Dictionnaire en ligne: ÉCRU, -E, adjectif et substantif.

Dictionnaire en ligne: ÉCRU, -E, adjectif et substantif. A.— Vieux. Qui est à l'état naturel. On roule, (...) le foin écru autour de ces perches (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 460 ). B.— Spécialement. TECHNOLOGIE. usuel. [En parlant de matières entrant dans la composition de certains produits] 1. Qui n'a pas subi de préparation ni de transformation. · Cuir écru. Qui n'a pas été préparé à l'eau. Souliers de cuir écru (EDMOND ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, page 1 ). · Pâte (à papier) écrue. Qui est obtenue par cuisson de bois ou de végétaux mais qui n'a pas été blanchie (confer La civilisation écrite (SOUS LA DIRECTION DE JULIEN CAIN), 1939, page 606 et Gilberte et Henry Coston, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 182). · Soie écrue ou crue. Qui n'a pas été mise à l'eau bouillante et n'a pas subi de teinture. Antonyme : décreusé. Robe de chambre de grosse soie écrue doublée de martre (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, O Province, 1890, page 152 ). · Toile écrue. Qui n'a pas subi l'opération du blanchiment. Blouse de toile écrue (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 1, 1846, page 737 ). En veste de chasse et pantalon de la même grosse toile écrue que sa chemise (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1925, page 234 ). 2. Par extension. Fer écru. Qui a été mal corroyé et contient encore des impuretés. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. et du XXe. siècle. 3. [Par analogie avec la couleur de la soie ou du fil écru] (Qui est de) teinte jaunâtre. Le plafond fut, à son tour, tapissé de blanc écru, pouvant simuler le plâtre, sans en avoir cependant les éclats criards (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 88) : Ø 1. Nous aurons ainsi (mêlant des teintes connues à quelques autres tout à fait neuves) les vert paon, bleu grenat, lie de vin, suresne, régina, loutre, gris de fer, gris ardoise, gris mode, écru et d'autres désignant les mêmes tons sous de vaines appellations. STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, page 781. C.— Par métaphore. Confer asexué exemple 3 : Ø 2. Il est certain que la prière, que la communion, que les abstinences, que les voeux, épurent le corps et l'âme et l'odeur vocale qui s'en dégage. Leurs effluves donnent à la voix des religieuses, si écrue, si mal équarrie qu'elle puisse être, ses chastes inflexions, ses naïves caresses d'amour pur; ils la ramènent aux sons ingénus de l'enfance. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 102. Remarque : Les dictionnaires généraux du XIXe. et du XXe. siècle enregistrent le substantif féminin le plus souvent au pluriel, écrues. Qui désigne des broussailles ou de jeunes arbres ayant récemment crû sur des terres labourables. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 82.