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Dictionnaire en ligne: ÉGORGER, verbe transitif.

Publié le 23/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ÉGORGER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. 1. Tuer un animal en lui tranchant la gorge : Ø 1. La femme du garde avait employé une partie de la nuit précédente à égorger la moitié de sa basse-cour, et les divers produits de ce massacre comparurent successivement sur la table... OCTAVE FEUILLET, Monsieur de Camors, 1867, page 91. · emploi absolu. Pour chaque proie il [l'épervier] a une manière d'assaillir, d'étouffer ou d'égorger, de tuer (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 176 ). — Spécialement. Immoler une victime pour l'offrir en sacrifice. D'un accent grave et lent. Le brahmane qui doit égorger la victime Murmure du sama la formule sublime (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, page 53 ). 2. Par extension. Tuer un être humain de façon sanglante, avec sauvagerie. a) [Le complément d'objet désigne le plus souvent des personnes sans défense ou réduites à l'impuissance] Il [Cassius] prit Rhodes, et quoiqu'il eût été élevé dans cette ville, il fit égorger cinquante des principaux citoyens (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 298 ). Regardez-la, sous sa robe de putain, la petite fille d'Atrée, d'Atrée qui égorgea lâchement ses neveux (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mouches, 1943, II, 1er. tableau, 3, page 50) : Ø 2. La phrase authentique : « cent mille hommes égorgés à coups de fusil », est moins choquante, le mot « égorger » étant évidemment de ceux qui sont en marche vers l'abstraction. RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 313. · Emploi factitif : Ø 3. Qu'était-ce que la vie d'un traître qui par une lettre secrète pouvait faire égorger un de ces beaux régiments que je voyais passer sur la place Grenette? HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 126. — Par extension. [L'extension du sens s'effectue par référence à la gorge (considérée comme siège de certaines sensations ou comme organe de la voix), plus que par référence au fait de tuer ou de faire mourir] M., blessé, chantait pendant l'opération; puis, dans un grand éclat de rire qui l'égorgea, il mourut (GEORGES D'ESPARBÈS, La Chevauchée du grand siècle, 1937, page 218 ). Enfoui dans le sable jusqu'à la nuque, et lentement égorgé par la soif (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, page 244 ). · En particulier. Suffoquer, prendre à la gorge. Un paysan parut (...) Il parlait sans suite, égorgé de fatigue, en haletant (GEORGES D'ESPARBÈS, Le Briseur fers, 1908, page 99 ). Incommodé par l'odeur du fumier et égorgé par les émanations ammoniacales (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 148 ). b) emploi absolu. Se livrer au meurtre, au massacre, le plus souvent par fanatisme politique ou religieux. On n'égorge plus maintenant pour opinion religieuse (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 198 ). Quand on aime comme je t'aime, on passe par-dessus tout, on assassine, on égorge (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, II, 1, page 234 ). 3. Au figuré, vieilli. Mettre quelqu'un dans une situation difficile, intenable; mettre en pièces, faire disparaître brutalement quelque chose. a) [Le complément d'objet désigne une personne] — Dans le domaine du commerce, des affaires ou de la politique Éliminer un concurrent ou un adversaire en le ruinant complètement; exploiter sans pitié les membres d'une classe sociale. En l'état actuel des choses trente mille francs étaient un prix exorbitant, le fils s'écria : — Mon père, vous m'égorgez! (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 17 ). On s'apitoie en ce moment beaucoup sur le sort des classes ouvrières, on les présente comme égorgées par les fabricants (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 139 ). Dieu me sauve! comme vous plumez votre monde! on ne me trompait pas, quand on m'assurait que vous égorgiez vos pratiques (FERDINAND FABRE, Les Courbezon, 1862, page 155) : Ø 4. Bourras est persuadé que le Mouret a voulu simplement le couler; car, enfin, à quoi ça rime-t-il, des parapluies avec des étoffes?... Mais Bourras est solide, il ne se laissera pas égorger. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 411. · Par brachylogie. C'est un cabinet à égorger de l'argent, la bauge où se tient tapie la lignée des acheteurs de biens nationaux (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 537 ). — Dans le domaine des relations humain Attaquer violemment quelqu'un, le dénigrer de manière à lui enlever tout crédit, toute considération; blesser cruellement quelqu'un par des paroles hypocrites ou inconsidérées. La parole fardée Ne vous égorgeait pas sous un masque imposteur (EDGAR QUINET, Napoléon, 1836, page 176 ). On cache doucement le poignard sous le manteau de l'amitié et l'on sait égorger en feignant de plaindre (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, page 21) : Ø 5.... Flaubert était un bourgeois (...) Il le disait souvent lui-même (...) ce qui ne l'empêchait pas d'égorger les bourgeois, de les foudroyer à chaque occasion, avec ses emportements lyriques. ÉMILE ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Gustave Flaubert, 1881, page 154. · En particulier. [Le sujet désigne un critique] Éreinter un auteur dans un article. Sa maîtresse était perdue s'il n'égorgeait pas D'Arthez dans le grand journal et dans le Réveil (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 511 ). Ces messieurs [de la critique] sont toujours très surpris, quand un auteur qu'ils égorgent se fâche et les étrangle (ÉMILE ZOLA, Renée, 1887, page XIII. ). [Avec un objet secondaire] Ce pauvre diable [répondit Marchenoir] a choisi (...) l'adversaire le plus capable de l'égorger de ridicule (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 283 ). b) [Le complément d'objet désigne une chose] — [Une chose pouvant être personnifiée ou désigner des personnes par métonymie] Anéantir une institution, une valeur, en usant de la violence ou de la terreur; réduire un pays à l'impuissance, à la dépendance. Le Premier Consul aime les ci-devant et ne peut souffrir les républicains (...) s'il veut un trône, il doit égorger la Liberté (HONORÉ DE BALZAC, Une Ténébreuse affaire, 1841, page 123 ). Aujourd'hui la Grèce est égorgée par l'Allemagne, Salonique est tombée (JULIEN GREEN, Journal, 1941, page 87) : Ø 6. Le scélérat qui est à l'Elysée croit que l'armée de la France est une bande du Bas-Empire (...) Il vous fait faire une besogne infâme; il vous fait égorger en plein dix-neuvième siècle, et dans Paris même, la liberté le progrès, la civilisation. VICTOR HUGO, Histoire d'un crime, 1877, page 213. — [Une oeuvre littéraire ou musicale] Massacrer une composition en l'exécutant, un texte en le disant : Ø 7.... il [Christophe] n'en était pas moins résolu à lui [Schulz] faire de la peine, plutôt que de tolérer que ce Sir John Falstaff égorgeât sa musique. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 576. · [Avec métonymie de l'objet] Ces virtuoses brigands qui égorgent les grands compositeurs (HECTOR BERLIOZ, À travers chants, 1862, page 276 ). B.— Emploi pronominal. 1. réfléchi. Se trancher la gorge. J'étais folle de rage! tiens! je me serais enfoncé mes ciseaux dans la gorge, je me serais égorgée devant lui, exprès, sur la nappe! (GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 84) : Ø 8. Ils délibérèrent sur le genre de mort. Le poison fait souffrir. Pour s'égorger, il faut trop de courage. Avec l'asphyxie, on se rate souvent. GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, 1880, page 108. Remarque : On rencontre dans la documentation un exemple de s'égorger au sens de " s'égosiller ". Pachli! Pachli! s'égorgeaient les Cosaques [en poussant en avant] (Georges d'Esparbès, La Légende de l'aigle, 1893, page 194). 2. passif, au figuré. Être bafoué, outragé sans vergogne. Ces petits appartements, où, la plupart du temps, s'égorge l'honneur du mari (HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, page 130 ). 3. réciproque. Se massacrer les uns les autres, s'entre-égorger. Les nations s'arment, s'égorgent, s'exterminent, jusqu'à ce que, par une large dépopulation, l'équilibre se rétablisse (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété?, 1840, page 140 ). Des millions de jeunes hommes qui, ne s'étant jamais vus auparavant, ne peuvent se haïr, s'égorgeront tout de même (JULIEN GREEN, Journal, 1933, page 128 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Égorgeter, verbe transitif, au figuré Critiquer un auteur. Blaze a égorgeté les frères Deschamps, mais enfin l'article n'est pas mauvais, s'il est un peu méchant (Charles-Amédée de Sainte-Beuve, Correspondance, tome 4, 1818-69, page 131). b) Égorgeoir, substantif masculin " Lieu où l'on égorge " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). Témoin hideux d'étranglements et de meurtres entremêlés, Égorgeoir humain, et sol qui sue le massacre! (Paul Claudel, Agamemnon, 1896, page 894). c) Égorgerie, substantif féminin, égorgeade, substantif féminin Action d'égorger ou de s'entre-égorger, massacre. L'assistance qu'aucune scène de violence, d'égorgerie, aucun jet de carotide n'a éclaboussée (Alexandre Arnoux, Suite variée, 1925, page 196). Bientôt les hommes recommenceraient entre eux leurs égorgeades (Henri de Montherlant, La Petite Infante de Castille, 1929, page 643). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 617. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1294, b) 1 007; XXe. siècle : a) 981, b) 386.

« souvent par fanatisme politique ou religieux.

On n'égorge plus maintenant pour opinion religieuse (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 198 ).

Quand on aime comme je t'aime, on passe par-dessus tout, on assassine, on égorge (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, II, 1, page 234 ). 3.

Au figuré, vieilli.

Mettre quelqu'un dans une situation difficile, intenable; mettre en pièces, faire disparaître brutalement quelque chose. a) [Le complément d'objet désigne une personne] — Dans le domaine du commerce, des affaires ou de la politique Éliminer un concurrent ou un adversaire en le ruinant complètement; exploiter sans pitié les membres d'une classe sociale.

En l'état actuel des choses trente mille francs étaient un prix exorbitant, le fils s'écria : — Mon père, vous m'égorgez! (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 17 ).

On s'apitoie en ce moment beaucoup sur le sort des classes ouvrières, on les présente comme égorgées par les fabricants (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 139 ).

Dieu me sauve! comme vous plumez votre monde! on ne me trompait pas, quand on m'assurait que vous égorgiez vos pratiques (FERDINAND FABRE, Les Courbezon, 1862, page 155) : Ø 4.

Bourras est persuadé que le Mouret a voulu simplement le couler; car, enfin, à quoi ça rime-t-il, des parapluies avec des étoffes?...

Mais Bourras est solide, il ne se laissera pas égorger. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 411. · Par brachylogie.

C'est un cabinet à égorger de l'argent, la bauge où se tient tapie la lignée des acheteurs de biens nationaux (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 537 ). — Dans le domaine des relations humain Attaquer violemment quelqu'un, le dénigrer de manière à lui enlever tout crédit, toute considération; blesser cruellement quelqu'un par des paroles hypocrites ou inconsidérées.

La parole fardée Ne vous égorgeait pas sous un masque imposteur (EDGAR QUINET, Napoléon, 1836, page 176 ).

On cache doucement le poignard sous le manteau de l'amitié et l'on sait égorger en feignant de plaindre (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, page 21) : Ø 5....

Flaubert était un bourgeois (...) Il le disait souvent lui-même (...) ce qui ne l'empêchait pas d'égorger les bourgeois, de les foudroyer à chaque occasion, avec ses emportements lyriques. ÉMILE ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Gustave Flaubert, 1881, page 154. · En particulier.

[Le sujet désigne un critique] Éreinter un auteur dans un article.

Sa maîtresse était perdue s'il n'égorgeait pas D'Arthez dans le grand journal et dans le Réveil (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 511 ).

Ces messieurs [de la critique] sont toujours très surpris, quand un auteur qu'ils égorgent se fâche et les étrangle (ÉMILE ZOLA, Renée, 1887, page XIII.

). [Avec un objet secondaire] Ce pauvre diable [répondit Marchenoir] a choisi (...) l'adversaire le plus capable de l'égorger de ridicule (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 283 ). b) [Le complément d'objet désigne une chose] 2. »

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