Dictionnaire en ligne: EFFRONTÉ, -ÉE, adjectif et substantif.

Dictionnaire en ligne: EFFRONTÉ, -ÉE, adjectif et substantif. I.— Adjectif. Qui n'a honte de rien, qui se conduit d'une façon impudente ou inconvenante. A.— [En parlant d'une personne] Les hommes diront que vous êtes un libertin effronté, les femmes auront soin de prouver le contraire (ALFRED DE MUSSET, La Quenouille Barberine, 1840, page 286 ). Le monde... Je dis celui que je vois de plus près, est plein de menteurs effrontés (GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 340) : Ø 1. Wallon a décrit la « rétivité figée » de ces sujets insensibles aux encouragements et aux promesses comme aux menaces, effrontés, sournois, avec des éclats de brutalité et de malveillance. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 482. — Expression. Effronté comme un page (de cour). " Hardi jusqu'à l'insolence " (Dictionnaire de l'Académie Française). B.— Par extension. Hardi, audacieux, impertinent. 1. [En parlant d'un comportement, d'une expression du visage] Un air, un regard effrontés. Quatre marmots en haillons, mais hardis, tapageurs, aux yeux effrontés (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 8 ). Elle jouait avec n'importe qui, elle avait des manières très libres, et même un peu effrontées (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 119 ). — [Par hypallage] Une tunique plus courte, plus légère, plus transparente que celle qui enveloppe une courtisane au seuil du lit effronté de la débauche (CHARLES NODIER, Smarra ou Les Démons de la nuit, 1821, page 55 ). 2. [En parlant de propos, d'actions, de réalisations] Un mensonge effronté. Le présent salon est, (...), la négation effrontée de l'art moderne tel que nous le concevons (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, page 99 ). Les critiques français niaient ces oeuvres effrontées, ils niaient le public qui les applaudissait (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 687 ). C.— Par analogie. [En parlant d'un animal] Il y avait force moineaux fringants, lestes, babillards, effrontés, querelleurs (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 718 ). II.— Emploi comme substantif. Je ne l'ai pas vue, je ne sais si elle a la mine d'une effrontée ou d'une honnête fille (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mademoiselle Mariette, 1853, page 107 ). Je redoutais un peu qu'il se prît à me considérer comme un effronté, un bavard impertinent (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 115) : Ø 2. Je payais hier soir 56 francs 50 à Steinlen pour prix de son Poil de Carotte. Par pudeur, il laissa l'argent sur le guéridon, n'osant pas le prendre tout de suite, avidement, comme un effronté. JULES RENARD, Journal, 1895, page 297. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 361. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 548, b) 785; XXe. siècle : a) 445, b) 378. DÉRIVÉS : Effrontément, adverbe D'une manière effrontée. Mentir effrontément, parler effrontément (Dictionnaire de l'Académie Française); regarder effrontément (Dictionnaire de l'Académie Française). Il n'a pas même pris de brevet de perfectionnement; aussi a-t-il été volé effrontément par ses confrères (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 419 ). « Monsieur, lui dit-il en le regardant fixement, c'est du lapin, cela? — Oui, Mylord, répondit effrontément le drôle, du lapin des jungles. — Et ce lapin-là n'a pas miaulé quand on l'a tué? » (JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, page 44 ).