il est impossible que la signature d'un contrat dure aussi longtemps, à moins d'événements imprévus; j'ai pesé toutes les chances, calculé le temps que durent toutes les formalités, il s'est passé quelque chose. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 188. — [Le sujet désigne une action] Des repas qui durent trois heures (ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 142 ). Oui, j'ai tué l'araignée. (...) L'opération dure un vingtième de seconde (GEORGES DUHAMEL, Le Désert de Bièvres, 1937, page 175 ). · [En parlant d'une durée légale] L'indemnité des députés est mensuelle, et les sessions [des Chambres] ne doivent durer que huit mois (EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, page 332 ). Remarque : On rencontre dans la documentation une construction populaire Trois semaines que ça avait duré son agonie (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage, 1932, page 433). — [Le sujet désigne une situation] Même dans le cas peu probable où votre ministère finirait... — Les ministères durent bien au moins trois ans (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1835, page 343) : Ø 2.... il y a, (...) la maison des Sablonnières, où mon ami Meaulnes est rentré avec Yvonne de Galais, qui est sa femme depuis midi. Les fiançailles ont duré cinq mois. Elles ont été paisibles, aussi paisibles que la première entrevue avait été mouvementée. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, page 277. Ø 3. Mais toutes ces pensées ne durèrent que l'espace d'une seconde, le temps qu'il portât la main à son coeur, reprît sa respiration et parvînt à sourire pour dissimuler sa torture. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 364. — [Le sujet désigne un phénomène naturel, une manifestation] J'ai eu un rhume de cerveau qui m'a duré trois jours et un tremblement de terre qui a duré cinq secondes (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1850, page 108 ). La tempête avait duré près de vingt heures (VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 365 ). Remarque : Quand la personne est affectée par un état physique ou psychologique, on rencontre la construction durer x temps à quelqu'un. J'ai eu un vomissement qui m'a duré douze heures. Le courrier de ce matin m'a remise (GERMAINE DE STAËL, Lettres diverses, 1794, page 608). Une maladie de nerfs qui m'a duré deux ans, et dont je ne suis pas encore peut-être tout à fait quitte! (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 309). b) [Une indication non chiffrée] — [exprimée en division du temps] Durer un instant, quelques secondes, plusieurs jours, des heures, des mois et des mois, etc. La récréation ne dure que quelques minutes (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1220 ). La scène avait duré quelques secondes et il ne resta plus aux malheureux encaisseurs qu'à prévenir la police (Le Figaro. 19-20 janvier 1952, page 2, colonne 8) : Ø 4. Le 3 a été affreux, la pluie a été constante; impossible de sortir. Le mauvais temps a duré plusieurs jours de la sorte; jamais je n'aurais soupçonné que nous puissions être aussi longtemps sans la possibilité de nous hasarder dehors. EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 367. · [durée très courte] Ne durer qu'un instant, qu'une seconde, que l'espace d'une seconde. — [Exprimée par le vocabulaire du temps] Durer quelque temps, un certain temps, espace, laps de temps, un temps infini. Votre lune de miel a duré un temps assez honnête (HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, page 119 ). La réunion dure le temps qu'il faut, elle prend fin par exemple après une heure (FERNAND BAUDHUIN, Crédit et banque, 1945, page 143 ). · Locution verbale. Ne durer qu'un moment. Avoir une durée d'existence ou de réalisation éphémère. Plaisir d'amour ne dure qu'un moment (Jean-Pierre Claris de Florian. ). Synonyme : passer vite. Avec l'aspect éternel de la nature, la précieuse image de ce qui ne dure qu'un moment (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 113) : Ø 5. L'histoire géologique nous montre que la vie n'est qu'un court épisode entre deux éternités de mort, et que, dans cet épisode même, la pensée consciente n'a duré et ne durera qu'un moment. La pensée n'est qu'un éclair au milieu d'une longue nuit. Mais c'est cet éclair qui est tout. HENRI POINCARÉ, La Valeur de la science, 1905, page 276. — [Exprimée par une périphrase expressive, par métaphore ou par comparaison] Durer le temps d'un éclair, d'un clin d'oeil, d'une respiration; durer une éternité. · Par comparaison. (Ne) durer (pas) plus que... L'impression d'un mot vrai ne dure pas plus que le temps de le dire : c'est l'affaire d'un moment (ALFRED DE VIGNY, Chatterton, 1835, I, 2, page 253 ). Et les belles illusions ont duré ce que dure un songe (LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 198) : Ø 6. On a dans la tête toutes sortes de floraisons printanières qui ne durent pas plus que les lilas, qu'une nuit flétrit, mais qui sentent si bon! As-tu senti quelquefois comme un grand soleil qui venait du fond de toi-même et t'éblouissait? GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1853, page 205. — [Exprimée par un adverbe appréciatif de temps] Durer assez, encore, longtemps, peu, éternellement, toujours, trop; ne... guère. Quand la sécheresse a duré longtemps, il y a des orages terribles et la pluie tombe par torrents (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 157 ). Le beau temps ne peut pas toujours durer. Il arrive un jour où il se brouille (SIGMUND FREUD. Introduction à la psychanalyse, 1959, page 471) : Ø 7. Je peux comprendre l'abstraction Dieu et contempler un instant l'idée de la perfection à travers une espèce de voile, mais cela ne dure pas assez pour me charmer. Je sens le besoin d'aimer, et que le diable m'emporte si je peux aimer une abstraction! AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 223. · Locution d'usage (souvent sur un ton d'impatience ou de colère, pour faire cesser quelque chose qui exaspère) Ça va durer longtemps? Le Président. — Ça va durer longtemps ce défilé de cochons? Je vous ai déjà dit de vous taire (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, 3, page 44 ). Cela a assez duré (la plaisanterie, le petit jeu); cela n'a que trop duré. Il est temps que cela cesse. M. Thibault reprend sur un ton sans réplique : — (...) Emmène-le dans sa chambre. Ce scandale n'a que trop duré (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Cahier gris, 1922, page 669) : Ø 8. Un esclave, qui a reçu des ordres toute sa vie, juge soudain inacceptable un nouveau commandement. (...) ce « non » (...) signifie, (...) « les choses ont trop duré », « jusque-là oui, au delà non », « vous allez trop loin », et encore, « il y a une limite que vous ne dépasserez pas ». ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 25. c) [La durée est envisagée dans sa totalité (et sa continuité)] Synon, ne pas cesser (de). Durer de... à, depuis... jusqu'à. Après une bouderie qui avait duré du dimanche au mardi (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 418 ). Les doutes instinctifs ont bien duré quatre ans entiers, de 1905 à 1910 (CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, page XIX) : Ø 9. 31 juillet. — La pluie, qui a commencé de tomber pendant la nuit, a duré toute la journée sans interruption. Orage le soir. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, page 187. — [Par la préposition pendant] Pendant tout le temps que dure, qu'a duré... Pendant tout le temps qu'avait duré la lecture, Daigremont (...) avait souri à des pensées vagues (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 178 ). L'apprenti reste chez le même maître pendant tout le temps que dure son apprentissage (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 70) : Ø 10. Habitué du Café de Paris, du boulevard de Gand et du bois de Boulogne, le faux Cavalcanti, pendant qu'il était resté à Paris, et pendant les deux ou trois mois qu'avait duré sa splendeur, avait fait une foule de connaissances. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 662. d) [La durée est envisagée sous l'aspect de la fréquence, de la réitération, de la répétition (aspect itératif)] : Ø 11. Pour bâtir sa montagne il m'oblige à venir tous les jours, moi vieillard, remplir cette outre de sable au bord de la mer. (...) Quand j'ai fait un voyage, je recommence; et cela dure depuis l'aube jusqu'au coucher du soleil. Si je veux me reposer, (...) il me fait fouetter. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 197. — [ou de l'habitude, en parlant d'une situation qui se prolonge (aspect fréquentatif)] J'allais aux champs avec Denise et Gratien, pendant qu'elle berçait notre petite soeur ou qu'elle faisait les gaufres de sarrasin pour le souper du dimanche. Ça dura comme ça trois ou quatre ans (ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 453 ). e) [Pour exprimer une durée passée qui se prolonge dans le présent (expression de la durée dans un processus verbal); confer depuis] — Durer depuis + complément circonstanciel de durée. Elle [la constitution de l'Empire de Chine] dure depuis plus de quatre mille ans (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 285 ). Puis voir et revoir toutes choses, reprendre comme une possession du chez-soi avec un charme inexprimable, voilà qui dure depuis quinze jours (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1841, page 442 ). — Depuis (x temps) que cela dure. Depuis trente ans que dure ma carrière philosophique et sociale, j'ai senti toujours un profond mépris pour (...) « l'opposition » (AUGUSTE COMTE, Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle, 1852, page 2 ). Depuis deux heures que dure l'audience, leur garde-à-vous n'a pas fléchi! (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 137 ). — Depuis le temps que cela dure. La durée de la grande misère qui est, comme tu dis, incalculable, depuis l'temps qu'elle dure (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 361 ). — Voilà, il y a, cela fait (x temps) que cela dure. Il y a des mois que cela dure. Hors lui, personne ne s'y est accoutumé (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 109 ). Ça fait bientôt deux ans que ça dure (...) Enfin, ça finira bien par finir un jour, faut l'espérer (EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 126 ). Et voilà sept ans que cela dure. Sept ans que je ne me rends compte de rien (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 97 ). f) [En littérature, temps ou espace-temps d'une énonciation parlée ou écrite] Une représentation théâtrale qui ne dure que deux heures (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1828, page 461 ). Quand elle a découvert dans le « Constitutionnel » un roman qui ne dure pas vingt-quatre volumes, elle le traduit (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1876, page 81 ). 2. Par extension. Se prolonger dans le temps, occuper un espace de temps plus long que la norme. Synonymes : se poursuivre, traîner en longueur, s'éterniser, n'en pas (plus) finir. Entre les tropiques, où l'été dure toute l'année (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 80 ). Non, ce n'est pas un pensionnat! C'est pis, c'est une récréation qui dure éternellement (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1888, page 778) : Ø 12. « Oui, c'est un peu long, ces dames prennent des poses, il n'a pas l'air d'avoir envie de rien faire ». Enfin, (...) Mlle. Noémie s'en alla d'un air contrarié, en les assurant qu'ils n'attendraient pas plus de cinq minutes. Ces cinq minutes durèrent une heure,... MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1080. a) emploi absolu. [L'idée dominante est la stabilité, par opposition au changement] Durer longtemps sans changer, être stable et constant pendant un assez long espace de temps. Synonymes : tenir, persister, se maintenir, continuer. Il s'était repenti dans une grave maladie qui l'avait mis en présence de la mort, et ce repentir avait duré (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 17) : Ø 13. D'ailleurs, la Suisse est ainsi faite que, dans ses vingt-cinq États, tout en définitive est constamment transitoire; tout s'essaye jusqu'à un certain point; rien ne dure et depuis le quatorzième siècle, la révolution est en permanence,... JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Correspondance [avec Alexis de Tocqueville] , 1851, page 166. Ø 14. Lorsque j'ai fondé un visage il faut qu'il dure. Quand j'ai pétri un visage de terre, je le passe au four pour le durcir et qu'il soit permanent pendant une durée suffisante. Car ma vérité, pour être fertile, doit être stable, et qui aimeras-tu si tu changes d'amour tous les jours, et où seront tes grandes actions? Et la continuité seule permettra la fertilité de ton effort. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 812. — En particulier. [En parlant du temps météorologique, de la température] Rester stable, se maintenir, persister. Antonymes : changer, varier, se brouiller, se gâter, s'améliorer : Ø 15. Cependant les journées restent belles encore dans nos quartiers si bien abrités de la bise, au pied des collines. Rien n'y semble changé. Le temps y dure, et les bonnes saisons surtout, qui entretiennent au bas des falaises, tant de petits jardins... HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 341. — [En parlant du monde, de l'univers] Continuer de recevoir l'être et la croissance. Alouette avec sa robe de bure Portant celui par qui l'univers dure (FRANCIS JAMMES, De tout temps à jamais, 1935, page 243 ). Dans une heure, une minute, une seconde, maintenant peut-être, tout pouvait crouler. Et pourtant le miracle se poursuivait. Le monde durait (ALBERT CAMUS, l'Envers et l'endroit, 1937, page 112 ). b) Constructions. — Durer à quelqu'un. [En parlant d'un sentiment, d'une idée] Persister en quelqu'un. Si cette dévotion [le pèlerinage d'Athènes] me dure, je pourrais bien partir au printemps (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1811, page 842 ). — Ne pas durer.. N'avoir qu'un temps, être de courte durée, disparaître rapidement (idée d'état éphémère, précaire, instable). Ce moment d'exaltation ne dure pas : Faust est un caractère inconstant, les passions du monde le reprennent (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 3, 1810, page 81 ). La nouveauté ne dure guère (JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 440) : Ø 16.... il me dit qu'au début il y a eu un réel effort de rapprochement, mais pour toutes sortes de raisons, cela n'a pas duré, une des principales étant la difficulté de se faire comprendre. JULIEN GREEN, Journal, 1945, page 273. — Ne pas pouvoir durer.. Ne pas présenter de conditions suffisantes pour durer (confer durable). Cela ne saurait durer. L'anneau est stable au début. Mais cet état de choses ne peut pas durer (HENRI POINCARÉ, Leçon sur les hypothèses cosmogoniques, 1911, page 49 ). c) Locutions usuelles. — Faire durer (quelque chose). Prolonger le temps d'existence ou de réalisation de quelque chose, en augmenter la durée. Faire durer une situation, un sentiment. Cette ordure prétendait faire durer le chantage? Une nuit ne suffirait pas? (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 447 ). Wazemmes fit durer sa convalescence (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1938, page 181) : Ø 17.... quand Anne-Marie lui demandait, pour faire durer la conversation, s'il aimait Bach, s'il se plaisait à la mer, à la montagne, s'il gardait bon souvenir de sa ville natale, il prenait le temps de la réflexion... JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 72. · [En parlant d'un souvenir] Recréer par la mémoire, raviver. Synonymes : entretenir, perpétuer. Pendant qu'elle se retournait dans son lit, Marie-Anne retrouvait tous ces instants et les faisait durer dans sa mémoire (MARCEL AYMÉ, Uranus, 1948, page 143 ). · [En parlant du temps lui-même] Faire, laisser durer le temps. Suspendre l'écoulement (du temps), en ralentissant un mouvement, etc. Je sors un morceau de boeuf pour faire durer le temps, car je savais bien qu'il ne l'aimait pas (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 215 ). Mes tout petits eux-mêmes amenuisaient leurs becs, leurs nez travaillaient, (...) mais comment faire durer cette minute sentimentale, tout de suite envolée? (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 146 ). Quelque chose venait de les rapprocher au milieu des affaires, de la sécheresse de l'argent. Ils laissaient durer cette minute de confiance. Le silence s'engrossait d'une sentimentalité confuse (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 271 ). · [Avec une intention plus ou moins ironique] Faire durer le plaisir. Le prolonger, en ralentissant un mouvement, pour mieux en jouir. Coupant le fromage par petits morceaux, pour faire durer le régal (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 13 ). La phrase est dite (...) « ritard. », pour faire durer le plaisir, avant d'exploser dans les accords finaux (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, tome 1, 1937, page 141) : Ø 18.... nous sommes revenus au Caire par une autre route, marchant tout le temps sous les palmiers ou au bord du Nil et allant au petit pas pour faire durer le plaisir; aussi avons-nous mis sept heures pour une route qui en demande quatre. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1849, page 134. — Familier. Ça durera ce que ça durera. Cette situation est précaire, mais peu importe, on verra bien. Tu viendras me reprendre pour dîner et nous nous mettrons ensemble; ça durera ce que ça durera (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Les Linottes, Une Canaille, 1888, 4, page 239) : Ø 19. Mais on ne peut pas m'en vouloir (...) de me réjouir en ce moment à propos de toi pour tous ceux qui ne sont pas morts, qui ont retrouvé leur femme et leur maison. Cela durera ce que cela durera, comme disent les bonnes gens. Je ne veux rien laisser perdre. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 16. — Courant. Pourvu que cela dure! Tout va bien, pourvu que cela dure, comme disait Arlequin en tombant d'un cinquième étage (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, 1870, page 264 ). — [En parlant d'une situation difficile à supporter, pour s'y opposer, sur un ton d'impatience ou de colère] Cela ne peut pas (plus) durer. Il faut mettre un terme à tout cela, il faut que cela change : Ø 20. COLLADAN (...) éclatant tout à coup. — C'est une infamie! c'est une horreur! Ça ne peut pas durer comme ça! Je proteste. CHAMPBOURCY. — Qu'avez-vous? COLLADAN. — Je suis las de dormir dans les démolitions, de dîner avec des brioches et de ne pas déjeuner du tout! EUGÈNE LABICHE, La Cagnotte, 1864, V, 2, page 150. 3. Spécialement. [En parlant d'un être vivant, ou de tout ce qui dans la nature est doté de vie, vie biologique, cellulaire, végétale, cosmique, etc.] Vivre. Antonymes : naître, mourir. Astres qui durent des myriades de siècles, étoiles d'un jour (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1856, page 603 ). Au-dessous, de mémoire de nous tous, jamais le cep n'a duré. Il s'y étiole autant qu'il se fortifie au-dessus (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 159 ). Là où la forme spécifique ne peut subsister par elle-même dans sa plénitude, comme c'est le cas de l'homme, elle dure et se perpétue par la génération (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1931, page 204 ). 4. Échapper aux causes de destruction. a) [En parlant de choses concrètes qui se consomment par le service, l'usage] Résister à l'usage. — Durer (x temps) [En parlant du temps de service, d'utilisation, de consommation ou d'usure] Vêtements, provisions, sommes d'argent qui durent (x temps). Synonyme : faire. Le monde est soigneux de ses coiffures par ici, une casquette dure dix ans (...) et un melon toute une vie (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 12 ). Autrefois, une paire de souliers durait plusieurs années, actuellement la mode ne cesse de changer (JACQUES BÉRARD, JACQUES GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, page 121) : Ø 21.... la femme de ménage avait jeté le morceau de savon de sa table de toilette. Elle prétendait qu'il n'y en avait presque plus, qu'on voyait au travers; lui, il soutenait que le savon aurait duré une semaine encore,... HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 858. — Durer (x temps) à quelqu'un. Ses trois cent mille francs lui avaient duré dix-huit mois (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1266 ). Une demi-pièce de vin lui durait huit jours (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 93 ). — Durer longtemps, et, absolument durer. S'user, se consommer lentement. Synonymes : faire du profit, de l'usage; antonymes : s'user vite, ne pas faire long feu, se détériorer rapidement. Tant que mon petit pécule avait duré, nos relations s'étaient maintenues sur un pied tolérable (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 9 ). Et voici que, près de toi, avec leurs lampes, Les unes faibles et vacillantes, Les autres où l'huile patiente a duré (HENRI DE RÉGNIER, Poèmes anciens et romanesques, 1890, page 224 ). — Faire durer (une chose). Utiliser avec ménagement, ne pas user trop vite. Synonymes : conserver, épargner, ménager. Elle ferait durer la provision jusqu'à mardi (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres diverses, 1793, page 444 ). Il fait durer trois ans ses vêtements, grâce à la brosse et aux extenseurs et en évitant de sortir quand il pleut (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 196 ). — Proverbe. Il faut faire feu (vie) qui dure. Il faut ménager ses économies ou ses forces pour vivre longtemps. Mon cher enfant, « il faut faire vie ou feu qui dure ». (...) cela veut dire qu'il faut vous conserver longtemps (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Correspondance, tome 1, 1789-1824, page 90 ). b) [En parlant de choses concrètes ou abstraites] Échapper à la destruction du temps; à l'oubli : Ø 22. Lavoix disait à un breton, qui était en train de se faire bâtir une maison en grès (...) : « Pourquoi ne faites-vous pas construire en briques? C'est plus joli. — La brique ne dure que huit cents ans! » répondit le propriétaire. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1869, page 540. Ø 23. Cette prépondérance du problème de la vertu et du vice en morale s'est maintenue aussi longtemps qu'a duré l'influence grecque; elle est, de nos jours, à peu près complètement annihilée. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 139. · emploi absolu. Durer. Être immortel. Des grâces vaines qui font durer les ouvrages des écoles primitives (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1860, page 270 ). L'oeuvre dure en tant qu'elle est capable de paraître tout autre que son auteur l'avait faite (PAUL VALÉRY, Littérature, 1930, page 85 ). Ce qui dure, les choses qui durent (par opposition au provisoire). Car j'étais infinie et j'aimais ce qui dure, Et j'avais tout choisi pour un temps éternel (ANNA DE NOAILLES, Les Forces éternelles, 1920, page 294 ). Puisque rien ne dure... Ce qu'il faut, c'est pouvoir s'en aller avec la certitude qu'on a fait tout ce qu'on pouvait faire (JULIEN GREEN, Journal, 1933, page 151) : Ø 24.... bientôt, ce à quoi il [Barrès] dénia de l'importance, sinon de l'intérêt et du charme, ce fut à l'individuel et à l'éphémère; il se détacha de ce qui ne dure pas, pour adhérer passionnément à ce qui dure, à ce qui est éternel... à la France. FRANÇOIS MAURIAC, Mes grands hommes, 1949, page 218. · Par métonymie du sujet. [En parlant de la réputation de personnes célèbres] Ce sont des monarques dans la république des Lettres, que des personnages qui durent comme Voltaire ou comme M. de Chateaubriand (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l'Empire, tome 1, 1860, page 45 ). SYNTAXE : a) Substantif sujet absence, agonie, amitié, attente, bataille, bonheur, choses, combat, convalescence, débat, dialogue, dîner, état, conversation, entretien, fête, fièvre, guerre, humeur, illusion, impression, liaison, lutte, maladie, manège, mission, opération, repas, scène, séance, séparation, session, silence, situation, tempête, temps, travaux, traversée, visite, voyage. b) Adverbe. environ, ordinairement, indéfiniment. B.— Par extension et spécialement, au figuré. 1. [En parlant de la vie intérieure] . Les trois derniers mois [en prison] lui durèrent [à Fontaine] plus que tout (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1842, page 352 ). La vie intérieure se présente comme une multiplicité d'interpénétration, elle dure (JEAN-PAUL SARTRE, L'Imagination, 1936, page 42 ). 2. (Plus ou moins) péjoratif. Donner le sentiment d'être interminablement long et ennuyeux, de se prolonger. Sembler, paraître durer (x temps). Il leur semblait que cette promenade avait duré des mois entiers (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1827, page 129) : Ø 25. Les deux hommes se saluèrent froidement, et Mariette alla reconduire M. de Labouglise jusqu'à l'escalier; elle ne resta peut-être que cinq minutes, mais Gérard trouva que les cinq minutes duraient une heure. JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mademoiselle Mariette, 1853, page 205. — Locutions usuelles. · Le temps lui dure. Il trouve le temps interminablement long et ennuyeux. Synonymes : en avoir assez, s'ennuyer. Allons, tu as bien assez de moi pour aujourd'hui; peut-être bien que tu en as trop et que le temps te dure de me voir ici (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, La Petite Fadette, 1849, page 53 ). Ah! (...) le temps m'a bien duré hier... Je m'étais figuré que c'était jeudi... et je m'ennuyais après vous (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, page 256) : Ø 26. — (...) Alors, Anaïs, je vois que ta Marguerite t'est revenue? — Nous la voilà pour trois semaines, oui, et ce n'est pas assez, vois-tu. Trois semaines vont vite quand on a sa fille, et le temps nous dure, après. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 190. II.— [En parlant de pers] A.— Usuel. Continuer à vivre. a) Durer + adverbe ou complément de temps. Il [Chateaubriand] ne mourait pas assez vite (...) il convint qu'il avait tort de tant durer (ADÈLE FOUCHER, MME VICTOR HUGO, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, 1863, page 240 ). Un domaine mental où tout est (...) à la mesure d'un enfant qui dure victorieusement depuis soixante années (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Sido, 1929, page 143) : Ø 27. Probablement que les êtres frêles adoptent de bonne heure une hygiène sage et que les grandes maladies dédaignent de les attaquer. C'est ainsi que Fontenelle est devenu centenaire et que ce petit Anglais déclaré non viable a duré jusqu'à l'âge de cent cinquante-quatre ans... HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 526. — emploi absolu. L'être veut de la vie comme l'insecte veut la flamme; et si cruelle ou insipide lui soit-elle, il ne peut que tendre à durer (PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 102 ). — Spécialement. PHILOSOPHIE. [Chez Bergson] Vivre la durée, le temps psychologique : Ø 28.... la conscience nous avertirait (...) bien vite d'une diminution de la journée, si, entre le lever et le coucher du soleil, nous avions moins duré. HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 151. b) Péjoratif. Se maintenir tout juste en vie. Antonyme : se laisser mourir. Et lui [le sous-Préfet] , bon philosophe sceptique, demandait seulement à durer jusque-là, heureux de finir sans trop d'embarras (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 260 ). B.— Rare ou familier. 1. Rare. Tenir bon, résister. Faire de chaque soldat le corps le plus résistant, le plus fort et le plus agile, bref le gladiateur de la meilleure troupe, et capable de durer le plus longtemps (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 68 ). Je ne lui demandais que de durer assez longtemps pour assurer notre victoire (ALEXANDRE ARNOUX, Royaume des ombres. 1954, page 189 ). 2. Familier. Rester, demeurer dans un certain lieu, supporter une certaine situation. Synonymes : rester, tenir (avec idée de calme, de patience). Apollonia (...) parut, essoufflée, vibrante, tremblante, elle ne pouvait plus durer (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, La Sorcière, 1954, page 271 ). a) Durer dans + complément. — [Dans un certain lieu] « Crois-tu que c'est sciant! (...) dit Fanny (...) Il faut que je t'aime, va, pour durer dans cette baraque... » (ALPHONSE DAUDET, Sapho, 1884, page 156) : Ø 29. Il a fallu me remettre en liberté, et je n'ai pu « durer » que dans cette invraisemblable école de Montigny, parce que là, au moins, je ne me sentais pas « prise », et que je couchais dans mon lit chez nous. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 184. — [Dans une certaine situation ou dans un domaine] Quant à mon pauvre gendre, Il était étameur de glaces; et les gens, Dans le vilain métier, ne durent pas dix ans S'ils n'ont pas les poumons comme un soufflet de forge, À cause du mercure (FRANÇOIS COPPÉE, Poésies, tome 3, 1865-1908, page 10 ). — [Dans une situation, le complément est un substantif abstrait au figuré] Il [Morange] durait indéfiniment dans sa médiocrité, comme une chose oubliée, perdue, que la douleur conservait (ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 668 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 821. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 6 822, b) 9 129; XXe. siècle : a) 8 630, b) 8 857.

« conscience, 1889, page 104. — Expressions diverses. a) Durée concrète.

Car notre durée n'est pas un instant qui remplace un instant : il n'y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du passé dans l'actuel, pas d'évolution, pas de durée concrète.

La durée est le progrès continu du passé qui ronge l'avenir et qui gonfle en avançant ( HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 4 ). b) Durée pure.

La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs ( HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907page 84 ). c) Durée bergsonienne.

À elle seule la lavande met une durée bergsonienne dans la hiérarchie des draps (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 83 ). d) Durée réelle.

L'organique suit un tout autre temps, suit une durée, un rythme de durée, constitue une durée, un rythme de durée, réelle, et constituée par une durée réelle, qu'il faut bien nommer la durée bergsonienne (CHARLES PÉGUY, Clio, 1914, page 52 ). e) [Depuis Bergson] Sentiment de l'écoulement du temps.

Mais pouvait-on apprécier la durée? C'était non pas celle, horlogère, administrative, des heures de routines, mais celle des moments pathétiques (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, page 237 ). · [vécu comme s'écoulant plus rapidement] Les minutes, à ces moments-là, sont cent fois plus rapides et d'une durée centuple (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 227 ). · [vécu comme s'écoulant plus, trop lentement] Quelquefois trois semaines peuvent avoir la durée d'un siècle (PIERRE- ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, 1859, page 218 ).

À quatre-vingts ans ma mère me disait : la vie est un instant Plus tard, je crois, elle eut le sentiment d'une durée presque insoutenable, une sorte d'éternité dont elle était lasse (JACQUES CHARDONNE, Le Ciel dans la fenêtre, 1959, page 127) : Ø 5....

ce sens intime de la distance entre le désir et la possession de son objet, qui n'est autre que le sens de la durée, ce sentiment du temps, qui se contentait jadis de la vitesse de la course des chevaux, (...) trouve aujourd'hui que les rapides sont bien lents, et que les messages électriques le font mourir de langueur. PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 266. B.— [Envisagé dans son aspect quantitatif; en parlant du temps défini, fractionnable, délimité par un début et un terme, et appliqué au déroulement d'un procès que la durée mesure] 1.

Action, fait de durer. a) emploi absolu.

« Opposer la durée à l'instant » (Dictionnaire du français contemporain (JEAN DUBOIS) ). Concevez-vous un événement qui arrive, si ce n'est dans un point quelconque de la durée? (VICTOR COUSIN, Du Vrai, du beau et du bien, 1836, page 28) : Ø 6.

Le domaine de l'assouvissement n'est pas un domaine de valeurs, mais de sensations; il ne connaît qu'une succession d'instants, alors qu'arts et civilisations ont lié l'homme à 2. »

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